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Pakistan
Jamhuryat Islami Pakistan

30 00 N, 70 00 E
Le Pakistan est un État du Sud de l'Asie riverain de la Mer d'Oman (Nord de l'océan Indien) et compris entre l'Iran et l'Afghanistan à l'Ouest, l'Inde à l'Est et la Chine au Nord. Islamabad, la capitale, est une ville nouvelle construite en 1959, à une dizaine de kilomètres de la grande ville de Rawalpindi, pour remplacer l'ancienne capitale, qui était Karachi. Outre Karachi, qui reste la ville la plus peuplée, et Rawalpindi, les autres villes importantes du pays sont : Lahore, Faisalabad, Hyderabad, Multan, Sukkur,  Gujranwala, Peshawar et Quetta. La population totale du Pakistan est d'environ 240 millions d'habitants (2025); sa superficie est de 803,940 km².
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Carte du Pakistan.
Carte du Pakistan. Source : The World Factbook.
(Cliquer sur l'image pour afficher une carte plus détaillée).

Indépendant de l'Inde britannique depuis 1947 et séparé du Bangladesh (ancien Pakistan oriental) depuis 1971, c'est une république fédérale, divisée administrativement en 4 provinces (Baloutchistan, Province de la frontière du Nord-Ouest, Pendjab, et Sind), en un territoire placé directement sous l'administration fédérale, les Zones tribales, et en un territoire pour la capitale, Islamabad

Deux régions du Cachemire et du Jammu, disputées avec l'Inde et administrées par le Pakistan forment deux entités administratives supplémentaires : Azad-Cahemire (Azad Kashmir, autour de Muzaffarabad et de Mirpur) et les Zones Nord (Northern Areas, autour de Gilgit et de Sikardu).
Les principales contraintes physiques du territoire comprennent la désertification, l'érosion hydrique et éolienne, les inondations saisonnières du bassin de l'Indus, les tremblements de terre fréquents dans les zones sismiques du nord et de l'ouest, ainsi que les glissements de terrain dans les régions montagneuses. Ces facteurs influencent fortement la répartition des populations, les pratiques agricoles, les réseaux de transport et les stratégies d'aménagement du territoire.

Géographie physique du Pakistan

Grandes régions géomorphologiques.
Au nord du pays s'élèvent certaines des plus hautes montagnes du monde, là où convergent trois grandes chaînes : l'Himalaya, le Karakoram et l'Hindou Kouch. Le Karakoram abrite le K2 (8611 m), deuxième plus haut sommet du monde, situé dans la région du Gilgit-Baltistan. Ces massifs sont composés de roches métamorphiques, d'intrusions granitiques et de terrains glaciaires actifs. Le relief y est extrêmement escarpé, entaillé de vallées profondes et parcouru par des rivières de fonte glaciaire. On y trouve également des glaciers majeurs comme le Baltoro et le Batura, parmi les plus longs hors régions polaires.

Au sud de ces chaînes, les collines et plateaux du Pothohar et du Kouhistan forment une transition vers les basses terres. Ces zones sont constituées de collines résiduelles, de plateaux alluviaux et de cuvettes endoréiques. L'Hindou Kouch occidental s'étend jusqu'au Baloutchistan, région aride et montagneuse à la topographie chaotique, marquée par de hautes crêtes, des vallées sèches, des plateaux sédimentaires et une forte sismicité due à la collision tectonique entre les plaques arabique et eurasienne.

La région centrale du Pakistan est dominée par la plaine de l'Indus, l'un des systèmes fluviaux les plus importants d'Asie. Le fleuve Indus, long de plus de 3000 km, prend sa source au Tibet, traverse le Cachemire, puis irrigue une vaste plaine alluviale avant de se jeter dans la mer d'Arabie. Cette plaine est constituée de sols riches et jeunes, issus des dépôts fluviaux, et offre des terres agricoles parmi les plus fertiles du pays. L'Indus est bordé par plusieurs affluents importants : le Jhelum, le Chenab, le Ravi, le Beas et le Sutlej, qui forment ensemble le Pendjab, littéralement "les cinq rivières".

À l'est, le désert de Thar s'étend sur le sud du Pendjab et le Sindh, ainsi que sur le Rajasthan indien voisin. C'est un désert aride à semi-aride, caractérisé par des dunes mobiles, des sols sableux, une végétation xérophile et une pluviométrie faible et irrégulière. Les oasis, les réservoirs d'eau et les nappes phréatiques peu profondes permettent une agriculture marginale dans certaines zones.

