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Colmar, Argentuaria chez les Anciens, Columbaria, Camaria au Moyen âge, est uneville de France, dans le département du Haut-Rhin (Alsace), à 456 kilomètres à l'Est de Paris, sur la Lauch et le Logelbach, canal de dérivation de la Fecht. A l'Est de la ville s'étend un vaste bassin, creusé en 1864, et relié au canal du Rhône au Rhin. Population : 65 000 habitants. Histoire de Colmar. Colmar et la légende d'Hercule. - Jacques Spiegel, l'humaniste de Sélestat, raconte qu'Hercule, dans ses pérégrinations, passa par Colmar, prit goût à ses vins capiteux et après de fortes libations y perdit sa massue qui depuis est restée dans les armes de la ville. En effet, Colmar porte : parti diapré de gueules et de sinople à une masse d'armes d'or périe en barre. Et c'est de cette massue, en allemand Kolben, que le savant humaniste fait dériver le nom de Colmar.Le premier auteur qui fasse mention de Colmar est Notkerus Balbulus, moine de Saint-Gall; dans son livre De bellis Caroli magni (Il, 5), il parle d'un genitium Columbrense. Ce gynécée, dans lequel des femmes confectionnaient des ornements royaux et des objets de luxe pour des personnes de la cour, faisait partie d'un domaine fiscal (fiscus Columbarium) et a dû être à l'époque carolingienne une résidence royale. En 833 nous y trouvons le pape Grégoire IV qui était venu en Alsace pour terminer les différends entre Louis le Débonnaire et ses fils (Champ du mensonge), et qui data de Cohlambur une décrétale expédiée à l'évêque Adalric. En 887, Charles le Gros tint à Cholonparum une sorte de diète pour aviser aux moyens de défendre l'empire contre les Vikings qui venaient d'envahir la Lorraine. Plus tard le domaine comprenait deux fermes : le Niederhof ou cour inférieure qui avait été cédé à l'église de Constance et dont il resta le fief jusqu'en 1789, et l'Oberhof ou cour supérieure, donné, dans le cours du Xe siècle, par l'empereur Othon le Grand à l'abbaye de Payerne, en Suisse, qui y fonda en 1185 le prieuré de Saint-Pierre. Après avoir été entouré de murs vers 1220, par Woelfel, bailli d'Alsace, Colmar, qui pendant les premiers temps du Moyen âge n'avait été qu'une manse ou villa royale, fut élevé en 1226 au rang de ville libre et impériale par l'empereur Frédéric Il. La ville naissante offrit alors un abri à tous ceux qui cherchaient à se soustraire à l'oppression des nobles et à la tyrannie des seigneurs. La population s'accrut si rapidement que déjà vers l'an 1282 il fallut reculer la première enceinte et que Colmar ne tarda pas à prendre un rang considérable parmi les villes d'Alsace. Dès cette époque aussi, la bourgeoisie commença à s'affranchir de la domination des nobles; elle avait à sa tête le prévôt Jean Roesselmann, fils d'un tanneur de Türkheim, homme énergique et intelligent, qui prit une part active aux luttes de l'empereur contre l'évêque de Strasbourg. - Le quartier de la Petite-Venise, à Colmar. Expulsé de Colmar par le parti dévoué au prélat de Strasbourg, il rentra dans la ville, enfermé dans un tonneau, s'empara de nuit d'une porte et livra la place au prince Rodolphe de Habsbourg. En 1262, il trouva la mort après avoir repoussé les troupes épiscopales qui avaient tenté de s'emparer de Colmar. Son fils Walther, qui lui succéda dans la charge de prévôt, souleva plus tard le peuple en faveur d'un aventurier qui se faisait passer pour Frédéric III. Pour punir cette trahison, Rodolphe assiégea Colmar, s'en empara, imposa aux citoyens une amende de 4000 marcs d'or et fit brûler le faux Frédéric. Walther Roesselmann, qui était parvenu à prendre la fuite, fut enfermé plus tard dans le château de