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Histoire du Nicaragua
[Histoire du Nicaragua]
Les Chorotegas étaient l'un des groupes dominants dans le sud-ouest du Nicaragua avant l'arrivée des Espagnols. Originaires du Mexique, les Chorotegas ont migré vers le sud et se sont établis dans cette région. Ils vivaient en communautés organisées en chefferies. Leur économie était principalement basée sur l'agriculture, avec des cultures comme le maïs, les haricots et le cacao. Ils pratiquaient des rituels religieux complexes et fabriquaient pour leurs poteries et sculptures élaborées.

Les Nicaraos, un autre groupe important, occupaient la région autour du lac Nicaragua. Comme les Chorotegas, ils étaient originaires du Mexique.Leur société était organisée en chefferies avec une hiérarchie sociale distincte. Les Nicaraos avaient un panthéon de dieux et pratiquaient des sacrifices humains. Leur art comprenait des céramiques et des textiles finement tissés.

Christophe Colomb longea la côte des Mosquitos en 1502. Le premier Européen qui ait parcouru le Nicaragua fut Espinosa, envoyé en 1519 par Pedro Arias, gouverneur de Panama. En 1522, Gil Gonzalez de Avila y conduisit une expédition et fit, alliance avec le cacique Nicaragua, chef des Aztèques de l'isthme de Rivas, dont le nom est demeuré au pays; il fut ensuite repoussé par les Dirians. Ceux-ci furent défaits par Hernandez de Cordova, qui fonda sur leur territoire Granada, puis, sur celui des Nagrandans, Leon (1523), et découvrit le San Juan, exploré en 1539 par Calero et Machuca. Les Indiens furent pillés et égorgés, finalement asservis. Les livres indigènes furent systématiquement détruits par le clergé catholique. Les objets archéologiques retrouvés en grand nombre (poteries, statuettes de basalte, pierres de sacrifice, etc.), se rapprochent de ceux de la civilisation aztèque du Mexique.

Le Nicaragua fit partie de la capitainerie gĂ©nĂ©rale de Guatemala. En 1811, Leon s'insurgea contre les Espagnols, mais fut vaincu; l'affranchissement n'eut lieu qu'en 1821, et le Nicaragua forma en 1823 l'un des cinq Etats unis de l'AmĂ©rique centrale. Mais l'union se rompit en 1839 et n'a jamais pu ĂŞtre restaurĂ©e. D'incessantes guerres civiles aggravaient cet Ă©tat de choses. Le Nicaragua fut en conflit permanent avec le Costa Rica pour s'assurer la possession du delta entier du San Juan et du dĂ©bouchĂ© du canal que l'on envisageait alors de creuser : il s'efforçait aussi de reprendre le district de Guanacaste et de la presqu'Ă®le de Nicoya, abandonnĂ©s en 1825 au Costa Rica. Un gouvernement rĂ©gulier et stable ne fut organisĂ© au Nicaragua qu'Ă  partir de 1848. Les prĂ©sidents furent : Don Ramirez, puis Pineda (mars 1851), le gĂ©nĂ©ral Don Fruto Chamorro (26 fĂ©vrier 1853). Le territoire de la rĂ©publique fut envahi par les Anglais : profitant du litige entre le Nicaragua et le Costa Rica pour la possession de San Juan, ils s'emparèrent de la tĂŞte de ligne prĂ©sumĂ©e du futur canal et la dĂ©nommèrent Greytown (1er janvier 1848). Les Etats-Unis leur firent alors signer le traitĂ© dit de Clayton-Bulwer par lequel ils garantissaient la neutralitĂ© du canal projetĂ©. 

En 1851, un congrès nĂ©gocia l'union du Honduras, du Nicaragua et de Costa Rica sans la rĂ©aliser: le 7 mars 1854, fut signĂ© un traitĂ© d'alliance avec le Guatemala. Mais le parti dĂ©mocratique s'insurgea sous la direction de Francisco Castellon et Maximo Jerez; ils prirent Leon (mai 1854) et bloquèrent dans Managua le prĂ©sident Chamorro qui y mourut le 12 mars 1855, mais fut remplacĂ© par Jose Maria Estrada. Castellon eut alors la malheureuse idĂ©e d'appeler Ă  l'aide un redoutable flibustier nord-amĂ©ricain, le colonel William Walker. Celui-ci recruta une bande d'aventuriers amĂ©ricains et allemands, s'empara de Granada (14 octobre 1855) et se fit reconnaĂ®tre comme prĂ©sident par l'envoyĂ© des Etats-Unis. Il dĂ©valisa le pays, incendiant et massacrant; en deux ans, il fit pĂ©rir plus de 40 000 personnes. 

