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Johann Georg Jacobi
est un poète allemand,
né à Dusseldorf le
2 septembre 1740, mort à Fribourg-en-Brisgau
le 4 janvier 1814. II étudia la théologie et la philosophie
à Göttingen, mais déjà alors il s'occupait beaucoup
de littérature, lisait surtout des oeuvres italiennes, espagnoles
et anglaises et publiait en 1764 un premier volume de vers sous le titre
d'Essais poétiques. Nommé en 1765 professeur de philosophie
et d'éloquence à Halle, il publia
entre autres choses des Romances traduites de l'espagnol (1707).
Aux bains de Leuchstaedt, Jacobi fit la connaissance du poète Gleim
qui se prit d'affection pour lui et lui procura un canonicat luthérien
à Halberstadt (1769).
Dans cette nouvelle situation, Jacobi put à loisir se livrer à des travaux littéraires, et c'est alors qu'il écrivit le Voyage d'hiver (1769); le Voyage d'été (1770); Apollon parmi les bergers (1770); Elysée (1770), poèmes dans lesquels on retrouve des traces sensibles de la préciosité de Chaulieu, de Gresset et des petits poètes français du XVIIIe siècle; l'Iris, journal littéraire qui parut de 1774 à 1776 et que dirigeait Jacobi, eut beaucoup de succès. En 1784, Jacobi fut nommé par Joseph II professeur de belles-lettres à Fribourg-en-Brisgau et il y occupa cette situation jusqu'à sa mort. De cette dernière période datent Phaedon et Naide, pièce de théâtre (1788); la Mort d'Orphée (1790) et quelques écrits de moindre importance. Dans ces oeuvres, où il fait preuve d'une imagination vive et tendre, où il sait allier la grâce et l'ironie, Jacobi reste trop souvent précieux. Ce n'est guère que quand la religion l'inspire, comme dans le Chant du mercredi des Cendres, ou lorsqu'il a à exprimer des sentiments doux et mélancoliques (Berceuse, la Mère) qu'il trouve des accents plus sincères et plus touchants. Ses oeuvres complètes furent éditées à Zurich (1807-1813, 7 vol.), avec une biographie rédigée par son ami Ittner (1822); Martin a publié sa correspondance inédite (Strasbourg, 1874). (L.-W. C.). |
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Friedrich Heinrich
Jacobi est un philosophe
né à Dusseldorf le 15 janvier 1742, mort à Munich
le 10 mars 1849. Il appartenait à une famille de marchands et alla
lui-même apprendre le commerce à Francfort,
puis à Genève. C'est là
qu'il lut pour la première fois de la philosophie : l'Introductio
de s'Gravesande, les ouvrages du sensualiste-mystique
Bonnet, surtout Spinoza.
Les deux travaux de Kant sur l'Évidence
des Sciences métaphysiques (concours de l'académie de
Berlin, 1762) et sur la Seule Preuve possible
de l'existence de Dieu firent sur lui une profonde impression, et lui
donnèrent l'idée que les vérités les plus importantes
échappent à la pensée et ne peuvent être saisies
que par le sentiment.
