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L'Empire Romain II - Histoire du Bas-Empire |
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Dioclétien. La TétrarchieQuarante-cinq empereurs avaient déjà revêtu la pourpre; sur ce nombre vingt-neuf, sans parler des trente tyrans, avaient été assassinés, quatre ou cinq autres avaient péri de mort violente. Le reste, onze ou douze seulement, avaient atteint naturellement le terme de leur carrière. Quelle preuve de la mauvaise organisation du pouvoir suprême dans l'empire romain! De fait, la société romaine d'Auguste et de Tibère était en dissolution; les moeurs, les croyances avaient changé; les institutions vieillies ne répondaient plus aux besoins de l'époque. Le réveil de l'esprit national dans les provinces menaçait de ruiner l'immense édifice romain; les Barbares étaient partout menaçants. Et partout c'était Ie désordre, dans l'administration, dans les finances, dans l'armée.Dioclétien,
qui prit la pourpre impériale en 284,
arriva ainsi à un moment critique. Il s'imposa la double
tâche de rétablir l'ordre à l'intérieur, et
la sécurité sur les frontières.
Tandis que la tyrannie des gouverneurs de la
Gaule Il y eut ainsi quatre cours, quatre préfets
du prétoire dont la réunion constituait l'Empire; les édits
étaient rendus au nom de quatre princes. Les provinces subirent
une nouvelle subdivision; le nombre en fut porté à cent une
qui étaient réunies en douze diocèses. L'Italie La nouvelle organisation sembla rendre
à l'Empire sa vigueur perdue
: Maximien pacifia l'Afrique La fin du règne de Dioclétien
fut marquée par la persécution
contre les chrétiens; c'est l'ère des martyrs de l'Église «Je ne veux pas servir vos empereurs, je méprise leurs dieux de bois et de pierre. »Ils avaient contre eux les partisans des anciennes moeurs, les amis des lettres et des arts, qu'ils faisaient profession de mépriser. Galère obtint de Dioclétien un édit qui leur interdisait les fonctions de l'État et la publicité du culte. L'édit fut lacéré, le feu mis au palais : ce fut le signal des persécutions, auxquelles toutefois Constance refusa de s'associer. En Orient, les mesures contre les chrétiens furent appliquées de 304 à 311; on les força, sous peine de mort, à reconnaître le paganisme : beaucoup cédèrent, d'autres préférèrent le martyre. Mais ils étaient trop nombreux pour que la répression fût efficace et, en 311, Galère publia un édit lui leur permettait de « persister dans leur erreur » et de célébrer leur culte publiquement. Depuis six ans, Dioclétien
avait abdiqué, remettant le pouvoir à Galère,
qui eut pour César Maximin Daia; de
même Maximien avait investi du titre d'Auguste,
Constance Chlore, qui s'adjoignit Sévère.
Dioclétien se retira à Salona ConstantinConstance Chlore avait un fils, Constantin, qui s'était illustré dans la guerre contre les Perses, et avait su gagner l'affection des soldats. Après l'abdication de Dioclétien Constantin, déjouant les ruses de Galère, qui voulait le retenir, alla rejoindre son père et, à la mort de celui-ci, fut proclamé Auguste par les légions de Bretagne![]() ![]() Sévère
tomba le premier sous les coups de Maxence (307)
et fut remplacé par Licinianus Licinius;
Maximien, qui s'était d'abord allié à Constantin,
voulut le trahir ensuite et fut mis mort par lui (310);
Galère mourut peu après (311).
Constantin et Licinius s'unirent alors contre les deux autres empereurs.
Constantin marcha contre Rome où Maxence
s'était rendu odieux par ses exactions, le rencontra près
du pont Milvius (le ponte Molle actuel), battit ses troupes; Maxence se
noya dans sa fuite. C'est là que Constantin aurait eu, prétend
la légende, la vision qui devait le mener au christianisme
: Il aurait vu apparaître dans le ciel une croix avec l'inscription
: In hoc signo vinces : «Tu vaincras par ce signe »; ce qui
aurait expliqué qu'il adopta dans la suite un étendard crucifère
(le labarum) (312).
De son côté, Licinius vainquit l'année suivante Maximin
Daia à Andrinople L'édit
de Milan et le concile de Nicée.
