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La guerre civile
n'avait pratiquement cessé de déchirer le monde romain depuis
les affrontements de César et de Pompée.
Après la bataille d'Actium, entre Octave
sur Antoine, l'Italie
épuisée demandait la paix, fût-ce en se donnant un
maître, quel qu'il fût. La victoire d'Actium avait décidé
en faveur d'Octave : on oublia les cruautés du triumvir,
son incapacité comme général, son ambition mortelle
à la liberté, pour ne voir en lui que le champion du monde
romain contre l'Orient, le restaurateur de la prospérité
publique, des institutions républicaines, et surtout de la paix
romaine. Pour affirmer cette paix tant souhaitée, Octave fit fermer
le temple de Janus, et quelques années plus tard, il éleva
l'autel de la Paix qui symbolisa le résultat de sa politique. Il
se fit voter par le Sénat toutes sortes
d'honneurs et le nomma son prince (princeps),
titre réservé au sénateur qui avait le privilège
de parler et de voter le premier : de là vient le nom de principat
donné quelquefois au gouvernement impérial. Puis il lui décerna
le titre d'imperator, avec le commandement
de l'armée et des provinces, et le surnom d'Auguste,
c'est-à-dire «vénérable », qui devait
faire oublier le nom d'Octave. Le prince portait en outre le surnom de
son père adoptif Caesar; il fut donc désigné
sous le triple nom d'Imperator Caesar Augustus.
Octave-Auguste
s'occupa, pour commencer, d'organiser le nouveau régime sans détruire,
en apparence, la constitution républicaine.
Il concentra outre ses mains tous les anciens pouvoirs. Le sénat
subsista, mais il le composa à son gré et en dirigea, en
qualité de princeps, les délibérations; les
comices continuèrent à se réunir, mais il leur désigna
les candidats de son choix. Les provinces furent divisées en deux
catégories : quelques-une furent laissées au sénat,
avec des gouverneurs civils, nommés proconsuls,
dont il lui abandonna le choix; les autres, dites impériales, furent
dirigées, au nom de l'empereur, par
des légats, généraux de corps
d'armée; la ville même de Rome
fut administrée par des fonctionnaires impériaux (préfet
du prétoire, préfet de la ville); les impôts furent
remaniés et, à côté du trésor public
dépendant du sénat, exista dès
lors un trésor impérial, le fisc; enfin, l'armée devint
permanente et les légions furent
cantonnées aux frontières de l'empire. Cette centralisation
assura la paix dans cette partie du monde, sans étouffer l'initiative
provinciale; la vie municipale s'épanouit dans toutes les provinces;
l'Occident comme l'Orient jouirent pendant les trois premiers siècles
de notre ère d'une prospérité qu'ils n'avaient pas
connue jusque-là.
Auguste
régna quarante-quatre ans. Il pacifia et orgavisa la Gaule
et, l'Espagne ,
réduisit en province la Galatie
et l'Egypte ,
combattit sur le Rhin les peuples germaniques
avec des succès divers (défaite de Varus),
conquit la Pannonie
et annexa la Mésie. L'empire atteiguit alors les frontières
qu'il devait, sauf de légers changements, garder pendant trois siècles.
A l'intérieur, le nouvel empereur fit à Rome
des embellissements considérables. Son règne marqua l'apogée
de la littérature latine. Ses
successeurs directs furent : Tibère, à
qui son favori Séjan fit commettre toutes
sortes de cruautés (14-37);
Caligula,
un fou (37-41);
Claude,
un faible qui se laissa dominer par ses
affranchis
et sa femme Agrippine, mais sous qui la Grande-Bretagne
fut conquise (41-54);
Néron,
un monstre (54-68).
A la mort de Néron,
trois compétiteurs : Galba, Othon,
Vitellius
se disputèrent le trône (68-69),
qui échut finalement à Vespasien.
Avec lui commence la dynastie flavienne, qui compte trois empereurs
: Vespasien, Titus et Domitien.
Le premier fut un sage administrateur (69-70);
il mit fin à deux guerres : la révolte des Bataves
commandés par Civilis et l'insurrection
de Judée ;
le second qui avait, comme général, pris Jérusalem,
a laissé le souvenir d'un prince bon et juste (70-81);
le dernier, au contraire, d'un empereur cruel; il sévit surtout
contre les philosophes et les chrétiens
Sous lui on guerroya en Grande-Bretagne ,
sur le Rhin et sur le Danube. Avec Nerva, les Antonins
arrivent à l'empire. Celui-ci, vieillard honnête, mais faible,
ne régna que deux ans (96-98).
