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La narratologie

La narratologie est une discipline, qui s'est constituée à partir des outils élaborés par le structuralisme, et qui s'intéresse à la manière dont les histoires sont racontées et aux éléments constitutifs des récits. Elle analyse les composantes et les techniques narratives, cherchant à comprendre les mécanismes internes qui produisent du sens dans les récits.

Les principes narratologiques sont appliquĂ©s pour Ă©tudier comment diffĂ©rents genres narratifs utilisent des structures spĂ©cifiques. Par exemple, les romans policiers, les romans de science-fiction, et les contes de fĂ©es ont chacun des structures narratives typiques. 

La narratologie examine également comment les structures narratives influencent la réception des textes par les lecteurs. Elle s'intéresse à la manière dont les attentes des lecteurs sont formées et comment les récits jouent avec ces attentes.

Ajoutons que l'analyse narratologique s'applique également aux récits dans d'autres médias comme le cinéma, la télévision, les jeux vidéo, et les bandes dessinées. (L'étude de la manière sont structures narratives fonctionnent à travers différents supports est le domaine de la narratologie transmédiale).

Concepts clés de la narratologie

Narrateur et focalisation
Le narrateur est l'entitĂ© qui raconte l'histoire. Il peut ĂŞtre interne (un personnage dans l'histoire) ou externe (extĂ©rieur Ă  l'histoire). Le narrateur peut aussi ĂŞtre omniscient, ayant accès Ă  toutes les pensĂ©es et actions des personnages, ou limitĂ©, ayant une perspective restreinte.  La focalisation concerne le point de vue Ă  partir duquel l'histoire est racontĂ©e. GĂ©rard Genette distingue trois types de focalisation :
• Focalisation zéro. - Narrateur omniscient, non limité par un point de vue particulier.

• Focalisation interne. - La narration est limitée à la perspective d'un ou plusieurs personnages.

• Focalisation externe. - Le narrateur décrit seulement ce qui est observable de l'extérieur, sans accès aux pensées des personnages.

Temps narratif.
On peut ici distinguer, toujours avec Gennette (Discours du récit, in Figures III), entre l'ordre, la durée et la fréquence :
• Ordre. - L'ordre dans lequel les événements sont racontés peut différer de l'ordre chronologique. Les techniques incluent les analepses (retours en arrière) et les prolepses (anticipations).

• Durée. - La relation entre le temps de l'histoire (temps des événements) et le temps du récit (temps de la narration). Cela inclut des techniques comme le sommaire (résumé rapide d'événements) et la scène (description détaillée), l'ellipse, la pause, le ralenti.

• Fréquence. - La fréquence avec laquelle un événement est raconté peut varier. On distingue le singulatif (un événement raconté une fois), le répétitif (un événement raconté plusieurs fois) et l'itératif (un événement répété plusieurs fois raconté une seule fois).

Voix narrative. 
La voix narrative se réfère à la source de la narration, à savoir qui parle et de quelle position. Elle englobe la distinction entre narrateur homodiégétique (participant à l'histoire) et hétérodiégétique (extérieur à l'histoire).

Structure du récit.
La narratologie examine comment les récits sont structurés,notamment avec les notions de début, milieu et fin, ainsi que les structures typiques des genres narratifs comme les contes de fées, les romans policiers, etc.

Principales figures de la narratologie

Les contributions de nombreux thĂ©oriciens ont systĂ©matisĂ© l'Ă©tude des rĂ©cits, permettant une comprĂ©hension plus profonde et plus nuancĂ©e de la manière dont les histoires sont construites et comment elles produisent du sens.  Parmi les figures les plus importantes de la narratologie, on peut certainement nommer GĂ©rard Genette, Tzvetan Todorov, Vladimir Propp et Roland Barthes, qui ont aidĂ© Ă  formaliser et Ă  dĂ©velopper les mĂ©thodes et les concepts structuralistes appliquĂ©s Ă  la littĂ©rature. Abordant ces problĂ©matiques dans des perspectives très diverses (dans une esprit très thĂ©orique chez Genette qui a introduit des termes et des typologies clĂ©s pour l'analyse structurĂ©e des rĂ©cits, de manière plus pratique chez Todorov,  ui a appliquĂ© les principes structuralistes Ă  l'Ă©tude des genres littĂ©raires et Ă  la poĂ©tique, par exemple), ils ont grandement enrichi le champ de la thĂ©orie littĂ©raire structuraliste. Leurs contributions ont permis de formaliser des mĂ©thodes d'analyse qui sont encore largement utilisĂ©es dans les Ă©tudes littĂ©raires contemporaines. 

