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La découverte du monde > Le ciel |
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Aperçu |
Les
météorites
ont d'abord été appelées des aérolithes, autrement
dit des pierres tombées de l'air. Les témoignages sur ces
sortes de pierres, qui font le lien entre le ciel et la Terre, entre l'astronomie
et la géologie, se perdent dans l'obscurité des siècles.
Pourtant, pendant longtemps elles n'ont suscité que peu d'intérêt,
et encore seulement de quelques observateurs que le hasard avait rendus
témoins oculaires de leur chute. Il était difficile d'y croire
tant leur origine paraissait étrange. Et lorsqu'on y croyait, c'était
souvent pour en faire des prodiges, plutôt que des phénomènes
naturels. Aussi leur témoignage a-t-il longtemps été
repoussé avec une espèce d'indignation par la plupart des
physiciens; et les objets dont ils proclamaient l'existence étaient,
comme on le disait autrefois, « relégués dans la classe
de ceux que l'imagination enfante et que la nature désavoue ».
C'est seulement à partir de la seconde moitié du XVIIIe
siècle, qu'il n'a plus été
permis de douter de l'existence de ces pierres tombées du ciel,
et diverses conjectures ont commencé à être proposées
sur leur formation.
Dates clés : 467 av. J.-C. : l'origine d'une météorite tombée en Thrace est discutée par les Présocratiques.
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Jalons |
On
trouve dans les écrits des philosophes de l'Antiquité quelques
traces de l'existence des météorites. Tite-Live
fait mention de différentes pluies de pierre, tombées dans
les environs du mont Albanus au voisinage de Rome. Pline,
après Diogène d'Apollonie,
rapporte qu'on voyait encore de son temps une pierre d'une grosseur considérable
qui était tombée en Thrace, près de la rivière
d'Aegos-Potamos, la seconde année de la soixante-dix-huitième
olympiade (467 ans
avant Jésus-Christ). Cette pierre était de la grandeur d'un
chariot et de la couleur d'un corps brûlé; Les Grecs croyaient
qu'elle était tombée du Soleil,
et que Anaxagore avait annoncé plusieurs
circonstances de sa chute : ce qui donne lieu à Pline de remarquer
judicieusement que la prédiction aurait été plus miraculeuse
que la chute de la pierre. Il existait dans le gymnase d'Abydos,
en Asie Mineure,une pierre qui avait la même origine que celle dont
nous venons de parler : on en voyait une troisième dans la ville
de Cassandrie. Enfin Pline assure avoir vu lui même une de ces pierres
dans le pays des Voconces qui habitaient la partie méridionale du
Dauphiné.
Des théories sur l'origine de ces pierres sont également émises dès l'Antiquité, comme en témoigne ce passage de Plutarque : « Quelques philosophes pensent, dit-il dans sa Vie de Lysandre, que les étoiles filantes ne proviennent point des parties détachées de l'éther qui viendraient s'éteindre dans l'air, aussitôt après s'être enflammées; elles ne naissent pas davantage de la combustion de l'air qui se dissout, en grande quantité, dans les régions supérieures; ce sont plutôt des corps célestes qui tombent, c'est-à-dire qui, soustraits d'une certaine manière à la force de rotation générale, sont précipités ensuite irrégulièrement, non seulement sur les régions habitées de la Terre, mais aussi dans la grande mer, d'où vient qu'on ne les retrouve pas. »
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Dans
la Chine ancienne.