La région méridionale du Pakistan comprend également une façade littorale le long de la mer d'Arabie, avec deux provinces côtières principales : le Sindh et le Baloutchistan. Le littoral, long d'environ 1046 km, présente des lagunes, des estuaires, des deltas et des plages, ainsi que des promontoires rocheux comme ceux de Gwadar. Le delta de l'Indus, au sud du Sindh, est l'un des plus grands deltas alluviaux au monde, bien que dégradé par l'érosion, la salinisation et la réduction du débit fluvial.

Climat.
Le climat du Pakistan est également très contrasté. Les montagnes du nord ont un climat froid alpin et glaciaire. La plaine de l'Indus connaît un climat subtropical aride à semi-aride, avec des étés extrêmement chauds (souvent au-delà de 45 °C) et des hivers doux. Le désert du Thar est l'une des régions les plus chaudes et sèches, tandis que le Baloutchistan a un climat continental sec, avec des hivers rigoureux en altitude. Le sud reçoit l'influence affaiblie de la mousson indienne, surtout entre juillet et septembre, mais les précipitations sont généralement faibles à modérées.
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Pakistan : les montagnes du Waziristan depuis l'espace.
Les montagnes du Waziristan depuis l'espace. Cette région du nord-ouest du Pakistan, près
de la frontière afghane, offre un paysage formidable de collines enchevêtrés et abruptes, séparés
par d'étroits passages et des gorges profondes. Les rivières dévalant de ces montagnes fournir
de l'eau pour l'agriculture dans une région  ui ne bénéficie que de faibles précipitations. 
Source : USGS.

Biogéographie du Pakistan

Le Pakistan présente une biogéographie très diversifiée en raison de sa position à la convergence des régions paléarctique, indo-malaise et désertique de l'Asie. Cette diversité écologique est renforcée par la variation d'altitude extrême, qui va des sommets himalayens de plus de 8000 mètres aux plaines alluviales et aux zones côtières proches du niveau de la mer. On y observe une grande variété de biomes. 
Par ailleurs, la position du Pakistan dans la voie migratoire de l'Asie centrale (Central Asian Flyway) renforce encore sa richesse ornithologique saisonnière, ce qui fait du pays une zone d'intérêt mondial pour la conservation des oiseaux migrateurs.

Le nord du pays, dominé par les chaînes de montagnes, abrite une faune et une flore d'altitude adaptées au climat froid. On y trouve des prairies alpines, des forêts de conifères, et des zones rocheuses inhabitées, où vivent des espèces emblématiques comme le léopard des neiges (Panthera uncia), le markhor (Capra falconeri), l'ours brun de l'Himalaya (Ursus arctos isabellinus) et l'ibex du Karakoram (Capra ibex sibirica). Ces écosystèmes sont généralement situés dans des parcs nationaux ou réserves de biosphère tels que Khunjerab ou Deosai.

En descendant vers le sud, on entre dans les zones boisées tempérées et les forêts sèches subtropicales. Les contreforts montagneux et les vallées du nord-est du Pakistan sont couverts de forêts mixtes composées de pins (Pinus roxburghii, Pinus wallichiana), de chênes, de cèdres de l'Himalaya (Cedrus deodara) et de rhododendrons. Ces forêts sont riches en biodiversité mais menacées par la déforestation et la conversion des terres à usage agricole.

La plaine de l'Indus, qui s'étend à travers le Pendjab et le Sindh, était autrefois recouverte de forêts riveraines et de zones humides, mais ces habitats ont été largement modifiés par l'agriculture irriguée et l'urbanisation. Néanmoins, certaines zones humides subsistent, comme les lacs Manchar et Haleji, qui attirent chaque année des milliers d'oiseaux migrateurs, notamment des flamants roses, des grues, des canards et des oies venues de Sibérie et d'Asie centrale. La région accueille également des espèces comme le nilgaut (Boselaphus tragocamelus) et le chacal doré (Canis aureus).

Le désert du Thar, à l'est du Sindh, est caractérisé par une végétation clairsemée de type xérophile, avec des arbustes épineux, des herbes résistantes à la sécheresse, et des espèces animales adaptées à l'aridité comme le renard du désert (Vulpes vulpes pusilla), le chat des sables (Felis margarita) et la gazelle indienne (Gazella bennettii). Les reptiles sont abondants dans cette région, dont plusieurs espèces de serpents et de lézards.

