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Afghanistan
Jomhuri-ye Eslami-ye Afghanestan

33 00 N, 65 00 E
L'Afghanistan est un pays d'Asie méridionale,enclavé entre l'Iran, le Pakistan, la Chine, le Tadjikistan, l'Ouzbékistan et le Turkménistan. C'est une république islamique, divisée administrativement en 34 provinces (welayat). La capitale de l'Afghanistan est Kaboul. Autres grandes villes : Kandahar, Hérat, Mazar-i-Sharif, Koundouz, Badakhshan. Population totale : environ 40 millions d'habitants (2025).

Les 34 provinces de l'Afghanistan

Badakhshan
Badghis
Baghlan
Balkh
Bamyan
Daykundi
Farah
Faryab
Ghazni
Ghor
Helmand
Herat
Jowzjan
Kaboul
Kandahar
Kapisa
Khost
Kunar
Koundouz
Laghman
Logar
Nangarhar
Nimroz
Nouristan
Ourouzgan
Paktika,
Paktiya
Panjshir
Parwan
Samangan
Sar-e Pul
Takhar
Wardak
Zaboul

L'origine du nom de ce pays est incertaine; on le fait dériver du sanscritasçava (cavaliers) dont on aurait fait Afghanistan, c.-à-d. « pays des cavaliers »; mais le nom étant persan, il est plus probablement tiré du mot persanafghan,  « gorge de montagne-». L'étendue de l'Afghanistan a varié selon les époques; il couvre aujourd'hui une superficie de 647,500 km². 
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Carte de l'Afghanistan.
Carte de l'Afghanistan. Source : The World Factbook.
(Cliquer sur l'image pour afficher une carte plus détaillée).

Géographie physique

Les montagnes de l'Afghanistan. 
L'Afghanistan, placé au Sud-Est et sur la limite du grand massif central de l'Asie, est un plateau, ou plus exactement la partie Nord-Est. du plateau de Iran. Il est traversé par plusieurs chaînes de montagnes importantes; la principale est celle de l'Hindou-kouch qui, commençant dans le Kafiristan vers le 72e degré longitude Est et le 37° degré latitude Nord, s'incline vers le Sud-Ouest  jusqu'au 66e degré de longitudes Est; à partir de ce point, la ligne des hauteurs longe le 34e degré de latitude Nord, prenant successivement le nom de Koh-i-baba (père des montagnes) et de monts Gour dont les deux ramifications parallèles ont appelées, celle du Nord Séfid-koh (monts blancs) et celle du Sud Siah-koh (monts noirs); le Séfid-koh s'étend jusqu'à l'Iran. Cette chaîne est appelée Paropamisade (mont Paropamisus des Anciens) par quelques géographes et l'Hindou-Kouch « Caucase indien ». 

L'Hindou-kouch, c.-à-d. « meurtrier des Hindous » à cause du nombre considérable de marchands Indiens qui ont péri en le traversant, est apelé aussi Hindou-koh, c.-à-d. montagne des Hindous, offre un caractère tout particulier : il est déchiré par de profondes gorges; les pics les plus élevés ne se trouvent pas dans la chaîne elle-même, mais dans les ramifications; le point le plus élevé de l'Hindou-kouch, point culminant de l'Afghanistan, le Nowshak ,atteint 7485 m. La passe de Bamyan à l'Ouest marque le commencement du Koh-i-baba, qui forme un massif isolé et dont le sommet atteint 5486 mètres. Le Séfid-koh s'abaisse graduellement : au Nord de Hérat la chaîne ne s'élève qu'à 300 mètres environ. Le Siah-koh maintient assez constamment la même altitude de 2000 mètres.

