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00 N, 75 00 E |
Le Kirghizistan
(l'ancienne Kirghizie) est un Etat d'Asie
centrale, enclavé entre le Kazakhstan, la
Chine ,
le Tadjikistan et l'Ouzbékistan
et d'une superficie de 199.951 km².
Cette république est divisée administrativement
en une ville (shaar), Bishkek Shaary, et 7 provinces
(oblastlar) : Batken Oblasty, Chuy Oblasty (chef-lieu : Bishkek),
Jalal-Abad Oblasty, Naryn Oblasty, Osh Oblasty, Talas Oblasty, Ysyk-Kol
Oblasty (ch.-l. : Karakol)
La capitale est Bishkek (900.000
habitants) et il n'y a qu'une autre ville importante, Osh (200.000
hab.). Population totale : 6,5 millions d'habitants en 2021.
-
Carte
du Kirghizistan. (Cliquer sur l'image pour afficher
une carte plus détaillée).
Géographie physique
Relief et topographie
Le Kirghizistan
est majoritairement montagneux, avec plus de 90% de son territoire situé
à plus de 1000 mètres d'altitude. Les principales chaînes de montagnes
sont les monts Tian Chan à l'est et les monts Pamir au sud. Les monts
Tian
Chan occupent la majeure partie de l'est et du centre du Kirghizistan.
Ils s'étendent sur environ 2500 kilomètres et comprennent certains des
sommets les plus élevés d'Asie centrale. Les monts Pamir, situés dans
le sud-ouest, sont une extension des montagnes du Pamir
du Tadjikistan. Points Culminants :
• Pic
Pobedy (Pic de la Victoire). - Le plus haut sommet du Kirghizistan.
Culminà à 7439 mètres. Situé à la frontière avec la Chine, dans les
Tian Chan.
• Pic
Lénine. - Situé dans les Pamir. Altitude de 7134 mètres, à la frontière
avec le Tadjikistan.
La vallée de Fergana
est une région fertile partagée avec l'Ouzbékistan et le Tadjikistan,
importante pour l'agriculture. La vallée de Chuy, située au nord, abrite
la capitale Bichkek
et est également une zone agricole clé.
Hydrographie.
Il y a plusieurs
lacs notables au Kirghizistan. L'Issyk-Koul est le deuxième plus
grand lac alpin du monde, avec une superficie d'environ 6236 km². Il est
situé à une altitude de 1607 mètres, mais il ne gèle jamais en raison
de sa salinité modérée. Le Son-Koul est un lac d'altitude, situé Ã
3016 mètres. Il ses rives sont utilisées commme pâturage d'été par
les bergers. Le Chatyr-Kul est un lac situé près de la frontière avec
la Chine. Il est à une altitude de 3530 mètres.
Parmi les rivières
qui traversent le pays, on trouve la Naryn, qui est la plus longue rivière
du Kirghizistan. Elle le traverse d'est en ouest avant de rejoindre la
Syr-Daria
en Ouzbékistan. La Chu est ne rivière importante qui traverse la vallée
de Chuy et continue vers le Kazakhstan. La Talas prend sa source
dans les Tian Chan et se jette dans la vallée de Talas au Kazakhstan.
Les rivières et
les lacs sont cruciaux pour l'irrigation, l'hydroélectricité et les usages
domestiques.
Climat.
Le Kirghizistan
a un climat continental extrême, caractérisé par des étés chauds et
secs et des hivers froids et rigoureux. Les variations climatiques sont
fortement influencées par l'altitude et la topographie.
En hiver, les températures
peuvent descendre jusqu'à -30°C, en particulier dans les régions montagneuses.
En été, les températures peuvent atteindre 40°C dans les vallées.
Les pprécipitation
varient considérablement selon les régions. Elles sont plus abondantes
dans les zones montagneuses et moins dans les vallées et les plaines.
Ecosystèmes.
Faune et flore.
Les montagnes abritent
une grande diversité d'écosystèmes, allant des forêts de conifères
aux prairies alpines et aux déserts de haute altitude.
La flore comprend
des espèces comme le noyer, le sapin, le genévrier et diverses plantes
alpines. La vallée d'Arslanbob est célèbre pour ses vastes forêts de
noyers.
La faune est composéeI
d'espèces comme la panthère des neiges, l'ibex, le mouton Marco Polo,
et diverses espèces d'oiseaux.
Il y a plusieurs
parcs nationaux et réserves. La réserve de Biosphère de Sary-Chelek
se signale par son lac magnifique et sa biodiversité. Le parc national
d'Ala-Archa est un lieu populaire pour la randonnée et l'alpinisme, proche
de la capitale Bichkek.
