| Jakob Friedrich Fries est un philosophe, né à Barby, dans la Saxe prussienne, le 23 août 1773, mort à Iéna le 10 août 1843. Il fit ses études à l'école primaire, puis au séminaire théologique des Frères moraves. A Leipzig, où il vint en 1736, il étudia quelque temps les mathématiques, la physique et la philosophie sous la direction de Garve; mais bientôt en 1786, il passa à l'université d'Iéna où lui fut révélée la philosophie kantienne et où il entendit les leçons de Fichte. Une thèse latine, De Intellectuali intuitione, lui valut le titre de privat-docent. Il fut nommé, en 1805, professeur de philosophie à Heidelberg et revint en 1816 avec ce titre à Iéna. Compromis dans le mouvement démocratique qui agitait l'Allemagne à cette époque, il fut suspendu de son enseignement en 1819 et obtint, après cinq années d'attente, une chaire de physique et de mathématiques. En 1825, il fut autorisé à remonter dans sa chaire de philosophie qu'il conserva jusqu'à un âge très avancé. La philosophie de Fries représente dans l'histoire de la philosophie allemande, un important essai de conciliation entre le criticisme de Kant et la philosophie de la croyance de Jacobi. Fries pose tout d'abord la question de savoir si la critique de la raison, qui recherche a priori comment la connaissance est possible, repose elle-même sur une connaissance a priori ou sur une connaissance a posteriori. C'est à cette dernière conclusion qu'il s'arrête; la psychologie, fondée sur l'expérience interne, devient ainsi la base de toute la philosophie. Avec Kant, Fries admet que l'espace, le temps et les catégories sont des formes a priori que l'esprit impose aux données des sens. La pure impression devient ainsi successivement intuition (Anschauung), phénomène (Erscheinung) et expérience (Erfahrung). Dans ces conditions, le monde des sens n'est qu'un monde de purs phénomènes, mais ces phénomènes sont objets de savoir (Wissen). Aucun n'échappe à l'expérience ni à l'application de formules mathématiques : les organismes mêmes, dont Kant expliquait le fonctionnement par la finalité, se ramènent à un jeu mécanique de mouvements réciproques. Mais la chose en soi, l'essence réelle de l'objet nous échappe et ne détermine en nous rien de plus que la croyance (Glaube). Nous devons supposer un inconditionné sous le conditionné et nous sommes amenés ainsi à croire que le phénomène correspond à quelque chose de réel. Enlevez aux catégories tout contenu qui les détermine, il vous reste certaines idées-pures, idées d'absolu dans l'ordre de la qualité, idée de simplicité, d'incommensurabilité dans l'ordre de la quantité, idées d'âme, de monde et de divinité dans l'ordre de la relation et à ces dernières se suspend la triple croyance à l'immortalité de l'âme, à la liberté de la volonté humaine et à l'existence d'un Dieu. Ces trois croyances ne sont pas, comme le voulait Kant, des postulats de la raison pratique, mais des convictions rationnelles, et la moralité même repose sur la croyance à la valeur de la personne humaine qui est impliquée dans tout acte de la raison. Entre le savoir et la croyance, la transition est opérée par le pressentiment (Ahnung). Le pressentiment nous fait reconnaître le supra-sensible dans le sensible, l'être dans le phénomène. C'est dans le sentiment du beau et du sublime qu'il nous est permis d'entrevoir cette union de l'éternel et du fini. La raison pressent, dans la beauté des créatures animées, dans l'ordre de l'univers, la bonté toute-puissante et l'idée même de Dieu et s'élève à une conception esthétique du monde. Jakob Fries a laissé après lui une véritable école de philosophes. Ses disciples immédiats Apelt, Schleiden, Schlömilch et Schmid s'unirent en 1847 et publièrent sous le titre d'Abhandlungen der Fries'schen Schule (Leipzig, 18481849, 2 part.), une série d'études conformes aux doctrines du maître. D'autres disciples, Mirbt, Van Calker, De Wette, Ernst Hallier, se sont réclamés des idées de Fries jusqu'à la fin du XIXe siècle. (Th. Ruyssen).