Il y a en outre deux chaînes de montagnes, les monts Gorat et les monts Gassarman, qui, formant comme deux gradins des monts Gour, courent du Nord-Est au Sud-Ouest et se terminent par un petit massif entre le 32e degré et le 33e degré latitude Nord; le point le plus important de ce massif a été appelé Koh-i pendj-Angoucht (montagne des Cinq Doigts). Une des ramifications de l'Hindou-kouch enveloppe la vallée de Kaboul; on lui donne aussi le nom de Séfid-koh (montagne blanche) que les géographes anglais ont orthographié Souféid-koh pour éviter une confusion de noms. Cette chaîne s'étend en droite ligne sur le 34e degré de latitude Nord et se brise à l'Est pour donner passage au fleuve de Kaboul au 69e degré longitude Est. Vers le 68e degré longitude Est, à angle droit avec le Souféid-koh, s'étendent les monts de Saulaïmân, ou Soulaïmàn-dagh, orientés du Nord au Sud; ils forment la limite géographique de l'Afghanistan; le point le plus élevé, le Takht-i-Soulaïmân (trône de Salomon) s'élève à 3454 mètres environ. Cette chaîne qui fait partie du bassin de l'Indus est traversée par plusieurs affluents de ce fleuve qui ont leur source sur le plateau. Du Souféid-koh et des monts Soulaïmàn se détachent un grand nombre de petites chaînes, orientées toutes du Nord-Est au Sud-Ouest, qui vont se réunir aux montagnes du Baloutchistan.
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Afghanistan, les lacs turquoise de Band-e-Amir.
Les lacs turquoise de Band-e-Amir, dans la province de Bamyan. Source : The World Factbook.

Les cours d'eau.
L'Afghanistan est divisé en trois bassins naturels par la grande chaîne de l'Hindou-kouch. Le fleuve de  Kaboul  est le cours d'eau le plus important par son volume; elle prend sa source dans les monts Paghman, une des ramifications de l'Hindou-Kouch, s'unit au Logar, puis, au-dessous de la ville de Kaboul, au Pendjhir; à quelques kilomètres de Djalalabad, elle reçoit le Kounar qui double presque son volume; les autres tributaires sont sans importance. A ce bassin se rattache le Kouram; cette rivière, formée par les neiges dans les montagnes à l'ouest du Soulaïmân-dagh, traverse la chaîne par la passe du même nom, et va rejoindre l'Indus. Le Gomoul court dans une vallée étroite, traverse aussi la chaîne de montagne, mais, épuisé par les irrigations, il se perd dans les sables avant d'avoir atteint l'Indus.

Au nord de l'Hindou-kouch s'étend le bassin de l'Amou-Daria, l'Oxus des anciens. Ce grand fleuve , dont une partie du cours sert avec l'Ouzbékistan et le tadjikistan, et prend sa source à l'extrémité Nord-Est de l'Afghanistan et son cours en forme la limite géographique jusqu'au 72e degré de longitude Est. Du grand nombre de rivières qui coulent des montagnes vers le Nord, quelques-unes seulement atteignent l'Oxus; le Kokéha, qui descend de l'Hindou-Kouch, le Kondouz qui prend sa source près de la passe de Bamyan, et le Kholm sont les trois seules grandes rivières de la rive gauche de l'Amou-Daria, et même la dernière est tellement affaiblie lorsqu'elle se réunit au fleuve; qu'elle n'ajoute rien à son volume. Le Daria-i-bourboun ou Balkh, qui rend sa source dans le Koh-i-baba, se perd dans les sables près de la ville de même nom (Balkh); il en est de même de l'Asar-ab, rivière de Sar-i-poul, et du Sangalatk, rivière de Maïméneh. Le Mourgh-ab, dernier cours d'eau du versant nord, coule jusqu'à Merv et se perd dans le désert. Le Héri-roud, ou fleuve de Hérat, est plus considérable; il prend sa source à l'extrémité occidentale du Koh-i-baba et coule dans la vallée formée par le Séfid-koh et le Siah-koh; vers le 58e degré de longitude Est, il tourne brusquement vers le Nord et forme la frontière de l'Iran jusqu'au Turkestan, où il va se perdre dans les sables.

