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L'histoire
jusqu'à la fin du XIXe siècle.
Dans son second
voyage, Christophe Colomb découvrit, le 4 novembre
1493, la Guadeloupe ,
presque en même temps que les îles qui l'entourent : la Désirade, Marie-Galante
(Maria Galanda, du nom de sa corvette), les Saintes (los Santos,
en souvenir de la Toussaint )
et la Dominique (le jour de sa découverte, 3 novembre, étant un dimanche).
Le nom de Guadeloupe (Guadalupe) avait été donné comme accomplissement
d'une promesse que Colomb avait faite aux moines du couvent de Notre-Dame
de Guadalupe, en Estrémadure, d'appeler ainsi, en l'honneur de leur patronne,
l'une des terres qu'il découvrirait. Le nom indigène de l'île, habitée
par les Caraïbes, était Turuqueira. Colomb revint visiter la Guadeloupe
en avril 1496. En 1515,
Ponce de Léon et ses gens
furent massacrés et repoussés, et, en 1523, des missionnaires français
eurent le même sort. Pendant plus d'un siècle encore, les naturels restèrent
les seuls maîtres.
En 1625, vint un
Français
aventureux, le sieur d'Esnambuc; il obtint de Richelieu
l'autorisation de créer une compagnie des ÃŽles d'Amérique; il eut Ã
disputer le terrain aux Espagnols
et aux Anglais ,
qui le lui abandonnèrent, et finalement, en 1637, il céda ses droits
aux capitaines L'Olive et Duplessis. Ceux-ci jetèrent les fondements de
Basse-Terre ,
puis le premier, resté seul chef, après la mort de son collègue, fit
une guerre acharnée aux indigènes et les chassa de l'île. Mais la misère
s'ensuivit, car les bras pour le travail manquèrent. En 1640, un nouveau
gouverneur, Aubert, sut ramener les Caraïbes et inaugurer une ère de
prospérité. De nombreux colons arrivèrent; aux cultures de tabac, de
coton et de vivres, Aubert ajouta celle plus rémunératrice de la canne
à sucre. Il fut remplacé, dès 1643, par Houël, qui eut l'idée de faire
venir de France bon nombre de filles à marier, ce qui augmenta et fixa
la population blanche. Malgré l'extension de la culture de la canne par
suite de l'arrivée de Hollandais
chassés du Brésil (1653), la situation des administrateurs les obligea
de vendre leurs propriétés à l'Etat, en 1663.
Les Antilles furent
réunies au domaine de la couronne en 1674. La dépendance dans laquelle
la Guadeloupe
se trouvait (depuis 1668) de la Martinique ,
entrava son développement. Peu de temps après la promulgation du Code
noir
(1685), les Anglais
firent une première tentative sur la Guadeloupe. Ils s'emparèrent de
Marie-Galante (1690) et vinrent attaquer Basse-Terre ,
mais ils furent repoussés, et il en fut de même en 1703. En 1727, la
culture du café fut introduite à la Guadeloupe.
La situation devint
grave lors de la guerre de Sept Ans (1756).
L'escadre de l'amiral Moore se présenta, en janvier 1759, devant Basse-Terre.
La citadelle se rendit bientôt; puis les colons et les soldats français,
malgré leur résistance courageuse dans l'intérieur de l'île, durent
se soumettre à une capitulation, d'ailleurs honorable. Le traité
de Paris, si désavantageux pour la France (1763), se trouva marquer
une ère nouvelle favorable pour la Guadeloupe
: c'est cette année qu'elle échappa à la suzeraineté de la Martinique
et que fut fondée la ville de Pointe-à -Pitre .
Pendant la guerre de l'Indépendance, en vue des Saintes fut défait le
comte de Grasse (12 avril 1782). Malgré ces guerres, malgré les terribles
ouragans de 1766, de 1776, et d'autres encore, les cultures s'étendaient,
la population augmentait. En 1790, il y avait plus de 107 000 individus.
