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Escalier

Un escalier est une construction à demeure servant à établir une communication facile entre deux plans dont l'un est plus élevé que l'autre. Les différents étages d'un édifice communiquent les uns avec les autres par des escaliers. L'usage des escaliers remonte à une haute antiquité l'escalier monumental en pierre ou en marbre était fréquemment employé. On le retrouve dans les constructions du Mexique précolombien - à Palenque, Uxmal ou Chichen Itza, par exemple -, comme dans celles de l'Égypte ancienne. Les escaliers ordinaires étaient construits à peu près à la manière moderne; ils étaient établis, soit dans les intérieurs des maisons, où on les fixait d'un côté contre le mur, en les laissant dégagés du côté opposé, soit à l'extérieur, soit encore dans une cage (L'architecture égyptienne). On a retrouvé dans plusieurs temples grecs des escaliers ménagés aux angles de l'édifice et conduisant sous les combles ou dans les galeries qui régnaient au-dessus des bas côtés de la salle; ces escaliers ont été observés au grand temple de Paestum. L'escalier à vis, dont on a attribué l'invention aux constructeurs du Moyen âge, existait également chez les Anciens, au moins chez les Grecs du Bas-Empire. Dans un des piliers du pont bâti par Justinien, sur le Sangarius, se trouve un escalier tournant, encore parfaitement conservé et dont l'hélice forme l'appareil en vis de Saint-Gilles. L'escalier en spirale, qui entoure le minaret de la mosquée de Hassan, au Caire, en démontre l'emploi chez les Arabes. Les Romains faisaient de même usage des escaliers dérobés ou plutôt de service, soit à l'intérieur des maisons, soit dans les temples. Quant aux escaliers d'un caractère monumental, ils étaient fort simples et montaient tout droit, imposant plutôt par leur largeur et l'emplacement qu'ils occupaient devant les temples et les palais. 
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Venise : escalier des Géants (Venise).
L'escalier des Géants, dans la cour du palais des Doges, à Venise

Les architectes du Moyen âge adoptèrent le système des escaliers à vis, variant les dimensions de ces ouvrages, en raison des services auxquels ils devaient satisfaire. Ces escaliers portant sur un noyau massif, étaient d'un usage éminemment rationnel dans les constructions militaires, où ils offraient une défense facile pouvaient monter de fond jusqu'à des hauteurs considérables et se réparer facilement. Ils étaient également propres à donner l'accès aux cloches, aux parties supérieures des édifices religieux. Enfin, dans les maisons des riches particuliers, l'escalier était souvent ménagé dans une tour placée contre la façade de l'édifice. D'autres escaliers étaient disposés dans des tourelles circulaires ou polygonales, bâties en encorbellement. Lorsque l'espace ne manquait pas, ces ouvrages prenaient plus d'importance et donnaient souvent lieu à des combinaisons ingénieuses. Tels étaient les escaliers à vis à double révolution, construits de manière que l'on pouvait descendre par l'un et remonter par l'autre sans se rencontrer, et même sans se voir; les escaliers formés de deux vis s'élevant l'une dans une cage intérieure, l'autre dans une cage extérieure. Enfin, à cette époque et au commencement de la Renaissance, les résidences seigneuriales, les hôtels et même les abbayes renfermaient les vis les plus belles et les plus surprenantes. On peut citer un remarquable escalier à hélice, dont chaque marche est d'un seul morceau de granit et qui se trouve à Nantes, près de la cathédrale, dans un vieil édifice appelé aujourd'hui la Psallette et qui formait autrefois l'évêché. Il est superflu de citer le célèbre escalier à jour du château de Blois; celui non moins connu du château de Chambord. Pendant les XVIIe et XVIIIe siècles, les escaliers ne perdent en rien de leur importance dans les demeures somptueuses. Outre l'escalier principal qui s'arrête au premier étage, les escaliers de dégagement sont disposés de manière à faciliter le service. Les édifices publics sont pourvus d'escaliers monumentaux. De nos jours  encore ces sortes d'ouvrages sont traités dans les constructions diverses avec tout le soin et toute l'ampleur qu'exigent les destinations variées auxquelles ils doivent répondre.
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Meaux : escalier du Vieux chapitre de la cathédrale.
L'escalier extérieur du Vieux Chapitre de la cathédrale 
de Meaux. Il couvert d'une charpente plate du XVIe s.
 (© Photos : Serge Jodra, 2010 - 2012).