Le bassin fermé du Ghazni couvre une superficie d'environ 17 000 km². Cette rivière descend de l'Hindou-Kouch vers le sud pour aller se jeter, par une altitude de 2150 mètres, dans le lac Ab-istâdah ou « Eau dormante » qui a 4 mètres à peine de profondeur. Le bassin du Hamoun couvre plus de la moitié de l'Afghanistan, une superficie de 500 000 km². Son fleuve le plus important est le Hilmend (l'Erymanthe des Anciens), qui court sur une longueur de plus de 1100 kilomètres; il prend sa source à l'extrémité orientale du Koh-i-baba, à 60 km environ de Kaboul, et coule vers le Sud-Ouest. Une des particularités de ce fleuve est son débordement périodique, qui sert, comme cela a longtemps été le cas de celui du Nil, à féconder sa vallée; sa largeur moyenne, qui est de 300 mètres, en atteint 900 à l'époque des crues. Son principal tributaire est l'Argend-ab, vers le 31e degré latitude Nord, grossi par le Tarnak, I'Arghésan et le Dori; le Hilmend décrit ensuite un demi-cercle de 450 kilomètres et se déverse dans le lac Hamoun (L'Iran) au milieu d'une plaine marécageuse. Ce lac couvrait autrefois une surface considérable avec une longueur de 400 kilomètres, mais il est réduit aujourd'hui à quelques petits lagons au milieu de marais ou de plaines salines; le dessèchement est dû sans doute au système d'irrigation en usage dans toute la contrée, qui amoindrit tous les cours d'eau et donne un caractère particulier au pays. Les deux autres tributaires importants du lac Hamoun sont le Haroud-roud et le Férah-roud au Nord; les petits lacs qui se forment dans le bassin de l'ancien lac Hamoun sont tous très variables, quant à leur étendue et à leur emplacement.

Le climat de l'Afghanistan. 
Comme tous les pays de hautes montagnes, l'Afghanistan possède un climat très varié : on peut, en une journée de marche, passer d'une température tropicale aux neiges perpétuelles. La température est même très inégale dans la même localité, non seulement de l'été à l'hiver, mais aussi du jour à la nuit. Les vents qui amènent la pluie au Pakistan et en Inde sont arrêtés par les monts de Soulaïmân; ceux qui soufflent en Afghanistan viennent principalement d'Arabie et sont chauds et secs. Dans certaines parties le simoun se fait sentir et le voyageur qui, surpris, n'en prévoit pas l'arrivée, devient pour ainsi dire inerte, sous son influence. La saison des pluies, appelée mousson du Sud-Ouest, se fait sentir dans la vallée du Kaboul, et les pluies commencent en juillet. Partout le printemps est précoce et de courte durée; il est suivi d'un été brûlant; mais la végétation est très rapide. (G. Bertin).
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Photo d'anciennes habitations en Afghanistan.
Anciennes habitations afghanes.

Biogéographie

Flore.
La flore de l'Afghanistan est, dans ses traits essentiels, celle de l'Anatolie et de l'Iran méridional. 

Les Astragales (Légumineuses-Papilionacées) y sont représentées par soixante espèces environ; viennent ensuite les Brassicacées, les Ombellifères, les Borraginées, les Labiées, les Artemisia, les Staticées épineuses. Les Armoises et un grand nombre de Labiées sont remarquables par leur parfum, et plusieurs auteurs affirment que les huiles essentielles renfermées dans ces plantes donnent à la chair des moutons et des chèvres une saveur aromatique.

En Afghanistan, le blé et l'orge croissent jusqu'à l'altitude de 2761 mètres, dans la région de Kaboul (1950 mètres), on cultive même le riz. (Louis Crié).

Faune.
L'Afghanistan appartient par sa faune à la région paléarctique et à la sous-région méditerranéenne dont il forme la limite orientale sur les confins de la sous-région indienne. Pays élevé et montagneux, se reliant, sans frontières naturelles précises, au Nord au Turkestan, à l'Ouest à l'Iran, au Sud au Baloutchistan, l'Afghanistan ne possède qu'une faune peu variée qui est celle des hautes steppes de l'Asie occidentale. Parmi les mammifères on note la Panthère (Felis ardus), le Renard (Vulpes Griffthii), le Porc-Epic (Hystrix leucura), le Lièvre (Lepus ruficaudatus), la Gerboise (Alactaga indica), le Sanglier (Sus scrofa , le Ghorkhur ou âne sauvage (Equus onager), une Gazelle (Antilope subgutturosa); les montagnes sont habitées par le Lagamys rufescens, voisin des Lièvres, par un Bouquetin (Capra megaceros) et un Moufflon (Ovis cycloceros).

Les oiseaux sont représentés par plusieurs espèces de Perdrix et de Faisans, mais la plupart se retrouvent en Iran.