Le Baloutchistan, région occidentale aride et montagneuse, est composé d'un mélange de déserts, de plateaux steppiques et de vallées endoréiques. Sa végétation est dominée par des tamaris, des acacias, des euphorbes et des plantes halophytes. Cette région abrite des espèces peu communes comme l'ours noir d'Asie (Ursus thibetanus), le lynx caracal (Caracal caracal), et l'aigle impérial. Les écosystèmes du Baloutchistan sont mal connus et peu étudiés, mais ils représentent une zone de transition écologique entre l'Asie centrale et l'Asie du Sud.

Le sud du Pakistan, notamment le delta de l'Indus et la côte du Makran, présente une biogéographie côtière dominée par les mangroves (Avicennia marina), les estuaires, les lagunes et les plages sablonneuses. Ces écosystèmes sont vitaux pour de nombreuses espèces marines et d'oiseaux. Le delta de l'Indus abrite des espèces menacées comme le dauphin de l'Indus (Platanista gangetica minor), une espèce endémique de cétacé d'eau douce. Les eaux côtières sont également fréquentées par les tortues olivâtres, les dugongs, et plusieurs espèces de requins.

Le Pakistan comprend plusieurs zones protégées, telles que les parcs nationaux de Hingol, Chitral Gol, Margalla Hills et Lal Suhanra. Cependant, les pressions anthropiques comme le braconnage, la surpêche, l'urbanisation rapide et la fragmentation des habitats continuent de menacer la diversité biogéographique du pays. Des initiatives de reboisement, de corridors écologiques et de conservation communautaire ont été lancées, notamment sous la forme de projets comme le "Billion Tree Tsunami" visant à restaurer les écosystèmes forestiers.

Géographie humaine du Pakistan

Population.
Le Pakistan, cinquième pays le plus peuplé au monde, compte environ 240 millions d'habitants en 2024, avec un taux de croissance démographique encore élevé, proche de 2 % par an. Cette forte croissance exerce une pression sur les ressources naturelles, les infrastructures et les services sociaux. Près de 60 % des habitants ont moins de 25 ans.

La répartition géographique de la population est très inégale. Les régions les plus peuplées sont le Pendjab, qui abrite plus de la moitié de la population totale, suivi du Sindh. À l'inverse, des régions comme le Baloutchistan et Gilgit-Baltistan sont faiblement peuplées, souvent en raison de leur relief difficile, de leurs conditions climatiques extrêmes ou de leur isolement historique. Le Pakistan connaît une urbanisation rapide : environ 40 % de la population vit dans des zones urbaines, avec des mégapoles comme Karachi (plus de 15 millions d'habitants), Lahore, Faisalabad, Rawalpindi et Islamabad. Cette urbanisation est marquée par la croissance de bidonvilles, la congestion des transports et l'inadéquation des services publics.

La composition ethnique du Pakistan est complexe et reflète une diversité historique, culturelle et linguistique. Les principales communautés sont les Pendjabis, les Pachtounes, les Sindhis, les Seraikis, les Muhajirs (descendants de migrants venus d'Inde après la partition), et les Baloutches. À cela s'ajoutent des minorités comme les Hazaras, les Brahuis, les Kalash et les peuples de montagne du nord (Shina, Wakhi, Balti). Cette mosaïque ethnique engendre des dynamiques sociales complexes, fréquemment marquées par des tensions linguistiques, politiques ou identitaires, bien que la coexistence reste globalement pacifique.

L'islam est la religion dominante, pratiquée par environ 96 % de la population. Les musulmans sunnites constituent la majorité (près de 85 %), tandis que les chiites représentent environ 10 à 15 %. Il existe aussi des minorités religieuses significatives : chrétiens, hindous, sikhs, ahmadis (non reconnus comme musulmans par la Constitution), bouddhistes et zoroastriens. Les relations interreligieuses sont parfois tendues, notamment en raison de discriminations institutionnelles ou de violences ciblées, qui affectent les droits des minorités.

