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Fenêtre

Une fenêtre est une baie ou ouverture pratiquée dans le mur extérieur d'une construction pour donner du jour et de l'air à l'intérieur. Comme tout élément important dans la structure et pour l'usage des édifices, les fenêtres ont, suivant les climats, suivant les matériaux mis en oeuvre et surtout suivant la destination des édifices, reçu des dimensions, des formes, des dispositions et des décorations différentes. En outre, le style et la richesse d'architecture d'une époque, exerçant leur influence sur la décoration des chambranles ou encadrements extérieurs des fenêtres, assurent à ces dernières une place souvent considérable et quelquefois prépondérante dans l'ornementation et par suite dans le caractère monumental des édifices.
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Fenętre de l'Hôtel Fieubet, ŕ Paris (4e arrondissement).
Une fenêtre de l'Hôtel Fieubet, à Paris.

On ne peut douter que les Anciens n'aient connu l'usage des fenêtres, et un certain nombre de celles-ci, datant d'époques bien différentes, mais remontant à plus de dix-huit siècles, existent encore de nos jours, en partie ruinées il est vrai, dans les édifices élevés par les Égyptiens, les Grecs et les Romains. Cependant le climat des bords de la mer Méditerranée étant plus chaud que le climat des contrées du Nord-Ouest de l'Europe, la vie des anciens Égyptiens, des Grecs et des Romains, étant plus extérieure que la nôtre, cette vie se passant, beaucoup plus que la vie de nos jours, sur la place publique ou sous les portiques sur lesquels s'ouvraient aussi bien les portes des temples et des autres édifices publics que celles des chambres des riches maisons; enfin les rites des différentes religions égyptienne, grecque ou romaine, ne permettant l'accès de l'intérieur des temples qu'à un petit nombre d'initiés; toutes ces circonstances réunies ont fait que, jusqu'au commencement de notre ère, les fenêtres n'ont occupé qu'une place assez restreinte dans la construction et par suite dans la décoration des édifices.

L'Égypte et la Grèce.
Dans l'ancienne Égypte (L'architecture égyptienne), les pylônes, placés à l'entrée des temples, montrent encore les petites fenêtres, assez irrégulièrement disposées et semblables à des meurtrières, qui éclairaient des chambres à l'intérieur de ces pylônes et permettaient aussi aux gens de service d'amarrer solidement les mâts et de hisser les drapeaux que l'on y faisait flotter les jours de fête; de plus, certaines grandes salles hypostyles présentaient, à leur partie supérieure et grâce à la différence de hauteur de la nef centrale et des nefs latérales, des fenêtres s'ouvrant entre les terrasses couvrant ces nefs, fenêtres qui n'étaient autres que des vides réservés dans la construction et fermés par des grillages de pierre ou claustra; enfin, sur les représentations peintes ou sculptées de palais ou de maisons que nous ont conservées les tombeaux, figurent de véritables fenêtres souvent divisées par des meneaux en plusieurs ouvertures rectangulaires et encadrées d'un chambranle dont les pieds-droits, reposant sur un appui, s'inclinent vers l'intérieur et diminuent de largeur à mesure qu'ils s'élèvent vers leur couronnement, lequel consiste assez souvent en une gorge avec au-dessus un simple filet. Mais, dans les ruines de Thèbes, au pavillon royal de Médinet-Abou, appelé aussi pavillon de Ramsès III, du nom du pharaon qui le fit construire environ quinze siècles avant notre ère, existent encore deux types différents de fenêtres : l'un, dont la baie est plus large que haute, offrant un chambranle formé par la saillie des assises entre lesquelles s'ouvre cette baie et couvert, sur ses parties montantes, de hiéroglyphes tandis que la partie supérieure est décorée d'un globe ailé, et l'autre dont le chambranle est orné de même, mais a un très fort relief, ce qui en forme comme un petit monument séparé, et est, de plus, couronné d'une gorge décorée, elle aussi, d'un globe ailé et surmontée de cartouches entourés et reliés par des ornements en forme de guirlandes. 