Les poissons ont un faciès indien assez remarquable, qui semble indiquer, à une époque antérieure, un régime des eaux assez différent de celui qui existe aujourd'hui, et une communication avec l'Indus : on y observe les genres Mastacembelus, Ophiocephalus, Gallichrous, Amblyceps, Silurus, Discognathus, Oreinus, Schizothorax, etc., qui se rattachent aux faunes orientale et éthiopienne, mais dont plusieurs ont été retrouvés dans les eaux douces de l'Anatolie. (Trouessart). 

Géographie humaine

Démographie.
La population est estimée à environ 40 millions d'habitants, avec une densité relativement faible compte tenu de la surface, mais très variable selon les régions, les plaines fertiles et les vallées étant beaucoup plus densément peuplées que les vastes zones montagneuses ou désertiques. La majorité de la population reste rurale, bien que l'urbanisation s'accélère, principalement autour de la capitale Kaboul et d'autres grandes villes comme Kandahar, Hérat et Mazar-e Sharif, en partie alimentée par le déplacement interne dû aux conflits.

Les conflits ont causé des millions de morts et de blessés, détruit une grande partie des infrastructures (routes, écoles, hôpitaux, systèmes d'irrigation), et provoqué des déplacements massifs de population. Des millions d'Afghans sont devenus des réfugiés dans les pays voisins (principalement le Pakistan et l'Iran) ou plus loin, tandis qu'un grand nombre sont devenus des déplacés internes, qui vivent souvent dans des conditions précaires. Le retour des réfugiés, lorsqu'il a lieu, pose d'énormes défis en termes de réintégration, d'accès à la terre et aux services, et de tensions potentielles avec les communautés d'accueil ou les populations nouvellement installées. La fuite des cerveaux a également privé le pays d'une partie de ses élites éduquées et de ses professionnels.

La société est profondément diverse sur les plans ethnique, linguistique et culturel, unie par une forte identité religieuse mais fragmentée par des divisions tribales et historiques. Elle vit majoritairement de l'agriculture dans un environnement difficile, et est marquée de manière indélébile par les souffrances et les bouleversements causés par des décennies de conflit, de pauvreté et d'instabilité politique.

Les principales villes de l'Afghanistan

• Kaboul est la capitale de l'Afghanistan et sa plus grande ville. Située dans une vallée entourée de montagnes, elle est le centre politique, économique et culturel du pays. Malgré les décennies de conflits, Kaboul reste une ville dynamique où se concentrent les institutions gouvernementales, les ambassades, les universités et les marchés traditionnels.

• Kandahar, dans le sud du pays, est une ville historique et stratégique. Elle a longtemps été un centre du pouvoir politique et militaire, notamment sous le règne d'Ahmad Shah Durrani, fondateur de l'Afghanistan moderne. Aujourd'hui, Kandahar reste un pôle commercial majeur, particulièrement dans le secteur agricole.

• Hérat, à l'ouest, est réputée pour son patrimoine historique et culturel. Ancienne cité de la Route de la soie, elle a conservé des monuments impressionnants comme la mosquée du Vendredi et la citadelle. C'est aussi un centre artistique et intellectuel, avec une forte influence persane.

• Mazar-e Charif, dans le nord, est un important centre religieux et commercial. La ville est célèbre pour le sanctuaire de l'Imam Ali, l'un des lieux les plus sacrés du pays. Sa position géographique en fait un point de contact avec l'Asie centrale, et elle joue un rôle important dans les échanges transfrontaliers.

• Jalalabad, située à l'est, entre Kaboul et la frontière pakistanaise, est un centre agricole et commercial important. Elle est connue pour son climat doux, ses vergers et sa production de fruits, notamment les agrumes et les grenades.

• Kunduz, au nord-est, est un carrefour stratégique qui a connu de nombreux conflits en raison de sa position géographique. Elle reste un centre agricole et commercial vital pour la région nord, malgré les instabilités.

• Ghazni, dans le centre-est du pays, possède un riche passé. Ancienne capitale d'un empire médiéval, elle conserve des traces architecturales  importantes. Aujourd'hui, elle est un centre provincial stratégique, malgré les tensions sécuritaires récurrentes.

Groupes ethnolinguistiques.
L'Afghanistan, carrefour historique de civilisations et de routes commerciales, présente une mosaïque ethnolinguistique d'une grande complexité et diversité. Sa position géographique, au coeur de l'Asie, entre l'Asie Centrale, le sous-continent indien et le Moyen-Orient, a favorisé les migrations et les interactions entre de nombreux peuples au cours des siècles. Cette richesse culturelle se reflète dans la composition de sa population, composée de nombreux groupes parlant différentes langues, majoritairement issues des familles indo-européenne et turcique, et adhérents principalement à l'islam sunnite, avec une minorité chiite significative.