| En bibliothèque - Parmi les ouvrages de Jakob Fries, nous citerons : Reinhold, Fichte u. Schelling (Leipzig, 1803); Philos. Rechtslehre u. Krill aller positiv. Gesetzgebung (Iéna, 1804); System der Philos. als evidentes Wissenschaft (Leipzig, 1804); Wissen, Glaube u. Ahnung (Iéna, 1805); Neue Krit. der Vernunft (Heidelberg, 1807 ; 2e éd., 1828-31, 3 vol.); System der Logik (id., 1811 ; 2e éd., 1819; 3e éd., 1837); Von deutscher Philos., Art unt Kunst, ein Votum für Jacobi gegen Schelling (id., 1812); Handbuch der prakt. Philos. (1818-32, 2 `vol.); Handbuch der psych. Anthropol. (Iéna, 1820.21; 2e éd., 1837-39, 2 vol.); Mathemat. Naturphilos. (Heidelberg, 1822); Julius u. Evagoras, roman philosophique (id., 1822); System der Metaph. (id., 1824); Gesch. der Philos., dargestellt nach den Fortschritten ihrer wissenschaftl. Entwickelung (Halle, 1837-40, 2 vol.). | | |
| Fries (Bengt Fredrik), zoologiste, né à Helsingborg le 24 août 1790, mort à Stockholm le 7 avril 1839. Docent en histoire naturelle (1824) et en anatomie (1828) à l'université de Lund, il fut appelé à Stockholm (1831) comme professeur et intendant du Musée zoologique, qu'il organisa avec autant de science que de goût, après avoir visité (1833) les principaux établissements de ce genre à l'étranger. Ayant voyagé en Laponie et en Finmark (1821) et étudié l'ichtyologie sur le littoral du Bohus (1837-38), Bengt Fries avait fait des observations qu'il consigna dans Observationes entomologicae (1824); Matériaux ichtyologiques pour la faune suédoise (1839), et dans le splendide ouvrage sur les Poissons de la Suède, dessinés d'après nature par W. von Wrigth (Stockholm, 1836-38, fasc. I-V) qu'il publia avec C.-U. Ekstroem. On lui doit encore Rapport sur les nouveaux travaux et les découvertes en zoologie (1832-37). (B-s.). |
| Fries (Elias Magnus), botaniste né au presbytère de Femsjoe (Smâland) le 15 août 1794, mort à Upsala le 8 février 1878. Dans la maison de son père qui était versé en botanique et où le latin était la langue usuelle, il apprit tout à la fois cette science qu'il cultiva toute sa vie et cet idiome dont il se servit dans la plupart de ses ouvrages, quoiqu'il écrivit sa langue maternelle avec assez d'élégance pour être admis au nombre des Dix-huit de l'Académie suédoise (1847). Docent (1814), adjoint (1819), professeur (1824) de botanique à l'université de Lund, il fut appelé à la chaire d'économie pratique à Upsala (1834), à laquelle fut joint l'enseignement de la botanique (1852); de la sorte, il succéda à plus d'un titre aux deux Linné, à Thunberg et à Wahlenberg. Ses leçons et ses conférences dans les excursions n'étaient en effet pas moins remarquables que ses écrits (La botanique au XIXe siècle). Après avoir pris sa retraite en 1859, il continua de diriger le jardin et le musée botaniques de l'université jusqu'en 1863. On le regarde comme le fondateur de la mycologie (Champignons) et comme l'un des savants les plus versés dans la connaissance des lichens et des phanérogames. Beaucoup de ses vues neuves, exposées dans son Système du règne végétal et sa Flore skanienne, ont été confirmées par des recherches ultérieures. (Beauvois).
