| Niort (Niortum) est une commune de France, dans le département des Deux-Sèvres. Sur la Sèvre-Niortaise, en grande partie sur la rive gauche; population : 57.000 habitants. Monuments. L'aspect de la ville de Niort, bâtie sur deux collines (41 m et 29 m d'altitude), vue de loin. avec ses hauts clochers, est assez pittoresque; la cité libre d'obstacles et ouverte, s'étend et se ramifie dans la campagne et participe de son caractère; il y a un vieux Niort, aux rues montueuses, étroites et tortueuses, et certaines maisons du XVIe siècle, dont quelques-unes historiques n'ont pas été détruites. L'église Notre-Dame, bâtie de 1491 à 1534 par l'architecte Mathurin Berthomé, sur l'emplacerent d'une chapelle de l'abbaye de Charroux, est en majeure partie gothique. La flèche, qui est de ce style, surmonte le clocher avec une hauteur totale de 75 m. On remarque l'ancien portail du Nord (mon. hist.), aujourd'hui condamné : sur l'archivolte s'appuie une balustrade à jour dont les meneaux dessinent en grandes lettres gothiques les mots : O mater Dei, memento mei. Beau vitrail du XVIe siècle, remanié en 1615; tableau de l'Adoration des mages, de Louis Boullongne. - Saint-André, abside du XVe siècle; reconstruite en 1855-1866: deux flèches jumelles (70 m); peintures murales par Germain- Saint-Hilaire (1862-1865), style roman. - Saint-Etienne, style gothique; en construction. - Le temple protestant a été établi dans une portion de l'ancienne église des Cordeliers. Le donjon (mon. hist.) est ce qui reste du château dont l'ensemble était considérable, et comprenait une enceinte flanquée de douze tours; une église, qui s'y trouvait, fut détruite au XVIe siècle pendant les Guerres de religion. Le donjon constitue une masse imposante; il est composé de deux grosses tours carrées flanquées aux angles de tourelles rondes : elles sont reliées par un corps de bâtiment. A l'intérieur, grande salle au rez-de-chaussée, entre les deux tours, recouverte d'une voûte élégante de 1752. Au premier étage des tours se voient les parties les mieux conservées de l'addition gothique qui y a été faite, telles qu'une cheminée monumentale. Dans la tour Nord, il est une salle que l'on a donnée comme le lieu de naissance de Mme de Maintenon (les érudits n'admettent pas cette opinion). Au-dessus est la chambre des échos, dans laquelle une voûte en arc de cloître conduit les sons les plus faibles. - L'ancien hôtel de ville (mon. hist.), construit de 1530 à 1535, dans le style de la Renaissance, par Berthomé, sur l'emplacement d'un hôtel de ville dû à Jean, duc de Berry et comte de Poitiers (vers 1400), est un monument curieux et original. La façade est resserrée entre deux tours, elle est couronnée de mâchicoulis et offre au centre une belle lucarne. Un beffroi, du XVIIe siècle dans ses parties supérieures, s'élève derrière l'édifice, qui a été appelé à tort le palais d'Aliénor (ou d'Eléonore), et qui renferme actuellement le musée d'antiquités, ayant été restauré, de 1881 à 1885. L'ancien mur d'enceinte, dont il y a encore des traces en diverses rues du vieux Niort, était défendu par quatre-vingt-huit tours; le tout a été démoli en 1814. La maison dite de Candie (XVe ou XVIe siècle) est regardée comme le lieu de naissance de Mme de Maintenon (en 1635), plutôt que le donjon, alors que son père, Constant d'Aubigné, était détenu en prison. Il est une maison située non loin delà, dont la façade porte un bas-relief sculpté comme souvenir lugubre de la peste de mai 1603. Du côté du Vieux Pont sur la Sèvre, on remarque : des spécimens de maisons en partie en bois, à étages surplomhaut les uns sur les autres; l'ancien hôtel Chaumont, devenu palais de justice et prison, du XVIe siècle à 1833; l'hôtel Chabot. Sur la rivière, on voit la base de la tour de l'Espingole, une des plus importantes de l'ancienne enceinte; puis le fort Foucault, dont la tour crénelée existe