Cependant des dissidences s'étaient
élevées dans le christianisme, qui portaient surtout sur
les rapports de Jésus avec Dieu « Jésus fils de Dieu, né de la substance du Père, consubstantiel avec lui, engendré et non né, éternel comme le Père et par conséquent immuable par nature ».L'Empereur souscrivit à ce jargon exotique. Arius fut exilé; ses livres, brûlés sur l'ordre de Constantin qui voulait maintenir l'unité nécessaire à sa puissance. Quant à la question de dogme, peu lui importait. Quelque temps après le concile, il exila l'évêque Athanase d'Alexandrie, le principal ennemi d'Arius, et finalement se fit initier à l'arianisme par l'évêque Eusèbe. Et ce même Constantin porta toute sa vie le titre de grand pontife et, dans Constantinople, il fit élever des temples et des statues aux dieux du paganisme. Le christianisme fut pour lui un instrument de règne et l'Église ![]() Administration
intérieure. Fondation de Constantinople.
La fondation de Constantinople
fut une conséquence de cette politique. L'avènement de l'absolutisme,
la reconnaissance du christianisme ne
permettaient plus de maintenir le centre de l'Empire
à Rome où, malgré tout,
les traditions libérales et païennes avaient laissé
trop de souvenirs et comptaient encore trop de partisans. Constantin résolut
de transporter la capitale à l'est et choisit, à cause de
sa situation admirable, Byzance On ne peut que remarquer l'ambition énergique
et persévérante de cet empereur, son intelligence des conditions
du moment, sa puissance d'organisation qui lui permit d'achever l'oeuvre
de Dioclétien. Il fut le fondateur
de l'absolutisme, l'Empereur-Dieu, comme le qualifient ses monnaies.
Mais ce pouvoir, qui avait son fondement dans le sang de son beau-père,
Maximien, de ses beaux-frères, Maxence
et Licinius, ne se maintint que par le meurtre
et le parricide. Constantin, cruel et méfiant comme tous les autocrates,
fit périr son fils Crispus, qu'il accusait
de conspirer, son neveu Licinianus, âgé de douze ans, sa femme
Fausta. Ce « saint » chrétien ne pratiqua guère
la morale évangélique. Il mourut en 337,
à Nicomédie Les fils de Constantin et Julien l'ApostatLe règne du premier empereur chrétien avait fini dans le sang; celui de ses trois fils, Constance, Constantin II et Constant, eut des débuts aussi horribles. Ils firent massacrer leurs oncles, leurs neveux, sauf un, Julien, que sauva son jeune âge. Puis Constantin tomba victime de Constant. Celui-ci à son tour fut détrôné et tué par son général Magnence. Constance, demeuré seul contre Magnence, le battit, l'obligea à se tuer (353) et demeura seul Empereur. Son règne est tout entier occupé par l'histoire de ses cruautés, ses persécutions contre le paganisme, et ses interventions en faveur des ariens dans la lutte entre ceux-ci et les orthodoxes. Le débat avait pris un tel caractère qu'un historien contemporain, Ammien Marcellin, a pu écrire :« Il n'y a pas de bêtes féroces plus ennemies des hommes que la plupart des chrétiens ne sont ennemis les uns des autres. »Après s'être illustré par ses meurtres et ses disputes religieuses, Constance mourut en 361. Il n'avait plus d'autre parent que son
neveu Julien, alors césar
des Gaules Néanmoins « ce prince, par sa sagesse, sa constance, son économie, sa conduite, sa valeur et une suite continuelle d'actions héroïques, rechassa les Barbares, et la terreur de son nom les contint tant qu'il vécut » (Montesquieu)..Il avait fait de Lutèce ( ![]() ![]() « J'hivernais, dit-il, dans ma chère Lutèce : c'est le nom que les Gaulois donnent à la petite cité des Parisii. Elle occupe une île au milieu d'une rivière : des ponts de bois la joignent aux deux bords. Rarement la rivière croît ou diminue : telle elle est en été, telle elle demeure en hiver; on en boit volontiers l'eau très pure et très riante à la vue [...]