| En bibliothèque - Outre quantité de mémoires dans les recueils des sociétés savantes dont il était membre, Elias Fries a publié à part un grand nombre d'écrits dont les plus étendus sont : Novitiae florae suecicae (fasc. IVII, Lund, 1814-23, in-4; 2e édit., 1828; continuation in-8, I, id., 1832-35; Il et III, Upsala, 1839-42); Observationes mycologicae (Copenhague, 1815,1818, 2 vol. in-8); Seleromyceti Sueciae (Lund, 1819, in-4); Flora hallandica (Lund, 1817-9); Systema mycologicum (Lund, 1821-23, 3 vol.; Greifswald, 1829-32); Lichenes exsiccati Sueciae (1824-52 , in-4); Systema orbis vegetabilis (part. I, 1825, in-8); Stirpes agri Femsionensis (1825-27, in-8); Elenchus fungorum (Greifswald, 1828, in-8); Lichenographia europaea reformata (1831); Corpus florarum provincialium Sueciae. I. Skania (Upsala, 1835, in-8)); Herbarium normale plantarum rariorum et criticarum Sueciae (1835-65, 16 Fasc.); Epicrisis systematis mycologici (sect I. 1836-38; 2e édit. 1874); Excursions botaniques, recueil de ses petits mémoires, en suédois (1843-64; 2e édit, 1853-64); Summa vegetabilium Scandinaviae (1846-49,in-8); Novae Symbolae mycologicae (1851); Cortinarii et hygrophori Sueciae (1851); Monographia hymenomycetum Sueciae (1836-63, 2 vol. in-8); les Champignons comestibles et vénéneux en Suède (Stockholm, 1860-66, in-fol.); Epicrisis generis hieraciorum (1862); Hieracia europaea exsiccata (Upsala, 1862-65, in-fol. avec supplément, 1872); Icones selecta hymenomycetum (Stockholm, in-fol., I, 1861-75; II, 1877-84); Dictionnaire critique des noms botaniques en suédois, édité par l'Académie suédoise (1880, in-8). | |
| Fries (Jean), érudit né à Greifensee (Zurich) en 1505, mort le 28 janvier 1565. Protégé par le réformateur Zwingli, il bénéficia d'une bourse et fut envoyé avec son condisciple et ami Conrad Gessner, le naturaliste, en France, pour y poursuivre ses études. De retour à Zurich, Fries devint professeur de latin à l'école de la ville et s'occupa activement de l'étude des langues orientales. On lui doit un Dictionarium latino-germanicum (1541), suivi d'un autre plus étendu (1556) qui eut de nombreuses éditions. Fries a écrit aussi des ouvrages d'érudition, des traductions en allemand, sans compter des chants d'église et des mélodies à quatre voix pour les odes d'Horace. | |
| Fries. - Plusieurs peintres ont porté ce nom : Hans Fries, peintre né à Fribourg en 1465, mort en 1520. En 1487, on le trouve à Bâle, puis, en 1501, à Fribourg où il a peint pour l'hôtel de ville un Jugement dernier, aujourd'hui disparu; pour le cloître des franciscains, une Légende de Saint Antoine de Padoue, et, outre des bannières, les armoiries de l'Arsenal. Il y a de lui au musée de Bâle des scènes de la vie de la Vierge, et, au Belvédère de Vienne, un tableau : le Jeune Homme et la Mort. . Le Supplice de saint Jean, par Hans Fries. (ca. 1520). Jean Conrad Fries, peintre né en Suisse en 1617, mort en 1693. Il fut membre du sénat de Zurich et s'adonna surtout au portrait; quelques-unes de ses oeuvres ont été reproduites par la gravure. Ernst Fries, peintre né à Heidelberg le 22 juin 1801, mort à Karlsruhe le 11 octobre 1833. Après avoir voyagé en Allemagne et en Autriche, il séjourna de 1823 à 1827 en Italie où ses tableaux commencèrent d'attirer l'attention. Il revint de là à Munich, puis à Karlsruhe, où le grand-duc le nomma peintre de la cour. Parmi ses oeuvres, remarquables surtout par la poésie de la conception et le fini du détail, citons : Vue de Tivoli (collection du prince de Thurn et Taxis), Sorrente, Pouzzoles, le Cap Misène, la Chute du Liris, le Château de Massa, une grande Vue de Heidelberg, la Mort de Sigfried, d'après C. Ganglof, et ses gravures du Forum romanum, en collaboration avec Thürmer. C'est un imitateur de Nicolas Poussin. - Château de Massa, par Ernst Fries. Bernard Fries, peintre, frère du précédent, né à Heidelberg le 16 mai 1820, mort à Munich le 21 mai 1879. Il se forma à Munich sous Cornélius, visita Berlin, Vienne, Paris, et passa huit années en Italie où il étudia à fond le paysage. Si la vigueur lui manque parfois, il a, en revanche, une grandeur simple unie à un vif sentiment de la nature. Son oeuvre maîtresse, ce sont ses quarante vues d'Italie au Polytechnicum de Munich, et sa Forêt de Heidelberg (effets de soir et de matin). | |