Les Pachtounes constituent le groupe majoritaire, principalement concentrés dans le sud et l'est, mais présents dans tout le pays. Les Tadjiks sont le deuxième groupe en importance, habitant principalement le nord-est et l'ouest. Les Hazaras, majoritairement chiites, se trouvent principalement dans le centre montagneux, connu sous le nom de Hazarajat. Parmi les autres groupes significatifs on mentionnera les Ouzbeks et les Turkmènes dans le nord, ainsi que les Aimaks, les Baloutches, les Nuristanis, et d'autres minorités. 

L'identité en Afghanistan est complexe, mêlant appartenance ethnique, linguistique, tribale, régionale, religieuse et clanique. Cette grande diversité a été une source de richesse culturelle et de traditions variées, mais elle a aussi, à différentes périodes de l'histoire du pays, été un facteur de tensions et de conflits, souvent instrumentalisée dans les luttes pour le pouvoir. La distribution géographique des groupes est rarement exclusive, et de nombreuses régions, en particulier les villes, sont multiethniques.

Les Pashtouns.
Les Pashtouns constituent le groupe ethnolinguistique le plus important. On estime qu'ils représentent entre 40 et 50% de la population afghane, bien que les chiffres varient considérablement en l'absence de recensement précis (le dernier date de 1979 et était incomplet). Leur langue est le pashto, une langue indo-iranienne. Ils habitent principalement le sud, l'est et certaines parties de l'ouest et du nord du pays, et forment également le groupe majoritaire dans les régions frontalières avec le Pakistan. Les Pashtouns sont divisés en de nombreuses tribus et sous-tribus (comme les Durrani, les Ghilzai, les Karlani, etc.), et sont fortement liés à une culture tribale et à un code d'honneur traditionnel, le pashtounwali. Traditionnellement associés au pouvoir politique en Afghanistan, ils sont majoritairement sunnites.

Les Tadjiks.
Les Tadjiks forment le deuxième groupe en importance, avec environ 25 à 30% de la population. Leur langue est le dari, qui est la forme afghane du persan et sert de langue véhiculaire dans une grande partie du pays, en particulier dans les centres urbains. Les Tadjiks se trouvent principalement dans le nord, le nord-est (notamment dans la vallée du Panjshir) et l'ouest (province de Hérat) de l'Afghanistan. Ils sont ordinairement associés aux centres urbains, à l'administration, au commerce et à la vie intellectuelle du pays. Ils sont majoritairement sunnites.

Les Hazaras.
Les Hazaras représentent une part significative de la population, les estimations variant entre 10 et 20%. Leur langue est le hazaragi, un dialecte distinct du dari qui contient des influences turques et mongoles. Les Hazaras sont concentrés dans les hautes terres centrales arides et montagneuses de l'Afghanistan, une région connue sous le nom de Hazarajat, mais leur présence dans les villes, notamment Kaboul, a considérablement augmenté au cours des dernières décennies. Les Hazaras se distinguent par leur appartenance majoritaire à l'islam chiite (principalement duodécimain), une minorité religieuse au sein d'un pays majoritairement sunnite, ce qui a souvent entraîné des discriminations et des persécutions historiques à leur encontre.

Les Ouzbeks.
Les Ouzbeks sont un groupe turcophone, qui constituent environ 6 à 9% de la population. Leur langue est l'ouzbek, étroitement liée aux langues turques d'Asie Centrale. Ils résident principalement dans le nord de l'Afghanistan, le long de la frontière avec l'Ouzbékistan. Historiquement liés aux khanats d'Asie Centrale, les Ouzbeks afghans sont majoritairement sunnites.

Les Aimaks.
Les Aimaks, dont l'estimation de la population varie considérablement (entre 1 et 5%), sont un ensemble de tribus et de groupes semi-nomades que l'on considère comme liés aux Tadjiks ou comme un groupe distinct. Ils parlent des dialectes du dari et sont présents dans le nord-ouest du pays. Leur classification ethnique est parfois débattue.