Le pays est confronté
à la déforestation, à la dégradation des terres et à la pollution
de l'eau. La fonte des glaciers due au changement
climatique, affecte l'approvisionnement en eau. Divers programmes et
projets visent la conservation de la biodiversité et la gestion durable
des ressources naturelles.
-
Le
massif du Tian Chan, vu depuis le musée en plein air de Chopa
Ata,
sur
les bords du lac Ysyk Köl (Nord-Est du Kirghizstan). Source
: The World Factbook.
Géographique humaine
Population.
Le Kirghizistan
est peuplé d'environ 6,5 millions d'habitants. Soit environ 30 habitants
par km², mais la densité varie considérablement en fonction des régions.
Cette population comprend 73% de Kirghizes, 14% d'Ouzbeks et 6% de Russes.
Les Dunganes, les Ouïghours, les Tadjiks et autres minorités ethniques
représentent le reste.
La langue officielle
est le kirghize et le russe est la langue officielle de communication
interethnique. Le russe, utilisé couramment dans les affaires et l'administration.
La majorité de la
population est musulmane sunnite. Le pays se caractérise par un islam
modéré, influencé par les traditions préislamiques.
Les traditions nomades
restent vivaces, notamment à travers les festivals et les jeux équestres
comme le kok-boru.Les yourtes sont encore utilisées, surtout dans les
régions montagneuses.
Le taux d'alphabétisation
est élevé, héritage de la période soviétique. Les institutions éducatives
sont présentes mais souffrent de financements limités.
Les principales
villes du Kirghizistan
| •
Bichkek.
- Capitale du Kirghizistan et la plus grande ville du pays. Située dans
la vallée de Chuy, au nord du pays, près de la frontière avec le Kazakhstan.
Centre politique, administratif et économique du pays. Héberge le siège
du gouvernement, les ambassades étrangères et les principales institutions
économiques et culturelles. Population : environ 1 million d'habitants.
Attractions et Infrastructure : des monuments emblématiques comme la Place
Ala-Too, le Musée historique d'État, et l'université nationale du Kirghizistan.
Ville connue pour ses parcs, comme le parc Panfilov, et ses marchés animés,
tels que le bazar.
• Och. -
Située dans le sud du Kirghizistan, proche de la frontière avec l'Ouzbékistan,
dans la vallée de Fergana. La ville est un centre commercial important
avec des liens étroits avec l'Ouzbékistan. Une des plus anciennes villes
du Kirghizistan, souvent appelée "la ville du Sud". Population
: environ 300 000 habitants. Attractions : la vieille ville et la mosquée;
le bazar d'Och, l'un des plus grands et des plus animés du pays; la montagne
de Suleiman, un site inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco, est un
lieu de pèlerinage et offre des vues panoramiques. |
•
Jalalabad.
- Située dans le sud-ouest du Kirghizistan, dans la vallée de Jalalabad,
près de la rivière Jalalabad. La ville est connue pour son agriculture,
notamment la culture de fruits et légumes. Point central pour l'exportation
de produits agricoles vers les pays voisins. Population : environ
100 000 habitants. Attractions : le parc naturel de Besh-Tash
et les sources thermales environnantes sont des destinations populaires
pour les amateurs de nature et de plein air. La ville est un point de départ
pour parcourir les montagnes environnantes et les sites historiques.
• Karakol.
- Située dans l'est du Kirghizistan, au bord du lac Issyk-Koul, entourée
par les montagnes des Tian Shan. Connue comme une porte d'entrée vers
le lac Issyk-Koul et les montagnes environnantes, offrant des opportunités
pour la randonnée, l'alpinisme et le ski. C'est un centre important pour
le tourisme de montagne et les sports d'hiver. Population : environ
80 000 habitants. Attractions : le lac Issyk-Koul, avec
ses plages et ses activités nautiques; le parc national d'Ala-Archa, réputé
pour ses paysages montagneux et ses sentiers de randonnée; le musée de
Karakol, qui offre un aperçu de la culture de la région. La ville possède
des bâtiments historiques comme l'ancienne église russe et des mosquées. |
--
Groupes ethnolinguistiques
Le
Kirghizistan est caractérisé par une riche diversité ethnolinguistique,
reflet de son histoire, des migrations et des politiques de l'ère soviétique.
Cette mosaïque humaine constitue un aspect fondamental de la société
kirghize contemporaine. Le kirghiz est la langue d'État, tandis que le
russe a le statut de langue officielle et conserve une grande importance
dans l'administration, les affaires et comme langue interethnique, particulièrement
dans les centres urbains.