Schwarzenbourg, près de Munster, où il mourut après une longue captivité. Rodolphe de Habsbourg, devenu empereur, avait octroyé aux bourgeois de Colmar une constitution municipale, datée de Vienne le 29 novembre 1278, qui plus tard servit de modèle à celle des autres villes impériales d'Alsace. Après de fréquents changements qu'on avait fait subir à cette constitution et après une série de luttes entre les nobles et les bourgeois, la ville de Colmar finit par avoir un gouvernement autonome et démocratique. Primitivement, le prévôt impérial, nommé par l'empereur et investi de la juridiction criminelle et des droits réservés au chef de l'empire, était le premier magistrat de la ville. Peu à peu la direction des affaires passa de ses mains à celles du bourgmestre, élu par les chefs des corporations des métiers et assisté d'un sénat composé d'abord de neuf membres et plus tard de vingt-quatre, dont quatre nobles et vingt bourgeois. La bourgeoisie était divisée en un certain nombre de tribus ou corporations des métiers (Zünfte), à côté desquelles les familles nobles formaient deux curies. En 1337, Armleder, un cabaretier se disant roi, suivi d'une horde de paysans fanatisés, après avoir égorgé à Ensisheim et à Rouffach plus de 1500 juifs, vint sommer Colmar de lui livrer ceux de ces malheureux qui avaient trouvé un asile dans ses murs. Sur le refus du magistrat, le roi-cabaretier assiégea la ville et ravagea ses campagnes. Ce ne fut que l'année suivante qu'on parvint à se débarrasser de ces antisémites, grâce à l'intervention de l'évêque Berthold de Strasbourg. Les habitants de Calmar montrèrent moins de noblesse, quand, en 1349, la peste appelée la mort noire décima la population : à cette occasion ils brûlèrent les juifs, accusés d'avoir empoisonné les puits, dans un endroit qu'on appelle depuis la Fosse aux juifs (Judengraben). Ces actes de cruauté se renouvelèrent souvent encore dans la suite jusqu'à ce qu'une loi datée du milieu du XVIe siècle et restée en vigueur jusqu'en 1789 eût défendu aux juifs le séjour à Colmar. Ce ne fut qu'à la suite de la victoire de Türkheim, remportée en 1675 par Turenne sur les impériaux, qu'elle fut définitivement réunie à la France en vertu de la paix de Ryswick (1697). Cependant Louis XIV, dès 1673, avait fait occuper la ville de Colmar qui, fortifiée par l'ingénieur Specklin, était devenue une vraie place de guerre, entourée d'une triple enceinte avec huit tours de défense et trois redoutes avancées. Le roi craignant que Colmar, pendant la guerre de Flandre, ne pût être occupée par l'ennemi, ordonna qu'elle fût demantelée. Les quatre-vingt-seize canons et les cinquante obusiers qu'on y trouva furent transportés à Brisach. Quelques années plus tard la ville fut de nouveau entourée d'une muraille. En 1698 on y transféra le conseil souverain d'Alsace qui jusqu'alors avait siégé à Brisach et la ville perdit son autonomie. Son magistrat fut subordonné à l'autorité du conseil souverain et à celle du préteur, représentant civil du gouvernement français auprès de la cité. Après sa brouille avec le roi Frédéric, Voltaire vint habiter Colmar pendant treize mois, pour y achever la tragédie 'l'Orpheline de la Chine. Il ne s'y plut guère; il appelle quelque part Colmar une ville « moitié allemande, moitié française et tout à fait iroquoise ». En 1790, Colmar devint le chef-lieu du départ. du Haut-Rhin et le siège d'une des douze cours. Le 14 février 1871 les Badois y firent leur entrée; le gouvernement allemand en fit le chef-lieu du district (Bezirk) de la Haute-Alsace. Colmar resta une possession allemande jusqu'en 1918, comme le reste de l'Alsace, et revint ensuite à la France.