. L'hiver est fort doux aux habitants de cette terre; le sol porte de bonnes vignes; et les Parisii ont même l'art d'élever des figuiers en les enveloppant de paille de blé. »Les succès militaires de Julien lui valurent la jalousie de Constance qui voulut le faire revenir en Orient. Les soldats de Julien répondirent à cette disgrâce en proclamant leur général Auguste; Julien se préparait à marcher contre Constance quand il apprit la mort de ce dernier. Il fut alors reconnu unanimement Empereur. Ayant abjuré alors le christianisme, ce qui lui valut des chrétiens le surnom d'apostat, Julien voulut atteindre un double but : la restauration du vieil Empire romain, et le rétablissement de la paix par l'écrasement des Parthes. Il restaura le paganisme, lui rendit ses anciens privilèges, prit quelques mesures contre les chrétiens, leur interdisant d'ouvrir des écoles et d'enseigner les auteurs classiques. « Ou n'expliquez point, disait-il, les auteurs profanes si vous condamnez leurs doctrines; ou si vous les expliquez, approuvez leurs sentiments. »Son paganisme était fortement empreint de « galiléisme »; il prêchait et pratiquait la charité et l'hospitalité, mais avait sur l'autre doctrine l'avantage d'enseigner la tolérance. Toutefois le temps lui manqua pour pousser bien avant sa réforme. Il partit bientôt pour faire la guerre aux Parthes, et dans un engagement fut blessé à mort par une flèche (363). Il s'entretint avec ses amis des rapports de l'âme et du corps, leur reprocha leurs pleurs, disant qu'il ne convenait pas de pleurer une âme prête à se réunir au ciel et aux astres; puis il expira paisiblement. Il était âgé de trente-trois ans. Valentinien et ValensAprès un court règne de Jovien qui, choisi par l'armée d'Orient, signa avec les Parthes une paix humiliante, Valentinien fut choisi comme Empereur; et bientôt, sur le désir de l'armée, il conserva seulement l'Occident, et donna l'Orient à son frère Valens. Ainsi se confirmait le principe de la dualité de l'Empire : l'Orient grec et arien et l'Occident latin et orthodoxe avaient perdu le sentiment de leur unité; Milan et Constantinople devinrent les capitales des deux empires, tandis que Rome n'était plus que la métropole religieuse.Valentinien
fut surtout un guerrier; il en avait les qualités, le courage, l'énergie,
et aussi les défauts, la brutalité, la violence, la cruauté.
Son règne fut marqué par plusieurs succès contre les
Barbares (Alamans,
Quades, etc.). Il mourut en 375,
laissant pour ses successeurs ses deux fils, Gratien,
âgé de seize ans, et Valentinien
II, qui avait quatre ans. Cependant, de nouvelles hordes de Barbares
envahissaient l'Empire. Les Huns, venus d'Asie Théodose. Partage de l'EmpireGratien se sentait trop faible pour assurer seul la défense de l'Empire menacé de tous côtés. Il s'adjoignit un général qui s'était déjà signalé contre les Barbares, Théodose, qui, disgracié par Valens, vivait alors retiré en Espagne![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Telle fut l'histoire extérieure
du dernier véritable empereur romain.
A l'intérieur, son règne est marqué par la reconnaissance
du christianisme comme religion d'État,
et la suppression officielle du paganisme. Théodose
avait commencé par interdire l'arianisme,
en menaçant ses partisans de la vengeance divine comme (les châtiments
terrestres. Gratien avait déjà
refusé le titre de grand pontife que portaient les empereurs, et
de sacrifier à la statue de la Victoire. Théodose fit fermer
les temples, renverser les autels, briser les statues. En 391,
un édit interdit la fréquentation des temples, en 392,
un autre édit punit de mort le culte des idoles. Un grand nombre
de monuments précieux furent détruits; le Sérapeum
de Memphis fut fermé. Le paganisme,
qui avait repris quelque espoir à l'avènement des païens
Arbogast et Eugène, fut définitivement abattu après
leur défaite; la statue de la Victoire disparut du Sénat;
le feu entretenu par les Vestales s'éteignit;
les jeux olympiques furent célébrés
pour la dernière fois, La prophétie s'était réalisée
le grand Pan La fin de l'Empire d'OccidentThéodose mourut à Milan en 395, âgé de cinquante ans. Il avait décidé que l'Empire serait désormais divisé en empire d'Occident et empire d'Orient, et attribué le premier à Honorius, le second à Arcadius, ses fils. Les Barbares qui, pendant quatre siècles, étaient restés sur la défensive, allaient attaquer maintenant sans relâche les postes romains. Grâce à sa situation, Constantinople pourra résister dix siècles à l'invasion, Rome![]() ![]() ![]() |
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