|
. |
|
L'Empire Byzantin |
![]() |
L'Empire
byzantin, que l'on appelle aussi l'Empire grec ou l'Empire de Constantinople,
est un des deux empires romains formés après la mort de Théodose
le Grand, en 395.
L'histoire de cet Empire romain d'Orient (pour reprendre le nom
qu'on peut lui appliquer jusqu'à la chute de Rome![]() Pendant la première
(395-565),
dont Justinien
est le personnage principal, l'empire grec, après avoir subi vers 375
les ravages des Huns et perdu presque toute
l'Arménie La deuxième période
(565-717)
commence la décadence de l'empire byzantin : les Lombards
occupent es deux tiers de l'Italie Avec la troisième
de l'empire byzantin (717-867),
commence a dynastie isaurienne La dynastie macédonienne,
qui, souvent interrompue par des usurpations, remplit la quatrième période
de l'histoire byzantine (867-1056),
ralentit la chute de l'empire et offre quelques princes remarquables; les
Russes, les Petchenègues ( Au commencement de
la cinquième période (1056-1260),
l'empire byzantin doit subir l'irruption des Seldjoukides
qui s'emparent des deux tiers de l'Asie Mineure; Alexis, Jean et Manuel
Comnène ne peuvent reconquérir qu'une faible
partie des provinces sur la mer Noire (1081-1180);
des guerres contre les Normands, qui ont conquis la Sicile, et contre les
Hongrois épuisent les forces des Grecs. A la mort du dernier Comnène,
la décadence devient de plus en plus sensible; les Serbes et les Bulgares
redeviennent indépendants. La Quatrième
croisade se détourne de Jérusalem
sur Constantinople : en 1204,
les Croisés s'emparent de cette ville, et en font le siège d'un Empire
latin; l'empire d'orient démembré forme une douzaine de petits États
latins, entre autres le royaume de Thessalonique, la principauté d'Achaïe,
le duché d'Athènes, le duché de Naxie, les provinces vénitiennes en
Crète L'empereur de Nicée
Michel Paléologue reprend Constantinople
en 1261
: il ouvre ainsi la sixième période de l'histoire byzantine, que remplit
la dynastie des Paléologues. Mais ni lui, ni Andronic,
son fils, ne peuvent recomposer l'empire. Trébizonde, la Serbie, la Bulgarie,
la Bosnie, les îles et presque tout le sud de la péninsule sont indépendants;
le reste passe au pouvoir des Turcs, ainsi
que les neuf dixièmes de l'Asie Mineure. Les guerres civiles (sous Andronic
III, Cantacuzène, etc.) achèvent la ruine
de l'empire. En vain les empereurs mendient les secours de l'Occident et
promettent d'abjurer le schisme : les Turcs ( |
|||
![]() |
Lorsque
Constantin transforma l'antique Byzance en une capitale à laquelle il
donna son nom, il ouvrit l'histoire de l'empire byzantin. Sans doute, sous
lui et sous quelques uns de ses successeurs, on vit encore un seul empereur
gouverner à la fois les provinces de l'Orient et de l'Occident, mais l'unité
de l'empire était définitivement rompue. Constantinople
en effet, ni au point de vue matériel, ni au point de vue moral, n'était
une capitale artificielle. Par son admirable situation, elle servait de
point d'union entre l'Asie et l'Europe, entre la Grèce d'Orient et la
Grèce d'Occident, mais d'autre part elle forait un centre à ce monde
hellénique qui, sous la domination romaine, avait toujours conservé sa
physionomie propre, son esprit, et même en partie ses institutions. Ainsi
s'expliquent le rapide développement de l'empire d'Orient et ses longues
destinées : au lendemain de la mort de Théodose
et du partage de ses États (395),
son existence officielle commence à peine qu'il est déjà tout organisé
et en pleines fonctions.
