Lévi-Strauss

Claude Lévi-Strauss (1908-2009).
Image générée par une IA (Open Dall-e).

Lévi-Strauss est né dans une famille d'artistes juifs franco-belge. Son père était peintre et sa mère s'occupait du foyer. La famille a déménagé à Paris peu après sa naissance. Il a fait ses études secondaires au lycée Janson-de-Sailly, puis, en classes préparatoires, au lycée Condorcet  à Paris. Lévi-Strauss s'intéresse très tôt à la philosophie et continue ses études à la Sorbonne. Il obtient son agrégation de philosophie en 1931.

Après avoir enseigné au lycée de Mont-de-Marsan, il est recruté en 1935 pour une mission universitaire au Brésil. Il devient professeur de sociologie à l'Université de São Paulo et profite de cette période pour mener des recherches ethnographiques sur les sociétés indigènes du Mato Grosso et de l'Amazonie.

Le quatre années qu'il passe au Brésil marquent un tournant dans sa carrière. Avec sa femme Dina, il explore le coeur de l'Amazonie, étudiant les populations Bororo et Nambikwara. Ces travaux de terrain posent les bases de ses futures théories structurales. De retour en France en 1939, Lévi-Strauss est mobilisé pour la Seconde Guerre mondiale. Après la défaite française en 1940, il perd son poste en raison des lois antisémites de Vichy. Il trouve refuge à New York en 1941 grâce à une bourse de la Fondation Rockefeller.

À New York, Lévi-Strauss enseigne à la New School for Social Research et entre en contact avec des intellectuels exilés comme Roman Jakobson. C'est dans ce milieu qu'il commence à élaborer ses idées sur le structuralisme, influencé par la linguistique structurale de Jakobson. En 1945, il devient attaché culturel à l'ambassade de France à Washington, où il reste jusqu'à son retour en France en 1948. Pendant cette période, il rédige Les Structures élémentaires de la parenté, une œuvre majeure publiée en 1949, qui révolutionne l'anthropologie en introduisant le structuralisme dans l'analyse des systèmes de parenté.

En 1948, Lévi-Strauss revient en France et obtient un poste de directeur d'études à l'École pratique des hautes études. Il achève sa thèse de doctorat, publiée en 1949. En 1950, il devient membre de la section des sciences religieuses à l'École pratique des hautes études. Dans les années 1950, Claude Lévi-Strauss continue de développer et de diffuser ses idées sur le structuralisme. En 1952, il publie Race et histoire, un essai commandé par l'Unesco, où il critique le racisme et traite dess notions de progrès et de diversité culturelle.

En 1955, il publie Tristes Tropiques, un récit de ses voyages et de ses recherches en Amérique du Sud. Ce livre rencontre un immense succès, tant auprès du grand public que dans les milieux académiques, et assoit sa réputation internationale. En 1959, Lévi-Strauss est nommé professeur au Collège de France, où il occupe la chaire d'anthropologie sociale jusqu'à sa retraite en 1982. 

Durant cette période, il publie plusieurs ouvrages clés : Anthropologie structurale (1958) : Recueil d'articles où il développe ses méthodes et théories structurales; Le Totémisme aujourd'hui (1962) et La Pensée sauvage (1962), des ouvrages examinent les systèmes de pensée des sociétés dites "primitives" et leur logique interne; Mythologiques (1964-1971), une érie de quatre volumes analysant les mythes amérindiens à travers une approche structuraliste; La Voie des masques (1975), une tude sur les masques des peuples amérindiens du Nord-Ouest canadien. Ces travaux renforcent son statut de pionnier du structuralisme en anthropologie, offrant des analyses approfondies des structures sous-jacentes aux cultures humaines.

Après sa retraite, Lévi-Strauss continue d'écrire et de publier. Il reçoit de nombreuses distinctions et est célébré pour sa contribution à l'anthropologie et aux sciences sociales.  Parmi les ouvrages de cette période : Le Regard éloigné (1983), réflexion sur son propre parcours et ses recherches en anthropologie; Histoire de lynx (1991) et Saudades do Brasil (1994), poursuite de son étude des mythes et des souvenirs de son séjour au Brésil.

Ces ouvrages couvrent un large éventail de sujets. Quelques-une de ses principales oeuvres :

• Les Structures élémentaires de la parenté (1949). - Dans cet ouvrage fondateur, qui est aussi sa thèse de doctorat, Lévi-Strauss étudie les structures et les systèmes de parenté dans différentes sociétés, en particulier en utilisant les concepts de la théorie des structures et des systèmes.

• Tristes Tropiques (1955). - Ce livre est à la fois un récit de voyage et une méditation philosophique sur la condition humaine. Lévi-Strauss y décrit ses voyages en Amérique du Sud, tout en réfléchissant sur les cultures autochtones et sur sa propre discipline, l'anthropologie.

• Anthropologie structurale (1958). - Ce livre compile une série de textes où il expose de la méthodologie de l'anthropologie structurale, mettant en lumière les concepts et les techniques analytiques qui peuvent être utilisés dans les études anthropologiques.

• Race et histoire (1952). - Dans cet essai, Lévi-Strauss aborde les questions de race, de culture et d'histoire, en critiquant les préjugés racistes et l'ethnocentrisme, et en soulignant l'importance de la diversité culturelle dans le développement de l'humanité.

• La Pensée sauvage (1962). - Ce livre est une analyse des structures de la pensée mythique et symbolique. L'auteur met en évidence les similitudes entre les différentes cultures et en propose une théorie sur la nature de la pensée humaine.

• Mythologiques (4 volumes, publiés entre 1964 et 1971). - Dans cette série, Lévi-Strauss analyse les mythes à travers une approche structuraliste. Il  examine les motifs récurrents et les structures sous-jacentes qui sous-tendent les récits mythologiques.

• La Potière jalouse (1985). - Ce livre, sur la base de l'examen d'un vaste corpus de mythes amérindiens, éclaire les grands archétyoes de l'imaginaire à partir de la mise en parallèle entre des domaines tels que la nature et le language, ou les sentiments et les structures de pensée.

• Histoire de Lynx (1991). - Dans ce livre, Lévi-Strauss poursuit son exploration des mythes. Sa réflexion sur la disjonction entre termes proches (comme l'opposition irréductible des jumeaux) le mène à méditer sur la manière dont les Amérindiens ont reçu l'arrivée des Européens.