Les successeurs de
Nerva jetèrent un grand éclat; leur siècle est le
moment le plus brillant de la période impériale. Avec Trajan,
le restaurateur des finances, l'administrateur habile, la Dacie
est soumise et annexée; Damas ,
Palmyre
et le royaume Nabatéen sont réunis
aux possessions romaines ;
les provinces de Mésopotamie et d'Assyrie
sont créées (96-117).
Hadrien,
un voyageur qui parcourut toutes les provinces, fut surtout un réformateur
(création du conseil de l'empereur et de la chancellerie impériale,
rédaction de l'Edit perpéluel). Antonin
le Pieux (138-161)
eut un règne pacifique, tout de douceur et de tolérance;
Marc-Aurèle
(161-180),
qui occupa le trône quelques années avec son frère
L.
Verus, associa à l'empire la philosophie;
stoïcien,
il fut respectueux de toutes les lois, de tons les droits, sauf à
l'égard des chrétiens.
Il fit la guerre aux Parthes
et aux barbares du Danube. Son fils, Commode
(180-192),
rappela par ses cruautés le souvenir des empereurs
de la famille Julienne. Avec lui finit la dynastie des Antonins
et commence une période de décadence.
Pertinax,
l'élu des meurtriers de Commode, et Didius
Julianus, celui des prétoriens,
ne régnèrent que quelques mois (193).
Septime
Sévère, un Africain, alors gouverneur de Pannonie
fut aussitôt proclamé par ses légions;
il eut d'abord à lutter contre deux compétiteurs : Pescennius
Niger et Clodius Albinus. Revenu seul empereur, il fit preuve de fermeté
et de vigilance : il rétablit les finances administra les provinces
avec sollicitude; il fit une expédition contre les Parthes
et une autre en Grande-Bretagne ,
où il mourut (211).
Caracalla
se signala surtout par ses cruautés (211-217);
on lui doit cependant une décision importante : désormais
tous les habitants de l'empire, de naissance libre, seront citoyens romains.
Après lui vinrent : Macrin (217-218),
Héliogabale,
prêtre du grand dieu syrien, cruel et débauché (218-222),
et Sévère Alexandre, doux
et honnête, mais faible.
L'anarchie
militaire commence; les légions
ou les prétoriens faisaient les empereurs,
le meurtre les défaisait; en même temps, les provinces se
soulevaient et les barbares commençaient
à envahir les frontières.
A peine peut-on citer quelques noms qui honorèrent encore l'empire
: Gordien III (238-244),
Valérien
(253-260)
que la fortune trahit et qui resta quelque temps prisonnier des Perses;
Gallien,
son fils.
Les empereurs illyriens
rétablirent un instant les affaires de Rome
: Aurélien (270-276)
écrasa les Alamans, défit
la reine Zénobie, à qui il enleva
sa capitale, Palmyre, et détruisit
l'empire gaulois fondé par Tétricus;
Probus
(276-282)
battit les Francs, les Alamans et les Goths.
Dioclétien
(284-305)
est le fondateur du Bas-Empire. Il triompha de Carinus
en Mésie
et fut reconnu par tout l'Empire. Il s'occupa sur-le-champ de la défense
des frontières et pour
la faciliter partagea l'Empire avec Maximien
qui prit l'Occident avec le titre d'auguste;
ensuite ils s'adjoignirent deux césars,
Galère
et Constance Chlore. Maximien eut l'Italie
et l'Afrique ,
Constance la Gaule ,
Galère l'Illyrie ,
Dioclétien l'Orient. Celui-ci, après avoir supprimé
l'influence du Sénat et des prétoriens,
réorganise l'Empire. En 305,
il abdique avec Maximien. Constance Chlore et Galère deviennent
augustes, Sévère et Maximin
césars. Mais le fils de Constance (mort en 306),
Constantin,
revendique sa succession à titre de césar; celui de Maximien,
Maxence, se fait proclamer à Rome
où Maximien reparaît en 307.