Kirghizes.
Le groupe ethnique
le plus important est celui des Kirghizes, population d'origine turque
dont la langue appartient à la branche kirghiz-kiptchak des langues turques.
Représentant la majorité de la population, ils sont historiquement associés
à une culture nomade ou semi-nomade, bien que la sédentarisation soit
désormais largement répandue. Leur identité est intrinsèquement liée
au pays, à ses montagnes et à ses traditions. Ils sont présents sur
l'ensemble du territoire, mais leur proportion est généralement plus
élevée dans les zones rurales et montagneuses.
Ouzbeks.
Le deuxième groupe
numériquement important est celui des Ouzbeks. Également turcophones,
leur langue est proche des langues turques ouzbèkes et sont majoritairement
concentrés dans le sud du pays, notamment dans la vallée
de Ferghana, une région densément peuplée partagée avec l'Ouzbékistan
et le Tadjikistan. Historiquement liés à des cultures sédentaires de
villes et d'agriculture, ils constituent une composante vitale de l'économie
et de la société du sud, bien que leur coexistence avec la majorité
kirghize ait parfois été source de tensions, comme l'ont montré les
événements de 2010 à Och et Jalal-Abad.
Russes.
Les Russes forment
un autre groupe significatif, bien que leur nombre ait diminué après
l'effondrement de l'Union Soviétique en raison
de l'émigration. Leur présence remonte à la période tsariste puis soviétique,
où ils jouaient un rôle prépondérant dans l'administration, l'industrie
et l'éducation. Ils résident principalement dans les zones urbaines,
particulièrement dans le nord du pays et la capitale Bichkek. Le russe
reste une langue de communication essentielle, un lien culturel avec la
Russie et une langue clé dans l'enseignement supérieur et les affaires.
Autres
minorités.
Au-delà de ces
trois groupes principaux, le Kirghizistan abrite une multitude d'autres
communautés ethnolinguistiques. Parmi les plus notables, on trouve les
Dounganes, une minorité musulmane parlant une langue sino-tibétaine,
dont l'histoire est liée à des migrations depuis la Chine
au XIXe siècle. Les Ouïghours,
un autre peuple turcophone majoritairement musulman originaire de la région
voisine du Xinjiang en Chine, ont également une présence, principalement
dans les villes. Les Tadjiks, de langue iranienne (une forme du persan),
vivent surtout dans les zones frontalières avec le Tadjikistan.
Parmi les autres groupes turcophones, on relève les Turcs, les Kazakhs
(le pays voisin), les Tatars. Il y a aussi des Ukrainiens, des Coréens
(connus sous le nom de Koryo-saram, descendants de Coréens déportés
par Staline), des Allemands (descendants de colons
ou de déportés), et d'autres minorités plus petites.
Culture.
La culture du Kirghizistan
est profondément enracinée dans un mode de vie autrefois centré sur
les pâturages d'altitude et les migrations saisonnières, un héritage
qui continue de façonner l'identité nationale et les coutumes sociales.
L'influence de l'ère soviétique a laissé sa marque, notamment, dans
les domaines de l'éducation, de l'architecture, de la structure administrative
et de l'introduction de certains aspects de la culture russe et occidentale.
Cependant, depuis l'indépendance en 1991, il y a eu un effort conscient
pour revitaliser et promouvoir les traditions culturelles kirghizes et
renforcer l'identité nationale.
L'héritage nomade
est symbolisé par la yourte (boz üy en kirghiz), qui n'est pas
seulement une habitation traditionnelle mais incarne une philosophie de
vie, de flexibilité, de connexion avec la nature et de communauté. Le
cheval est un autre élément central, indissociable de l'identité kirghize.
Il a été, et reste encore dans un certaine mesure, utilisé non seulement
pour le transport et le travail, mais aussi dans les jeux, les sports et
les rituels. Cette relation étroite avec le monde équestre se manifeste
le plus spectaculairement dans des jeux traditionnels comme le kokboru
(ou buzkashi), une forme brutale mais stratégique de polo où deux
équipes de cavaliers se disputent la carcasse d'une chèvre ou d'un veau,
un sport national qui exige force, adresse et courage.
L'hospitalité est
une valeur cardinale de la culture kirghize. Accueillir un invité est
un devoir sacré et un honneur, et même les familles les plus modestes
s'efforceront d'offrir le meilleur de leur nourriture et de leur logis.