Les témoignages de chutes dans la Chine ancienne sont assez nombreux. De Guignes, qui a compulsé les ouvrages des anciens auteurs chinois, nous apprend dans son voyage, que l'an 211 avant notre ère, sous le règne de Qin Chi Huang, une étoile tomba jusqu'à terre, et se convertit en pierre; ce qui me semble démontrer que cette chute fut accompagnée de lumière. Quoi qu'il en soit, ce phénomène frappa singulièrement les contemporains, car les habitants du lieu, voulant en profiter pour donner une leçon à l'empereur, firent graver ces paroles sur la pierre : « Chi-Huang Ti est prêt de mourir, et son empire sera divisé. »Ce qui l'irrita tellement qu'il fit massacrer tous les habitants des environs de l'endroit où se trouva la pierre, et la fit briser ensuite. Quant à lui, il mourut à la septième lune de l'année suivante; et sous le règne de son successeur, l'empire se révolta et fut divisé en une multitude de royaumes... Le voyageur, de l'ouvrage duquel sont extraits ces détails, rapporte que 192 ans avant J.-C., il tomba une autre pierre dans le même empire. Il rapporte encore que 99 ans avant J.-C., à la deuxième lune, au jour Ting-Yeou., trente-quatrième du cycle, il tomba deux pierres à Yong, et que cette chute fut accompagnée d'un tel bruit, qu'elle fut entendue jusqu'à quatre cents li (quarante lieues) de distance; le temps était, dans ce moment, calme et sans aucun nuage apparent. De Guignes mentionne plusieurs autres chûtes de pierres qui eurent lieu dans ce pays, durant l'espace des trente-huit dernières années qui précédèrent notre ère. Ainsi, en 38 avant J.-C., il tomba six pierres dans le pays de Leang, à la première lune, au jour Vouchin, cinquième du cycle, et l'an 29 avant J.-C.; à la première lune, dans le printemps, il tomba du ciel,quatre pierres, à Pô, et deux dans le territoire de Tchin-Ting-Fou; dans le printemps de l'an 22 avant J.-C., il tomba du ciel huit autres pierres; et ce phénomène se renouvela l'an 19 avant J.-C. car il tomba encore trois autres pierres vers la cinquième lune. Les auteurs chinois, consultés par de Guignes, ont encore consigné dans leurs ouvrages les chûtes de pierres suivantes. L'an 12 avant J.-C., il. tomba une pierre à Tou Kouan, à la quatrième lune : le ciel étant clair, on entendit un bruit comme de plusieurs coups de tonnerre; une grande étoile, longue de dix Tchang (cent pieds), blanche et brillante, venant du sud-est, et suivant le Soleil, parut sous la forme d'une pluie de feu, et s'arrêta le soir au coucher du Soleil. Enfin, l'an 9avant J.-C. il tomba également du ciel, dans l'empire de la Chine, deux pierres, et, l'an 6avant J.-C., ce phénomène se renouvela deux fois; car, à la première lune, il tomba seize pierres dans le pays de Ning-Tcheou, et, à la neuvième lune, il en tomba deux autres à Yu, etc. Au Moyen Âge.
En 1438,,il tomba des pierres spongieuses près de Roa, non loin de Burgos en Espagne. Proust cite à ce sujet, dans le Journal de physique, tome LX, la lettre écrite par Chibdadréal, dans laquelle ce fait est rapporté de la manière suivante : « Le roi dom Juan et sa cour, étant à chasser au bas de la côte du village de Roa, le Soleil se cacha sous des nuages blancs, et l'on vit descendre de l'air des corps qui ressemblaient à des pierres grises et noirâtres, d'un volume très considérable [...] Après une heure que dura ce phénomène, le Soleil reparut [...]. Un champ, qui n'était pas éloigné d'une demi-lieue, était tellement couvert de pierres de toutes grandeurs, qu'on ne distinguait pas le terrain. Le roi voulut s'y transporter, mais on l'en empêcha, et on lui rapporta quatre pierres d'une grandeur considérable; les unes étaient rondes et du volume d'un mortier; d'autres comme des oreillers de lit, et comme des mesures, de demi-fanégues; mais ce qui causait le plus d'étonnement, c'était leur excessive légèreté, puisque les plus grandes ne pesaient pas une demie livre. Elles étaient si tendres, qu'elles ressemblaient plus à de l'écume de mer condensée qu'à toute autre chose. On pouvait s'en frapper le dedans des mains sans crainte d'y causer ni contusion, ni douleur, ni la moindre apparence, etc. »Les témoignages dans le monde arabo-musulman paraissent à peine plus objectifs. Parfois, ils sont sans ambiguïté, comme celui rapporté par Ibn-Habib al-Zeman, qui dit qu'au mois d'août 852 (an 238 de l'hégire), une pierre tomba dans le