- Friedrich Jacobi, par Ludwig Strack (1800). En 1764, Jacobi succéda à son père dans son commerce et épousa une femme riche et intelligente, Betty de Clermont, mariage d'où devait naître une nombreuse famille. En 1772, il abandonna son métier pour être conseiller de la cour à Juliers. Mais, trop indépendant, il ne put se maintenir en faveur et se retira dans sa maison de campagne de Pempelfort, près de Dusseldorf. Goethe vint l'y voir le 21 juillet 1774, et ce fut le commencement de leur amitié. Ils étaient nés l'un pour l'autre, dit Jacobi. Goethe dit de lui : « Les idées jaillissaient de ses sentiments et j'en étais moi-même pénétré.» (Poésie et réalité, 285).Le résumé de ces entretiens devait paraître en 1774 et en 1779 dans les deux romans d'Alwill et de Woldemar. En 1779, Jacobi fut appelé comme conseiller à la cour de Bavière, mais ne put y rester et revint dans sa retraite. Dans un voyage à travers l'Allemagne du Nord, il vit Lessing à Wolfenbüttel, et reconnut en lui un disciple de Spinoza, comme il devait le soutenir en 1785, dans sa polémique contre Mendelssohn. Pendant l'invasion française, il se retira successivement à Münster, Hambourg, Cutin, où il se lia avec Voss, Klopstock, Nicolovius, Reimarus, Niebuhr. En 1801, il fit un voyage à Aix-la-Chapelle et à Paris. En 1804, subitement ruiné par la chute d'une maison de commerce où il avait placé sa fortune, il accepta d'être président de l'Académie des sciences de Munich. Il eut, avec le président de l'Académie des arts, Schelling, une vive polémique à laquelle il dut sa retraite. Par son esprit, son éducation, par sa vie, Jacobi devait être soustrait aux influences des écoles philosophiques; aussi le développement de sa pensée fut-il tout personnel. Il ne pouvait admettre qu'une philosophie concrète, intuitive. Ce fut la principale raison qui le fit se déclarer contre la philosophie du XVIIIe siècle allemand, la philosophie des Lumières (Aufklärung) dont il admettait d'ailleurs les conclusions. Son idée fondamentale est la distinction des deux sciences, l'une médiate, l'autre immédiate : la première conduit au spinozisme et à l'idéalisme, la seconde à la réalité. Comprendre, prouver une chose, c'est la ramener à ses conditions. La science médiate détruit tout inconditionné, Dieu et la liberté humaine. Ceux qui prendront ce chemin iront droit à Spinoza, modèle de rigueur logique, dont le système serait la vérité même, si la vérité pouvait être donnée au raisonnement. Mais elle doit être cherchée par une autre méthode, que Jacobi nomme foi, sens, intuition, sentiment, pressentiment, perception, inspiration, et plus tard, après Kant, raison. L'intuition rationnelle, qui ne peut être l'objet d'aucune démonstration, s'appelle révélation. Il y a révélation non seulement des vérités communément appelées rationnelles, mais même de l'existence de notre propre corps ou des corps extérieurs. Cette opposition des deux sciences et des deux méthodes apparaissait clairement aux yeux de Jacobi dans le système de Kant, de celui qu'il appelait un « Hercule entre les penseurs ». Ce système comprend en effet deux parties, l'une donnée à la spéculation, qui mène à l'idéalisme, tel que Fichte l'a développé, et qui détruit les trois vérités essentielles : Dieu, l'âme, l'immortalité; l'autre partie donnée à la foi, qui seule peut maintenir ces grandes vérités. Il ne faut pas chercher dans Jacobi un système; on ne peut y trouver que des idées éparses sur la nature, sur Dieu et sur l'âme. Nous ne connaissons vraiment la nature que par la perception, la seule source immédiate du savoir. Le temps et l'espace sont réels (Il, 208) et les objets de la perception ne sont pas seulement, comme le croit Kant, les phénomènes de choses en soi. Au reste la nature, qui nous voile Dieu, nous intéresse moins que l'homme, ou il apparaît clairement (III, 325). Dieu ne peut être l'objet d'aucune sorte de preuve; mais nous sommes pleins de lui, et il est présent dans nos pensées et nos sentiments. « Si Dieu n'est pas, disait Jacobi, je ne puis moi-même pas être. » On ne peut rien dire de Dieu, sauf qu'il est personnel; il faut qu'il le soit pour être l'objet de notre amour, et le panthéisme n'est qu'un athéisme. La seule révélation de Dieu est intérieure; toute autre est une idolâtrie. Si Jacobi loue un ami (Claudius) d'être chrétien, c'est parce qu'il cultive dans sa religion tout ce qu'il y a dans l'homme de divin. Cette divinité consiste dans la raison, opposée à l'entendement; c'est la faculté de s'élever à l'inconditionnel, au-dessus de la nature, au vrai, au bien, au beau. Pratiquement, la raison s'appelle liberté, c.