De 395 à 565 Dès cette première période de l'empire byzantin, l'hellénisme est son caractère original et en même temps sa force; les empereurs auront beau s'intituler empereurs des Romains et s'efforcer de maintenir, au moins partiellement, l'usage du latin, ils commandent à des Grecs, et eux-mêmes le sont ou le deviennent. Tandis que les provinces de l'Occident se transforment en États barbares, et que Rome même, après des destinées agitées, devient sujette d'un roi goth, l'empire d'Orient, grâce à une situation géographique et à des circonstances heureuses, s'il n'échappe pas entièrement aux invasions germaniques, comme celle d'Alaric en Grèce, du moins ne subit pas encore l'établissement de royaumes barbares sur son sol. Si la destinée des
deux États diffère, celle des deux Églises, à une époque où la religion
a une si profonde influence sur l'histoire générale, diffère aussi :
celle d'Occident, d'un esprit pratique, se préoccupe surtout d'exercer
son action sur la révolution politique et sociale qui s'accomplit autour
d'elle; celle d'Orient, spéculative et subtile disserte sur les dogmes,
se divise en controverses passionnées sur la nature du Christ La famille de Théodose
se continue jusqu'en 450
avec Arcadius (395-408),
prêt à subir toutes les influences qui s'exercent successivement sur
lui, et Théodose Il (408-450),
que gouverne sa soeur Pulchérie. C'est plutôt dans le vieux Marcien (450-457),
que Pulchérie épouse pour donner un défenseur à l'empire, qu'on retrouve
l'âme de Théodose Ier, et sa ferme attitude
contribue à sauver l'Orient des fureurs d'Attila
( L'avènement de
la famille Justinienne.
![]() L'empire de Justinien. (cliquer sur la carte pour l'agrandir). Dans son administration
intérieure, Justinien travaillait aussi à diminuer l'influence de l'hellénisme;
les adhérents de la culture antique étaient persécutés, l'enseignement
de la philosophie et du droit était supprimé
à Athènes ( Les Bleus et les Verts, en latin Veneti et Prasini. - A Byzance, les compagnies de cochers qui se disputaient le prix dans le cirque
Sous le règne du neveu de Justinien, Justin Il (565-578), sous ceux de Tibère (578-582), de Maurice (582-602), les Maures d'Afrique s'insurgent, les Lombards s'emparent de l'Italie du Nord et luttent pour conquérir la péninsule tout entière. Les empereurs sont forcés de tourner leur attention d'un autre côté et de concentrer leurs forces contre les Perses, qui menacent l'existence même de l'empire en Asie, contre les Slaves qui la menacent en Europe. Dans cette lutte pour la vie, le règne d'Héraclius (610-641) marque une période mémorable. Les Perses se sont emparés de Jérusalem même (614), lorsque, après de longues années d'inaction, l'empereur entreprend enfin (622) cette série de brillantes campagnes qui le conduisent au delà du Tigre et de l'Euphrate, jusqu'à la capitale même de Chosroès, Dastagerd (628). Mais bientôt commencent les conquêtes arabes et l'empire perd rapidement quelques-unes de ses plus belles provinces, la Syrie, l'Égypte, sans qu'Héraclius oppose à ces attaques soudaines et impétueuses aucune résistance sérieuse. L'hellénisme disparaît
ainsi de quelques-unes des contrées où il avait été le plus florissant.
Sous les misérables successeurs d'Héraclius,
dont la famille se continue jusqu'en 711,
Héracléonas (641),
Constant (641-668),
Constantin Pogonat (668-685),
Justinien Il (685-695
et 705-711);
Léonce (695-698),
Tibère (698-705),
la décadence s'accélère. Chypre, Rhodes « Depuis Maurice, toutes les lois, toutes les ordonnances, tous les actes publics n'étaient plus rédigés qu'en grec. Les divisions administratives changèrent leur nom en celui de thèmes; ce dernier nom fut aussi donné au corps d'armée de chaque province[...]. Tous les termes militaires furent pris dans la langue du pays, les tribuns furent nommés chiliarques, les comtes stratèges [...]. De l'aveu de Constantin Porphyrogénète, les empereurs parlaient grec et perdaient l'usage du latin. L'Église et la poésie revêtirent un caractère de plus en plus national » (Paparrigopoulo).La persistance de l'esprit hellénique dans la Grèce du Moyen âge et dans la Grèce moderne s'accuse sous bien des formes, et c'est ainsi que, de nos jours encore, les croyances et la poésie populaires sont toutes pénétrées de souvenirs de la mythologie grecque ![]() L'invasion progressive
des tribus slaves dans la Grèce d'Europe est une question encore obscure
et controversée. S'appuyant sur un texte fameux de Constantin Porphyrogénète
et sur divers autres témoignages, quelques historiens, Fallmerayer en
tête, ont prétendu que, à partir du VIe
siècle, les colonies slaves s'étaient
établies dans presque toutes les provinces : Épire, Thrace De 717 à 867 L'extinction de la
famille d'Héraclius devait fatalement amener
de nouvelles révolutions dynastiques. Cependant, au bout de six ans, le
pouvoir impérial échut à une famille qui devait le conserver pendant
près d'un siècle, l'exercer avec énergie et souvent avec succès. Léon
III, le fondateur de la famille Isaurienne, de basse origine, s'éleva
aux plus hauts grades par son courage et son habileté. Devenu maître
du pouvoir (717),
il montra aussitôt qu'il en était digne en repoussant le siège le plus
long et le plus terrible que les Arabes eussent encore dirigé contre Constantinople.