Tabarestan, et fut apportée au calife. Dans d'autres cas leur interprétation météoritique n'est pas vraiment évidente. Ainsi, par exemple, en 898 ou 898 (an 285 de l'hégire), quelque chose de plus étrange se produisit dans la région de Koufah au dire de Ibn al-Athir. Et voici ce qu'en rapporte Bigot de Morogues : « Il y eut un vent chargé de vapeurs jaunes, qui continua de souffler jusqu'au coucher du Soleil; alors il changea et prit la couleur noire; bientôt il tomba une pluie violente, accompagnée de coups de tonnerre effrayants, et d'éclairs qui se succédaient sans interruption; au bout d'une heure il tomba, dans un village appelé Ahmed-Dad, et dans les environs, des pierres blanches et noires, dans le milieu desquelles étaient des rugosités. On en porta plusieurs à Bagdad, où elles furent vues de beaucoup de personnes. »Un peu plus tard, à la fin du Xe siècle, Avicenne mentionnera encore plusieurs autres chutes : celle d'une masse de fer très dur, d'un poids de plus de vingt-quatre kilogrammes, tombée à Lurgea, celle d'une pierre sulfureuse tombée près de Cordoue, en Espagne, ainsi qu'une autre tombée dans le Djourdjan : « De mon temps, dit-il, il tomba de l'atmosphère, dans la province de Djord jan, une masse qui pesait environ cent cinquante mann; étant arrivée à terre, elle rebondit comme une balle lancée contre un mur, et retomba ensuite; sa chute fut accompagnée d'un bruit épouvantable plusieurs personnes étant accourues pour en savoir la cause, trouvèrent cette masse, qu'elles portèrent au gouverneur du Djordjan. Mahmoud-Ben-Sebektekin, sultan du Korasan, manda cet officier de lui envoyer sur-le-champ, ou la totalité ou, une partie de la pierre: Comme son poids en rendait le transport impossible, on voulut en casser un morceau, mais la dureté, du métal était si grande qu'elle faisait briser les outils; en sorte que ce ne fut qu'avec la plus grande peine que l'on parvint à en détacher un fragment, qui fut envoyé au sultan. D'après les ordres de ce prince, on essaya d'en forger une épée, mais on ne put jamais y parvenir. Suivant ce que l'on m'a raconté, cette masse était composée de petits grains ronds, semblables à du millet, et unis les uns aux autres. »La chute d'Ensisheim A la Renaissance, les témoignages sont en général de meilleure qualité. Le plus célèbre, et le mieux documenté, est celui de la chute dont Ensisheim, en Alsace, a été le théâtre en 1492. La pierre tomba le 7 novembre, près Maximilien Ier, alors roi des Romains; et ensuite empereur, en 1493. Dans un rescrit, daté d'Ausbourg, le 12 novembre 1503, ce prince cite cette pierre, qu'il dit être, tombée près de lui, lorsqu'il était à la tête de son armée, à laquelle il la donna comme un présage de la victoire qu'il allait remporter contre les Français. Brant fit de ce phénomène le sujet de quelques poésies; et quelques auteurs ont attribué à ce fait extraordinaire le changement qui s'opéra à cette époque dans la conduite de Maximilien. C'est donc par erreur que Musshembroek, dans ses Essais de physique, indique cette chute comme arrivée en 1630. Voici un extrait de la traduction littérale d'une notice allemande sur la pierre d'Ensisheim, qui se trouvait autrefois avec elle dans l'église paroissiale de ce lieu : « L'an 1492, le 7 novembre, arriva un miracle singulier, car entre les onze heures et midi, il advint un grand coup de tonnerre, et un long fracas qu'on entendit à une grande distance, et il tomba dans le bourg d'Ensisheim, une pierre pesant deux cent soixante, livres. Un enfant la vit frapper dans un champ situé dans le banc supérieur, vers le Rhin et l'In, près du canton dit, Gisgaud, où elle fit un trou de plus cinq pieds de profondeur. On en détacha d'abord des morceaux, ce qui fut défendu par le Landwogt, et elle fut transportée dans l'église comme un objet miraculeux.Irithemius in Chronico Hirsangiensi M. S., écrit en 1590, rapporte ce fait, et dit que dans le village Simtgaw, auprès du bourg D'Ensisheim, non loin de Bâle, en Allemagne, il tomba, le 7 novembre 1492, une pierre pesant deux cent cinquante-cinq livres, qui se cassa en deux morceaux, dont on voyait de son temps le plus considérable suspendu, avec une chaîne de fer, à la porte de l'église d'Ensisheim. On trouve aussi le même fait, rapporté par Paulus-Lang dans son Chronico Cizizense, où il dit également que, le 7 novembre 1492, il s'éleva un orage