-à-d. le pouvoir d'être soi-même son oeuvre. « La liberté, est la racine et le fruit de la vertu. » La vertu n'est pas la simple obéissance à la loi. La loi est faite pour l'homme et non l'homme pour elle; elle est pour commander et non pour créer. La vertu est une oeuvre d'art, oeuvre d'un génie individuel, inspiration d'un instinct naturel, qui est à lui seul désirable et se récompense lui-même. S'il n'en était ainsi, Dieu même ne pourrait récompenser la vertu. C'est une vive réaction contre l'eudémonisme déiste du XVIIIe siècle, tel que l'a repris Kant. Cet extrême individualisme se retrouve dans les idées politiques de Jacobi pour lui le seul rôle de l'Etat est de protéger la liberté de l'individu. Les idées de Jacobi, si peu systématiques qu'elles soient, ont eu le mérite d'éveiller la critique au sujet des systèmes contemporains. Elles renfermaient une critique très forte de la philosophie de Kant, de sa conception demi-idéaliste, demi-réaliste du monde, de ses postulats moraux. En elles-mêmes, elles ont mis en valeur les conditions naturelles de la vie morale et les droits de l'individu. Les principaux écrits de Jacobi sont : Alwills Briefsammlung (1774); Woldemar (1799); Ueber die Lehre Spinoza's (1785) ; David Hume über den Glauben, oder Idealismus und Realismus (1786); Brief an Fichte (1799); Ueber das Unternehmen des Kriticismus, die Vernunft zu Verstand zu bringen (1801); Von den goettliehen Dingen und ihrer Offenbarung (1811); Saemmtliche Werke (1812-1825, 6 vol.); J. Briefvechsel, publié par Fr. von Roth (1825-1827, 2 vol.). (Cramaussel). |
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Moritz Hermann
Jacobi est un physicien né
à Potsdam le 21 septembre 1801, mort
à Saint-Pétersbourg
le 10 mars 1875. D'abord architecte à Koenigsberg,
puis professeur d'architecture (1835-1837) à Dorpat (auj. Tartu,
en Estonie), il ne négligea jamais complètement, durant cette
première période de sa vie, l'étude des sciences physiques,
qu'il avait commencée dans sa jeunesse à l'université
(le Göttingen, et il poursuivit notamment, à ses heures de
loisir, des recherches d'électricité pratique, qui le conduisirent
à la publication d'un remarquable Mémoire sur l'application
de l'électromagnétisme au mouvement des machines (Potsdam,
1835, in-8). En 1837, il fut appelé par le tsar à Saint-Pétersbourg
et, la même année, il annonça sa mémorable découverte
de la galvanoplastie.
Désormais célèbre, il renonça à l'architecture. En 1839, il fit sur la Néva des essais de navigation électrique et, en 1810, il établit dans la capitale russe, entre le Palais d'hiver et la résidence d'été, une ligne télégraphique souterraine : il constata à cette occasion l'inutilité de l'emploi du double fil, la terre faisant l'office du second. Le nom de Jacobi est encore attaché à l'adoption de la première unité de résistance électrique, à l'invention du rhéostat, à la création d'une compagnie de sapeurs-électriciens. On lui doit aussi un ingénieux appareil pour la mesure des densités des différents liquides, et il a pris part, comme délégué de la Russie, aux travaux du congrès international réuni à Paris en 1867 en vue de l'unification des poids et mesures. Il était membre de l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg depuis 1839 et conseiller impérial. Ses écrits fort nombreux sont, pour la plupart, des mémoires, en français et allemand, parus dans le Bulletin de l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg (années 1837 et suiv.). Parmi les plus importants. il convient de citer : Expériences électromagnétiques (1837); Ueber die Inductionsphaenomene einer Volta'schen Kette (1838); Ueber die Gesetze der Elektromagnete (1844); Sur la Théorie des machines électrochimiques (1851). Il a en outre donné à part : Die Galvanoplastik (Saint-Pétersbourg, 1840, in-8). (L. S.). |
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Karl Gustav Jacob
Jacobi est un mathématicien
né à Potsdam le 10 décembre
1804, mort à Berlin le 18 février 1851, frère du précédent.