Monuments de Colmar. Le marché de Noël et la collégiale Saint-Martin, à Colmar. L'église protestante est la nef de l'ancienne église des Franciscains, construite au XIIIe siècle. On y admire des verrières du XVe siècle. Le prieuré de Saint-Pierre, dépendant jadis de l'abbaye bénédictine de Payerne, vendu à la ville de Colmar en 1575, cédé par Louis XIV aux Jésuites d'Ensisheim qui le transformèrent en collège, sert aujourd'hui de lycée. La chapelle actuelle a été élevée en 1750 par les Jésuites. L'ancienne église des Dominicains, où furent rédigées les célèbres Annales de Colmar, et datant de la première période de l'art gothique, fut convertie en halle aux blés. Dans le couvent des Dominicains, fondé en 1278, occupé avant 1870 par la gendarmerie, le gouvernement allemand y créa une école préparatoire d'instituteurs (Praeparandenschule). Le couvent des Augustins fut converti en prisons en 1792. Le couvent des Capucins, après avoir servi de gymnase catholique jusqu'en 1870, devint ensuite une maison de retraite dirigée par les soeurs de Niederbronn. Le couvent des dames Catherinettes fut transformé en 1792 en un hôpital militaire. L'ancien ccouvent des Dominicains, célèbre dans l'histoire du mysticisme allemand, est appelé communément les Unterlinden, nom qu'il doit au tilleul dont il était primitivement ombragé (S. Johannis sub tilia); il a été construit de 1252 à 1289 par le frère Volmar. Les Dominicains y restèrent jusqu'à la Révolution. Dévastés en 1793 et devenus propriété de l'Etat, les bâtiments conventuels furent pendant longtemps livrés à différents usages quand en 1849, sur la proposition de la Société Schoengauer, ils furent acquis par l'administration municipale qui les fit restaurer pour y établir différents musées, une galerie de tableaux, les archives communales ainsi que la bibliothèque publique. La galerie des tableaux, se composant de peintures attribuées à Schoengauer, à Hans Baldung Grün et à des maîtres précurseurs d'Albrecht Dürer et de Holbein, est établie dans la nef de l'ancienne église des Dominicains, au fond de laquelle on admire le retable des Antonites, en bois sculpté, enlevé d'une église d'Issenheim, et qui est un des plus beaux de son espèce. Le choeur, très pur de style, est orné de tableaux de maîtres modernes la plupert alsaciens; sur le sol on a encastré la mosaïque gallo-romaine, trouvée à Bergheim. Le cloître, dont les arcades sont remarquables par l'élégance des lignes d'ensemble ainsi que par la finesse et la gracieuse légèreté des détails, abrite sous ses galeries une collection lapidaire, composée de fragments de sculpture et d'architecture de toutes les époques. Au centre du préau s'élève la statue de Martin Schoengauer par Bartholdi. Les autres corps de bâtiments de l'ancien couvent renferment un musée d'histoire naturelle, un musée archéologique et un musée ethnographique avec objets préhistoriques, entre autres le crâne humain fossile d'Eguisheim. La Maison des têtes, à Colmar. Photos : © Angel Latorre, 2008. Colmar possède beaucoup de vieilles maisons intéressantes du XVIe et du XVIIe siècle, entre autres la curieuse maison des Têtes (photo ci-dessus) ou la maison Pfister (Oriel). Dans les halles d'un marché couvert on admire la fontaine au Vigneron, statue de Bartholdi. Sur la promenade du Champ de Mars s'élève une autre fontaine monumentale elle est surmontée d'une statue en bronze de l'amiral Bruat, dont le piédestal est orné de figures allégoriques représentant les quatre parties du monde. La place du Champ de Mars, qui est la continuation de la promenade, est ornée de la statue en bronze du général Rapp, qui comme celle de Bruat est une oeuvre de Bartholdi. En 1888, on a érigé sur la place Schwarzenberg un monument en l'honneur de Jean Roesselmann, également une oeuvre de Bartholdi. En 1857, on a démoli les neuf portes de la ville et on a construit des boulevards sur l'emplacement des fortifications. (L. Will). |
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