durant lequel le ciel parut tout en feu, et que tandis que le tonnerre grondait, il tomba, près le bourg d'Ensisheim, une pierre d'une grosseur prodigieuse, avec un fracas horrible. Cette pierre était de la forme triangulaire d'un delta. Au rapport de J. Lintarius; son poids était de trois cents livres et plus; elle était dure et de différentes couleurs, et tomba, avec un très grand bruit, d'un nuage brillant et enflammé, tandis que le reste de l'horizon n'offrait aucun autre nuage; il ajoute que dans ce moment, le ciel étant toujours serein, on aperçut autour de la lune une grande croix rouge. - Pierre tombant du ciel. (Dessin du XVIe siècle). On peut voir que, dans ces deux derniers récits, le fait commence à prendre une tournure merveilleuse, et que les circonstances différentes de la première relation conservée dans l'église même d'Ensisheim, en deviennent d'autant moins prouvées. D'ailleurs ces derniers historiens n'étaient ni témoins oculaires, ni même contemporains. Il est d'abord contradictoire que le premier rapporte qu'il s'éleva un orage pendant lequel le ciel parut tout en feu, et que le dernier dise au contraire que la pierre tomba d'un nuage brillant et enflammé, tandis que le reste de l'horizon n'offrait aucun nuage; il est d'ailleurs très remarquable que la relation annexée à la pierre ne fasse aucune mention ni du ciel en feu, dont parle Paul-Lang, ni du nuage enflammé, d'où Lintarius a fait sortir la pierre; aussi de Drée classe-t-il cette chute de pierre parmi celles qui ont eu lieu par un temps serein et sans tonnerre. Quoi qu'il en soit, il est certain qu'un morceau de la pierre dont il est ici question, pesant cent soixante onze livres, fut conservé et suspendu, jusqu'à la révolution, dans l'église, d'Ensisheim, et transporté ensuite dans la bibliothèque publique de Colmar. On citera encore,
à la Renaissance, cette pierre de couleur noire métallique,
de la grosseur et de la forme d'une tête humaine, du poids de cinquante-quatre
livres, tombée sur le mont Vaison, en Provence; la pierre tombée
dans un bateau de pêcheur, près Copensha; la chute d'une pierre
à Larisse, en Macédoine
(cette pierre, d'une odeur sulfureuse et ayant l'apparence d'écume
de fer, était d'un poids de soixante-douze livres); la Grande pluie
de pierres à Barbotan, près Roquefort (quelques-unes de ces
pierres pesaient de vingt-cinq à trente livres : l'une d'elles pénétra
dans une cabane et y tua un berger et un jeune taureau); la pluie de pierres
à Cutro, en Calabre,
pendant la chute d'une grande quantité de poussière rouge;
les masses tombées dans la mer Baltique, à la suite du grand
météore de Gothembourg, etc.
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Les
avancées du XVIIIe
siècle
Au début du XVIIIe siècle, l'idée que des pierres puissent tomber du ciel paraissait si suspecte que le plus souvent on se contentait d'en nier l'existence. Pourtant diverses nouvelles chutes vont progressivement attirer de nouveau l'attention sur le phénomène. Et c'est notamment grâce à Lalande, qui a consacré un article au sujet dans les Étrennes historiques de Bresse (année 1756), que l'attention des physiciens sur l 'existence des météorites doit d'avoir été réveillée. Dans le mois de septembre 1753, raconte Lalande, environ une heure après midi, le temps étant fort chaud et fort serein, on entendit un bruit semblable à deux ou trois coups de canon, qui retentit jusqu'à six lieues à la ronde. Ce fut à Pont-de-Vèle que le bruit fut le plus considérable. A Liponas, village qui est à trois lieues de là, on entendit un sifflement semblable à celui d'une fusée, et le même soir, on trouva à Liponas et à Pin, village près de Pont-de-Vèle, et qui est a trois lieues du Liponas, deux masses noirâtres, d'une forme presque sphérique, mais fort inégale, qui étaient tombées dans des terres labourées; où elles s'étaient enfoncées d'un demi pied, et dont une pesait environ vingt livres. Lalande ajoute qu'un
bruit semblable s'était fait entendre en Basse-Normandie
le jour de Saint-Pierre, 29 juin 1750,
et qu'il était tombé à Niort,
près de Coutances,
une masse à peu
