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Pedro Alvarés
ou plutôt Pedr'Alvarés Cabral est un navigateur portugais sur
la vie duquel on possède très peu de détails. On sait seulement qu'il
était le troisième fils d'un noble portugais, Fernão Cabral, et d'lzabel
de Gouvea, que son père était adiantado de la province de Beira, seigneur
d'Azurara et alcaide-mor de la ville de Belmonte, enfin qu'il épousa Izabel
de Castro, première dame d'atours de l'infante dona Maria, issue d'une
des plus nobles familles du royaume. Le fait que le roi Emmanuel
le choisit pour continuer l'oeuvre de Vasco da Gama
et commander une escadre de treize navires, alors que le Portugal
possédait tant de marins illustres, permet de supposer que Cabral avait
dû acquérir déjà une grande réputation. Il reçut en 1500 la mission
d'aller à Calicut, d'y établir des relations
de commerce et de fonder une factorerie sur la côte de Malabar. Il quitta
Lisbonne le 9 mars avec 10 vaisseaux, 3
caravelles et près de 1500 soldats. Des navigateurs déjà connus, comme
Barthelemy Dias et Nicolas Coelho, commandaient
en sous-ordres. Les noms du comptable Pero Vaz de Caminha et de l'Espagnol
maître Johanes Emenelaus, chirurgien et astronome de l'expédition, ont
passé à la postérité, grâce aux relations de la découverte du Brésil
qu'ils ont rédigées pour le roi ( La
Découverte de l'Amérique ).
Les instructions données à Cabral sont l'oeuvre de Vasco da Gama. Elles
ont été publiées par l'historien brésilien Varnhagen, vicomte de Porto
Seguro (Revue de l'Institut historique du Brésil, t. VII); le fac-simile
du premier feuillet a été donné dans l'Historia geral do Brazil du
même écrivain. Ces instructions débutent ainsi :
«
Ceci est la manière dont il semble à Vasco da Gama
que Pedr'Alvares doit se conduire dans son voyage d'allée, s'il plaît
à Notre Seigneur. »
Elles portaient que l'escadre, après avoir
dépassé l'île de Santiago (archipel du cap Vert), devait cingler constamment
vers le Sud tant qu'elle aurait le vent en poupe; dans les embardées elle
devait prendre la direction Sud-Ouest, courant babord amures la bordée
du large lorsque le vent serait contraire, jusqu'Ã la latitude du cap
de Bonne-Espérance; il faudrait alors gouverner droit à l'Est. Le but
de Vasco da Gama apparaît assez nettement : il
voulait écarter l'escadre des calmes de la côte de Guinée et lui donner
l'aide des vents alizés et du courant équatorial. Mais d'autre part il
est fort probable qu'il avait la certitude de l'existence d'une terre dans
la direction du Brésil ,
car il s'était trouvé lui-même le 22 août 1497 fort près du Penedo
de São Pedro. Son routier démontre en effet que ce jour-là se trouvant
à plus de huit cents lieues de l'Afrique, il avait vu des oiseaux,
«
qui le soir se sont dirigés vivement vers le Sud-Sud-Ouest comme des oiseaux
qui s'en vont vers une terre » (Roteiro da viagem de Vasco da Gama;
Lisbonne, 1861, p. 3, in-8).
Le 14 mars, Cabral traversa les Canaries ,
le 22 il était en vue de l'île Saint-Nicolas (Cap Vert). Le 23, un coup
de vent écarta un des vaisseaux qu'on attendit en vain pendant deux jours;
il fut obligé en effet de relâcher et de retourner à Lisbonne. L'escadre
cingla alors vers le Sud-Ouest. Le 21 avril Cabra rencontrait des herbes
marines et le 22 il apercevait une montagne à laquelle il donna le nom
de Monte Paschoal (province de Bahia, Brésil ).
Le 23, l'escadre jetait l'ancre à une demi-lieue de la côte en face d'une
rivière (probablement le Cahy). Nicolas Coelho descendit à terre et aperçut
des hommes nus et bruns aux cheveux lisses. Le 24, une tempête obligea
l'escadre à chercher un abri plus au Nord. Elle le trouva le lendemain
dans un port qui fut nommé Porto Seguro (plus tard Santa Cruz et baie
Cabralia). Le 26 (dimanche) on entendit la messe dans une petite île,
et le 1er mai on célébra un service solennel
devant une grande croix plantée sur la côte, en présence d'un grand
nombre d'Indiens attirés par la nouveauté du spectacle. C'était la prise
de possession de la nouvelle terre. Cabral reprit la mer le 2 mai et continua
son voyage vers les Indes après avoir envoyé la caravelle du capitaine
André Gonçalves (celle de Gaspar de Lemos, selon quelques historiens,
mais l'autorité de Correa, auteur des Lendas da India, est préférable)
porter au Portugal la nouvelle de la découverte, qui fut d'abord dénommée
Ile da Vera Cruz, puis Terre de Santa Cruz, dans la lettre du 29 juillet
1501, adressée aux souverains catholiques par le roi Emmanuel. Le nom
de Brésil, déjà employé par Empoli en 1503, se trouve encore dans le
routier de Gonneville (1503-1505) et dans le routier du vaisseau portugais
le Bretoa (1511), allant au cap Frio.
Entre le Brésil
et le cap de Bonne-Espérance une violente tempête engloutit quatre des
vaisseaux de Cabral; un autre s'égara et revint en Portugal .
Avec les six qui lui restaient et les deux caravelles, il arriva à Calicut
le 13 septembre. Le zamorin et les marchands arabes lui suscitèrent toutes
sortes de difficultés. La factorerie qu'il établit fut pillée et un
grand nombre de ses soldats massacrés (16 décembre). Cabral brûla plusieurs
navires et bombarda la ville pendant deux jours. Il se rendit alors Ã
Cochin
où il arriva le 24 décembre. Il y fit un chargement considérable d'épices
qu'il compléta à Cananor
et quitta ce dernier port le 16 janvier 1501, après avoir conclu un traité
de paix avec les rois de Cochin et de Cananor. Il rentra à Lisbonne le
31 juillet.
L'histoire ne fait plus aucune mention
de l'auteur de la découverte du Brésil .
On sait seulement que Cabral vivait en 1518, car cette année encore il
toucha une pension. Varnhagen a découvert à Santarem, dans le couvent
de Graçaa, le tombeau de Cabral avec une inscription qui ne donne pas
la date de sa mort. Il laissa deux fils qui furent comblés d'honneurs.
Un de ses descendants, Pedro Alvarés Cabral, était ambassadeur à Madrid
en 1735 : un conflit entre les gens de sa suite et des soldats espagnols
servit de prétexte à la reprise des hostilités entre les Espagnols et
les Portugais à la Plata et au troisième siège de Colonia du Sacrement.
(Rio Branco). |
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