La Grèce ancienne offre, moins encore peut-être que l'Égypte, des exemples de fenêtres éclairant, soit l'intérieur des temples et des édifices publics, soit l'intérieur des maisons: cependant un bas-relief antique montre une fenêtre plus large que haute, sur le côté d'un temple; des fenêtres, ouvertes à même le mur et sans chambranle, se voient aux portes de Messène, et la cella de Pandrose, dans l'Erechthéion d'Athènes (Acropole), sorte de corridor étroit longeant le côté occidental du corps principal de l'édifice, a conservé, dans les entre-colonnements de sa façade, trois fenêtres destinées à donner du jour dans cette partie du monument. Nous reproduisons (fig. 1) l'ensemble d'une de ces fenêtres ainsi que le détail de la moulures en formant le chambranle, fenêtre et chambranle qui remontent à la reconstruction de l'Erechthéion après les guerres médiques, c.-à-d. à la plus belle époque de l'art grec. 
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Fig. 1. - Élévation de la fenêtre de la cella
de Pandrose à l'Erechthéion d'Athènes, 
et coupe de la moulure du chambranle.

Rome.
Quoique les Romains ne se servaient pas beaucoup plus que les Grecs de fenêtres pour éclairer leurs temples et leurs maisons, nous connaissons un certain nombre de types de fenêtres romaines, types bien différents dans leurs dispositions et leur décoration, suivant la destination des édifices dont les ruines nous les ont conservés. C'est ainsi que les fenêtres du temple de la Fortune, à Praeneste (Italie) (fig. 2), avec leurs crossettes qui élargissent le chambranle à la hauteur de l'appui et du linteau et avec leurs fines consoles portant une corniche de couronnement, offrent un bel exemple emprunté au style gréco-romain, tandis que dans les grands amphithéâtres, le Colisée de Rome ou l'amphithéâtre de Pola (Istrie), les fenêtres sont de simples baies, carrées ou rectangulaires, ménagées dans la construction de l'étage supérieur et dépourvues de chambranles saillants; en revanche, les salles de réunion des vastes ensembles d'édifices constituant les Thermes des empereurs étaient éclairées par de larges arcades remplies par des claustra, et dans les maisons de Pompéi, qui n'avaient que rarement des fenêtres ouvrant sur la voie publique, ces fenêtres, peu importantes, souvent plus larges que hautes, étaient percées à même la décoration du mur, et on peut en outre constater que, dans la maison dite du Poète tragique, qui, chose exceptionnelle, a six fenêtres à rez-de-chaussée, les appuis de ces fenêtres sont plus élevés au-dessus du sol des pièces que ne le seraient à notre époque, avec les règlements de voisinage, les appuis de jours de souffrance; car ces appuis de fenêtres de Pompéi sont à plus de six pieds (2 m) au-dessus du sol. C'est encore à Pompéi, dans une salle intérieure de la maison dite de Plinius Rufus, que l'on voit un chambranle de fenêtre avec crossettes encadrant une surface de mur rectangulaire creusée en biseau et dont une toute petite partie seulement est percée de part en part afin de former une meurtrière, tant dans les climats chauds et dans les maisons romaines antiques les fenêtres jouaient un rôle différent de celui qu'elles remplissent dans les climats plus souvent froids et dans les maisons modernes du Nord de l'Europe.
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Fig. 2. - Élévation de la fenêtre du temple
de la Fortune, à Praeneste (Italie).

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Les Romains imposèrent aux peuples qu'ils avaient conquis leur architecture, et, au moyen des légionnaires cantonnés aux extrémités de l'Empire, ils firent adopter dans toute la partie du monde soumise à leur domination leurs types et leurs procédés de construction : cependant il est intéressant de mentionner ici la seule représentation connue d'une petite fenêtre, bien simple, de forme rectangulaire, percée à même la clôture de bois d'une hutte circulaire gauloise, fenêtre qui se voit dans le bas-relief romain, encadré dans le piédestal de la statue de Melpomène au musée du Louvre et représentant un Gaulois défendant sa maison contre un légionnaire romain au temps de la conquête de la Gaule par Jules César.