De Borne s'exprime de la manière suivante dans son Lithophylaciurn, page 135, en décrivant une substance minérale : « Fer attirable, en grains brillants, dans une matrice verdâtre. On en trouve des morceaux qui pèsent depuis une jusqu'à vingt livres, épars aux environs de Planu, près de Tabor, dans le cercle de Béchin en Bohème. Ils sont revêtus d'une écorce noire comme une scorie. »Et il ajoute : « Les gens crédules disent que ces fragments sont tombés du ciel, le 3 Juin 1753, au milieu des tonnerres. »En 1769, trois naturalistes, habitant des contrées de la France assez distantes les unes des autres, Bachelay dans le Maine, Gurson de Boyaval dans l'Artois, et Morand dans le Cotentin, présentent à l'Académie trois pierres tombées dans ces différentes contrées et à des époques différentes. Lavoisierqui analyse la pierre que lui a apportée Bacheley et conclut son Rapport [d] en expliquant qu'il ne s'agit en rien d'une pierre tombée du ciel, mais d'un simple pyrite sur laquelle serait tombée la foudre. Voici, par ailleurs, ce que l'historien de l'académie ajoute à la narration de ces faits : « L'académie est certainement bien loin de conclure de la ressemblance de ces trois pierres, qu'elles aient été apportées par le tonnerre: cependant la ressemblance des faits arrivés en trois endroits si éloignés, la parfaite conformité entre ces pierres et les caractères qui les distinguent des autres pierres, lui ont paru des motifs suffisants pour publier cette observation, et pour inviter les physiciens à en faire sur ce sujet; peut-être pourrait-elle jeter de nouvelles lumières sur la nature de la matière électrique, et sur son action sur le tonnerre. »
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Izarn
remarque très bien, à ce sujet, dans sa Lithologie atmosphérique
(1804 ou 1805?, et où Libes (1806) dont
on reprend ici le texte, a puisé la plupart des faits consignés
dans cet article), que le rapport des connaissances de l'Académie,
chargés d'analyser la pierre de Bachelay, avait été
rédigé dans un esprit de prévention, parce qu'ils
avaient considéré la pierre analysée, comme une pierre
du tonnerre, tandis qu'ils auraient dû la regarder comme une substance
ordinaire.
Le 24 juillet 1790, entre neuf et dix heures du soir, on vit paraître sur les landes de Bordeaux un globe de feu très considérable qui fut aperçu depuis Dax jusqu'à Agen. II était animé d'un mouvement assez rapide, qui lui fit parcourir un certain espace dans les régions atmosphériques, en laissant sur sa route des traces lumineuses de son existence. Peu de temps après, une explosion formidable se fit entendre, et elle fut accompagnée d'une grêle de pierres qui tombèrent sur plusieurs points différents, et notamment sur Juillac, situé à quatre lieues au sud-ouest de Mexin. Il résulte du procès-verbal qui fut dressé par le maire de cette commune que les pierres tombaient dans quelques endroits, à la distance de dix pas les une des autres; la plupart ne pesaient qu'un demi-quart de livre; plusieurs pesaient une ou deux livres, On assure qu'il y en avait une du poids d'environ vingt-cinq livres, qui fut portée à Mont-de-Marsan; et l'on ajoute que Carris, député à l'assemblée nationale, avait apporté à Paris plusieurs de ces pierres, dont deux pesaient vingt-cinq à trente livres. Le curé de la Bastide envoya à son frère Darcetune de ces pierres, et l'accompagna d'une observation curieuse, qui consiste en ce qu'au moment ont ces pierres tombaient, elles étaient dans un état de mollesse pâteuse : « Il y en a, dit-il, qui sont, tombées sur des pailles, et ces pailles, se sont attachées à ces pierres et, comme identifiées. J'en ai vu une de ce genre; elle est à la Bastide [...] Celles qui sont tombées sur les maisons ne rendaient pas, en tombant, le son d'une pierre, mais celui d'une matière qui n'est pas encore bien compacte. »Cette observation est confirmée par le procès-verbal du maire, de Juillac, qui assure que la plus grande partie tombèrent doucement, et d'autres en sifflant avec rapidité. Il s'en est trouvé, quelques-unes, mais en très petit nombre, qui sont entrées dans la terre. Howard a consigné
dans les Transactions philosophiques, des faits à peu près
semblables à ceux que nous venons de, rapporter. II y fait mention
d'une douzaine de petites pierres tombées à Sienne
en Toscane, le 9 juillet 1794;
d'une pierre pesant cinquante-six livres, tombée dans le comté
d'York, le 13 décembre 1795;
de plusieurs pierres tombées à Bénarès en Inde,
le 19 décembre 1798;
enfin de plusieurs autres phénomènes semblables, accompagnés
de circonstances qui se réunissent pour en confirmer l'existence.