Dans les édifices, les escaliers peuvent être extérieurs ou intérieurs. Les premiers, très fréquemment employés dans les constructions du Moyen âge, notamment pour donner accès aux grandes salles des châteaux ou aux chemins de ronde des fortifications, ne sont plus guère usités que dans des cas tout particuliers. Les escaliers intérieurs desservent plusieurs étages d'un bâtiment et sont posés dans des cages comprises dans les constructions ou accolées à ces constructions. Mais, quels que soient leur emplacement et la nature des matériaux, pierre, bois ou fer, dont ils sont formés, l'exécution de ces ouvrages est soumise à certains principes généraux qui s'appliquent à tous indistinctement. Un escalier est composé d'une série de marches ou plans parallèles, superposés obliquement à des intervalles égaux, et destinés à recevoir les pieds de la personne qui monte ou qui descend. Ces marches sont soutenues, soit par deux limons, soit par un limon et un mur d'échiffre, soit par un limon et par le mur qui forme la cage de l'escalier; soit par deux murs d'échiffre, soit enfin par un mur d'échiffre et le mur de la cage. Le limon est un morceau de bois ou une construction en pierre, disposé pour recevoir les marches et les soutenir en l'air, soit par l'artifice de l'appareil ou de la taille, soit par sa résistance naturelle à la rupture. Le mur d'échiffre est un mur qui n'a d'autre destination que celle de soutenir les marches. Dans chaque marche, on distingue la partie horizontale sur laquelle on pose le pied et que l'on nomme giron, et la partie verticale qui empêche le pied de s'engager sous la marche supérieure; celle-ci s'appelle contremarche. Dans les escaliers en bois les plus simples, dits : échelles de meunier, la contremarche n'existe pas; la longueur même de la marche reçoit le nom d'emmarchement. Un premier principe régit les dimensions à donner aux marches. Celles qui ont une certaine largeur ont un giron étendu, doivent avoir moins d'élévation que celles dont la largeur est moindre; cela tient aux conditions même de l'ascension et de la descente. Il faut en effet que chaque marche puisse être franchie d'un seul pas. La relation forcée, qui résulte de cette considération, entre la longueur et la hauteur d'une marche est exprimée par la formule suivante, que l'on applique dans la pratique :

G + 2 H = 0,64 m

et dans laquelle G, est le giron et H la hauteur. On fait en général G = 0,32 m, ce qui donne 0,16 m pour H. En tout cas, le giron ne doit jamais avoir moins de 0,25 m et la hauteur plus de 0,19 m. Dans les escaliers curvilignes, ces dimensions se mesurent sur la ligne de foulée, ligne idéale placée à 0,50 m ou 0,60 m de la rampe ou balustrade d'appui, c.-à-d. à la distance qui permet à la main de se poser facilement sur cette rampe. Le second principe, quant aux dimensions, c'est que la hauteur doit être invariablement la même pour toutes les marches d'un même escalier. On a fixé de plus, en se basant sur l'expérience, au chiffre maximum de vingt et un le nombre de marches que l'on ne peut franchir sans fatigue, et l'on donne le nom de palier à un giron plus étendu qui constitue la vingt et unième marche et qui forme repos. On appelle rampe ou volée la suite non interrompue de marches qui va d'un palier à l'autre, et cage la boîte ou enceinte qui renferme l'escalier. Une trop longue rampe droite, vue du haut, produit sur certaines personnes une impression de crainte suffisante pour produire des chutes d'autant plus dangereuses que la rampe continue est plus longue. La balustrade d'appui sert de garde-fou et s'élève ordinairement à hauteur de ceinture. Il peut y avoir plusieurs paliers et, par conséquent, plusieurs volées dans la hauteur d'un même étage. Cas rampes ou volées sont tantôt droites, tantôt courbes ou en quartiers tournants.