Le Moyen âge.
Dans l'architecture latine et dans l'architecture byzantine, pendant les premiers siècles du Moyen âge, les fenêtres continuèrent, comme à l'époque romaine, à être ou rectangulaires ou cintrées par le haut, et, si elles furent plus nombreuses que dans les siècles précédents, leurs ouvertures furent toujours, ou laissées béantes ou garnies de claustra de pierre, de marbre, de bois ou de métal, claustra dont parfois les vides étaient garnis de morceaux de verre. En effet, les Anciens connaissaient le verre; mais ils ne le fabriquaient pas, comme on le fabrique de nos jours, en grandes surfaces, pour l'employer à des usages courants. Jusqu'au XIIe siècle, nombre d'églises romanes eurent leurs fenêtres dans les mêmes conditions, mais avec un large ébrasement intérieur, ainsi qu'on peut le voir sur le plan (fig. 3) qui accompagne l'élévation d'une fenêtre de l'église de Savenières, sur la rive droite de la Loire, église dont on fait remonter au VIIIe siècle la partie de façade latérale à laquelle est empruntée cette fenêtre. 
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Fig. 3. - Plan et élévation d'une fenêtre
de l'église de Savenières (France).

L'ouverture extérieure en est de petites dimensions, 1,10 m de hauteur sur 0, 60 m intérieurement, et est ornée d'une archivolte et de pieds-droits formés de briques et de morceaux de tuffeau blanc, tranchant heureusement, comme coloration, avec la maçonnerie de petit appareil et d'un ton noirâtre du reste du monument. Au reste, les fenêtres de l'ère romane primitive présenteraient peu d'intérêt, à cause de leur peu de variété, si parfois, comme dans certains monuments carolingiens de l'Est de la France, plusieurs fenêtres n'étaient rapprochées l'une de l'autre, formant ainsi une fenêtre double, triple et même quadruple dont la retombée intérieure des archivoltes ou les joints des linteaux reposaient sur des colonnettes assez rudimentaires comme bases et comme chapiteaux, mais ne manquant pas pourtant d'une certaine élégance de proportions. En outre, dans les fenêtres groupées par trois, celle du milieu avait parfois une plus grande hauteur, surtout quand la fenêtre était placée à la partie supérieure d'un pignon, et souvent aussi un arc en décharge, placé au-dessus de la fenêtre et bien appareillé, venait, comme à l'église Saint-Front de Périgueux, reporter le poids de la construction supérieure sur les parties de mur à droite et à gauche de la fenêtre, en même temps qu'il tranchait par sa courbe sur les assises horizontales de l'appareil du pignon.
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Fig. 4. - Plan d'une fenêtre des transepts
circulaires de la cathédrale de Noyon.

Avec l'ère de transition du roman au gothique, les formes des fenêtres devinrent plus variées, et les parties supérieures des bras de la croisée de la cathédrale de Noyon, véritables transepts bâtis sur un plan circulaire, vers 1150, sont éclairées par de longues fenêtres jumelles plein cintre qui s'ouvrent sur une galerie extérieure passant à travers les contreforts butant les arêtes des voûtes (fig. 4, le plan, et fig. 5, la vue perspective d'une de ces fenêtres). Comme le plan l'indique, dans ces fenêtres, des feuillures intérieures pouvaient servir aussi bien à les abriter du vent qu'à pourvoir à leurs réparations possibles; en outre, fenêtre, galerie, contreforts et grand arc de décharge entre les contreforts, au-dessus de la claire-voie de la galerie, forment un heureux contraste par leurs proportions différentes, et produisent, sur cette façade circulaire, une grande variété de jeux de lumière et d'ombres. 
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Fig. 5. - Vue perspective d'une fenêtre 
des transepts de la cathédrale de Noyon.

A la fin du XIIe siècle et pendant la première moitié du XIIIe siècle, les fenêtres devinrent de plus en plus larges à mesure que les édifices devenaient plus vastes, et le système des meneaux se généralisa, créant ainsi une clôture de pierre largement ajourée à l'intérieur des baies; souvent même, au-dessus de deux fenêtres jumelles fut disposé un oeil-de-boeuf, ressouvenir de l'oculus des basiliques latines, mais divisé par des réduits de pierre en plusieurs lobes rayonnant autour d'une ouverture centrale. Parmi les plus belles fenêtres de ce genre, il faut citer les fenêtres de l'église haute de la Sainte-Chapelle du Palais de Justice de Paris (fig. 6, le plan et l'élévation d'une de ces fenêtres).
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Fig. 6. - Plan et élévation d'une fenêtre
de l'église haute de la Sainte-Chapelle de Paris.