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L'Hypothèse
de Chladni
Alors même que l'idée selon laquelle des pierres pourraient tomber du ciel, une hypothèse encore plus étonnante va être défendue à partir de 1794 par Ernst Chladni. Selon lui, ces pierres auraient même une origine extraterrestre. Chladni suppose qu'il existe dans les espaces célestes certaines accumulations de matière dense, indépendantes des grands corps planétaires, qui, mises en mouvement par quelque force de projection, ou par quelque attraction, continuent à se mouvoir en ligne droite, jusqu'à ce qu'elles arrivent au voisinage de la Terre ou de quelque autre corps qui, par son attraction supérieure, décide leur chute à sa surface. Par leur vitesse excessive, augmentée encore par l'attraction de la Terre, et par le frottement violent que ces masses éprouvent, de la part de l'atmosphère qu'elles traversent, il doit naître, dit-il, beaucoup d'électricité, et beaucoup de chaleur, de manière que bientôt elles deviennent incandescentes: alors elles se fondent, et il se dégage plusieurs sortes de gaz qui font boursoufler la masse jusqu'à un volume considérable, et finissent quelquefois par la faire voler en éclats. Beaucoup de chemin
(jalonné de quelques chutes) va encore être nécessaire
pour que ce point de vue soit accepté. Deux événements
vont aider à faire pencher un peu la balance dans le sens de Chladni
: la chute de Sales, et celle de Laigle, dans le département de
l'Orne. Mais après elles, l'histoire va encore avancer quelque temps
à reculons.
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La
chute de Sales
Des contrées voisines de Lyon ont offert, en 1798, le spectacle d'un phénomène semblable à ceux que nous venons de décrire, et dont le marquis de Drée a consigné la description dans le Journal de Physique (floréal an 11). Voici comment il s'exprime à ce sujet : « Le 22 ventôse (12 mars 1798), environ six heures du soir, par un temps calme et serein, un globe lumineux et extraordinaire attira vers l'orient les regards des habitants de la commune de Sales et des villages environnants, qui revenaient de leurs travaux; et bientôt son approche rapide et un bourdonnement effrayant, semblable à celui d'un corps irrégulier et creux qui traverserait rapidement l'atmosphère jeta tous les citoyens de cette commune dans la plus grande épouvante, surtout lorsqu'ils le virent passer au-dessus de leur tête, à très peu d'élévation. Suivant leur rapport, ce globe laissait après lui une longue traînée de lumière, et jetait, avec lui pétillement presque continuel, de petites bleuettes de feu semblables, selon eux, à de petites étoiles. Sa chute fut ensuite remarquée par trois ouvriers qui n'en étaient pas à cinquante pas. Ces trois témoins s'accordent à dire que ce corps arrivait avec une rapidité étonnante, et qu'a près sa chute, ils entendirent une espèce de bruissement partant de la place où il s'était enfoui. »(Cette chute eut lieu dans une vigne près de la maison de Pierre Crepier que la peur empêcha de même que les trois témoins, d'aller reconnaître ce qui était tombé). « Ce ne fut que le lendemain matin qu'il fut appelé par les témoins Chardon et Lapoces, qui avaient amené avec eux Blandel, adjoint de la commune de Sales, et plusieurs autres personnes. Ils se rendirent ensemble sur la place où ils avaient vu le globe s'enfoncer dans la terre : là, au fond d'un creux fort évasé, de dix-huit pouces de profondeur, c'est-à-dire de toute l'épaisseur de la terre végétale, ils trouvèrent une grosse masse noire, de forme ovoïde irrégulière, et, selon eux, semblable à une tête de veau. Elle était entièrement recouverte d'une croûte noire; elle n'était plus chaude; elle avait l'odeur de poudre à tirer, et ils remarquèrent aussi qu'elle était fendue en plusieurs endroits. Cette masse transportée chez Crepier, leur premier soin fut d'examiner la nature d'un objet si inattendu, et ce qu'il pouvait, renfermer. La pierre fut donc pesée et cassée sur-le-champ : son poids était d'environ, vingt livres. »Drée en a donné la description : sa surface est une croûte noire, vitrifiée, opaque, d'un quart de ligne d'épaisseur, qui fait feu sous le briquet; l'intérieur offre une matière terreuse; durcie, de couleur gris de cendre; d'un tissu granuleux, dans laquelle sont disséminées différentes substances : 1° du fer en grains, depuis le plus. petit volume jusqu'à une ligne de diamètre et quelquefois plus; ce fer est un peu malléable, mais plus dur et plus blanc que le fer forgé;Vauquelin a fait l'analyse de cette pierre. Elle contient sur cent parties : -
L'augmentation en
poids a pour cause l'absorption de l'oxygène par le fer natif. Il
importe d'observer que le résultat de l'analyse de Vauquelin approche
beaucoup de ceux qu'ont obtenus Bournon et autres, en analysant des pierres
semblables.
