| Le nom de Dacie désignait dans l'Antiquité romaine une grande région de l'Europe centrale, sur la rive gauche du Danube inférieur, dans la portion comprise à peu près entre le Temes et le Pruth; vers le Nord, du côté des Carpates, elle n'avait pas de limites précises. Aujourd'hui le plateau de Transylvanie, la plaine de Valachie, une portion de la Hongrie et de la Moldavie, correspondent à la Dacie ancienne (Roumanie). Les premiers habitants que les Grecs aient connus dans ces régions lointaines, au cours du Ve siècle avant J.-C., s'appelaient les Agathyrses, les Scythes, les Gètes, les Daces. Cette dernière tribu, qui était campée dans les montagnes et qui était apparentée aux Thraces, fit, vers le milieu du Ier siècle avant notre ère, sous la conduite de son roi Baerebistes (Burvista), la conquête de la majeure partie de la région du Danube intérieur, à laquelle on donna alors son nom. De bonne heure, le voisinage de ces tribus belliqueuses fut un danger pour la domination romaine établie sur la rive droite du fleuve. A partir d'Auguste, à peu près tous les empereurs furent obligés de réprimer les incursions des Daces, jusqu'au jour ou Trajan se décida à planter les aigles d'une manière définitive au nord du fleuve et dans la région des Carpates. Commencées en 101, suspendues un moment, après une première conquête, en 104, les guerres daciques se terminèrent en 106 par le suicide du chef des Daces, Décébale, et le triomphe de Trajan. Un peu plus tard, entre 107 et 109, l'empereur fit de sa conquête la province romaine de Dacie. Le pays fut promptement colonisé; les mines qui étaient exploitées depuis la plus haute antiquité dans la région montagneuse, en particulier les mines de sel et d'or, attirèrent de nombreux émigrants. Les principales cités de la région étaient : Sarmizegetusa (ruines de Varhely), ancienne capitale de la Dacie indépendante ; Apulum (plus tard Karlsburg), située dans le voisinage des mines d'or et séjour d'une légion (la XIIIe gemina); Potaissa, Apoca, Porolissum, Malva. Gouvernée par un légat impérial, prétorien ou consulaire suivant les époques, la province forma plusieurs circonscriptions administratives sous Hadrien, la Dacia superior et la Dacia inferior; un peu plus tard, probablement sous Antonin le Pieux, la Dacia Apulensis, la Dacia Malvensis, la Dacia Porolissensis, ainsi appelées des villes où résidait le procurateur de chacune d'elles. La Dacie, qui avait été la première acquisition de l'Empire, en fut aussi la première perte; après s'être révoltée plusieurs fois, elle parvint à s'affranchir sous le règne de Gallien, vers 256; les Romains furent réduits alors à quelques postes fortifiés dans la région du Temes et du Danube, jusqu'au jour où l'empereur Aurélien, vers 271, réunit tous les colons et les soldats qui restaient encore au Nord du Danube et les transporta sur la rive opposée, en deçà du fleuve, dans la région qui s'appelait alors la Mésie. Le nom de Dacie s'appliqua désormais à la région qui correspond à peu près aujourd'hui à une partie de la Serbie et à la Bulgarie; plus tard, on distingua dans cette nouvelle province la Dacia Ripensis, le long du fleuve, et la Dacia Mediterranea ou Dardania, dans la région montagneuse des Balkans. Au commencement du Ve siècle, elle formait l'un des diocèses de la préfecture du prétoire d'Illyrie. La Dacie proprement dite, c. -à-d. la Dacie transdanubienne, n'avait été occupée par les Romains que pendant cent soixante ans environ, de Trajan à Aurélien; cependant la langue latine y avait été assez profondément implantée par les soldats et les marchands de Rome, pour que les habitants actuels de la majeure partie de cette région, qui est aujourd'hui la Roumanie, parlent encore une langue dérivée du latin (d'où les noms de Roumains et de Roumanie). (G. L.-G.). | |