Devant le pĂ©ril commun, le Salvador, le Honduras et le Costa Rica signèrent une alliance (dĂ©cembre 1855), et le 9 mars 1856 le Costa Rica dĂ©clara la guerre au flibustier amĂ©ricain; le Guatemala, le Salvador, le Honduras et le prĂ©sident provisoire du Nicaragua, Patricio Rivas, choisi par Walker lui-mĂŞme, s'y associèrent; Walker, qui s'Ă©tait fait Ă©lire prĂ©sident dĂ©finitif, ne put se maintenir, malgrĂ© sa cruautĂ©, et le 1er mai 1857 dut capituler Ă  Rivas. Le gĂ©nĂ©ral Martinez fut Ă©lu prĂ©sident. Walker fit de nouvelles tentatives, dĂ©barquant Ă  San Juan en 1857, puis au Honduras trois ans après; mais lĂ  le gĂ©nĂ©ral Alvarez, le fit prisonnier et il fut fusillĂ© le 12 septembre 1860. 

La mĂŞme annĂ©e, l'Angleterre cĂ©da son protectorat de la cĂ´te des Mosquitos au Nicaragua moyennant une rente viagère de 5000 dollars au prĂ©tendu roi des Mosquitos. En dehors des tentatives pour reconstituer la fĂ©dĂ©ration de l'AmĂ©rique centrale, le principal incident extĂ©rieur fut le conflit avec l'Allemagne dont le consul avait Ă©tĂ© insultĂ© (1877). Une dĂ©monstration navale imposa les satisfactions rĂ©clamĂ©es par l'empire (31 mars 1878). 

La politique intérieure du Nicaragua est dominée à l'époque par l'antagonisme des progressistes ou libéraux, dont le centre est à Granada, et des conservateurs ou cléricaux, qui dominent à Leon et Managua. Le gouvernement a été généralement régulier, moins troublé par des révolutions que dans les républiques voisines, et la gestion financière plus régulière.

En 1862, la rĂ©Ă©lection illĂ©gale de Martinez Ă  la prĂ©sidence provoqua l'insurrection du gĂ©nĂ©ral Jerez, appuyĂ© par Barrios, prĂ©sident du Salvador; ils furent vaincus avec l'appui du Guatemala. En 1867; Martinez fit Ă©lire Fernando Guzman; il rĂ©gla dĂ©finitivement l'affaire de la Mosquitie avec l'Angleterre et conclut avec les Etats-Unis un traitĂ© leur concĂ©dant le droit de transit interocĂ©anique, avec port franc Ă  chaque extrĂ©mitĂ©, moyennant quoi les Etats-Unis garantirent la neutralitĂ© du passage. 

Les présidents suivants furent : P.-J. Chamarra (1875), J. Zanala (1877), le Dr A. Cardenas (1883), Carazo (1887); mais ce dernier étant mort en octobre 1888 fut remplacé par un clérical de Leon, Sacasa; les libéraux de Granada protestèrent; l'administration illégale et ruineuse de Sacasa amena sa chute en 1893. Il fut remplacé par le libéral Zelaya qui intervint au Honduras pour y porter à la présidence son ami Bonilla. En 1894, il fit voter une nouvelle constitution.

Le 27 avril 1895, le commodore anglais Stephenson débarqua des troupes à Cornito et prit possession de la ville, parce que le gouvernement de Nicaragua n'avait pas répondu à un ultimatum de son gouvernement relatif à des réclamations pécuniaires. Huit jours après, le Nicaragua s'engageait, par l'entremise des Etats-Unis, à payer dans la quinzaine l'indemnité réclamée.

Une révolution éclata en février 1896 dans la province du Nord-Ouest; le président Zelaya se proclama dictateur. Le mois suivant, il s'empara de la ville de Mora et de Metapa, la forteresse des rebelles. Le gouvernement de Honduras lui avait envoyé un renfort de 2000 hommes.

Une nouvelle révolution fut tentée en février 1899 par le général Pablo Reyes, ex-gouverneur de la côte orientale, révoqué par le président Zelaya. Reyes se rendit, le 15, aux capitaines de la canonnière américaine et du croiseur anglais mouillés à Bluefields, et le nouveau gouverneur, le général Torrès, restitua aux commerçants américains les droits de douane indûment perçus par son prédécesseur.

A l'image du Honduras, du Salvador, du Costa Rica ou du Guatemala, le Nicaragua est, au début du XXe siècle un des terrains d'action de l'United Fruit Company occupé militairement par les États-Unis de 1912 à 1925, puis de 1926 à 1933. Après le départ des Américains, le pouvoir passe à Anastasio Somoza (1933-1956) qui installe une dictature mafieuse. Celui-ci sera assassiné en 1956; son fils lui succède en 1957 et, en 1963, le libéral René Schick, un affidé du clan Somoza, est élu président de la République. A sa mort, en 1966, malgré les efforts des démocrates-chrétiens et des conservateurs, c'est le fils aîné de Somoza, Anastasio (surnommé Tachito), qui est propulsé à la présidence du pays.

