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Cahors est
une ville de France, dans le département
du Lot. Elle date de l'époque celtique.
La source Divona, chantée par le poète Ausone,
qui a donné l'explication de son nom - Celtarum
lingua fons addite Divis - semble avoir attiré
les premiers habitants et fixé la capitale du pays des Cadurci.
Florissante après la conquête romaine,
elle vit son Industrie renommée dans tout l'empire; le nom même
de Cadurcum fut employé pour désigner les matelas
qui s'y fabriquaient en grand nombre. Le christianisme
y fut prêché par saint Genulphe ou Genou, qui fut au IVe
siècle le premier évêque de Cahors. Après les
invasions, Cahors devint le chef-lieu du pagus Cadurcinus, en langue
romane Caerci, puis Quercy
et en suivit les vicissitudes. En 573, Théodebert, fils de Chilpéric
Ier, enleva
Cahors au roi d'Austrasie'
Sigebert
et en fit raser les fortifications. La ville fut dévastée
plus tard par les Sarrasins
et les Vikings. A la fin du Xe
siècle elle fut prise par le comte de Toulouse Guillaume Taillefer,
puis au XIIe le roi d'Angleterre
Henri Il. Thomas Becket en fut quelque temps gouverneur
(1159). Les comtes de Toulouse
ne tardèrent pas à la recouvrer; ils la perdirent définitivement
après la guerre des Albigeois (Moyen
âge).
Les évêques avaient acquis
peu à peu la plupart des droits
seigneuriaux et en particulier le droit de battre monnaie en
face d'eux, dès le commencement du XIIIe
siècle, s'était organisée une commune gouvernée
par des consuls et une assemblée nombreuse nommée le commun
conseil. Sous l'épiscopat de Guillaume IV de Cardaillac, elle était
assez riche pour prêter à l'évêque des sommes
considérables et obtint en retour la reconnaissance de ses coutumes
et de ses franchises. Cahors était alors l'une des villes les plus
florissantes du royaume, surtout à cause de l'affluence des banquiers
lombards nommés communément Cahorsins.
Mais l'harmonie entre l'évêque et la commune ne tarda pas à être troublée; le XIIIe siècle entier est rempli par les luttes du consulat contre l'évêché et le chapitre, qui s'appuient souvent sur la classe inférieure. Entre temps le pouvoir royal intervient pour profiter de ces discordes; les différends sont portés devant le parlement de Paris et à la fin du XIIIe siècle, l'évêque, pour venir à bout de la résistance de la bourgeoisie ne trouve rien de mieux à faire que de proposer au roi d'entrer en pariage avec lui, ce qui eut lieu en 1316. L'évêque ne fut plus depuis lors que co-seigneur de la ville, dont l'administration fut presque toute entière entre les mains des officiers royaux. Cette co-suzeraineté de l'évêque, plus nominale que réelle, persista jusqu'à la fin de l'Ancien régime : lorsqu'il officiait pontificalement dans la cathédrale il faisait placer sur l'autel son épée, ses gantelets et son heaume. Le pape Jean XXII, né à Cahors, y fonda en 1331 une Université, où plus tard Cujas enseigna le droit et où Fénelon fit ses études, et qui fut réunie en 1751 à celle de Toulouse. Livré à l'Angleterre
par le traité de Brétigny
(La Guerre de Cent ans),
Cahors subit impatiemment la domination anglaise; la population se souleva
en 1369, réussit à chasser les Anglais, repoussa ensuite
leurs attaques, mais retomba plus tard en leur pouvoir et n'en fut délivrée
qu'en 1428. Au XVIe siècle (La
Renaissance)
la Réforme y fit peu de prosélytes; lors de la guerre des
Amoureux, le roi de Navarre ne l'emporta qu'après un combat qui
dura cinq jours (5-10 mai 1580). Cahors prit ensuite parti pour la Ligue.
A son avènement, Henri IV supprima les
privilèges d'entrepôt pour les vins dont la ville avait joui;
c'était supprimer la principale source de sa prospérité,
aussi la décadence de la ville date de ce moment.
Les
monuments.