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La
chute de L'Aigle
Cette conformité de résultats dans l'analyse de différentes pierres atmosphérique, combinée avec un grand nombre de témoignages qu'Izarn a recueillis, examinés et discutés avec soin dans sa Lithologie, ne laissait aucun doute sur l'existence des météorites, lorsque la nature nous en a offert une nouvelle preuve bien convaincante dans la chute des pierres météoriques qui a en lieu dans le voisinage du la ville de L'Aigle en Normandie. Le
témoignage de Marais
« Il vient de se passer, dans notre pays, un miracle assez surprenant; le voici sans y rien changer, augmenter ni diminuer; il est certain que c'est la vérité même.L'étude de Biot Bientôt après la publication de cette lettre Biot fut chargé par le gouvernement de se transporter sur les lieux pour recueillir toutes les circonstances relatives à ce phénomène. Le rapport minutieux de Biot, qui ne laisse plus aucun doute sur son authenticité. Sur un terrain d'environ 10 kilomètres de long sur 4 de large, explique Biot en substance, il tomba deux à trois mille pierres dont la plus grosse pesait 17 livres. Ces pierres se ressemblaient et n'avaient aucun rapport, avec le terrain sur lequel on les trouva, tandis qu'elles présentaient les caractères déjà remarqués sur les autres corps qui passaient pour être tombés du ciel. Voici le résultat de son voyage, tel qu'il se trouve dans sa lettre adressée au ministre de l'intérieur et publiée dans différents journaux : « En partant de Paris le 7 messidor, dit Biot, je n'allai pas directement à L'Aigle. Si l'explosion avait été aussi violente qu'on l'annonçait, elle devait s'être fait entendre à une grande distance. J'allai d'abord à Alençon, à quinze lieues Ouest-Sud-Ouest de l'Aigle. Chemin faisant j'appris que l'on avait vu un globe de feu se diriger vers le Nord. Une explosion violente avait suivi celle apparition; c'était le 6 floréal an 11, à une heure après midi A Alençon on n'avait rien entendu, sans doute à cause du bruit ordinaire d'une grande ville.Voici la description du météore telle que Biot l'a donnée, d'après l'ensemble des témoignages qu'il a recueillis : « Le mardi 6 floréal an 11 vers une heure après midi le temps étant serein, on aperçut de Caen, de Pont-Audemer et des environs d'Alençon, de Falaise et de Verneuil, un globe enflammé d'un éclat très brillant, et qui se mouvait dans l'atmosphère avec beaucoup de rapidité : quelques instants après, on entendit à L'Aigle et aux environs de cette ville, dans un arrondissement de plus de trente lieues de rayon, une explosion violente qui dura cinq ou six minutes. Ce furent d'abord trois ou quatre coups semblables à des coups de canon, suivis d'une espèce de décharge qui ressemblait à une fusillade; après quoi on entendit comme un épouvantable roulement de tambour. L'air était tranquille et le ciel serein, de l'exception quelques nuages comme on en voit fréquemment.Le rapport se terminait ainsi : « Je m'estimerai heureux si j'ai réussi à mettre hors de doute un des plus étonnants phénomènes que les hommes aient jamais observés. »Sage a comparé ces pierres à celles de Villefranche et d'Ensisheim, et il a trouvé quelles avaient entre elles la plus exacte ressemblance. Il résulte des expériences qu'il a faites sur les météorites, que ces pierres sont composées de fer natif, de nickel sulfaté, de quartz ou de silice, d'alumine et de magnésie. Il ajoute que s'il n'indique pas précisément les proportions de chacune de ces substances, c'est que celles du fer et du nickel varient. Le quartz paraît former constamment au moins la moitié des météorites, l'alumine et la magnésie, le sixième (Journal de physique, du 11 juin 1803, pag. 72). -
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Nouvelles
conjectures sur la formation des météorites