Le vide est divisé en deux par un meneau central portant deux arcs brisés et une rose; mais les deux fenêtres jumelles ainsi produites sont divisées à leur tour par des meneaux plus petits qui portent aussi des arcs brisés et une rose, ce qui diminue les dimensions des espaces à vitrer et forme entre l'appui de la baie, les contreforts l'encadrant et l'arc de décharge portant le pignon, une claire-voie ajourée du plus heureux effet. Malheureusement, avec la fin du XIIIe et le commencement du XIVe siècle, se multiplient les meneaux, et les divisions, d'abord de formes géométriques (arcs brisés et roses), des claires-voies, prennent des formes contournées, ressemblent à des coeurs allongés, à des ailes, à des flammes, ce qui motive le nom de gothique flamboyant donné à cette phase de l'architecture gothique
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Oeil de boeuf (fenętre).
Oeil de boeuf (rue Cambacérès, à Paris).

On ne saurait nier que, dans les édifices civils, les fenêtres n'aient suivi les mêmes transformations que dans les édifices religieux et n'aient, elles aussi, présenté, après les formes simples de l'ère romane et de l'ère de transition, les formes plus sveltes de la première période ogivale et enfin les formes tourmentées du style gothique flamboyant, et l'on en pourrait citer de nombreux exemples, surtout dans les couronnements de lucarnes des édifices civils élevés à la fin du XVe siècle; cependant la nécessité d'obéir à des exigences plus restreintes et aussi plus nettement définies maintint les formes et les divisions des fenêtres des édifices civils dans des données moins fantaisistes, et l'on peut rappeler, comme exemple de fenêtre d'un édifice civil de la fin du XVe siècle, la fenêtre encore existante de la grande salle du palais des Comtes, à Poitiers, fenêtre surmontant une cheminée à trois foyers dont le passage des tuyaux de fumée a force d'aveugler une partie des travées du vitrage.

La Renaissance.
A la charnière entre le Moyen âge et la Renaissance on voit apparaître, en France particulièrement, des fenêtres des formes les plus variées et dont la partie supérieure fut tantôt formée par un arc surbaissé et tantôt couronnée par un arc en accolade; mais, avec la Renaissance, reparurent, pour les fenêtres comme pour les autres parties des édifices, tous les éléments de l'architecture antique. Dès la fin du XVe siècle, les palais de l'Italie présentèrent des fenêtres à plates-bandes ou cintrées, avec claveaux appareillés, encadrées par des assises disposées régulièrement et souvent taillées en bossages, avec des moulures formant chambranles, et ces derniers souvent couronnés de frontons aigus ou circulaires. Il en fut de même en France; seulement, fidèles aux traditions du  Moyen âge, les fenêtres y conservèrent plus longtemps, même dans les édifices civils, la division en meneaux, lesquels formaient une croix à un ou plusieurs croisillons dans lesquels des feuillures recevaient des châssis vitrés indépendants les uns des autres. On peut citer, comme un bel exemple appartenant à la Renaissance française, les fenêtres du premier étage de la cour du Louvre, dans la partie due à Pierre Lescot et à Jean Goujon ( fig. 7, une de ces fenêtres empruntée à un des avant-corps et surmontée de lions affrontés mais séparés par une tête de femme, tandis que les fenêtres des arrière-corps ont pour couronnement, au-dessus de la corniche, un fronton aigu ou circulaire).
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Fig. 7. - Fenêtre du premier étage
de la cour du Louvre. 

Dans ces fenêtres, on remarquera de plus le contre-chambranle recevant la riche console qui porte la saillie de la corniche et a permis de sculpter au-dessus, en haut relief, les lions et la tête de femme, et on remarquera aussi que, la partie supérieure du chambranle proprement dit, formant architrave, l'ensemble de l'encadrement de la baie renferme tous les éléments : architrave, frise et corniche d'un entablement complet. Au reste, les fenêtres ainsi traitées, de même que les portes, doivent obéir, dans les édifices dont le style d'architecture est imité de l'antique, à des règles concernant les proportions et la richesse de leurs divers éléments, règles qu'elles ont de commun avec les ordres qui décorent les édifices et qu'a formulées le plus anciennement Vitruve dans le livre IV de son Cours d'architecture au chapitre VI : de la proportion des portes des temples et de leurs chambranles. 