La Révolution causa
une grande perturbation dans la colonie, excitant les rivalités des créoles
blancs et des gens de couleur, et la guerre civile éclata. Les Anglais
profitèrent de ces discordes pour s'emparer de l'île et de ses dépendances
(21 avril 1794). Au mois de juin arriva l'expédition envoyée par le comité
de Salut public, avec les deux commissaires de la Convention, Chrétien
et Victor Hugues, amenant 1150 hommes. Par des prodiges de valeur, ils
parvinrent à chasser les Anglais, au nombre de 8000. Le commissaire Chrétien
avait été tué dès le commencement. Hugues, resté seul, fit appel au
courage des esclaves pour conquérir leur liberté, et organisa des milices
locales, en prévision d'un retour offensif des Anglais, qui ne tardèrent
pas, en effet, à reparaître. La lutte recommença; le général anglais
Graham fut obligé de capituler. Ces milices avaient fait si bien leur
devoir que Victor Hugues les accrut de tous les hommes valides, et non
seulement mit par là la colonie en état de braver toute insulte, mais
encore put reprendre sur les Anglais l'île de Sainte-Lucie et organiser
une guerre de course funeste au commerce britannique. Cependant, ces soldats
noirs furent de nouveau livrés à leurs anciens maîtres : l'esclavage
fut rétabli par Napoléon Bonaparte, sous le
Consulat
(20 mai 1802). Ceux qui résistaient furent massacrés; le général Richepanse
parvint ainsi à mâter l'île.
A la suite de la
rupture de la paix d'Amiens, les Anglais
recommencèrent leurs attaques. L'amiral Cochrane s'empara successivement
de Marie-Galante (1808), des Saintes (1809) et de la Guadeloupe
(février 1810). La Guadeloupe, cédée le 3 mars 1813 par les Anglais
à la Suède ,
fut rendue à la France
le 30 mai 1814. Les Anglais la reprirent de nouveau pendant les Cent-Jours,
le 10 août 1815, et la restituèrent le 25 juillet 1816, époque depuis
laquelle elle n'a cessé d'être française. La Restauration y rétablit
les choses telles qu'elles étaient avant 1789, puis y imposa un régime,
dit des ordonnances (1827-1828). Le gouvernement de Juillet avait préparé
l'abolition de l'esclavage, lorsque
la révolution de 1848 arriva. Comme elle rendit immédiatement la liberté
aux esclaves, la Guadeloupe, surprise par cette mesure, souffrit tout d'abord,
du moins du point de vue économique; l'exportation du sucre tomba de moitié,
mais dix ans plus tard, grâce à l'immigration surtout, elle s'était
relevée, et le mouvement des affaires était même supérieur à celui
de 1848. C'est en 1849 que la première élection législative eut lieu
à la Guadeloupe. Cette colonie, malgré les épreuves de toutes sortes,
tremblements de terre, ouragans, épidémies, incendies, qui la frappent
régulièrement, montre une grande vitalité et n'a cessé de se développer
jusqu'à la fin du XIXe siècle. Comme
les autres colonies à sucre, elle subit alors une crise économique grave.
(Ch.
Delavaud).
Parmi
les personnages marquants qui ont vu le jour à la Guadeloupe
on citera : les généraux Dugommier (1736-1794); Gobert (1769-1808); le
chevalier de Saint-George (1745-1801); Barbès (1809-1870); le pédagogue
Bébian (1789-1834); les poètes : Léonard (1744-1793);
Campenon
(1772-1843); le peintre Lethière (1760-1832) ; le journaliste Privat d'Anglemont
(1820-1859); l'auteur dramatique Dumanoir (pseudonyme de Pinel) (1806-1865).
La Guadeloupe depuis
1900.
Au début du XXe
siècle, l'économie de la Guadeloupe repose principalement sur l'agriculture,
en particulier la production de sucre et de rhum. Les conditions de travail
dans les plantations restent difficiles pour les ouvriers agricoles. Les
inégalités sociales et les conditions de vie précaires entraînent des
révoltes et des grèves. En 1910, une grande grève des ouvriers agricoles
secoue l'île, demandant de meilleures conditions de travail et de salaire.
Comme d'autres colonies
françaises, la Guadeloupe participe à la Première
Guerre mondiale. De nombreux Guadeloupéens sont envoyés sur le front
européen, et l'île, comme la Martinique,
contribue également par des ressources agricoles et économiques. L'entre-deux-guerres
voit l'apparition de mouvements pour l'amélioration des conditions sociales
et politiques. Les syndicats et les organisations ouvrières gagnent en
importance, réclamant des réformes et des droits pour les travailleurs.
Pendant la Seconde
Guerre mondiale, la Guadeloupe est sous le régime de Vichy. Cependant,
des mouvements de résistance s'y forment et, en 1943, l'île passe sous
le contrôle des Forces Françaises Libres. La guerre a des impacts économiques
significatifs, en exacerbant les conditions de vie difficiles pour la population.
En 1946, la Guadeloupe
devient un département d'outre-mer (DOM) de la France. La départementalisation
vise à améliorer les infrastructures, l'éducation et la santé, tout
en intégrant davantage l'île dans le système administratif français.