L'existence des météorites une fois bien constatée, il était naturel de s'occuper du mécanisme de leur formation. Différents physiciens ont proposé sur cet objet différentes conjectures. Certes, il existait déjà celle de Chladni. Et celle-ci est effectivement jugée ingénieuse, mais elle ne serait plausible, explique-t-on, que si elle ne supposait des circonstances que l'on croit tout à fait contraires à celles qui réellement accompagnent le phénomène. Chladni supposait, par exemple, que le frottement fait naître l'incandescence et conséquemment la clarté qui, alors, ne devrait avoir lieu que vers la fin de la chute du météore; tandis que suivant l'observation, le météore est lumineux au commencement de sa chute; il cesse de l'être quand il est parvenu dans les régions atmosphériques moyennes, et alors il y a détonation. Cette considération est importante, ajoute-t-on, et elle suffit pour écarter toute hypothèse qui tend à placer hors de notre atmosphère l'origine des météorites. Quelques physiciens préfèrent croire que les météorites ne sont qu'une concrétion de molécules très divisées de soufre, de fer, de nickel, de silice, etc. dissoutes dans l'atmosphère, et abandonnées ensuite par leur dissolvant à leur attraction réciproque, à laquelle elles obéissent pour former des masses solides qui se précipitent. Mais dans celle hypothèse comment expliquer le dégagement de lumière et surtout la détonation violente qui, dans aucun cas, ne pareil pouvoir résulter d'un simple jeu d'attraction d'agrégation? L'hypothèse
de Patrin
Izarn pense lui aussi que les météorites n'existent dans l'atmosphère que dans leurs éléments, c'est -à-dire à l'état de gaz. Lorsque par des circonstances favorables, précise-t-il, les masses gazeuses se trouvent transportées d'un milieu qui les isolait dans un milieu susceptible de se combiner avec elles, le dégagement de lumière doit avoir lieu, si la combinaison commence. A mesure qu'elle effectue, les pesanteurs spécifiques changent, et le déplacement commence; il doit se faire par le côté qui oppose le moins de résistance, et conséquemment plutôt vers le midi que vers le nord. Le mouvement une fois imprimé, la masse traverse d'autres milieux qui peuvent fournir de nouveaux principes, lesquels ajoutant encore a la pesanteur, déterminent la courbe; et lorsqu'enfin les principes qui sont en jeu, et qui se réunissent de toutes parts, sont parvenus à cette proportion qui doit faire disparaître les éléments pour donner naissance au composé, l'opération principale est annoncée par la détonation, et le produit prend place parmi les solides (Lithologie atmosphérique, p. 360). Enfin, Proust, profitant des lumières que lui a fournies l'analyse d'une météorite, pense que ces sortes de pierres se composent d'éléments que l'atmosphère ne peut ni créer ni conserver en dissolution : ce qui le conduit à conjecturer qu'elles appartiennent originairement à cette immense portion de la Terre qui environne les pôles. Il présume « qu'après avoir été arrachées par une cause violente à leur inertie primitive, elles parcourent les plaines de l'atmosphère, enveloppées dans le tourbillon d'un météore inconnu qui partage leur mouvement, qui les soutient contre leur propre poids, et qui ne les abandonne jamais sans leur avoir imprimé cette dégradation qui porte l'empreinte d'une explosion électrique. » (Journal de physique, ventôse an 13). Météorite tombée à Orgueil (Tarn-et-Garonne), le 14 mai 1864. |
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Trois
questions pour le XXe
siècle
D'autres expliqueront encore que les météorites se forment dans notre atmosphère par la condensation des vapeurs de métaux qui s'élèvent des usines métallurgiques. Mais tout au long du XIXe siècle, les progrès de l'astronomie conduisent les physiciens à se rallier lentement à l'hypothèse cosmique de Chladni. Reste qu'admettre l'origine extraterrestre de ses pierres ne résolvait pas tous les problèmes qu'elles posaient. Trois hypothèses en forme de questions ont ainsi émergé. Il y reviendra au XXe siècle de les résoudre : 1° Les météorites ont-elles une origine lunaire? Ce point de vue, qui a prévalu jusqu'en 1840, a été soutenue avec énergie par Lawrence Smith. Selon cet auteur, l'étude chimique des météorites prouve, que ces corps se sont formés dans un milieu pauvre en oxygène, et l'on sait que la Lune est privée d'oxygène libre. Les météorites seraient des produits lancés jadis par les volcans lunaires et devenus des satellites de la terre jusqu'au jour où quelque déviation amènerait leur chute. Cette supposition a-t-on cependant objecté n'est pas d'accord avec les observations des énormes vitesses de certains bolides.
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