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Rome et les Bagaudes
Les Bagaudes (bagaudae,
bacaudae,
baogaudae) étaient de paysans et pâtres
gaulois
qui, au IIIe siècle de l'ère chrétienne, s'insurgèrent
contre la domination romaine et la noblesse des Gaules. Ils furent poussés
à cet acte de désespoir par les dures exactions de l'administration
et par la tyrannie de leurs maîtres qui
les avaient traités en esclaves domestiques. Ils s'armèrent
d'instruments de labourage, incendièrent et dévastèrent
beaucoup de châteaux, de villages et de petites villes et massacrèrent
leurs maîtres qui, glacés d'effroi, durent se réfugier
dans les grandes cités. Sous l'empereur Claude
Il, ils prirent de force la ville d'Autun,
après un siège de sept mois.
Plus tard, sous Aurélien
et Probus, il n'en est fait aucune mention, sans
doute parce que les Romains avaient réussi
à les tenir en respect. Une nouvelle insurrection éclata
sous l'empereur Dioclétien, à
l'instigation d'Aelianus et d'Amandus, deux officiers romains qui avaient
essayé de prendre la pourpre. Dioclétien,
vers l'an 280, chargea Maximien qu'il
venait de nommer César, de faire la guerre
aux Bagaudes. Sans armes et sans chefs, les insurgés ne tardèrent
pas à être dissipés.
Maximien en fit un
massacre presque général. Le plus grand carnage eut lieu
près de Paris, vers le confluent de
la Marne et de la Seine, au lieu où plus tard on a fondé
l'abbaye de Saint-Maur-des-Fossés. Cette abbaye
fut élevée au VIIe siècle sur l'emplacement
de ce qu'on appelait, selon la tradition du pays, le château des
Bagaudes, dont les fossés subsistaient encore à cette époque;
et de là le nom de Saint-Maur-des-Fossés.
Maximien
avait réussi à réprimer la révolte des Badaudes,
mais non à l'étouffer dans son germe. Ces malheureux opprimés,
mis au ban de la société et vivant pendant longtemps de rapines
et de brigandages, se soulevèrent de nouveau vers l'an 435.
Ce mouvement, qui n'avait pas un caractère moins dangereux que 150
ans auparavant, s'étendit sur toutes les provinces de la Gaule
au delà de la Loire jusqu'aux environs de Tarragone, les Espagne ,
et à l'est jusqu'au delà des Alpes. Ce furent les troupes
d'Aélius qui, dans le cours de la première moitié
du Ve siècle, parvinrent à apaiser le pays. A cette
époque, le mot Bagaudae avait depuis un certain temps déjà
changé de sens : il signifiait rebelles, brigands; et dans le langage
du temps, les termes Bagauda et Bagaudia désignaient toute
espèce de brigandage. Ce n'est que dans ce sens que le mot Bagauda;
est employé par Salvien. Cet auteur, qui
a une prédilection pour eux parce qu'ils étaient chrétiens
en majeure partie, dit à ce sujet :
"Si, après
avoir perdu le nom de la liberté romaine, ils ont perdu aussi l'honneur
du droit romain [...] et sont devenus des
Bagaudes (c.-à-d. des rebelles et des brigands), ce n'est que par
nos iniquités qu'ils le sont devenus et par les prévarications
des juges, par les proscriptions et les rapines de ceux qui, sous prétexte
de lever les deniers publics, les avaient convertis en profits pour leur
gain particulier" (De vero fudicio et providentia Dei; Bâle,
1530, fol., p. 29).
Ducange, dans son Glossaire,
propose plusieurs étymologies de bagaudae. Comme Sextus
Aurelius Victor l'indique, le mot est d'origine celtique
et dérive peut-être de badad, terme qui, à en
croire certains celtisants, doit désigner une assemblée tumultueuse.
(L. Will.). |
Maximien,
chassé par son fils, est tué par Constantin
(310),
qui enlève l'Italie
et la vie à Maxence (312),
vaincu au pont Milvius devant Rome; Galère
meurt en 344
et Licinius bat Maximin,
qui périt dans la fuite (313).
Constantin traite avec Licinius vaincu en 344;
puis le défait et le tue en 324,
rétablissant l'unité de l'Empire. Constantin règne
seul de 324à
337.
Il achève l'oeuvre de Dioclétien
et transfère sa capitale sur les rives du Bosphore ,
enfin il adopte le christianisme et en
fait la religion officielle. C'est le dernier des grands empereurs.