De fait, les années 1950 et 1960 voient une modernisation accrue, avec
des investissements dans les infrastructures, l'éducation et la santé.
Cependant, des disparités économiques et sociales persistent.Des mouvements
pour une plus grande autonomie ou indépendance émergent. Ils dénoncent
les inégalités et la dépendance économique de l'île vis-à -vis de
la France. Des figures comme Henri Bangou et Gerty Archimède jouent des
rôles importants dans ces luttes.
L'économie guadeloupéenne
se diversifie à partir des années 1970, avec un accent mis sur le tourisme,
l'agriculture (notamment la banane), et les services. Cependant, l'île
reste confrontée à des défis économiques tels que le chômage et la
dépendance aux importations. Des politiques engagées localement mettent
l'accent sur l'amélioration de l'éducation et la promotion de la culture
créole. La langue créole gagne en reconnaissance et est de plus en plus
utilisée dans les médias et l'éducation.
En 2009, une grève
générale paralyse l'île pendant 44 jours. Elle est organisée par le
collectif Liyannaj Kont Pwofitasyon (LKP), dirigé par Elie Domota.
Les grévistes protestent contre le coût de la vie élevé et les inégalités
économiques. Ils obtiennent finalement des concessions du gouvernement
français. Les débats sur l'autonomie et l'indépendance se poursuivent,
avec des mouvements politiques et sociaux réclamant une plus grande autonomie
pour la gestion des affaires locales.
L'île est régulièrement
confrontée à des ouragans et des tremblements de terre, nécessitant
des efforts continus pour améliorer les infrastructures et les systèmes
de gestion des crises. Elle fait face aussi aux défis posés par
la gestion des ressources naturelles, la protection de la biodiversité
et les effets du changement climatique.
La pandémie de covid-19, comme partout ailleurs, a eu des impacts significatifs
sur la santé publique et l'économie de la Guadeloupe. Elle a exacerbé
aussi les défis sociaux et économiques existants. La crise du chlordécone,
un pesticide ayant contaminé les sols et les eaux de l'île depuis des
décennies, reste un enjeu majeur de santé publique et de justice sociale
en Guadeloupe comme en Martinique.
La crise
du chlordécone
Le chlordécone est
un pesticide organochloré utilisé principalement dans les années 1970
et 1980 pour lutter contre le charançon du bananier, un ravageur des plantations
de bananes. Ce produit est hautement persistant dans l'environnement, ce
qui signifie qu'il reste dans le sol et l'eau pendant des décennies après
son application.
L'utilisation du
chlordécone a conduit à une contamination significative des sols agricoles
et des ressources en eau aux Antilles françaises. Les niveaux de chlordécone
dans les sols peuvent atteindre des concentrations très élevées, ce
qui pose un risque de pollution à long terme. Or, le chlordécone est
reconnu comme un perturbateur endocrinien et peut avoir des effets nocifs
sur la santé humaine. Il est associé à des risques accrus de cancer
de la prostate, de troubles neurologiques et de problèmes de développement.
Les populations vivant dans les zones contaminées sont exposées à ce
produit à travers les aliments, l'eau et le sol. La contamination a aussi
des répercussions importantes sur l'agriculture. Les sols pollués ne
sont plus adaptés à la culture de certaines denrées, ce qui impacte
l'économie locale et les moyens de subsistance des agriculteurs.
Le chlordécon, dont
la dangerosité était connue depuis 1969, a été interdit dans les Antilles
françaises seulement en 1993. Depuis lors, des efforts ont été faits
pour gérer et réduire les risques associés à cette contamination. Des
plans de gestion et de dépollution ont été élaborés pour traiter les
sols contaminés et réduire l'exposition des populations. Cela inclut
des programmes de surveillance de la santé, des études épidémiologiques,
et des actions pour assainir les sols et l'eau. Des démarches ont aussi
été entreprises pour indemniser les victimes de la pollution et pour
soutenir les efforts de recherche sur les conséquences sanitaires et environnementales.
Reste la question
de la responsabilité et des compensations, qui est un sujet de débat
politique et social toujours d'actualité. La crise du chlordécone, qui
envisagé sous cet aspect a pris la dimensin d'un scandale, soulève des
questions complexes liées à la justice environnementale et à la responsabilité
des entreprises et des institutions. Les populations locales continuent
de lutter pour obtenir une meilleure prise en charge de leur santé et
une compensation adéquate pour les dommages subis. De plus, la crise met
en lumière les défis associés à la gestion des produits chimiques persistants
dans l'environnement et la nécessité d'une surveillance continue et de
mesures préventives pour éviter des situations similaires à l'avenir. |
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