La fig. 8 donne l'élévation d'une fenêtre, sinon plus riche que la précédente, mais dans laquelle des colonnes corinthiennes, placées à droite et à gauche de la baie, supportent, au-dessus de cette baie, un entablement couronné par un fronton alternativement aigu ou circulaire. Cette fenêtre appartient au deuxième étage de la façade des « Procuratie nuove », sur la place Saint-Marc, à Venise, édifice construit à la fin du XVIe siècle sur les dessins de V. Scamozzi et qui passe pour l'oeuvre la plus remarquable de cet architecte. L'ensemble de l'encadrement de la baie, dont les colonnes sont portées sur des piédestaux entre lesquels règnent la balustrade et l'appui de la fenêtre, est étudié suivant les règles formulées par les maîtres du XVIe siècle et par Scamozzi lui-même pour l'ordre corinthien, et les moulures de l'entablement profilées à droite et à gauche de la fenêtre indiquent la séparation en deux étages, dont un peu important, situé à la partie supérieure et éclairé par des mezzanines, du deuxième étage des « Procuratie nuove ».
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Venise : fenętres des Procuratie.
Fig. 8. - Fenêtres avec mezzanine de l'étage supérieur 
des Procuratie nuove, de Venise. © Photos : Serge Jodra, 2009-2012.

L'époque moderne.
Après la Renaissance et jusqu'au XIXe siècle, les fenêtres, obéissant comme par le passé aux styles dominants en architecture, furent généralement rectangulaires au XVIIe siècle pour prendre une forme cintrée et souvent surbaissée au XVIIIe; les meneaux disparurent; les chambranles, d'un certaine sobriété sous Louis XIII, prirent une allure magistrale sous Louis XIV et suivirent tous les caprices de la mode sous Louis XV jusqu'à ce que, sous Louis XVI et le premier Empire (Napoléon I), se produisit une réaction empreinte de froideur et de classicisme et inspirée par une trop méticuleuse imitation de l'Antiquité encore peu connue et mal interprétée. 

Enfin, à partir de la fin du XIXe siècle, les fenêtres rappelant, comme les édifices dans lesquelles elles s'ouvrent, les différents styles des époques précédentes, mais offrant parfois des motifs d'une originalité de bon aloi, font souvent appel au métal, non seulement pour la fermeture de la baie, mais encore pour les divisions de la croisée et ont souvent leurs chambranles ornés de terre cuite et de faïence émaillée. (Ch. Lucas).

Les types de fenêtres.
Les fenêtres offrant dans leurs dispositions, dans leurs formes et dans leurs encadrements, les variétés les plus grandes, il y a lieu de rappeler les principales dénominations données aux fenêtres avec les quelques explications sommaires que comportent ces dénominations : 
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Fenêtre à balcon. - Fenêtre dont l'ouverture descend de niveau ou presque avec le plancher de l'appartement et dont l'appui est supporté par des balustres ou des entrelacs de pierre, de bois ou de métal. 

Fenêtre à fer maillé et à verre dormant. - Fenêtre qui, obéissant à des prescriptions légales sur les jours ouverts dans un mur non mitoyen joignant immédiatement l'héritage du voisin, est garnie extérieurement d'un treillis de fer à mailles d'un décimètre d'écartement et intérieurement d'un châssis ne pouvant s'ouvrir.

Fenêtre à l'italienne. - Fenêtre divisée en trois parties dans le sens de la largeur et dont la partie médiane, toujours plus haute et souvent plus large que les autres, est fermée par des colonnettes recevant la retombée d'un arc dont l'imposte prolongée de droite et de gauche forme les linteaux des deux ouvertures latérales.

Fenêtre à meneaux et à croisée. - Fenêtre divisée dans sa largeur et souvent aussi dans sa hauteur par des meneaux de pierre, de bois ou de métal formant des compartiments recevant des châssis différents. Lorsque la fenêtre est divisée par deux meneaux, l'un vertical et l'autre horizontal formant une croix, la fenêtre est dite à croisée, et, s'il y a deux meneaux verticaux, à double croisée: dans ces dernières fenêtres, l'espace compris entre les deux meneaux horizontaux sert parfois à masquer le passage, à travers la baie, d'un plancher divisant l'étage ou une partie de l'étage en deux étages dont un entresol. 

Fenêtre atticurge. - Fenêtre rétrécie par le haut, c.-à-d. dont le linteau est moins large que l'appui et dont les montants ou pieds-droits sont inclinés obliquement l'un vers l'autre. Cette fenêtre doit son nom à sa ressemblance avec la porte appelée par Vitruve atticurge.