encore. L'ancien collège a compté, parmi ses professeurs, le fameux Fouché, et, parmi ses élèves, Fontanes et l'amiral Duperré. La chapelle (1653), dont on voit la tour carrée, a reçu en 1794 une partie de la bibliothèque publique. Ancien hôtel d'Estissac. La préfecture (1828) se trouve dans l'emplacement du château. Il en est de même, des belles halles, construites en 1869 à la place du marché de l'an XI. Quant aux premières halles, fort célèbres, de 1259 et démolies en 1793, elles étaient situées où est la rue des Halles, dite aujourd'hui Victor-Hugo. Citons encore, du Niort moderne les avenues ombragées; places de la Brèche, la principale (maison ou séjourna, le 2 juillet 1815, Napoléon); de Strasbourg (monument des mobiles); du Donjon (buste du ministre A. Ricard, accolé de deux figures allégoriques, par Beaujault); de Saint-Jean (fontaine artistique); jardin public pittoresque. Histoire. La première mention qui soit faite de Niort remonte au IVe siècle et au règne de l'empereur Julien. Des expéditions commerciales par mer se développèrent dans le pays niortais, pagus niortensis. C'est vers le VIe siècle que commença la révolution géologique par suite de laquelle la mer se retira. Niort devint, grâce à sa situation et à la navigabilité de la Sèvre, profonde encore dans son cours inférieur, l'eutrepôt de tout le commerce du Poitou. La ville tomba, au XIIe siècle, sous la domination anglaise. Elle subit, à cette époque, bien des sièges, disputée par les Anglais et par les Français. Vers 1455, Henri Plantagenet avait fait bâtir le château qui fut achevé par Richard Coeur de Lion. Il fut pris en 1224 par Louis VIII. Les Anglais s'emparèrent de Niort en 1290 et s'y maintinrent jusqu'en 1308. La ville, occupée par les Français, fut attaquée sans succès par les Anglais en 1346. Mais Niort dut être cédé à l'Angleterre en 1360, en vertu du traité de Brétigny. Le prince Noir y convoqua, en 1368, les Etats généraux d'Aquitaine. En 1372, les habitants, révoltés contre les exactions du prince Noir, ayant fait sortir par stratagème les Anglais qui occupaient la ville, puis fermé les portes, ceux-ci durent prendre la ville d'assaut; ils commirent de terribles massacres; « il y fut occis, dit Froissart, grand'foison d'hommes et de femmes ». Du Guesclin la reprit l'année suivante. Le calvinisme s'y introduisit en 1557 et y fit de rapides progrès. Ce fut alors une série de sièges, dans la lutte entre catholiques et protestants. A la suite de la victoire de Moncontour, elle était occupée par les catholiques. En 1588, le roi de Navarre la reprit sur les ligueurs. En 1627, elle fût démantelée. - Niort subit plus tard un commencement de décadence dans son commerce, par la révocation de l'édit de Nantes (1685), puis par la perte du Canada (1763), lui enlevant le commerce extérieur des pelleteries. Ces misères ne se traduisirent, d'ailleurs, chez les Niortais, que par des condoléances; les passions politiques et religieuses, assoupies, ne se réveillèrent qu'en 1792, lors de l'insurrection vendéenne. Ils avaient accueilli la Révolution avec enthousiasme. Henri II et Richard Coeur de Lion concédèrent à Niort ses plus anciennes franchises, qui lui furent confirmées par Jean sans Terre et par Philippe-Auguste en 1204. La commune y était organisée sur le modèle de celle de Rouen dont les établissements demeurèrent la charte constitutive jusqu'en 1681. Niort est la ville de naissance de Françoise d'Aubigné; d'Isaac de Beausobre, théologien protestant; de Santiago de Liniers-Brémont, vice-roi de BuenosAires; de Louis de Fontanes; de Louis-François-Jean Chabot, général, défenseur de Corfou; du représentant et paléontologiste Baugier; de l'explorateur Victor Largeau; du chanteur Montaubry. Les armes de Niort sont : D'azur semé de fleurs de lys d'or, à une tour d'argent, crénelée de 5 pièces, ouverte et maçonnée de sable. (Ch. Delavaud). | |