Indépendamment de la construction de l'escalier en lui-même, l'architecte doit aviser à ce que cet ouvrage soit en harmonie générale avec l'édifice entier et lui assigner une place telle que, loin de rompre l'ensemble des appartements, il tende, au contraire, à les réunir. Il importe aussi que cet escalier soit d'un abord et d'un dégagement faciles, qu'il soit enfin bien éclairé, bien ventilé et d'un aspect gracieux. La facilité d'accès est obtenue par la mise en évidence de l'escalier, par son emplacement choisi dans l'un des axes du vestibule qui le précède et par son ouverture largement établie sur cette salle. A sa partie supérieure, l'escalier doit offrir un palier de dimensions suffisantes avec des issues directes et régulièrement disposées. Suivant la nature de l'édifice, l'escalier principal se reporte vers l'une des extrémités ou occupe une position centrale. Ce dernier système convient particulièrement aux bâtiments doubles en profondeur, parce que l'escalier ne coupe alors l'enfilade des pièces que sur une des faces. Quand l'escalier embrasse plusieurs étages et doit être éclairé par une fenêtre à chaque révolution, il importe que cette ouverture, si elle est établie à même hauteur que les autres, ne soit pas coupée par les marches ou par le palier intermédiaire, ce qui produit un effet détestable. Dans un édifice composé de plusieurs ailes se rattachant les unes aux autres, les points de croisement sont des endroits très convenables pour l'établissement de grands escaliers, surtout lorsqu'ils ne peuvent être éclairés que par leur partie supérieure. Dans les édifices de quelque importance, les escaliers principaux ne desservent très souvent que le premier étage, et des escaliers secondaires conduisent aux étages supérieurs. Ceux-ci ont ordinairement leur point de départ au rez-de-chaussée et servent, en même temps, au dégagement du premier étage. 

La disposition des rampes en ligne droite, sur toute leur longueur, est des glus simples, mais non pas la plus satisfaisante : l'espace nécessaire est beaucoup trop long et, dès que la hauteur à franchir est un peu trop considérable, l'escalier paraît étroit par rapport à sa longueur et à la hauteur de la cage qui le renferme. Il vaut mieux adopter un ou deux changements de direction dans le tracé. Quand il n'y en a qu'un, l'escalier se compose de deux rampes parallèles de mêmes dimensions, soit d'une rampe centrale et de deux rampes latérales plus étroites. Au théâtre de Bordeaux, on a appliqué une autre disposition : les deux rampes supérieures se retournent à angle droit sur la première pour aboutir à deux vestibules opposés. La cage de cet escalier embrasse plusieurs étages et est accompagnée d'élégantes galeries. Le même parti avec de plus vastes proportions et une richesse plus grande encore a été adopté par Garnier pour l'Opéra de Paris. Enfin, la fantaisie fait quelquefois choisir d'autres formes pour ces constructions; on peut citer notamment la forme en fer à cheval donnée à certains escaliers extérieurs et dont il existe un bel exemple au palais de Fontainebleau. Dans ce cas, on fait partir à droite et à gauche deux escaliers qui viennent se joindre sur le même palier par les deux côtés opposés. Mais quelle que soit la disposition adoptée pour les rampes d'un escalier d'une certaine importance, il convient de placer un palier de repos à chaque changement de direction et même de couper les rampes par des paliers lorsqu'elles dépassent une certaine longueur. L'éclairage d'un escalier doit être abondant et aussi uniformément distribué que possible. Dans ce but, il faudrait ouvrir des fenêtres sur deux faces opposées, mais cette solution est rarement facile à appliquer; on se borne, en général, à éclairer par une ou deux fenêtres placées à chaque révolution, soit sur le palier, soit sur la face opposée. Souvent aussi le jour est pris uniquement à la partie supérieure de la cage, par une ouverture pratiquée au centre du plafond ou de la voûte qui la recouvre. Cette disposition, admissible pour un escalier n'embrassant que deux étages, est onéreuse; au delà, les rampes inférieures ne sont pas suffisamment éclairées. L'ornementation d'un escalier doit être en rapport avec l'importance même de l'ouvrage et la nature de l'édifice; elle exige néanmoins une certaine sobriété. Les balustrades d'appui offrent un des principaux éléments de la décoration; elles consistaient autrefois en d'énormes balustres supportant une main courante presque aussi forte que le limon. Elles se font souvent en serrurerie plus ou moins légère et présentent une main courante presque constamment en bois travaillé avec soin.