Les Turkmènes.
Les Turkmènes, un autre groupe turcophone (environ 1 à 3%), vivent également dans le nord de l'Afghanistan, principalement le long de la frontière avec le Turkménistan. Leur langue est le turkmène. Ils sont connus pour leur artisanat, notamment la production de tapis. Ils sont majoritairement sunnites.

Les Baloutches.
Les Baloutches (environ 1 à 2%) sont un groupe iranophone dont la langue est le baloutchi. Ils se trouvent principalement dans le sud-ouest désertique de l'Afghanistan, le long de la frontière avec le Pakistan et l'Iran. Ils sont souvent nomades ou semi-nomades et majoritairement sunnites.

Les Nouristanis.
Les Nouristanis (environ 1%) habitent les montagnes de l'est, dans la province qui porte leur nom (anciennement Kafiristan). Ils parlent diverses langues nouristanies, qui forment une branche distincte au sein des langues indo-aryennes. Historiquement connus pour avoir maintenu une religion polythéiste jusqu'à leur conversion forcée à l'islam à la fin du XIXe siècle, les Nouristanis sont aujourd'hui majoritairement sunnites.

Les Pashayis.
Les Pashayis, un groupe plus petit également présent dans les montagnes de l'est, parlent les langues Pashayi, qui sont aussi classées comme indo-aryennes.

Autres groupes.
D'autres groupes ethnolinguistiques plus petits contribuent à la diversité afghane. On trouve les Brahuis (un groupe parlant une langue dravidienne unique dans cette région, présent dans le sud-ouest), les Kyrgyz ou Kirghizes (un groupe turcophone vivant dans les hautes altitudes du corridor du Wakhan, à l'extrême nord-est), les Qizilbash (historiquement liés à l'Iran, souvent chiites et parlant Dari), ainsi que des communautés plus petites comme les Arabes (parlant des dialectes arabes dans certaines régions du nord), et des minorités religieuses et ethniques non musulmanes comme les Sikhs et les Hindous (parlant Punjabi ou Sindhi, principalement dans les centres urbains, bien que leur nombre ait drastiquement diminué en raison des conflits et des persécutions).

Culture.
L'Afghanistan, terre ancienne et carrefour de civilisations au coeur de l'Asie, possède une culture façonnée par des millénaires d'histoire, de migrations et d'échanges, ainsi que par une géographie souvent montagneuse et isolée qui a favorisé le maintien de traditions fortes et diverses. 

Au coeur de la vie afghane se trouve l'Islam, la religion dominante, qui imprègne profondément les valeurs, les coutumes et le rythme quotidien de la majorité de la population. La religion dicte non seulement les pratiques comme la prière et le jeûne pendant le Ramadan, mais influence également les interactions sociales, les lois coutumières et la perception du monde. Les fêtes religieuses comme l'Aïd al-Fitr et l'Aïd al-Adha sont célébrées avec ferveur et sont des moments importants de rassemblement familial et communautaire.

La vie quotidienne est souvent rythmée par les coutumes sociales et les rassemblements informels. Le thé vert est la boisson de l'hospitalité et de la conversation, servi dans de petites tasses. Les repas sont des moments de partage, souvent pris en commun, assis sur des tapis par terre. La cuisine afghane met en valeur le riz, souvent préparé en plats riches comme le pulao, ainsi que le pain plat (nan), les brochettes (kebab), les plats mijotés (qorma) et une grande variété de fruits frais et secs, de noix et d'épices.

La structure sociale est fortement centrée sur la famille élargie et le clan ou la tribu, particulièrement en dehors des zones urbaines. La loyauté envers la famille et le groupe est primordiale. Le respect des anciens est une valeur fondamentale, et les conseils des aînés sont recherchés et honorés. Les rôles de genre tendent à être traditionnellement définis, bien que cela varie considérablement entre les villes et les zones rurales, ainsi qu'au sein des différentes couches sociales et groupes ethniques. L'honneur familial et personnel (ordinairement désigné par le terme pachtoun nang) est d'une importance capitale et guide de nombreux comportements et décisions. Des codes d'honneur traditionnels, comme le pashtunwali chez les Pachtounes, bien que spécifiques à un groupe, ont influencé certaines valeurs partagées par d'autres communautés, telles que l'hospitalité, le courage (ghairat), la justice et le pardon.