Mais Léon III est plus célèbre encore par la lutte politique et religieuse
qu'il entreprit, et qui, sous le nom de querelle des Iconoclastes Diminuer l'influence du clergé et surtout des moines, épurer le culte, fortifier la société civile et l'action du pouvoir impérial, telle fut l'oeuvre que les empereurs Iconoclastes Léon III (716-741), Constantin V (741-775), Léon IV (775-780), Léon V (813-820), Michel Il (820-829), Théophile (829-842), se proposèrent, et qu'on put croire destinée au succès. Parmi ces empereurs, quelques-uns furent remarquablement actifs et intelligents, bien qu'on ne connaisse plus leur histoire que par les écrits de leurs adversaires; entraînés par l'ardeur de la lutte, exaspérés par la résistance que leur opposaient les moines, ils se laissèrent malheureusement aller à des excès et à des persécutions. Les lois qu'ils ont promulguées et qu'on connaît aujourd'hui partiellement (l'Ecloga de Léon et de Constantin, recueil des lois antérieures mais modifiées sur des points importants, publiée par Zachariae en 1852) ont permis de juger plus équitablement leurs projets et leurs réformes : amélioration de la situation des classes agricoles; suppression du servage; amélioration des lois qui réglaient l'organisation de la famille. Il est avéré en outre qu'ils recrutèrent des partisans surtout dans la classe éclairée et même dans le haut clergé, En 754, dans un concile convoqué par Constantin V, trois cent quarante-huit prélats votèrent la suppression des images. Dans bien des régions, surtout en Asie, les réformes religieuses et politiques ne semblent pas avoir suscité de rébellion ouverte; en Europe, dans les Cyclades, une insurrection éclata, mais fut réprimée (727). A l'extérieur, les empereurs iconoclastes, et notamment Léon III et Constantin V, luttèrent avec courage et succès contre les Arabes et les Bulgares; mais leur politique eut pour conséquence de détacher de l'Orient l'Église romaine et l'Italie. Depuis le règne de Justinien, l'Italie byzantine avait été notablement réduite par les progrès des Lombards, et l'exarque de Ravenne, qui en était le vice-roi, n'avait plus qu'un pouvoir précaire. De fait, l'Italie centrale et Rome obéissaient au pape plutôt qu'à l'empereur; dans les conflits fréquents qui avaient éclaté entre les empereurs et leurs fonctionnaires d'une part, les papes de l'autre, Rome avait toujours été fidèle à ceux-ci. Quand les édits contre les images arrivèrent en Italie, les populations songèrent aussitôt à se rendre indépendantes, tandis que Grégoire II, Grégoire III, et leurs successeurs, défendaient de leur côté avec énergie le culte des images. Bientôt la papauté, menacée par les Lombards et ne pouvant plus compter sur Byzance, fit appel aux Francs. Pépin et Charlemagne la transformèrent en puissance territoriale, mais en la subordonnant à leur suprématie; Ravenne échappa aux Grecs, l'Italie byzantine se restreignit à quelques possessions dans l'Italie du Sud, qu'il fallut disputer aux princes lombards établis dans ces régions, tandis que les Arabes la diminuaient encore par la conquête de la Sicile. A ces pertes matérielles se joignait un échec moral. Alors que l'ambitieuse et cruelle Irène exerçait le pouvoir, la papauté rêva d'augmenter son crédit en conférant au roi franc, son protecteur, le titre impérial. Proclamé empereur à Rome en l'an 800, Charlemagne songea, dit-on, à établir l'unité de l'empire en se mariant avec Irène, puis il négocia pour obtenir la reconnaissance de sa dignité nouvelle et il y parvint en 814 avec Michel ler. Mais les souverains de Byzance ne se résignèrent pas sans retour à cette défaite et plus d'une fois encore contestèrent aux empereurs francs et germaniques le titre de Basileus. Malgré tous ces
troubles à I'intérieur, tous ces échecs à l'extérieur, l'oeuvre des
iconoclastes ne fut pas entièrement vaine. On le vit même après que
le concile de Constantinople eut définitivement
rétabli le culte des images (842).