Privat-docent (1824) à l'université de Berlin,
puis professeur extraordinaire (1827), ordinaire (1829) à celle
de Koenigsberg jusqu'en 1842, il fit à cette date un long voyage
en Italie pour sa santé, aux frais du roi de Prusse, qui le pensionna
ensuite pour lui permettre de s'établir à Berlin. Il appartenait
à l'Académie des Sciences de
cette ville depuis 1836.
Jacobi se rendit célèbre
de bonne heure par l'importance des mémoires qu'il publia dans le
Journal de Crelle, depuis 1826 jusqu'à
sa mort et surtout ceux qui concernaient les fonctions
elliptiques. Son nom, dans l'histoire de ces fonctions, est d'ailleurs
inséparable de celui d'Abel qui faisait à
la même époque des découvertes similaires, mais qui
mourut avant d'avoir pu, comme Jacobi, donner toute sa mesure.
Karl Jacobi (1804-1851). L'oeuvre de Jacobi, conservée dans
le Journal de Crelle, est considérable; en dehors, il n'a
donné qu'une dizaine d'articles dans les Monatsberichte,
les Astron. Nachr. de Schumacher et les Annales de Poggendorf.
Comme volumes, il a publié : Disquisitiones arithmeticar de fractionibus
simplicibus (Berlin, 1825); Fundamenta nova theoria functionum ellipticarum
(Koenisgberg, 1829); Commentatio de transformatione integralis duplicis
indefiniti in formam simpliciorum (1832); Canon Arithmeticus
(1839); plus une étude sur la vie de Descartes (1846) et
Jacobi est un de ces mathématiciens qui, comme Viète, Descartes, Leibniz, Newton, Cauchy, ont exercé une influence considérable sur la direction du mouvement scientifique. L'introduction des fonctions dans la théorie des fonctions elliptiques et la découverte de la double périodicité de ces fonctions, découverte dont il partage l'honneur avec l'illustre Abel, ont été le point de départ des grands progrès effectués dans la théorie des fonctions elliptiques et abéliennes. Jacobi a donné en 1836 et en 1837, pour intégrer les équations différentielles du mouvement elliptique, une méthode importante au point de vue de la variation des constantes. Il est parvenu en 1844 à réduire le problème des trois corps à l'intégration d'un système de six équations différentielles et à une quadrature, en suivant une autre méthode que Lagrange; et il a complété en 1844 et en 1845 l'étude faite par Euler, quand les distances mutuelles des trois corps restent dans des rapports constants pendant toute la durée du mouvement. Notons que c'est seulement dans ce cas particulier que l'on sait intégrer complètement les équations différentielles du problème des trois corps.Le calcul intégral doit à Jacobi la théorie du dernier multiplicateur et des méthodes fécondes pour l'intégration des équations différentielles ordinaires et canoniques, et pour l'intégration des équations aux dérivées partielles de premier ordre. Enfin les Vorlesungen ueber Dynamik sont pour ainsi dire la continuation de l'immortel ouvrage de Lagrange sur la mécanique analytique. C'est un des plus beaux livres qui aient été écrits sur la mécanique et sur l'analyse. Les oeuvres de Jacobi sont classiques; ce sont des modèles qui se font remarquer par la clarté, par la rigueur et par l'élégance, et qui sont éminemment instructifs, parce que Jacobi montre toujours la méthode qui l'a conduit aux découvertes qu'il expose. (T.). |
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