Le tissu sociologique du Pakistan est structuré autour de la famille élargie, du clan (biradari), et de systèmes de castes informels, surtout en milieu rural. Les hiérarchies sociales sont souvent fondées sur l'origine, la richesse foncière, le statut tribal ou religieux. Les élites terriennes et les familles influentes dominent la vie politique locale, notamment dans le Pendjab et le Sindh. Le patriarcat reste puissant, avec une inégalité persistante entre les sexes en matière d'éducation, d'accès au marché du travail, de droits juridiques et de participation politique. Toutefois, des progrès sont visibles dans les grandes villes, où l'alphabétisation des femmes, leur emploi dans les secteurs des services, de la santé ou de l'enseignement, ainsi que leur visibilité dans les médias augmentent.

L'e taux d'alphabétisation national avoisine les 60 %, avec un fort déséquilibre entre les sexes (environ 70 % pour les hommes, 50 % pour les femmes) et entre les régions urbaines et rurales. Le système éducatif est dual : écoles publiques sous-financées, institutions privées de qualité variable, et écoles religieuses (madrasas), certaines d'entre elles étant accusées de promouvoir des idéologies radicales. Les inégalités régionales sont particulièrement marquées dans des provinces comme le Baloutchistan, où le décrochage scolaire est courant.

Le Pakistan est également caractérisé par une importante diaspora, principalement installée en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis, au Royaume-Uni, aux États-Unis et au Canada. Ces expatriés jouent un rôle vital dans l'économie via les envois de fonds, qui représentent plusieurs milliards de dollars par an. Sur le plan interne, de nombreux déplacements migratoires ont lieu des zones rurales vers les villes, alimentant la pression urbaine.

La société pakistanaise évolue sous l'influence de la mondialisation, des réseaux sociaux, des changements économiques et des transformations culturelles. Bien que conservatrice dans de nombreuses dimensions, elle est aussi traversée par des mouvements pour les droits des femmes, l'éducation des filles, la justice climatique, ou la liberté d'expression. Des tensions persistent entre modernité et traditionalisme, entre islam politique et sécularisme, entre centralisation et revendications ethno-régionales, qui reflétant une société dynamique, pluraliste mais souvent polarisée.
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Pakistan : Karachi, depuis l'espace.
Karachi, la ville la plus peuplée du Pakistan (11,6 millions d' habitants), vue depuis l'espace. Cette image montre la partie sud-ouest de la ville. Deux rivières, le Lyari et le Malir, traversent Karachi pour se jeter dans la mer d'Arabie. Le Lyari passe au nord du port de Karachi, avant de se déverser dans la mer par le canal de Baba; de vastes marais salants, apparaissant comme de grandes zones géométriques de vert, sur la rive nord de l'estuaire du fleuve. A l'Est coule le Malir. Entre le port et la mer d'Arabie, une île forme une barrière (bord gauche de l'image). A l'Est de cette île et à à l'ouest du port se trouve une grande étendue d'eau et de mangroves. Immédiatement à l'Est du port de Karachi, on remarque deux autres zones de mangroves, dont la plus grande est se nomme Chinna Creek. Le reste de la ville est très densément urbanisé. Source : Nasa.

Groupes ethnolinguistiques.
Six groupes majeurs dominent la démographie du Pakistan. Ils sont accompagnés de plusieurs minorités régionales ou marginales. La coexistence de ces groupes repose sur un équilibre fragile, souvent remis en question par des inégalités régionales, des discriminations, ou des conflits d'intérêts politiques. Néanmoins, cette diversité constitue aussi une richesse culturelle, visible dans la littérature, la musique, les traditions vestimentaires, et les cuisines régionales du Pakistan.

L'ourdou, bien qu'elle soit la langue nationale, n'est la langue maternelle que d'environ 7 % des Pakistanais, mais elle joue un rôle unificateur entre les groupes. L'anglais, hérité du colonialisme britannique, reste dominant dans l'élite, le droit, l'enseignement supérieur et la diplomatie.

Pendjabis.
Les Pendjabis représentent le groupe le plus important, avec environ 45 à 50 % de la population. Originaires de la province du Pendjab, ils parlent le pendjabi, une langue indo-aryenne largement répandue, bien qu'elle soit peu utilisée dans l'administration et l'enseignement. Le pendjabi est subdivisé en nombreux dialectes, comme le majhi, le shahpuri ou le pothohari. Malgré leur poids démographique, cette langue n'est pas reconnue comme langue officielle. Les Pendjabis dominent la bureaucratie, l'armée et l'économie du pays, ce qui leur confère une influence politique notable. Ils sont majoritairement sunnites, bien qu'il existe aussi des minorités chrétiennes et chiites dans cette communauté.