Il laisse l'Empire
à ses fils : Constantin (337-340),
Constance
(337-361)
et Constant (337-350);
le premier reçoit la Gaule ,
le second l'Orient, le troisième l'Italie et l'Illyrie ,
Constantin périt en 340
en combattant Constant; celui-ci est tué en 350
par l'usurpateur Magnence, et Constance vainqueur
de ce dernier et de deux autres compétiteurs règne seul jusqu'en
364.
Son neveu, Julien (360-363),
proclamé en Gaule en 360,
lui succède; il essaye de restaurer l'ancien polythéisme
et combat vainement le christianisme; il périt dans une guerre contre
les Perses avec lesquels son successeur
Jovien
(363-364)
signe une paix humiliante.
Valentinien
Ier
(364-375)
règne alors en Occident, laissant l'Orient à son frère
Valens
(364-378).
Gratien
(367-383),
fils et associé de Valentinien, s'associe à son tour le jeune
Valentinien
II (375-392).
A ce moment, la frontière
de l'Empire est définitivement forcée par les Barbares.
Refoulés par les Huns, les Wisigoths
passent le Danube. Valens est vaincu est tué par eux à Andrinople
(378);
la péninsule balkanique
est dévastée. Gratien nomme empereur
en Orient Théodose (379-395)
qui refoule les Goths et les cantonne en Thrace
et en Mésie .
Il venge Gratien tué par l'usurpateur Maxime
qu'il renverse (388);
Valentinien II ayant été tué par son général
Arbogast
qui fait empereur Eugène (392),
Théodose défait et met à mort Arbogast et Eugène.
II réunit alors pour une année la totalité de l'empire
romain et achève la victoire du christianisme en poursuivant les
anciens cultes. A sa mort a lieu le partage définitif de l'empire
romain entre ses fils, Arcadius, qui règne
sur l'Orient, et Honorius, qui règne
sur l'Occident. L'histoire des empereurs orientaux a été
traitée à l'article Empire Byzantin.
Celle des empereurs occidentaux est brève. Il ne faudrait pas croire
qu'il y eut à ce moment deux empires romains; il y a seulement un
partage territorial de l'empire entre deux souverains. Ce partage ne fut
que provisoire, car, avant la fin du IVe siècle, les conquêtes
des Barbares ont amené l'extinction de l'Empire en Occident et rétabli
l'unité au profit du souverain de Constantinople.
En Occident, Honorius
(395-423)
ne peut résister à l'invasion des Barbares
qui forcent toutes les frontières
et s'établissent dans toutes les provinces occidentales. Il s'enferme
dans Ravenne, tandis que son général,
Stilicon,
combat pour lui. Après sa mort et le châtiment de l'usurpateur
Jean, monte sur le trône un enfant de six ans, Valentinien
III (425-455),
sous lequel les dévastations et l'invasion continuent. Il est tué
par Petronius Maximus qui lui succède
(455),
mais est renversé par Avitus (456);
ce dernier est culbuté par Ricimer, chef
des auxiliaires barbares, qui fait et défait les empereurs suivants
: Majorien (457-461),
Libius
Severus (461-465);
puis, après un interrègne de deux ans, Anthemius
(467-472),
protégé de la cour d'Orient.
Il disparaît
ainsi que Ricimer et l'empereur Olybrius (472)
dans les combats qu'on se livre à Rome.
Après le règne de Julius Nepos
(474-475),
le patrice Oreste revêt de la pourpre son
fils Romulus Augustule (475);
Oreste est tué et Romulus Augustule déposé par l'Hérule
Odoacre,
qui renvoie à Constantinople
les insignes impériaux. Ainsi finit l'Empire en Occident (476).
Mais l'empire romain
ne se termine pas en 476;
il se prolonge en Orient jusqu'en 1453,
où la prise de Constantinople, par les Turcs
y met fin. Mais, dans l'intervalle, on avait restauré en Occident
une copie de l'Empire. Les populations soumises aux Barbares
et même ceux-ci ne concevaient pas, en effet, que l'Empire pût
cesser d'être. II semblait que ce fût, non pas un gouvernement,
mais une manière d'être du monde. Aussi, tandis que l'Empire
meurt en fait dans les provinces orientales, l'idée de l'Empire
se perpétue en Occident. Lorsque Charlemagne
a réuni sous sa domination presque tous les pays de cette partie
de l'Europ ,
d'accord avec la papauté et l'Eglise,
il restaure l'Empire en Occident; mais il crée ainsi une institution
nouvelle, le Saint-Empire romain germanique
( Histoire de l'Allemagne ).
(A.-M.
B. / NLI).
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