La fin du IXe
siècle et le Xe
siècle sont signalés par une véritable
renaissance qui se manifeste sous toutes les formes.
De 867 Ã 1056 Basile
Ier
(867-886),
d'origine obscure, parvenu au pouvoir par son talent et par son audace,
fonda la maison macédonienne qui, soit par la succession en ligne directe,
soit par les mariages, les adoptions et les régences, se prolongea jusqu'en
1057.
Sans doute, pendant cette longue période, l'empire byzantin n'a pas échappé
entièrement aux troubles et aux révolutions; néanmoins, sous quelque
point de vue qu'on l'étudie, il n'a jamais été si prospère. Parmi les
empereurs de cette époque, presque tous ont commandé à la tête des
armées, plusieurs ont été d'excellents capitaines, quelques-uns ont
été des écrivains militaires et ont composé des livres de tactique.
Ils se montrent soucieux d'améliorer les institutions militaires. Grâce
à leurs efforts, sur presque tous les points, l'empire byzantin regagne
une partie du terrain perdu. Sous Basile ler,
les flottes grecques repoussent les attaques des Sarrasins en Eubée, dans
le Péloponnèse Ainsi, jusque vers 1025, l'empire se reconstitue territorialement. Par suite, son influence politique et religieuse s'étend. Les empereurs d'Allemagne, les rois de France recherchent en mariage des princesses byzantines. Les Russes, longtemps ennemis de l'empire, se laissent séduire par l'éclat de la civilisation grecque. Olga, veuve d'Igor, qui s'était attaqué à Constantinople, vient à la cour de Constantin Porphyrogénète (957) et reçoit le baptême; Vladimir épouse une soeur de Basile II (988), se convertit au christianisme et l'impose à ses sujets; avec la religion grecque s'introduit la civilisation grecque et Kiev devient comme une copie de Constantinople. Déjà les Serbes avaient été rattachés à l'Église grecque. En 863, deux moines de Constantinople, Cyrille et Méthode, avaient porté le christianisme en Moravie d'où il se répandit en Bohême. On put croire que ces nouvelles églises slaves relèveraient de Constantinople, mais la papauté voulut les soumettre à son autorité. Du reste, l'antagonisme
entre l'Église de Rome et celle de Constantinople
s'accentuait de plus en plus. En 857,
la disgrâce du patriarche de Constantinople, Ignace, l'élévation du
savant et ambitieux Photius
provoquèrent un violent conflit. Photius et les Grecs reprochaient aux
Latins l'introduction du Filioque dans le symbole, le célibat des prêtres,
et quelques autres usages. La paix, rétablie non sans peine, fut définitivement
rompue au XIe
siècle, lorsque le patriarche Michel
Cérulaire ferma les églises des Latins à Constantinople et confisqua
leurs couvents. Le 16 juillet 1054
les légats du pape Léon IX déposèrent sur l'autel La "Renaissance
byzantine".
Sous Constantin Porphyrogénète, la cour devient le centre du mouvement littéraire et scientifique. L'empereur s'entoure d'historiens, de savants, de jurisconsultes, lui-même donne l'exemple et compose de nombreux ouvrages : la Vie de Basile, les Thèmes, les Cérémonies, l'Administration de l'empire. Par ses ordres sont entreprises de grandes collections historiques et politiques d'extraits des écrivains antérieurs. Si cette littérature officielle manque d'originalité, du moins atteste-t-elle une grande étendue de lectures et de connaissances. L'empire byzantin n'est pas moins puissant par son industrie et par son commerce. Constantinople est alors le plus grand entrepôt du monde entier, le point de contact entre l'Orient et l'Occident. Les navires de tous les pays affluent dans son port; les produits byzantins, étoffes de luxe, ivoires, pièces d'orfèvrerie sont partout recherchés, en Italie, en France, en Allemagne. Mais d'autres villes, Salonique par exemple, offrent la même animation et la même activité. Aussi l'empire byzantin dispose-t-il de ressources financières extraordinaires; d'après certains calculs, qui ne reposent malheureusement que sur des données partielles, les revenus de l'empire se seraient élevés à une somme qui équivaudrait à trois milliards de notre monnaie. L'organisation
de l'État.