Pachtounes.
Les Pachtounes (ou Pathans), qui constituent environ 15 à 20 % de la population, sont concentrés dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, les zones tribales adjacentes et le nord du Baloutchistan. Ils parlent le pachto, une langue iranienne orientale dotée d'une riche tradition orale. Leur structure sociale repose sur des tribus patrilinéaires (comme les Durrani, les Yousafzai, les Mehsud), régies par un code coutumier strict, le pashtunwali, basé sur l'honneur, l'hospitalité et la vengeance. Historiquement militarisés, ils ont joué un rôle central dans la guerre d'Afghanistan et dans les dynamiques religieuses et politiques du nord-ouest du Pakistan.

Sindhis.
Les Sindhis, qui représentent environ 14 % de la population, sont originaires de la province du Sindh, notamment dans les zones rurales. Ils parlent le sindhi, une langue indo-aryenne très ancienne, dotée d'un riche patrimoine littéraire et mystique, fortement influencée par le soufisme. Les Sindhis se distinguent par une forte identité régionale et culturelle, visible dans leur folklore, leur musique et leurs coutumes. Ils sont majoritairement sunnites, avec une minorité chiite significative. Politiquement, ils sont représentés par des partis comme le PPP (Pakistan People's Party), fondé dans cette région. Les tensions entre Sindhis autochtones et les Muhajirs installés après 1947 sont récurrentes, surtout à Karachi.

Seraikis.
Les Seraikis sont parfois considérés comme une sous-catégorie des Pendjabis mais revendiquent une identité distincte. Ils forment environ 10 % de la population et sont concentrés dans le sud du Pendjab. Le seraiki est une langue indo-aryenne proche du pendjabi. La région est marquée par un sous-développement chronique, ce qui alimente un sentiment de marginalisation. Plusieurs mouvements politiques réclament la création d'une province seraiki autonome. Leur culture est également influencée par le soufisme, avec des sanctuaires célèbres à Multan ou Uch Sharif.

Baloutches.
Les Baloutches représentent environ 3 à 4 % de la population, principalement dans la province du Baloutchistan. Ils parlent le baloutchi, une langue iranienne occidentale, bien que de nombreux Baloutches soient aussi multilingues (ourdou, brahoui, pachto). Leur société est tribale, segmentée en clans dirigés par des sardars. Le Baloutchistan est riche en ressources naturelles mais reste très pauvre et peu développé, ce qui alimente un sentiment d'injustice. Des mouvements nationalistes baloutches, parfois armés, réclament davantage d'autonomie, voire l'indépendance. La région connaît donc des tensions politiques et sécuritaires récurrentes.

Muhajirs.
Les Muhajirs sont les descendants des musulmans ayant migré d'Inde vers le Pakistan lors de la partition de 1947. Ils représentent environ 7 à 8 % de la population, concentrés dans les grandes villes du Sindh, notamment Karachi et Hyderabad. Leur langue est l'ourdou, une langue indo-aryenne standardisée qui est également la langue nationale du pays. Les Muhajirs ont longtemps constitué une élite urbaine éduquée, occupant des postes clés dans l'administration, l'enseignement et les médias. Leur représentation politique a été assurée par le MQM (Muttahida Qaumi Movement), parfois accusé de milices urbaines et de violence politique.

Autres groupes.
À ces groupes majeurs s'ajoutent plusieurs minorités ethnolinguistiques. Les Brahuis, dans le centre du Baloutchistan, parlent une langue dravidienne isolée. Les Hazaras, chiites d'origine mongole, vivent principalement à Quetta et sont régulièrement victimes de persécutions. Les peuples montagnards du nord (Wakhi, Shina, Khowar, Balti, Burushaski) forment une mosaïque linguistique singumière, avec des langues souvent sans lien génétique entre elles, comme le burushaski, une langue isolée. Enfin, les Kalash, minorité animiste des montagnes du Chitral, conservent une culture unique, très différente de l'environnement islamisé qui les entoure.

Culture.
Située à la croisée des civilisations persane, indienne, turque et arabe, la culture pakistanaise est à la fois profondément enracinée dans ses patrimoines locaux et ouverte à des expressions multiples selon les groupes ethniques, les langues, les régions et les contextes sociaux.