Fenêtre avec ordre ou fenêtre d'ordre toscan, dorique, etc. - Fenêtre qui, outre un chambranle, comprend un contre-chambranle, un pilastre ou une colonnette rappelant, par ses éléments décoratifs, un ordre d'architecture antique, et cette fenêtre est, de plus, surmontée par un entablement soumis aux règles de cet ordre. Les fenêtres ainsi décorées prennent le nom de l'ordre auquel appartiennent les détails d'architecture qui les encadrent. 

Fenêtre biaise. - Fenêtre dont, en vue de faciliter l'introduction de la lumière, les tableaux encadrant la baie ne sont pas, quoique parallèles entre eux, taillés en retour d'équerre avec le mur de face. 

Fenêtre bombée. - Fenêtre dont la fermeture est formée d'une portion d'arc de cercle ou d'une demi-ellipse.

Fenêtre carrée. - Fenêtre souvent employée dans les étages d'attique et dont la hauteur est égale à la largeur. 

Fenêtre cintrée. - Fenêtre dont la fermeture est une demi-circonférence de cercle. 

Fenêtre d'encoignure. - Fenêtre qui s'ouvre dans un pan coupé ou dans l'arrondissement d'un angle.

Fenêtre dormante ou condamnée. - Fenêtre dont le châssis est fixé à demeure, de façon à ne pouvoir s'ouvrir, mais qui complète l'illusion d'une véritable fenêtre. 

Fenêtre droite. - Fenêtre d'une régularité parfaite, dont les tableaux sont d'équerre avec le mur de face et dont la fermeture est un linteau horizontal.

Fenêtre ébrasée. - Fenêtre dont les tableaux, au lieu d'être parallèles, forment au dehors une large embrasure qui facilite l'introduction de la lumière.

Fenêtre en abat-jour. - Fenêtre dont l'appui ou le linteau et parfois tous les deux forment au dedans une embrasure donnant plus de passage à la lumière. 

Fenêtre en angle. - Fenêtre disposée sur une façade tellement près de l'angle rentrant formé par un autre corps de bâtiment qu'il n'y a pas place de ce côté pour la partie de chambranle encadrant la baie.

Fenêtre en embrasure. - Fenêtre dont l'embrasure intérieure est très ébrasée ou largement ouverte.

Fenêtre en tour creuse. - Fenêtre circulaire en plan, concave au dehors et convexe en dedans, tandis que la fenêtre en tour ronde, également circulaire en plan, est convexe au dehors et concave au dedans.

Fenêtre en tribune. - Fenêtre s'ouvrant, comme la fenêtre en balcon, jusqu'au niveau du plancher de l'appartement, mais dont le balcon fait une assez forte saillie au-devant de la façade. Généralement, les fenêtres en tribune, placées au bel étage ou étage d'honneur et au milieu de la façade d'un édifice, se distinguent des autres fenêtres de cet étage autant par les plus grandes proportions de leur baie que par la richesse de leur ornementation dans laquelle entre souvent un ordre d'architecture. 

Fenêtre feinte ou fausse fenêtre. - Fenêtre peinte sur une muraille en répétition d'une véritable fenêtre, ou encore fenêtre dont l'embrasure existe, mais dont le châssis dormant est appliqué sur un remplissage en maçonnerie légère de la baie. 

Fenêtre gisante. - fenêtre plus large que haute, appelée par les Italiens fenêtre mezzaninée, servant à éclairer un étage d'attique ou d'entresol et souvent ouverte dans la hauteur de la frise d'un entablement.

Fenêtre en oeil-de-boeuf ou fenêtre ronde.  - Fenêtre circulaire, véritable oculus, dont la baie forme un cercle parfait. 

Fenêtre ovale. - Fenêtre ou oeil-de-boeuf de forme ovale, soit dans le sens de son grand axe ou de son petit axe. 

Fenêtre rampante. - Fenêtre dont l'appui n'est pas horizontal, le plus souvent parce que cet appui suit inclinaison de l'emmarchement d'un escalier

Fenêtre rustique. - Fenêtre dont l'encadrement est formé ou tout au moins entrecoupé de bossages faisant saillie.

Bruxelles : fenętre supérieure de la maison de Saint-Cyr.
Fenêtre style art nouveau de la maison de saint-Cyr, à Bruxelles.
Source : The World Factbook.
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Dictionnaire Architecture, arts plastiques et arts divers
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