Au-dessous de ces hauts dignitaires s'échelonne une multitude d'autres fonctionnaires; tous, d'après un système analogue à celui qui se rencontre à la fin de l'empire romain, sont répartis dans les cadres d'une noblesse administrative; patrices, hypathi (consuls), archontes, nobilissimes, spathaires et protospathaires, spatharocandidats, candidats, etc. La vie officielle est assujettie à une minutieuse étiquette dont on trouve les règles exposées dans le livre des Cérémonies de l'empereur Constantin Porphyrogénète. Les écrits de Liutprand, évêque de Crémone, qui fut envoyé deux fois comme ambassadeur à Constantinople, offrent un tableau curieux mais malveillant de la cour byzantine à cette époque. Le territoire de l'empire, depuis le VIIe siècle, semble-t-il, est divisé en thèmes (17 thèmes d'Orient, 12 d'Occident correspondant à deux grands bureaux de l'administration centrale). Cette division a un caractère essentiellement militaire, et le mot de thème s'applique à la fois à la province et au corps de troupes qui la garde. A la tête de chaque thème se trouve un fonctionnaire qui porte ordinairement le nom de stratège et qui réunit des attributions militaires, financières, civiles. Les thèmes se subdivisent en turmae, gouvernés par des turmarques; les turmae en vexilla ou bandoi Toutes ces appellations ont un caractère militaire. Auprès du stratège on trouve le domestique du thème, qui est son lieutenant; le chartulaire du thème, qui remplit les fonctions d'intendant militaire; le protonotaire du thème, qui est chargé de l'administration financière; le comte de la tente qui surveille le service du quartier général. Puis vient la foule des fonctionnaires inférieurs : militaires, comme les comtes, les topotérètes, les drongaires, les clisurarques, les centarques; civils, comme les comtes des aqueducs, les directeurs des manufactures impériales, les curateurs des palais et des domaines de l'empereur. Dans certains pays, situés sur les frontières, des ducs commandent au lieu de stratèges. Cette administration solidement constituée se heurte dans les provinces à la classe des grands propriétaires, archontes, phylarques, puissants, qui oppriment les petits propriétaires, les dépouillent de leurs terres, et arrivent ainsi à posséder des cantons entiers, presque des provinces. Les empereurs du
Xesiècle
luttent par leurs constitutions ou Novelles contre les progrès
et les exactions des puissants, en même temps que contre la multiplication
des monastères et l'extension indéfinie de leurs domaines. En tout cas
il n'y eut jamais en Orient une féodalité comme en Occident ( Contre les dangers
extérieurs le gouvernement byzantin se défend par ses institutions militaires
et diplomatiques. Les armées byzantines se composent, il est vrai, en
grande partie de mercenaires; il n'existe ni service obligatoire, ni tirage
au sort. Les empereurs établissent dans les provinces des colonies militaires;
les soldats reçoivent des terres qui se transmettent par héritage mais
dont les bénéficiaires sont astreints à l'impôt du sang. Certains corps
mercenaires sont surtout célèbres, ainsi les Varangiens ou Varègues
qui formèrent la garde d'honneur des empereurs. Au Xe
siècle, un écrivain arabe, lbn-Khordadbeh,
évalue à 120 000 hommes les forces byzantines. Ces troupes sont en général
aguerries, expérimentées, les bons généraux ne sont pas rares. L'art
de fortifier les places, de les attaquer, de les défendre est poussé
fort loin; les engins de guerre, les machines, le feu grégeois sont habilement
employés. Quant à la diplomatie byzantine, elle a été longtemps la
première de l'Europe par son astuce et sa finesse. La diplomatie italienne
est née et s'est formée à cette école.
De 1056 Ã 1260 Les derniers temps
de la maison macédonienne avait été signalés par
Les Croisades.