L'islam influence les pratiques sociales, les codes vestimentaires, les fêtes, l'architecture, les règles alimentaires et le droit. Les fêtes religieuses comme l'Eid ul-Fitr, l'Eid ul-Adha, le Ramadan ou le Mawlid sont des moments forts de la vie collective. Le soufisme, courant mystique de l'islam, est également très présent dans la culture populaire, avec ses sanctuaires, ses chants (qawwali) et ses poètes vénérés comme Bulleh Shah, Shah Abdul Latif Bhittai ou Waris Shah.

Le Pakistan est un pays multilingue, avec plus de 70 langues parlées. L'ourdou, langue nationale, est utilisée dans les médias, l'éducation et l'administration. Les langues régionales – pendjabi, pachto, sindhi, baloutchi, seraiki, brahoui, entre autres – possèdent chacune une tradition orale et littéraire propre. La poésie, en particulier, est une forme d'expression très valorisée, à la fois classique et populaire, et occupe une place centrale dans les événements culturels.

La littérature pakistanaise contemporaine, en ourdou, en anglais ou dans les langues régionales, est dynamique. Des écrivains comme Faiz Ahmed Faiz, Intizar Hussain, Bapsi Sidhwa ou Mohsin Hamid ont acquis une reconnaissance internationale. La littérature aborde souvent les tensions entre tradition et modernité, les fractures identitaires, les mémoires de la partition de 1947, ou encore les luttes sociales et religieuses.

La littérature pakistanaise s'inspire d'une histoire complexe et de traditions culturelles plurilingues. Née dans le contexte de la partition de l'Inde en 1947, elle s'est construite autour de langues telles l'ourdou, le panjabi, le sindhi, le pashto, l'arabe et le baloutchi, chacune portant des traditions narratives propres. Avant l'indépendance, des écrivains comme Muhammad Iqbal, poète visionnaire et père spirituel du Pakistan, et Rabindranath Tagore, bien que indien, ont influencé les débuts de l'identité littéraire pakistanaise.

Après 1947, la littérature ourdou devient un pilier de l'expression nationale, mêlant thèmes de l'exil, de l'identité et de la quête de sens dans un monde en mutation. Des auteurs comme Faiz Ahmad Faiz (poésie engagée), Saadat Hasan Manto (nouvelle réaliste et critique sociale), et Krishan Chander (roman social) ont marqué cette période. Les conflits politiques, les guerres indo-pakistanaise et la guerre de libération du Bangladesh en 1971 ont nourri des récits douloureux et introspectifs.

Les années 1980-1990 ont vu l'émergence d'une littérature plus féminine et critique, avec des écrivaines comme Bapsi Sidhwa (Ice-Candy-Man), qui aborde l'héritage de la partition, et Fatima Bhutto, auteure de romans politiques. La diaspora pakistanaise a également enrichi la scène littéraire, comme Mohsin Hamid avec Moi, partition, mélangeant autofiction et réflexion sur l'exil.

Dans les langues régionales, le panjabi de l'Ouest s'exprime à travers des poètes comme Waris Shah, tandis que le sindhi et le pashto conservent des récits épiques et folkloriques. La littérature contemporaine questionne des sujets tabous (féminisme, homosexualité, extrémisme) avec des voix audacieuses comme celle de l'écrivain transgenre Naiyer Masud.

La musique pakistanaise reflète également la diversité du pays. Le qawwali, forme de chant soufi, est popularisé par des figures comme Nusrat Fateh Ali Khan. Le ghazal, poésie lyrique chantée, est aussi très répandu. Les musiques folkloriques régionales varient selon les provinces, avec des instruments comme le dhol (tambour), le rubab ou l'ektara. La scène musicale contemporaine mêle rock, pop, hip-hop et fusion traditionnelle, avec des plateformes emblématiques comme Coke Studio qui mettent en valeur la pluralité des styles musicaux nationaux.

Les arts visuels englobent la miniature moghole, le tissage traditionnel, la broderie régionale (notamment du Sindh et du Baloutchistan), la calligraphie islamique, ainsi que l'architecture religieuse et coloniale. Les monuments emblématiques comme la mosquée Badshahi de Lahore, le fort de Rohtas, ou le Mausolée de Jinnah à Karachi témoignent d'une riche histoire architecturale. L'art contemporain est également en plein essor, porté par des galeries, des festivals et des artistes engagés dans des thématiques politiques, féministes ou écologiques.