GĂ©rard Genette. 
L'oeuvre de GĂ©rard Genette  (1930-2018)  a systĂ©matisĂ© l'analyse des rĂ©cits en introduisant des concepts clĂ©s pour comprendre la manière dont les histoires sont racontĂ©es. On a dĂ©jĂ  Ă©voquĂ© les concepts d'ordre de durĂ©e et de frĂ©quence. Dans Figures III (1972), il dĂ©finit en outre ceux de narration, de diĂ©gèse de temps.

• Narration . - La narration, c'est à l'acte de raconter une histoire. Cela englobe les choix narratifs faits par l'auteur, tels que le point de vue narratif, le style de narration, la structure narrative, etc. Genette examine les différentes techniques narratives utilisées par les auteurs pour construire une histoire et pour influencer la perception du lecteur.

• Diégèse. - Ce terme provient du grec diégésis = récit. correspond, pour Genette, à l'univers fictionnel dans lequel se déroule l'histoire. C'est l'espace imaginaire où les événements de l'histoire se produisent, avec ses personnages, ses lieux, ses actions, etc. La diégèse peut être distinguée de ce que Genette appelle l'histoire, qui représente les événements eux-mêmes, indépendamment de leur représentation narrative.

• Temps. - Genette analyse le temps dans la narration en distinguant entre l'ordre dans lequel les événements se produisent dans l'histoire (la chronologie) et l'ordre dans lequel ils sont présentés dans le récit (la narration). Il analyse les différentes façons dont les auteurs manipulent le temps dans leurs récits, notamment à travers des techniques telles que les flashbacks, les flash-forwards, l'analepse et la prolepse. Il s'intéresse également aux relations entre le temps de la narration et le temps de l'histoire, ainsi qu'aux effets de ces relations sur la structure narrative et l'expérience du lecteur.

Dans Palimpsestes (1982), Genette développe notamment le concept de transtextualité, c'est-à-dire les relations entre les textes, et il identifie cinq types de transtextualité : intertextualité, paratextualité, métatextualité, hypertextualité, et architextualité.
• L'intertextualité fait référence aux relations entre les textes, à la manière dont un texte est influencé par d'autres textes antérieurs. Il souligne l'idée que chaque texte est tissé avec des références, des citations, des échos ou des emprunts à d'autres textes.
• La paratextualité est un terme introduit pa Genette pour décrire tous les éléments qui entourent le texte principal, mais qui ne font pas partie du texte lui-même. Cela peut inclure des éléments tels que le titre, le préambule, la couverture, les illustrations, etc. Ces éléments paratextuels influencent la manière dont le texte est reçu et interprété.

• La métatextualité correspond à la façon dont un texte fait référence à lui-même ou à d'autres textes. Il s'agit essentiellement de l'autoréférentialité d'un texte, où il réfléchit sur sa propre nature, ses conventions ou son processus de création.

 â€˘ L'hypertextualitĂ© est le mot utilisĂ© par Genette pour dĂ©crire les relations entre un texte et d'autres textes qui lui sont antĂ©rieurs, mais de manière non linĂ©aire ou hiĂ©rarchique. Cela peut inclure des allusions, des rĂ©Ă©critures, des variations, des parodies, etc.

• L'architextualité concerne les genres littéraires ou les types de discours. Genette s'intéresse à la manière dont un texte s'inscrit dans un genre spécifique et comment il se rapporte aux conventions, aux attentes et aux caractéristiques de ce genre.