Les mêmes faits
se reproduisent sous les deux longs règnes de Jean Comnène (1118-1143)
et de Manuel Comnène (1143-1180).
Les croisés ravagent les provinces grecques qu'ils traversent, le roi
normand de Sicile, Roger Il, dévaste le Péloponnèse A la fin du XIIe siècle, les haines entre les Latins et les Grecs s'exaspèrent de plus en plus. Manuel Comnène avait parfois entretenu des relations amicales avec les Occidentaux, il en avait pris à son service, il avait accordé de nouveaux privilèges aux Vénitiens. Après sa mort, l'avènement d'Andronic Comnène (1182-1185), qui usurpe le pouvoir, est signalé par de véritables vêpres siciliennes: la population de Constantinople massacre les Latins, prêtres, soldats, marchands, sans épargner ni les femmes, ni les enfants, ni les vieillards, ni les malades. D'autre part l'ordre intérieur, assuré par les premiers Comnènes, est troublé ; les séditions, les insurrections recommencent : Isaac Comnène s'empare de Chypre et s'y rend indépendant, Alexis Comnène, révolté contre Andronic, fait appel à Guillaume Il, de Sicile, qui s'empare de Salonique (1185). Après la chute d'Andronic (la même année), et avec l'avènement de la famille des Anges, commence une épouvantable anarchie; les généraux s'insurgent et se proclament empereurs, comme Branas; la Bulgarie se rend indépendante; armées, flotte, administration, tout est en décadence. Cette déplorable situation explique la facilité avec laquelle s'établit l'empire latin de Constantinople. Cependant telle était
la vitalité de l'empire grec que ces terribles crises ne le ruinèrent
pas encore. Tandis que l'empire latin était, dès ses premiers jours,
livré aux discordes, incapable de se défendre et de se gouverner, Michel-Ange
Comnène fondait le despotat d'Épire ou d'Hellade, avec Arta pour capitale.
Son frère, Théodore Comnène, se maintenait indépendant, battait les
Latins (1217),
s'emparait de Salonique (1223)
et s'y faisait couronner empereur. Théodore Lascaris, proclamé empereur
à Constantinople pendant le siège,
s'emparait de la Bithynie Après le règne
assez court de Théodore Il Lascaris (1255-1259),
la famille des Paléologues s'empare du pouvoir (1260)
avec Michel VIII. Dès l'année suivante, par un coup de main imprévu,
le général Strategopoulos entrait à Constantinople
(26 juillet 1261).
L'empire était restauré; il devait vivre près de deux siècles encore
sous le gouvernement des Paléologues, mais jamais il ne retrouva la force
et la prospérité dont il avait joui au IXe
siècle et au Xe
siècle.
De 1261 Ã 1453 Si les croisadesavaient
pris fin, l'Orient grec subissait toujours les conséquences de cette terrible
secousse, et il n'opposait plus qu'une résistance affaiblie aux causes
de décadence et de ruine qui s'exerçaient sur lui avec une énergie toujours
croissante. Plusieurs provinces avaient été détachées de l'empire en
Asie, les Vénitiens gardaient uns partie des îles, les Villehardouin
la Morée, les de La Roche l'Attique et la région voisine; les pirates
infestaient la Méditerranée orientale, Au XIVe
siècle, les grandes compagnies catalano-aragonaises
(Les Almogavares) promenèrent leurs ravages à travers les provinces
grecques d'Europe. D'elles-mêmes des parties de l'empire s'en détachent
en 1423,
Salonique, assiégée par Mourad ( Chargés de gouverner dans ces circonstances critiques, les Paléologues furent en général des princes médiocres. Se sentant incapables de lutter avec leurs propres forces contre les progrès des Turcs, ils essayèrent de rallier l'Occident à leur cause. Puisque les querelles religieuses semblaient avoir été le principal motif des divisions et des haines, ne pouvait-on pas espérer que l'union des deux Églises y mettrait un terme à Michel Paléologue se rapprocha de l'Église romaine; en 1274, il envoya des députés au Concile de Lyon, un acte d'union fut signé, mais Michel Paléologue se heurta en Orient à une résistance opiniâtre; il se trouve bientôt détesté par ses sujets et repoussé par la cour de Rome, qui l'accusait de mauvaise foi. Dans la suite, ces tentatives d'union se répètent, mais toujours avec le même insuccès. Jean Paléologue se rend en Italie, abjure solennellement à Rome en présente d'Urbain V (1369), mais n'obtient rien que des promesses en retour de ses concessions. Au cours de cet humiliant voyage, il est même arrêté pour dettes à Venise. Manuel Paléologue (1391-1423) multiplie les appels aux princes latins et leur fait entrevoir les dangers qui menaceront l'Europe si Constantinople est prise. Le roi de Hongrie adresse les mêmes adjurations, une croisade se forme, mais se termine par la défaite de Nicopolis (1396). Le voyage qu'entreprend Manuel et qui le conduit jusqu'en France et en Angleterre (1399-1403) n'aboutit à aucun résultat sérieux. Jean Paléologue (1423-1448) essaie encore la conciliation religieuse. En 1437, accompagné d'un grand nombre d'évêques et d'abbés, il vient prendre part au Concile de Ferrare, qui se transporta ensuite à Florence. Cette fois encore l'acte d'union est conclu, mais subit le même échec en Orient; parmi les prélats grecs qui l'ont signé à Florence, plusieurs de retour en Orient sont les premiers à le condamner. Donc, malgré tous
leurs efforts, les empereurs grecs ne trouvent pas de secours à l'étranger.