En 1971, un coup d'Etat militaire renverse le rĂ©gime. Mais Anastasio Somoza est rĂ©Ă©lu en septembre 1974. A partir de 1978 se dĂ©veloppe une guerrilla sandiniste (du nom de CĂ©sar Augusto Sandino, 1898-1934, hĂ©ros de l'indĂ©pendance), dirigĂ©e par Daniel Ortega Saavedra. Somoza quitte le pouvoir en juillet 1979. Une junte de reconstruction nationale, prĂ´nant au dĂ©but le pluralisme dĂ©mocratique et le non alignement, est mise en place. Les sandinistes se sont attachĂ©s Ă  mettre en oeuvre des rĂ©formes visant Ă  redistribuer les terres, nationaliser les industries et amĂ©liorer les services sociaux comme l'Ă©ducation et la santĂ©. Toutefois, les difficultĂ©s Ă©conomiques, les contrecoups de la guerre salvadorienne et les menĂ©es somozistes (qui agissent Ă  partir du Honduras), vont conduire les sandinistes Ă  radicaliser leur politique et Ă  s'appuyer sur l'URSS. En rĂ©ponse, les États-Unis commencent Ă  parrainer des contre-guĂ©rilleros (les Contras) pendant la majeure partie des annĂ©es 1980.  Ce conflit a causĂ© des dizaines de milliers de morts et a dĂ©vastĂ© l'Ă©conomie du pays.

Sous la pression internationale et les accords de paix, des élections libres ont été organisées en 1990. Violeta Chamorro, candidate de l'opposition et soutenue par une coalition anti-sandiniste, remportera la présidence, marquant la fin du gouvernement sandiniste. Chamorro a entrepris de rétablir la paix et de relancer l'économie, mais son mandat a été compliqué par des défis économiques persistants et des tensions sociales. Le gouvernement doit mettre en oeuvre des politiques d'ajustement structurel soutenues par le FMI et la Banque mondiale, visant à stabiliser l'économie, réduire l'inflation et attirer les investissements étrangers. De nombreuses entreprises d'État sont privatisées, et des réformes fiscales et de marché sont introduites pour libéraliser l'économie.

Après avoir perdu des Ă©lections libres et Ă©quitables en 1996 et 2001, l'ancien prĂ©sident sandiniste Daniel Ortega, promettant un mĂ©lange de politiques socialistes et pragmatiques, a Ă©tĂ© Ă©lu prĂ©sident en 2006, Son retour au pouvoir a marquĂ© le dĂ©but d'une nouvelle ère pour le Nicaragua, avec une attention particulière portĂ©e Ă  la rĂ©duction de la pauvretĂ© et Ă  l'amĂ©lioration des services sociaux. Ortega a mis en oeuvre des programmes sociaux visant Ă  amĂ©liorer les conditions de vie des plus pauvres. Mais, bien que l'Ă©conomie ait connu une certaine croissance, grâce notamment Ă  l'aide vĂ©nĂ©zuĂ©lienne et Ă  l'augmentation des investissements Ă©trangers, le pays est restĂ© confrontĂ© Ă  des problèmes de pauvretĂ©, de chĂ´mage et de corruption. Le Nicaragua a bĂ©nĂ©ficiĂ© de l'aide Ă©conomique de pays comme le Venezuela, ce qui a contribuĂ© Ă  financer des programmes sociaux et des infrastructures. 

Ortega, qui a consolidĂ© son pouvoir en modifiant la constitution, a Ă©tĂ© reconduit Ă  la tĂŞte du pays en  2011, 2016 et plus rĂ©cemment en 2021. Depuis 2008, les Ă©lections municipales, rĂ©gionales et nationales sont cependant entachĂ©es d'irrĂ©gularitĂ©s gĂ©nĂ©ralisĂ©es.  Les institutions dĂ©mocratiques se sont affaiblies sous son administration, le prĂ©sident ayant pris le contrĂ´le de toutes les branches du gouvernement, surtout après avoir rĂ©primĂ© un mouvement de protestation antigouvernemental Ă  l'Ă©chelle nationale en 2018. Ce mouvement avait Ă©clatĂ© en rĂ©action contre une rĂ©forme des retraites proposĂ©e par le gouvernement. Puis les manifestations avait rapidement Ă©voluĂ© en un mouvement plus large contre la corruption et l'autoritarisme. La rĂ©ponse rĂ©pression violente des manifestants causera des centaines de morts et des milliers de blessĂ©s. La rĂ©pression a attirĂ© des critiques internationales et a isolĂ© davantage le rĂ©gime d'Ortega, tandis que le pays s'enfonçait dans la crise Ă©conomique.

Avant l'élection présidentielle de 2021, la plupart des principaux candidats de l'opposition ont été arrêtés ou contraints à l'exil, laissant seulement cinq candidats moins connus de petits partis alliés aux sandinistes de Daniel Ortega pour se présenter contre lui. (A.-M. B. / NLI).

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