La cathédrale Saint-Étienne dont quelques archéologues ont voulu faire remonter la construction jusqu'au VIIe siècle, ne paraît pas antérieur au XIe siècle : elle appartient à la période romano-byzantine comme les églises de St-Front à Périgueux, de St-Pierre à Angoulême, et les anciennes abbatiales de Solignac et de Souillac. Elle a 85,50 m de longueur et 33,50 m de largeur. Son unique nef est entièrement abrité par deux voûtes en coupole, que supportent six piliers de 19,60 m de hauteur sur 4,40 m de base, placés sur deux rangs parallèles. Ces coupoles, d'une grande hardiesse et construites en moyen appareil, ont 19 mètres de diamètre et sont percées, aux quatre points cardinaux, de fenêtres qui éclairent la nef : elles affectent extérieurement la forme conique à sommet obtus; l'une a 32 mètres de hauteur, et l'autre 25 seulement. Les arcades à plein cintre qui joignent les piliers ont 18 mètres de largeur sur 19 de hauteur sous clef. Au rectangle formé par la base des coupoles est juxtaposée une abside qui sert de choeur. Cette abside, dans le mur de laquelle s'ouvrent trois petites chapelles, prolonge la nef sur un axe différent, ainsi qu'on le remarque dans beaucoup d'autres églises du Moyen âge, et incline légèrement à gauche; elle est recouverte d'une voûte ogivale, bâtie en 1285, et percée de deux étages de fenêtres à ogive dont les vitraux ont disparu. Pour donner plus de jour à la nef, on avait de bonne heure ouvert deux fenêtres romaines dans les arcades : un architecte du XIIIe siècle fit pratiquer les troisièmes, et eut la malencontreuse pensée de faire une rosace à la place d'une fenêtre cintrée. Entre les piliers qui portent les coupoles, règnent, de chaque côté de la nef, des galeries ou tribunes ornées de balustres, sous lesquelles sont plusieurs chapelles. Ces chapelles, bâties aux XIIIe, XIVe et XVe siècles, ont modifié d'une manière peu gracieuse le plan primitif de l'édifice. L'intérieur, où l'on descend de la porte d'entrée par un escalier de 15 marches, a été plusieurs fois enduit de badigeon; on a détruit ainsi d'antiques peintures murales. A l'extérieur, le portail Nord est un type très remarquable de l'architecture décorative et de la sculpture des dernières années du XIIe siècle. On l'a comparé avec raison au célèbre portail de Moissac; la sculpture en est peut-être encore plus parfaite, quoique l'effet d'ensemble soit moins grandiose. On y remarque une frise, qui représente, en fort relief, des chasses d'animaux féroces et des combats. Portail Nord de la cathédrale de Cahors. Le clocher, de style gothique, n'offre rien de remarquable; il est brusquement terminé par une charpente de mauvais goût. Mais il y a un narthex du XIIe siècle, orné de sculptures très délicates, représentant Jésus entouré d'anges en adoration, le martyre de Saint Étienne, et diverses scènes de la vie de St Génulphe, premier évêque de Cahors. Au Sud-Est du monument sont des restes du cloître (1494-1509). L'église Saint-Urcise est un édifice des XIIe et XIIIe siècles, dont les chapiteaux romans ont été repris et sculptés à nouveau au XIVe siècle. L'église Notre-Dame date du XIVe siècle, ainsi que celle du Sacré-Coeur, ancienne église des dominicains. Le Château royal, autrefois siège de la sénéchaussée du Quercy, a conservé une tour du XIVe siècle et des constructions disparates du XIVe au XVIIe siècle; il a servi de prison. Le Palais de Jean XXII est une massive construction du commencement du XIVe siècle, dominée à l'un de ses angles par une haute tour carrée. D'autres maisons fortes, du même style, et des restes de l'enceinte fortifiée sectionnée de tours rondes et carrées, donnent une idée de l'aspect que pouvait avoir Cahors à cette époque du Moyen âge. Le Collège Pellegri, fondé en 1364, et converti en habitations particulières, a conservé une jolie cour Renaissance. De cette époque datent aussi un gracieux corps de garde, la barbacane, près de la Tour de la Barre, la mieux conservée de l'enceinte; la Maison Pezet et la Maison Roaldès. Le pont de Valentré à Cahors. Les deux rives du Lot sont reliées par plusieurs ponts, dont l'un, le Pont de Valentré, restauré au XIXe siècle, date des premières années du XIVe siècle; il supporte trois hautes et curieuses tours à machicoulis. (M. Prou / B.). |
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