La cuisine pakistanaise est variée, épicée et influencée par les traditions mogholes, persanes, indiennes et locales. Elle repose souvent sur des plats à base de riz (biryani, pulao), de pains plats (naan, roti), de viandes marinées (karahi, kebabs, nihari), de lentilles et de légumes épicés. Les desserts comme le gulab jamun, le kheer ou le jalebi accompagnent les grandes occasions. Le thé (chai) est une boisson centrale dans la vie quotidienne, souvent sucrée et servie avec du lait.

Les vêtements traditionnels varient selon les régions, mais le shalwar kameez (tunique longue et pantalon large) est porté aussi bien par les hommes que par les femmes. Les femmes y ajoutent souvent un dupatta (écharpe) pour couvrir leurs cheveux. Dans les zones rurales ou conservatrices, les vêtements peuvent être plus couvrants, tandis que dans les milieux urbains, des modes hybrides entre tradition et modernité s'imposent.

Le cinéma pakistanais, connu sous le nom de Lollywood, a connu un déclin dans les années 1990-2000 mais un renouveau depuis les années 2010. Il explore de plus en plus des sujets sociaux, historiques et politiques. Les séries télévisées pakistanaises, quant à elles, jouissent d'une grande popularité au niveau national et international. Elles sont habituellement  centrées sur des récits familiaux, religieux ou romantiques.

Lollywood, l'industrie cinématographique pakistanaise basée à Lahore, trouve ses origines dans les premières décennies du XXe siècle. Le premier film pakistanais, Heer (1927 ou 1928), produit à Lahore sous le Raj britannique, s'inspire de l'histoire d'amour classique punjabi. Après l'indépendance du Pakistan en 1947, l'industrie se structure progressivement avec le déplacement de cinéastes et d'artistes de Bombay (aujourd'hui Mumbai) vers le nouveau pays. Déformation de Hollywood, le terme « Lollywood » apparaît, qui symbolisant son ancrage à Lahore.

Les années 1950 et 1960 marquent un âge d'or, dominé par les films en ourdou. Des studios comme Filmistan et Shumali Productions produisent des drames sentimentaux, des comédies musicales et des films sociaux. Des oeuvres comme Teri Yaad (1960) et Dard (1962) deviennent des classiques, tandis que des acteurs, à l'instar de Santosh Kumar, Waheed Murad et Runa Laila, gagnent en popularité. La musique occupe une place centrale, avec des chanteurs de doublage légendaires comme Noor Jehan et Mehdi Hassan. Les Récompenses Nigar, créées en 1956, deviennent le principal prix du cinéma pakistanais.

La décennie 1970 et 1980, marquée par l'instabilité politique et la censure, entraînent un déclin qualitatif, avec des scénarios redondants et une liberté créative limitée. Malgré cela, les années 1980 voient un regain avec des films d'action et des drames familiaux, bien que le piratage et les défis de distribution entravent son développement.

Dans les années 1990 et 2000, un renouveau s'opère : des films comme Khuda Kay Liye (2007), abordant des enjeux sociaux, côtoient des blockbusters populaires comme Dhoop Kinara (2010) et Bol (2011). Malgré les critiques sur les stéréotypes, l'industrie aborde peu à peu des thématiques diverses, comme le féminisme ou les questions LGBTQ+.

Aujourd'hui, Lollywood s'adapte aux plateformes numériques et aux collaborations internationales, tout en luttant contre la censure, le piratage et le sous-financement. Des figures telles que le réalisateur Shoaib Mansoor (Bol, Zinda Bhaag) ou les acteurs Fawad Khan et Mahira Khan renforcent sa visibilité mondiale, tandis que des réalisateurs indépendants expérimentent de nouveaux styles. 

Les pratiques culturelles varient fortement entre les villes et les campagnes. Les zones rurales sont plus attachées aux traditions tribales, au patriarcat, aux hiérarchies communautaires, et aux normes religieuses strictes. Iinfluencées par les médias, la diaspora, la mondialisation et les mouvements sociaux, les villes, surtout Karachi, Lahore ou Islamabad, sont plus cosmopolites,.

Enfin, la culture pakistanaise est marquée par une tension constante entre conservatisme religieux, héritages pluralistes et aspirations modernistes. Les débats sur la liberté d'expression, les droits des femmes, la place des minorités, ou l'éducation traversent toutes les sphères culturelles. 