La narratologie a Ă©galement Ă©tĂ© profondĂ©ment influencĂ©e par les travaux de Vladimir Propp et ceux de Roland Barthes. Vladimir Propp a apportĂ© Ă  la narratologie une mĂ©thodologie rigoureuse pour analyser les structures des contes populaires Ă  travers des fonctions narratives fixes et des rĂ´les actantiels. Roland Barthes, quant Ă  lui, a Ă©largi le champ de la narratologie en introduisant des concepts sĂ©miotiques et en soulignant la complexitĂ© des textes narratifs Ă  travers diffĂ©rents niveaux et codes. 

Vladimir Propp.
 Bien que son approche soit formelle plutĂ´t que narratologique au sens strict, Propp (1895-1970) a influencĂ© la narratologie en identifiant des fonctions narratives rĂ©currentes dans les contes populaires russes dans son essai Morphologie du conte (1928). Cette oeuvre, qui la plus influente de son auteur, est une analyse structurelle des contes populaires russes. Propp y a apportĂ© Ă  la narratologie une mĂ©thodologie rigoureuse. 

Propp y identifie des Ă©lĂ©ments rĂ©currents et les classe systĂ©matiquement en fonctions narratives. Il en dĂ©couvre 3, dĂ©finies comme des actions accomplies par les personnages qui font progresser l'intrigue. Ces fonctions sont des constantes structurelles des contes de fĂ©es, et elles apparaissent dans un ordre sĂ©quentiel fixe. Quelques-unes de ces fonctions narratives sont l'absentation (unmembre de la famille s'absente), l'interdiction (une interdiction est donnĂ©e au hĂ©ros), la violation (l'interdiction est violĂ©e) et la reconnaissance (le hĂ©ros est reconnu, souvent par un signe ou une marque). 

Propp identifie aussi sept rôles actantiels joués par les personnages dans les contes : le Héros (chercheur de quête); le Méchant (s'oppose au héros); lee Donateur (fournit un objet magique); l'Aide (aAide le héros dans sa quête); la Princesse et son Père (objectif du héros); le Mandataire (celui qui envoie le héros en mission); le Faux héros (celui qui prétend être le héros). Ces rôles permettent de comprendre les interactions et les dynamiques au sein des récits.

Roland Barthes. 
Roland Barthes (1915-1980), quant à lui, a élargi le champ de la narratologie en introduisant des concepts sémiotiques et en soulignant la complexité des textes narratifs à travers différents niveaux et codes. Dans son article Introduction à l’analyse structurale des récits (1966), Roland Barthes s'est intéressé à la nature et à la fonction de la narration dans une perspective linguistique et sémiotique. Il propose que les récits peuvent être décomposés en plusieurs niveaux :

• Le niveau des fonctions, qui comprend les unités narratives de base, similaires aux fonctions de Propp.

• Le niveau des actions, qui regroupe les fonctions en séquences d'actions liées aux personnages.

• Le niveau de la narration, qui concerne la manière dont l'histoire est racontée.

Dans S/Z (1970), qui est une analyse du texte Sarrasine de Balzac, Barthes (1915- 1980) applique la méthode structuraliste pour décomposer le texte en unités de sens qu'il nomme lexies, et mettre en lumière les cinq codes qui, selon lui, structurent la signification d'un texte : le code herméneutique crée des mystères et pose des questions; le code proaïrétique oncerne les actions et les événements qui font progresser l'intrigue; le code sémique est relatif aux connotations et significations culturelles; le code symbolique relie les thèmes par des oppositions symboliques; le code référentiel concerne les références culturelles, historiques, ou scientifiques.

Barthes a aussi introduit les notions de textualité et de plurivocité. Il considère les textes littéraires comme des tissus de citations provenant de nombreux autres textes (intertextualité) et met en avant l’idée de la mort de l’auteur, où l'interprétation du texte dépend du lecteur plutôt que de l'intention de l'auteur.

Tzvetan Todorov.
Tzvetan Todorov (1939-2017) a contribué à la formalisation de la théorie littéraire en appliquant les méthodes structuralistes à divers genres littéraires. Les travaux de Todorov ont aidé à définir et à clarifier les structures internes des genres littéraires, en particulier le fantastique. Sa méthodologie a permis de comprendre comment les conventions et les structures narratives fonctionnent au sein des genres spécifiques, influençant ainsi la critique littéraire et les études de genre. Todorov est également connu pour ses travaux sur la poétique et la sémiotique.