A l'intérieur leur attention est souvent absorbée par des querelles théologiques
misérables, mais qui agitent et troublent l'empire. Pendant la dernière
partie du règne de Michel VIII et sous celui de son fils Andronic Il (1282-1328),
les luttes des Joséphites et des Arsénites sont I'affaire capitale. Plus
tard, des moines du mont Athos Malgré les dissensions
qui les divisent et qui parfois leur font prendre les armes les uns contre
les autres, les Catalans pillent la Macédoine, la Thessalie Ainsi, à quelque
point de vue qu'on envisage l'empire byzantin pendant cette période, il
apparaît affaibli, incapable de soutenir avec succès la lutte contre
la puissance sans cesse grandissante des Turcs. Lors de la prise de Constantinople
en 1261,
un des ministres de Michel VIII avait, paraît-il, déploré cette victoire;
c'est qu'en effet les empereurs grecs, en abandonnant Nicée
pour Constantinople, se trouvaient plus éloignés de ces riches provinces
d'Asie, d'où ils avaient tiré leurs forces, et qu'il fallait défendre
contre les attaques incessantes des Turcs. Après les dissensions et les
luttes qui avaient amené la disparition des califes
de Bagdad Bientôt les Ottomans
envahissent l'Europe et ravagent la Thrace. Les empereurs commettent eux-mêmes
la faute de les appeler contre les Serbes qui, sous le gouvernement de
Douschan, viennent de fonder un menaçant empire, et Cantacuzène
marie une de ses filles au sultan Orkhan (1346).
Mourad Ier, s'empare d'Andrinople « Le centre de l'empire de Byzance était réduit à un petit triangle compris entre la mer de Marmara et la mer Noire, Le peu de territoire que les empereurs conservaient encore en Macédoine, autour de Thessalonique, et le despotat de Misithra (Sparte), apanage d'une branche cadette de la maison de Paléologue, étaient séparés du centre par de vastes enclaves appartenant aux Turcs, aux Slaves, aux Francs; ajoutons quelques îles au Nord de l'Archipel et nous aurons énuméré tout ce qui restait de l'Empire. Entre des possessions ainsi éparpillées, les liens administratifs se relâchaient nécessairement; plus d'union, plus de cohésion : le vieil empire n'inspirait plus de respect à personne, ni à ses amis, ni à ses ennemis » (Heyd).La prise de Constantinople. Déjà les républiques commerçantes de l'Italie, préoccupées surtout des intérêts de leur trafic, acceptaient de traiter avec les Ottomans. Le premier traité conservé entre Gênes et les Ottomans est de 1387, mais d'autres ont certainement précédé. Lorsque l'Occident, cédant aux supplications de Manuel Paléologue et de Sigismond de Hongrie, tente une dernière croisade, c'est pour aboutir au désastre de Nicopolis (1396). Bayézid Ier vainqueur assiège même Constantinople (1397), mais en vain. L'arrivée des Mongols, la victoire de Tamerlan ![]() ![]() ![]() ![]() ![]()
|
. |
|
|
||||||||
|