Cette tradition est un vestige du nomadisme, où l'aide mutuelle et l'accueil
des voyageurs étaient essentiels à la survie dans des paysages isolés.
Le respect des anciens est également fondamental. Il refllète une structure
sociale qui valorise la sagesse et l'expérience transmises oralement Ã
travers les générations. La famille étendue et les liens communautaires
(aul) restent très importants, même dans les zones urbaines.
Le travail du feutre
est particulièrement renommé. Le feutre est utilisé pour créer des
tapis colorés aux motifs géométriques complexes (shyrdak et ala
kiyiz), ainsi que des vêtements (comme le kalpak, le chapeau
traditionnel en feutre blanc pour homme, devenu un symbole national) et
des décorations pour les yourtes. Ces motifs peuvent avoir des significations
symboliques liées à la nature, aux animaux et à l'univers nomade. La
musique occupe une place importante. Le komuz, un instrument Ã
trois cordes pincées, est l'instrument national. Ses mélodies évoquent
souvent les vastes paysages et les histoires anciennes.
L'épopée de Manas
est une oeuvre littéraire monumentale et un pilier central de la culture
kirghize. Inscrite au patrimoine immatériel de l'Unesco, elle sert de
référentiel historique, culturel et moral pour le peuple kirghiz, qui
y voit bien plus qu'une simple histoire. Elle est considérée comme une
véritable encyclopédie de la vie, des coutumes, des valeurs, de la géographie,
de l'histoire légendaire et de la vision du monde des Kirghizes. Transmise
oralement par des bardes appelés Manaschi, elle raconte les exploits du
héros Manas et de ses descendants pour unir les tribus kirghizes et défendre
leur territoire. C'est la plus longue épopée du monde.
L'épopée
de Manas est un poème épique oral d'une longueur colossale, qui dépasse
de loin les épopées occidentales comme l'Iliade et l'Odyssée.
Elle n'est pas un texte figé mais existe en de multiples versions, transmises
de génération en génération par des conteurs-chanteurs spécialisés,
appelés Manaschi. L'origine de l'épopée est incertaine. Elle
se perdant dans les profondeurs de l'histoire nomade des Kirghizes, mais
elle cristallise des siècles d'histoire, de mythes, de valeurs et de croyances.
On estime que ses racines remontent au moins au IXe
ou Xe siècle, à l'époque de la formation
des premiers États turcs en Asie centrale.
Au centre de l'épopée
se trouve l'histoire du héros Manas, figure mythique et unificatrice.
L'intrigue principale se déroule sur trois générations, avec les histoires
de Manas, de son fils Semetey, et du fils de Semetey, Seytek. Chaque partie
raconte la vie et les exploits d'un héros différent, mais l'ensemble
forme un cycle continu de lutte pour la survie, l'unité et la protection
du peuple kirghize contre ses ennemis extérieurs, qui sont souvent représentés
par différents groupes, historiquement ou symboliquement liés aux peuples
voisins avec lesquels les Kirghizes étaient en conflit.
La première partie
est consacrée à Manas lui-même. Né de parents nobles après une longue
période de stérilité, sa naissance est entourée de signes miraculeux.
Dès son plus jeune âge, il manifeste une force, une bravoure et une sagesse
exceptionnelles. Son destin est de rassembler les tribus kirghizes dispersées,
qui vivent dans des conditions difficiles. Ils sont généralement opprimées
par des envahisseurs. Manas parvient à unir ces tribus sous sa bannière,
à établir un khanat puissant et à défendre son peuple contre de nombreux
ennemis, notamment les Kalmouks (Oïrats) ou les Chinois (Khitans). Il
mène de grandes campagnes militaires, affronte des défis surhumains et
est entouré d'un groupe de fidèles compagnons, les Quarante Chevaliers
(Kırk Çoro), chacun doté de qualités spécifiques. Manas est
également caractérisé par sa relation avec sa sage et courageuse épouse,
Kanikey, qui incarne la force intérieure, la prévoyance et la loyauté,
et joue souvent un rôle décisif de conseillère et de gardienne du foyer
et du peuple. L'histoire de Manas se termine par sa mort, généralement
causée par une trahison ou une blessure, et l'effondrement temporaire
de son royaume.
La deuxième partie
raconte l'histoire de Semetey. Après la mort de son père, sa mère Kanikey
et lui doivent fuir et se réfugier auprès d'autres peuples pour échapper
aux usurpateurs et aux ennemis de Manas qui cherchent à prendre le pouvoir.