Le pashtunwali est un ensemble de traditions et de coutumes qui régissent la vie des Pashtounes, une des principales ethnies d'Afghanistan ainsi que du Pakistan. Il sert de code de conduite moral et social, structurant les relations entre individus et communautés. Le pashtunwali repose sur plusieurs principes fondamentaux, parmi lesquels : l'hospitalité et la générosité (melmastia) envers les invités ou les étrangers et, de façon générale, dans les relations sociales; l'asile ou refuge (nanawatai) donné à ceux qui demandent protection; le droit à la vengeance(badal)  pour restaurer l'honneur ou la justice après un tort subi. Le pashtunwali joue un rôle central dans la société afghane; il influence les décisions, les comportements et les relations interpersonnelle.
Une caractéristique universelle et sacrée de la culture afghane est l'hospitalité (mélmastī). Accueillir un invité, même un étranger, est considéré comme un devoir moral et religieux. Les Afghans sont réputés pour leur générosité et feront tout leur possible pour assurer le confort et la sécurité de leurs hôtes, partageant souvent le peu qu'ils possèdent. L'invité est traité avec le plus grand respect, et lui faire du mal est une offense grave contre l'honneur de l'hôte.

La poésie occupe une place d'honneur dans la culture afghane. C'est une forme d'art très respectée, récitée et chantée lors de nombreuses occasions sociales. Des figures historiques comme Roumi, bien que souvent associé à la Perse, est né près de Balkh en Afghanistan actuel et fait partie de ce riche héritage poétique partagé. La musique traditionnelle, utilisant des instruments comme le rabâb, le djembe ou la tabla, est également importante, même si elle a été restreinte ou interdite par certains régimes. L'artisanat est une autre expression culturelle majeure, notamment la fabrication de tapis d'une grande beauté et qualité, la poterie, la joaillerie et les broderies.

Les traditions et coutumes sociales sont nombreuses et varient selon les régions. Les mariages sont des événements sociaux majeurs, impliquant souvent de longues négociations et des célébrations s'étendant sur plusieurs jours. Les rassemblements masculins informels dans les chambres d'hôtes (hujra chez les Pachtounes) ou les maisons de thé sont des lieux importants pour discuter des affaires, des nouvelles et de la politique locales. Le sport national est le buzkashi, un jeu équestre rugueux et spectaculaire qui incarne l'esprit de compétition et la force.

Le buzkashi est un sport traditionnel populaire en Afghanistan, ainsi que dans certaines régions du Turkménistan, du Kirghizistan et du Tadjikistan. Ce jeu, parfois qualifié de « polo mongol », consiste à chevaucher un cheval tout en essayant de transporter une carcasse de mouton (ou un objet similaire) d'un côté du terrain à l'autre, tout en résistant aux attaques des autres joueurs. Les joueurs, armés de longues lanières de cuir, doivent s'emparer de la carcasse, la soulever et la déposer dans un but situé à l'opposé du terrain. Le tout se fait dans une ambiance extrêmement compétitive et spectaculaire, avec des chevaux puissants et des cavaliers aguerris. Le buzkashi est non seulement un sport, mais aussi une expression de bravoure et de compétence équestre. Il est couramment joué lors de grandes célébrations comme les mariages, les fêtes nationales ou les festivals religieux.
Économie.
Profondément marquée et fragilisée par des décennies de guerre, d'instabilité politique et de dépendance à l'aide internationale, l'économie de l'Afghanistan est l'une des plus pauvres et des moins développées du monde. C'est une économie majoritairement rurale, informelle et largement axée sur l'agriculture.

Avant le retour des Talibans au pouvoir en août 2021, l'économie afghane dépendait de manière écrasante de l'aide extérieure (qui représentait jusqu'à 75% du budget de l'État et 40% du PIB selon certaines estimations). Cette aide finançait une part très importante du budget gouvernemental, des projets de développement et soutenait les services essentiels. Cette dépendance a créé une économie artificielle, très vulnérable aux fluctuations de l'aide et aux changements politiques externes. Les revenus internes provenaient principalement des taxes et des droits de douane, mais la base fiscale était étroite, et la corruption limitait l'efficacité de la collecte des recettes.