Grammaire du Décaméron.
Dans Grammaire du Décaméron (1969) , Todorov analyse les récits du Décaméron de Boccace, pour y identifier les structures narratives sous-jacentes et étudier la manière dont ces structures contribuent à la signification globale de l'oeuvre.

Todorov, suivant l'approche structuraliste, commence par identifier les unités minimales de la narration, qu'il appelle propositions ou séquences. Il décompose les récits en éléments de base, un peu comme on décompose une phrase en mots et en phonèmes. A la suite de Propp, il catégorise ces unités en fonctions, qui sont des actions ou des événements récurrents dans les récits. Par exemple, dans le Décaméron, certaines fonctions typiques sont la tromperie, le déguisement, ou la vengeance. Todorov analyse comment ces fonctions se combinent et se répètent pour créer des structures narratives cohérentes.

Todorov utilise également le modèle actantiel développé par Algirdas Julien Greimas, qui identifie six rôles actantiels dans les récits (le Sujet, l'Objet, le Destinateur, le Destinataire, l'Adjuvant, et l'Opposant) et analyse comment ces rôles se manifestent dans les différentes histoires, et comment les personnages du Décaméron remplissent ces fonctions actantielles.

Todorov examine par ailleurs les relations entre les différentes propositions narratives et comment elles forment des syntagmes complexes. Il s'intéresse aussi aux thèmes récurrents et les significations symboliques des récits, en les reliant aux structures narratives identifiées. Enfin, l'analyse structuraliste de Todorov inclut la recherche d'oppositions binaires et symboliques, un concept clé du structuralisme influencé par la linguistique de Ferdinand de Saussure et les travaux de Claude Lévi-Strauss. Par exemple, il peut analyser des oppositions telles que vie/mort, amour/trahison, ou liberté/contrainte, et comment ces oppositions structurent les récits du Décaméron.

Introduction à la littérature fantastique.
Dans son Introduction Ă  la littĂ©rature fantastique (1970), Todorov dĂ©finit et analyse le genre fantastique en identifiant ses caractĂ©ristiques structurales. Il distingue le fantastique du merveilleux et de l'Ă©trange, soulignant l'importance de l'incertitude et de l'ambiguĂŻtĂ© dans les rĂ©cits fantastiques. 

Dans le fantastique, explique-t-il, il y a une ambiguïté ou une incertitude quant à la nature des événements surnaturels. Le lecteur est laissé dans un état d'indécision quant à l'interprétation des éléments fantastiques. L'hésitation est maintenue tout au long du récit, à la fois pour les personnages et les lecteurs. Cette hésitation est une structure narrative essentielle qui distingue le fantastique d'autres genres. Todorov explore également l'ambiguïté inhérente aux récits fantastiques. Il montre comment les textes fantastiques jouent sur les ambiguïtés. Le fantastique perturbe les frontières entre le naturel et le surnaturel, le réel et l'irréel, en introduisant des éléments surnaturels qui défient les lois de la réalité. Les personnages, tout comme les lecteurs, sont confrontés à des événements inexplicables et oscillent entre des explications rationnelles et des interprétations surnaturelles. Contrairement aux genres de l'horreur ou de la science-fiction, le fantastique tend à maintenir une ambiguïté persistante, sans jamais fournir de réponse claire aux événements surnaturels.

Le merveilleux se distingue du fantastique dans la mesure où les éléments surnaturels font partie intégrante de l'univers diégétique et sont acceptés comme tels par les personnages. Il n'y a pas d'ambiguïté quant à la nature des événements extraordinaires. L'étrange, quant à lui, est caractérisé par une explication rationnelle des événements surnaturels à la fin du récit. Contrairement au fantastique, où l'incertitude persiste, l'étrange offre une résolution qui élimine le mystère et rend compte des événements de manière logique.