Pakistan : Vallee de la Hunza.
La vallée de la Hunza, au Nord du Pakistan. Elle a nourri l'imaginaire de bien des voyageurs...
 Source : The World Factbook.

Economie.
L'économie du Pakistan est une économie mixte caractérisée par une forte dépendance à l'agriculture, une industrialisation modérée et un secteur tertiaire en croissance rapide. Elle est classée parmi les économies émergentes, mais fait face à des défis structurels majeurs, notamment une instabilité politique, un endettement croissant, une base fiscale étroite et une balance commerciale chroniquement déficitaire.

Le secteur agricole demeure l'un des piliers de l'économie pakistanaise, représentant environ 20 % du produit intérieur brut (PIB) et employant près de 38 % de la population active. Les principales cultures comprennent le blé, le riz, le coton et la canne à sucre. Toutefois, la productivité agricole reste faible à cause d'un accès limité à la technologie moderne, d'une infrastructure d'irrigation vieillissante et d'un manque d'investissements dans la recherche agronomique. L'insécurité de la propriété foncière et la fragmentation des terres accentuent ces difficultés.

Le secteur industriel, qui contribue à près de 18 % du PIB, repose principalement sur le textile, qui représente plus de 60 % des exportations. Les industries alimentaires, les produits pharmaceutiques, le ciment, l'acier et les biens de consommation enregistrent également une croissance variable. Cependant, l'industrie souffre de coupures d'électricité récurrentes, d'une fiscalité complexe et de difficultés logistiques qui limitent la compétitivité internationale. Le Pakistan ne parvient pas encore à monter en gamme vers une industrialisation technologique ou à valeur ajoutée.

Le secteur des services est le plus dynamique et représente environ 58 % du PIB. Il est porté par les télécommunications, le commerce de détail, les services bancaires et les technologies de l'information. L'essor du numérique a créé des opportunités pour l'externalisation des processus commerciaux (BPO) et l'émergence de start-ups technologiques, principalement à Karachi, Lahore et Islamabad. Toutefois, l'informalité du secteur reste élevée, ce qui limite la collecte des recettes fiscales.

La situation macroéconomique du Pakistan est fragilisée par une dette publique élevée, qui dépasse les 75 % du PIB, et une dépendance croissante aux prêts du FMI et d'autres créanciers bilatéraux. L'inflation, souvent à deux chiffres, est alimentée par la dépréciation de la roupie, les prix élevés de l'énergie importée et une faible production domestique. En 2023-2024, l'inflation a oscillé autour de 25 %, ce qui a gravement affecté le pouvoir d'achat des ménages.

Le déficit commercial chronique constitue une autre faiblesse structurelle. Le pays importe massivement des produits pétroliers, des machines et des biens de consommation, alors que ses exportations restent concentrées sur quelques produits, principalement le textile. Le déséquilibre de la balance courante entraîne une pression continue sur les réserves de change, souvent inférieures à deux mois d'importations.



Alice Albinia, Les Empires de l'Indus : L'histoire d'un fleuve, Actes Sud, 2011. - Tour à tour victimes, durant les soixante dernières années, de la violence de dictateurs militaires, puis enragés ou trompés par la manipulation de la religion par l'Etat, les Pakistanais sont maintenant terrorisés par la "guerre au terrorisme" menée par l'Occident. Pourtant le Pakistan ne se résume pas à la somme de ses généraux et de ses jihadistes. La vallée de l'Indus a connu une fermentation politique, religieuse et littéraire ininterrompue, qui se compte en millénaires; une histoire que les Pakistanais partagent avec les Indiens et les Tibétains. Ces chroniques, ces souvenirs et ces mythes enchevêtrés, constituent l'héritage des peuples qui vivent aujourd'hui dans la vallée de l'Indus. Ce livre raconte un périple, une remontée géographique et historique, de la bouche à la source, de la naissance du Pakistan à Karachi à celle du fleuve au Tibet, des millions d'années auparavant. Au cours de son histoire, l'Indus aura porté plus de noms que ses habitants n'auront supporté de dictateurs. Le fleuve a conféré une logique à mes explorations; il est au coeur de ce livre parce qu'il pénètre la vie des peuples qui résident sur ses rives à la manière d'un charme. Des déserts du Sind aux montagnes du Tibet, l'Indus est révéré par des paysans et honoré par des poètes; plus qu'aux prêtres ou aux politiciens, c'est à l'Indus que va leur vénération. (couv.). 
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