Les principaux défis structurels de l'économie afghane concernent l'insécurité chronique, la corruption endémique à tous les niveaux, la faiblesse de l'état de droit et des institutions, le manque criant d'infrastructures (routes, électricité, télécommunications), un système éducatif et de santé sous-financé et inégal, un faible niveau d'éducation et de compétences de la main-d'oeuvre, un accès limité au crédit, et l'exode des professionnels qualifiés (fuite des cerveaux). Le taux de chômage est structurellement élevé, et touche particulièrement les jeunes.

Le retour des Talibans au pouvoir a eu un impact économique catastrophique. Le gel des milliards de dollars d'actifs de la banque centrale afghane détenus à l'étranger par les États-Unis, la suspension quasi totale de l'aide internationale non humanitaire et l'imposition de sanctions ont entraîné une crise de liquidités sévère, l'effondrement du système bancaire (ou du moins sa paralysie), une augmentation massive du chômage, une flambée des prix des denrées alimentaires et une aggravation sans précédent de la pauvreté et de l'insécurité alimentaire. L'économie formelle s'est drastiquement contractée, tandis que l'économie informelle et, potentiellement, les activités illicites, ont gagné en importance par défaut. L'isolement international et les sanctions limitent considérablement les possibilités d'exportation et d'accès aux marchés mondiaux. Les restrictions imposées aux femmes par le régime ont également eu un impact économique négatif significatif en réduisant leur participation à la force de travail et aux entreprises.

Actuellement, l'économie afghane est dans un état critique, confrontée à une crise humanitaire majeure, avec une large majorité de la population vivant sous le seuil de pauvreté. Les perspectives de reprise et de développement durable sont extrêmement incertaines en raison du manque de reconnaissance internationale du régime actuel, du maintien du gel des actifs et des sanctions, de la poursuite des défis internes et de l'absence d'un environnement propice aux investissements et au commerce. L'économie reste extrêmement fragile, dépendante de l'aide humanitaire (qui ne peut pas remplacer l'aide au développement structurelle) et très vulnérable à de nouveaux chocs.

Agriculture.
L'agriculture reste le pilier de l'économie pour une grande partie de la population. Elle représente une part significative de l'emploi et contribue de manière importante au PIB, bien que les données précises soient difficiles à obtenir dans le contexte actuel. L'agriculture est largement basée sur des pratiques de subsistance, avec des cultures traditionnelles comme le blé, l'orge, le maïs, le riz, ainsi que des fruits variés (raisins, melons, grenades, abricots) et des noix. Cependant, la culture du pavot à opium a historiquement joué un rôle économique majeur, fourni des revenus substantiels mais illicites et alimenté une économie parallèle importante, tout en contribuant à la corruption et à l'instabilité. Les tentatives pour encourager les cultures de remplacement ont eu un succès mitigé et variable selon les régions et les époques. L'accès à l'eau pour l'irrigation est un défi constant, dépendant fortement des conditions climatiques.

Industrie.
Le secteur industriel est très limité et sous-développé. Il se compose principalement de petites entreprises et d'ateliers artisanaux (textile, cuir, tapis) et de quelques usines modestes axées sur le traitement des produits agricoles ou la production de matériaux de construction. L'industrie manufacturière à grande échelle est quasi inexistante en raison du manque d'infrastructures, d'investissements, de compétences et de sécurité.

Mines et ressources naturelles.
L'Afghanistan possède des ressources minérales potentiellement vastes, notamment du cuivre, du minerai de fer, du chrome, de l'or, des pierres précieuses (lapis-lazuli, émeraude), et surtout, d'énormes gisements potentiels de lithium, cobalt et terres rares. Cependant, l'exploitation de ces gisements est largement entravée par l'insécurité, l'absence d'infrastructures de transport adéquates, le manque de capital d'investissement étranger (réticent en raison des risques), la corruption et des défis techniques complexes. Le potentiel minier reste donc largement inexploité et ne contribue que marginalement à l'économie formelle pour l'instant. L'extraction qui a lieu est souvent artisanale, dangereuse et largement illégale. Quelques contrats, notamment avec la Chine, existent pour l'extraction de cuivre, mais leur mise en oeuvre est lente.

Services.
Le secteur des services est également sous-développé et a été sévèrement affecté par des décennies de conflit. Les services publics sont largement insuffisants, et les services privés comme la finance, les télécommunications ou le tourisme (qui était minime avant le conflit) peinent à se développer dans un environnement aussi instable.

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