| Don Gasparo de Guzman, comte d'Olivarez ou Olivarès, duc de San Lucar de Barrameda, est un célèbre homme d'État espagnol, né à Rome le 6 janvier 1587, mort à Toro le 22 juillet 1643. Fils d'un ambassadeur espagnol auprès du pape, il vint à la cour sous Philippe III, et par les femmes acquit une réelle faveur. L'infant Philippe le prit en affection et, étant monté sur le trône à seize ans (1621), s'en remit à Olivarez de la gestion des affaires. Il disgracia l'incapable duc d'Uzeda, favori de Philippe III, et le cardinal de Lerme, dont le vieil agent, le comte d'Oliva, fut décapité à Madrid. Olivarez reçut le titre de duc de San Lucar et la présidence du conseil des ministres, et garda vingt-deux ans la confiance royale. Tandis que Philippe IV s'adonnait aux fêtes et aux plaisirs, son ministre, qui ne partageait pas ses goûts, s'efforçait de réformer l'Espagne; mais il lui manquait le génie et l'énergie de Richelieu, son contemporain et son rival. C'était un homme instruit, de moeurs simples, désintéressé, épris du bien public, mais orgueilleux à l'excès, dur et brouillon. Il combattit les déplorables abus introduits par Lerme et ses créatures, révoquant les fonctionnaires corrompus, essayant de stimuler l'industrie et le commerce. Mais il dut continuer d'alimenter le luxe de la cour de Madrid ou il voyait un élément essentiel du prestige de la monarchie et de la grandeur de l'Espagne. La politique extérieure Gasparo de Olivarez fut dominée par l'idée de l'hégémonie des Habsbourg et l'entente complète des souverains de Vienne et de Madrid; elle engagea l'Espagne dans la ruineuse guerre de Trente Ans et désorganisa ses finances; en vain on créa de nouveaux impôts, des monopoles nouveaux, il fallut vendre les biens domaniaux, emprunter à des taux usuraires, mettre à l'encan les hauts emplois et les bénéfices ecclésiastiques, pressurer les colonies. Les échecs infligés aux armes espagnoles par les Hollandais sur mer et les Français sur terre se compliquèrent d'insurrections dans la péninsule. Le régime castillan irritait les autres royaumes dont les vieilles franchises étaient menacées; Olivarez voulait imiter l'absolutisme de Richelieu. Quand les Catalans se virent imposer, contrairement à leurs fueros, des impôts non consentis par eux et le service militaire à l'étranger, ils protestèrent; Olivarez répondit qu'invoquer les privilèges locaux pour se soustraire aux charges communes était un acte de trahison et fit emprisonner leurs députés. Pour repousser l'invasion française en Roussillon, une armée castillane pénétra en Catalogne et y prit ses quartiers. Les excès des soldats déterminèrent une insurrection à Barcelone (12 mai 1640); le vice-roi fut tué (7 juin), la province entière soulevée. Le comte-duc d'Olivarès, premier ministre de Philippe IV, l'adversaire de Richelieu qu'il admirait et qu'il enviait. (Tableau de Velazquez conservé au Prado, à Madrid). Au Portugal, Olivarez ne fut pas plus habile. Il indisposa le peuple en violant les règles de la constitution de Thomar et humiliant la noblesse portugaise. Un impôt arbitraire, non voté par les États, provoqua des révoltes durement réprimées (1638). Se défiant du duc Jean de Bragance, Olivarez voulut l'endormir en lui confiant l'inspection et la mise en défense des ports contre la flotte française; les commandants avaient l'ordre secret de s'emparer de sa personne. Bragance déjoua ces perfidies, profita du prestige de sa fonction pour augmenter le nombre de ses partisans et, le 1er' décembre 1640, il était proclamé roi, et le Portugal séparé de l'Espagne. La reine Isabelle, fille de Henri IV, qui était hostile à Olivarez, réussit enfin à le culbuter, les plaintes des provinciaux opprimés, des nobles froissés, des employés trop surveillés formant un concert, de haines. En janvier 1643, Olivarez fut remplacé par son neveu don Luis de Haro. Le ministre disgracié se défendit en publiant un mémoire, qui faisait l'apologie de son gouvernement et mettait en cause de grands personnages et des membres de la famille royale. Il fut exilé à Toro. (A.-M. B.). | |