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Le féminisme

En termes généraux, on entend par féminisme toute revendication de l'extension des droits et de la place des femmes dans la société. L'existence d'une telle revendication procède d'un fait qui traverse l'histoire et que l'on constate dans toutes les grandes civilisations, elles mêmes portées par de religions dites patriarcales (c'est-à-dire qui justifie à travers la figure paternelle la prééminence masculine), celui de la domination des hommes sur les femmes. Une injustice fondamentale, qui appelle cette exigence de justice qu'est avant tout le féminisme.

Cette exigence à laquelle nous ne concevons plus qu'elle puisse avoir d'autres limites que celles que posent la définition des mots - la justice c'est l'égalité et l'égalité c'est l'égalité - s'est constituée progressivement. Il a fallu le temps que soient identifiées et nommées, et parviennent ensuite à obtenir un débouché dans l'expression sociale, les injustices commises en raison du sexe ou du genre des personnes. Les revendications féministes ont ainsi évolué au fil du temps, en réponse à des contextes socio-économiques, culturels et politiques très divers. Pendant longtemps, le féminisme ne s'exprime que par une revendication du droit des femmes à l'éducation. 

A partir du XVIIIe siècle, s'affirme l'idée que les femmes doivent aussi bénéficier de l'égalité dans tous les aspects de la vie (Première vague du féminisme). Cela concerne non seulement l'éducation, mais aussi les droits civiques, politiques, économiques et sociaux. Par la suite sont apparues les revendications de reconnaissance du droit des femmes à prendre des décisions concernant leur propre vie, corps et avenir (Deuxième vague féministe), des revendications concernant l'abolition des lois et des pratiques discriminatoires basées sur le sexe ou le genre (Troisième vague), mais aussi la fin des pratiques discriminatoire non-institutionnelles (harcèlement et abus, notamment) (Quatrième vague ou vague #MeToo). Chaque vague a apporté des avancées significatives tout en ouvrant la voie à de nouvelles formes de pensée et de militantisme féministe.

L'histoire du féminisme 

Les premières expressions du féminisme.
Certaines femmes, comme Hypatie d'Alexandrie, se distinguent par leurs contributions intellectuelles. Au Moyen âge, des figures comme Christine de Pisan défendent les droits des femmes et leur éducation. Au début du XVIIe siècle, Marie de Gournay plaide pour l'éducation des femmes et pour la reconnaissance de leur rôle intellectuel. Chaque fois, il ne s'agit que de l'expression d'individualités, pas d'un mouvement à caractère sociologique.

La Première vague.
Le Siècle des Lumières.
Les idées émancipatrices des Lumières s'expriment à partir de Révolution française. Olympe de Gouges, rédige ainsi en 1791 la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne., qui se veut le pendant de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (Les sociétés fraternelles des deux sexes). En Angleterre, Mary Wollstonecraft écrit A Vindication of the Rights of Woman (1792), qui plaide pour l'égalité complète des sexes et l'éducation des femmes.

Le XIXe siècle.
Le mouvement suffragiste apparaît au XIXe siècle, avec des femmes qui luttent pour le droit de vote. Des figures comme Susan Anthony et Elizabeth Stanton aux États-Unis et Emmeline Pankhurst, initiatrice du mouvement des suffragettes, au Royaume-Uni sont des phares du féminisme de cette époque. On voit aussi, au même moment, des femmes qui commencent à remettre en question les effets du colonialisme sur les femmes dans les colonies. La culture occidentale, qui commence à être connue en Asie a aussi un impact sur les volontés d'émancipation des femmes, par exemple chez Xue Shaohui, en Chine.

Début du XXe siècle.
Le 19e amendement aux États-Unis accorde en 1920 le droit de vote aux femmes. Entre 1918 et 1928, le droit de vote est progressivement accordé aux femmes au Royaume-Uni. Une des revendications est aussi dès cette époque celle du droit des femmes mariées à posséder des biens et à disposer de leurs revenus.

La deuxième vague.
En France, Simone de Beauvoir (Le Deuxième sexe), dès 1949, et un peu plus tard, Hélène Cixous (Le Rire de la Méduse, 1975), donnent visage au féminisme de dit de la Deuxième vague. Aux Etats-Unis, Margaret Mead fait paraître en 1963 Male and female, qui étudie les role de genre dans diverses sociétés, et, dans un contexte de mouvements sociaux pour les droits civiques et contre la guerre du Vietnam, Betty Friedan publie The Feminine Mystique (1963), qui fait porter l'attention sur l'aliénation des femmes au foyer. L'égalité professionnelle et salariale devient une revendication de premier plan.

Cette époque est aussi celle de la lutte pour autonomie sur le corps et les choix reproductifs, c'est-à-dire pour l'accès à la contraception et à l'avortement (jusrisprudence Roe vs. Wade en 1973 aux États-Unis; loi Newirth (1966) légalisant la pilule contraceptive et loi Veil (1977) légalisant l'avortement en France). Ses avancées permettent la libération sexuelle et, aussi, corrélativement; la reconnaissance de la diversité et des orientations sexuelles.

D'autres aspects doivent aussi être soulignés. Il existe dès cette époque une mobilisation contre les violences domestiques et sexuelles; des refuges pour les femmes victimes de violence sont créés. Une législation pour protéger les femmes contre le viol et les agressions sexuelles commence à se mettre en place. Le féminisme devient aussi à cette époque un mouvement mondial : des congrès internationaux et des réseaux de solidarité transnationaux voient le jour.

La troisième vague.
A partir des années 1990, on assiste à une réaction contre les limitations perçues de la deuxième vague et ses tendances perçues comme centrées sur les femmes blanches de classe moyenne. Kimberlé Crenshaw, popularise la notion d'intersectionnalité, qui recouvre une analyse de la manière dont les différentes formes d'oppression (sexe, origine, classe, sexualité) se chevauchent. L'accent est alors mis sur les expériences variées des femmes, selon qu'elles sont discriminées du fait de leur couleur de peau, de leurs préférences sexuelles ou de leur identité de genre ou de leur classe sociale. Le féminisme infuse dans la musique, le cinéma, la mode, et d'autres aspects de la culture populaire. Les représentations des femmes dans les médias sont questionnées. Des représentations positives et diversifiées des femmes sont promues.

La quatrième vague.
La quatrième vague émerge à l'ère des réseaux sociaux et des nouvelles technologies de communication. Le mouvement Me too ( = moi aussi) apparu dès 2007 se cristallise via le hashtag ( = mot-dièse) #MeToo, en 2017, et correspond à une campagne de dénonciations d'actes (agressions sexuelles, harcèlement, etc.) dont des femmes ont été les victimes, en même qu'elle porte les voix de ces victimes. Dans le même temps, les réseaux sociaux sont utilisés pour mobiliser, sensibiliser et créer des communautés féministes.

Devant les remises en cause des droits acquis dans le années 1960 et 1970 - en particulier le droit à l'avortement -, de façon très claire aux Etats-Unis aujourd'hui, et aussi en Europe sporadiquement, on constate un renouveau de la lutte pour l'accès aux soins de santé reproductive pour toutes les femmes, et en particulier pour les plus marginalisées.

Les féministes de la quatrième vague se préoccupent aussi des droits des femmes à travers le monde, avec des campagnes contre les mariages forcés, les mutilations génitales féminines et pour l'éducation des filles.

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