Todorov applique une analyse narratologique pour décomposer les récits fantastiques en leurs unités narratives fondamentales. Il s'inspire des travaux de Vladimir Propp et de Claude Lévi-Strauss pour identifier les fonctions narratives spécifiques aux récits fantastiques et comment elles se combinent pour créer l'effet de fantastique. Par exemple, il examine des structures telles que l'intrusion de l'inexplicable dans un cadre réaliste et la réaction des personnages à cette intrusion.

En s'appuyant sur la méthode de Propp, Todorov identifie des fonctions narratives récurrentes dans les récits fantastiques, telles que la perception d'un phénomène étrange, l'hésitation face à cet événement, et la confrontation avec le surnaturel. Il analyse comment ces fonctions structurent le récit et participent à la création de l'effet fantastique.

Todorov utilise également le modèle actantiel de Greimas pour examiner les rôles des personnages dans les récits fantastiques. Il identifie les rôles récurrents tels que le Sujet (souvent le personnage qui fait face à l'événement surnaturel), l'Opposant (la force ou l'entité surnaturelle), et l'Adjuvant (qui peut aider le Sujet à comprendre ou à combattre le phénomène).

L'ouvrage identifie et analyse par ailleurs les thèmes rĂ©currents dans la littĂ©rature fantastique, tels que la peur de l'inconnu, le double, le rĂŞve et la folie. Il montre comment ces thèmes sont structurĂ©s dans les rĂ©cits pour produire  l'effet fantastique. Il y a Ă©galement les motifs structurels communs dans les rĂ©cits fantastiques, tels que la maison hantĂ©e, le miroir, ou la transformation. Ces motifs rĂ©currents sont analysĂ©s pour leur rĂ´le dans la crĂ©ation d'une atmosphère fantastique et leur fonction dans la structure narrative.

Enfin, Todorov analyse la fonction pragmatique du fantastique, c'est-à-dire son effet sur le lecteur. Il explore comment les récits fantastiques sont conçus pour provoquer une réaction émotionnelle spécifique chez le lecteur, souvent une combinaison de peur et de fascination. Cette analyse s'appuie sur une compréhension structuraliste de la manière dont les structures narratives et les motifs thématiques sont utilisés pour manipuler la perception et les émotions du lecteur.

Poétique.
Dans PoĂ©tique (1971), Todorov compile plusieurs essais sur la thĂ©orie littĂ©raire et  propose une approche systĂ©matique de l'analyse des textes littĂ©raires, analysant les notions de genres littĂ©raires et de structures narratives.

Parmi les thèmes abordés dans cette ouvrage, on notera, pour commencer, la distinction entre histoire (fabula) et discours (Sjuzhet). L'histoire représente la série d'événements chronologiques, tandis que le discours concerne la manière dont ces événements sont narrés. Cette distinction est fondamentale pour l'analyse structuraliste, car elle permet d'examiner la structure narrative indépendamment de l'ordre de la narration. Todorov analyse les structures narratives en décomposant les récits en unités narratives fondamentales, les propositions. Chaque proposition représente une action ou un événement spécifique. Il crée ensuite des typologies des récits basées sur ces unités narratives et leurs combinaisons. Par exemple, il peut classifier les récits en fonction de leur structure de base, comme les récits de quête, de transformation, ou de résolution de conflit.

S'appuyant ici encore sur les travaux de Vladimir Propp sur les fonctions narratives, Todorov adapte cette méthodologie pour analyser une variété de récits littéraires. Il cherche à identifier des fonctions similaires et à comprendre comment elles se combinent pour former des structures narratives complexes. En appliquant le modèle actanciel de Greimas, Todorov analyse comment ces rôles interagissent et structurent le récit. Todorov examine également les structures sémantiques des textes littéraires, en identifiant les thèmes et motifs récurrents. Il s'intéresse à la manière dont ces thèmes sont structurés et interconnectés au sein des récits. Par exemple, il peut analyser des thèmes tels que la dualité, la quête de l'identité, ou la confrontation avec le surnaturel. Tout cela le conduit à proposer une grammaire des récits, inspirée de la linguistique structurale de Ferdinand de Saussure, et qui vise à décrire les règles et les conventions qui sous-tendent la construction des récits littéraires. Il cherche à identifier les règles de transformation qui permettent de passer d'une structure narrative à une autre.

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