Semetey grandit loin de son pays, ignorant parfois son héritage. Une fois
adulte, il prend connaissance de son origine et de l'injustice subie par
sa famille. Il entreprend alors un long et périlleux voyage pour revenir
sur la terre de ses ancêtres, revendiquer son droit au trône, venger
son père et restaurer l'unité et la grandeur du peuple kirghize. Semetey
affronte de nouveaux ennemis et des traîtres, mais il est également aidé
par des figures loyalistes de l'époque de Manas, et il se constitue son
propre cercle de compagnons. Son histoire est marquée par la lutte
pour la restauration de l'ordre et de la justice.
La troisième partie
est consacrée à Seytek, le fils de Semetey. Là encore, l'histoire débute
fréquemment dans des circonstances difficiles après la disparition ou
la mort de Semetey. Seytek doit à son tour faire face à des menaces internes
et externes. Son rôle est généralement de consolider l'oeuvre de ses
ancêtres, de rétablir la paix et la prospérité après des périodes
de trouble, et de maintenir l'indépendance du peuple kirghize. Le cycle
des trois générations symbolise la continuité de la nation kirghize,
sa capacité à renaître de ses cendres et à surmonter les épreuves.
La forme de l'épopée
est aussi remarquable que son contenu. Elle est transmise oralement par
les Manaschi, qui ne se contentent pas de réciter des vers appris par
coeur, mais qui sont des improvisateurs habiles. Ils s'appuient sur une
structure narrative et des motifs traditionnels, mais ils modulent leur
performance, en adaptant la longueur, les détails et l'emphase en fonction
de leur public, du contexte et même de leur propre inspiration (parfois
décrite comme une "possession" par l'esprit de l'épopée). La performance
d'un Manaschi est un événement en soi, mêlant chant, déclamation, gestes
et expressions faciales, éventuellement accompagnée du son du komuz,
un instrument à cordes traditionnel. La longueur totale des différentes
versions enregistrées de l'épopée est stupéfiante, certaines dépassant
les 500 000 vers.
Bien que l'islam soit
la religion majoritaire (principalement sunnite), sa pratique au Kirghizistan
est couramment mélangée à des éléments de croyances pré-islamiques,
notamment animistes et chamaniques. Cette
syncrétisme se manifeste dans la vénération de lieux sacrés naturels,
de sources et de montagnes, et dans certaines coutumes et rituels populaires.
La liberté religieuse est garantie, et l'on observe également des minorités
chrétiennes (principalement russes orthodoxes) et d'autres groupes.
Les fêtes et célébrations
jouent un rôle important dans la vie culturelle. Navruz, le Nouvel An
persan célébré le 21 mars, marque l'équinoxe de printemps et est une
fête de renouveau, de réunions familiales et de jeux traditionnels. La
Journée de l'Indépendance (31 août) est une fête nationale majeure.
Les mariages, les naissances et les funérailles sont accompagnés de rituels
complexes et de rassemblements communautaires qui soulignent l'importance
des liens sociaux et familiaux.
La cuisine kirghize
est fortement influencée par son passé nomade et la géographie montagneuse
du pays. Elle est basée sur la viande (mouton, boeuf, cheval) et les produits
laitiers. Le beshbarmak (littéralement "cinq doigts", car traditionnellement
mangé avec les mains) est le plat national, composé de nouilles et de
viande coupée en petits morceaux, servi avec un bouillon. Le lagman
(nouilles tirées à la main avec de la viande et des légumes) et le plov
(riz pilaf) sont également très populaires. Le kumis, lait de
jument fermenté, est une boisson traditionnelle appréciée pour ses propriétés
nutritives et légèrement alcoolisées. Le pain (non et lepeshka)
est un aliment de base. Il est ordinairement cuit dans un four traditionnel
(tandyr).
Économie.
L'économie est
basée principalement sur l'agriculture (pratique extensive dans les vallées
et les zones rurales), l'élevage (chevaux et yaks, éléments centraux
de la culture nomade) et les ressources naturelles (or, mercure, charbon,
uranium et tungstène). Les ressources hydrauliques sont abondantes et
vitales pour l'irrigation et la production hydroélectrique.
Le tourisme bénéficie
des attractions naturelles le lac Issyk-Koul et les montagnes du Tian Chan,
populaires pour la randonnée et l'alpinisme, et aussi de son patrimoine
culturel , avec ses festivals nomades, smarchés traditionnels et son artisanat
(tapis, feutre, etc.).
Les envois de fonds
des travailleurs expatriés jouent un rôle important. L'économie reste
fragile dépendante des matières premières. Les inégalités régionales
sont marquées, avec des zones rurales souvent pauvres. |
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