Barthes

Roland Barthes (1915-1980).
Image générée par une IA (Open Dall-e).

Barthes a étudié la littérature et la philosophie à la Sorbonne et a obtenu son diplôme en 1939.  Après la Seconde Guerre mondiale, il a commencé sa carrière d'enseignant et de chercheur en littérature et en sémiologie.  Il a enseigné jusqu'en 1975 à l'École pratique des hautes études et à l'Université de Paris (auj. université Paris-Sorbonne). Il a été également un écrivain prolifique, contribuant à de nombreuses publications littéraires et philosophiques françaises.

Barthes est l'un des principaux théoriciens de la sémiologie. Inspiré par les travaux de Ferdinand de Saussure, il a appliqué les principes de la sémiologie à divers domaines culturels, tels que la littérature, la mode, la publicité et la photographie (Mythologies, Système de la mode, S/Z). Il a également révolutionné la critique littéraire en introduisant des concepts tels que le texte scriptible (texte ouvert à diverses interprétations) et en analysant les multiples significations potentielles des oeuvres littéraires (Le degré zéro de l'écriture, S/Z, Critique et vérité).  Barthes est , par ailleurs connu, pour sa notion de la mort de l'auteur, suggérant que l'intention de l'auteur ne doit pas limiter les interprétations possibles d'un texte. Cette idée encourage une approche plus ouverte et dynamique de la lecture et de l'analyse des textes (La mort de l'auteur, Le plaisir du texte).

Les travaux de Roland Barthes sont des analyses pénétrantes de la culture, du langage et de la sémiologie. Parmi ses ouvrages, on se contentera de mentionner ici les suivants :

• Le degré zéro de l'écriture (1953) analyse les styles d'écriture et leur évolution dans la littérature française. Barthes y développe des concepts clés concernant la nature et la fonction de l'écriture littéraire. Il distingue l'écriture du langage et du style, définissant l'écriture comme une dimension supplémentaire qui transcende les simples mots et les structures grammaticales. Il propose l'idée d'une écriture neutre ou à degré zéro, qui est dépouillée de toute marque stylistique personnelle ou de toute charge idéologique. C'est une forme d'écriture pure, transparente et objective. L'essai examine en outre les limitations de l'écriture engagée (comme celle promue par Sartre), critiquant l'idée que l'écriture doit nécessairement être un vecteur d'idéologie politique ou sociale.

• Mythologies (1957) est une collection d'essais dans laquelle Barthes explore les mythes modernes, c'est-à-dire les croyances et les idées répandues dans la société contemporaine. Il analyse des objets et des phénomènes culturels tels que la publicité, le catch, la cuisine, et même les détergents, pour montrer comment ils véhiculent des significations cachées. Il montre comment ces objets du quotidien deviennent des mythes en se transformant en systèmes de signes qui véhiculent des idéologies culturelles. Il montre comment les objets banals sont investis de sens idéologique par les médias et la culture populaire.

• Système de la mode (1967) se présente comme une analyse sémiologique de la mode, en particulier les descriptions de vêtements dans les magazines de mode. Barthes y explore comment la mode fonctionne comme un système de signes et comment les vêtements et leur représentation créent des significations culturelles. Il applique une méthodologie rigoureuse pour décoder les structures et les codes sous-jacents dans le langage de la mode.

• S/Z (1970), l'oeuvre majeure de barthes, est une analyse détaillée de la nouvelle Sarrasine d'Honoré de Balzac. Barthes utilise cette œuvre pour appliquer et illustrer sa méthode sémiologique d'analyse textuelle. Il décompose le texte en lexies (unités de sens) et examine comment chaque lexie contribue à la construction de significations multiples. Il développe également ses concepts de lisible et de scriptible pour distinguer entre les textes qui encouragent une lecture passive et ceux qui sollicitent une interprétation active.

• La Chambre claire (1980) est une réflexion sur la photographie. Barthes y étudie les aspects philosophiques et émotionnels de la photographie à partir de ses expériences personnelles et de ses réflexions théoriques. Il introduit les concepts de studium et de punctum. Le premier se réfère aux éléments culturels et contextuels d'une photographie qui sont interprétés de manière conventionnelle, tandis que le second désigne un détail poignant qui touche le spectateur de manière personnelle et émotionnelle.