Nous passerons rapidement en revue les diverses sortes d'escaliers au point de vue de la construction. Dans les plus simples de ces ouvrages en pierre, chaque marche est formée d'une seule pierre scellée par ses deux extrémités dans deux murs parallèles, les marches successives se recouvrant les unes les autres d'une certaine quantité et l'écartement des murs étant réglé sur la largeur prévue pour l'escalier. Cette dernière dimension peut être considérable. On multiplie alors, dans les perrons de faible hauteur, par exemple, les murs qui supportent les marches, de telle sorte que chacune d'elles puisse être formée de plusieurs morceaux sur sa longueur; ou bien, si l'on veut utiliser l'espace placé au-dessous de l'escalier, on soutient les marches, comme nous le montre la figure 1, au moyen d'une voûte rampante ou berceau, appelée descente et qui est supportée par les deux murs.
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1. Emmarchement porté sur un arc.

Ces dispositions adoptées pour les escaliers droits s'appliquent également à ceux qui sont établis sur plans curvilignes et que l'on appelle escaliers tournants. Dans ces derniers, les contremarches ne sont pas parallèles, et les girons ne sont plus de la même largeur dans toute leur étendue; leur plus grande largeur s'appuie contre la partie concave. Dans les escaliers à plan circulaire dits escaliers à vis, en spirale, à limaçon, cette dernière partie peut se réduire à un noyau plein montant de fond ou formé par les marches mêmes, qui se composent alors de trois portions : l'une formant le noyau, l'autre l'emmarchement, la troisième le scellement dans les murs de la cage (figure 2). 
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2. Plan d'un escalier à cage cylindrique
et à noyau plein.

Le diamètre de celle-ci peut être assez grand, et le noyau plein remplacé par un vide; l'escalier prend alors le nom de vis à jour, et les marches reposent alors les unes sur les autres à la manière des voussoirs à crossettes ; elles sont maintenues par leur scellement, leur recouvrement, et la pression qui s'exerce normalement à la coupe inclinée. Quand une voûte supporte les marches, c'est une voûte annulaire en descente, ou ce qu'on appelle une vis Saint-Gilles, du nom de l'abbaye de Saint-Gilles, près de Nîmes, où l'on prétend que cette forme aurait été employée pour la première fois. Les escaliers à vis, si fréquents dans les édifices des XIe et XIIe siècles peuvent s'établir dans des emplacements restreints et donner accès sur un point quelconque de leur circonférence. Aussi les utilise-t-on pour les tours, les clochers, les phares. Dans les constructions où l'espace ne fait pas défaut, notamment dans les hôtels construits pendant les trois derniers siècles, on voit très souvent des escaliers en pierre établis sur plan rectangulaire et composés de trois rampes que séparent deux paliers carrés; les volées sont soutenues par des voussoirs ou des demi-voûtes appuyées contre le mur de la cage; les paliers sont supportés par des trompes coniques ou par des voûtes en arc de cloître. Ces escaliers présentent plus de hardiesse que les précédents, tout en conservant un beau caractère monumental. Quelquefois même on obtient plus de légèreté apparente en supprimant les voûtes et disposant les marches de telle sorte qu'elles se soutiennent les unes les autres. A cet effet, chaque marche repose, par une petite surface, sur celle qui précède et s'y appuie, en outre, par une coupe dirigée normalement à la surface rampante qui forme le dessous de l'escalier, ainsi que le représente la figure 3. 
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3. Marches se soutenant.

Ces escaliers s'établissent avec ou sans limon. Dans le premier cas, deux systèmes de construction sont usités : tantôt les marches sont exécutées à part du limon, et leurs extrémités sont reçues dans des entailles pratiquées sur la face intérieure de cet appendice; tantôt chacune d'elles porte la partie du limon qui lui correspond. Les escaliers à limon présentent plus de solidité réelle et apparente que les autres, et ils ont, en outre, l'avantage d'offrir à la balustrade un appui très convenablement disposé. Le limon est ordinairement arrondi à son extrémité inférieure et repose sur la seconde marche. Ces escaliers à rampe droite et paliers de repos produisent un puissant effet. Très fréquents dans les hôtels des XVIe et XVIIe siècles, où d'ailleurs ils ne conduisent ordinairement qu'au premier étage, ils sont devenus d'un emploi très rare aujourd'hui, à cause de la place qu'ils occupent. On les remplace généralement par des escaliers droits avec quartiers tournants, c.-à-d. formés de parties droites réunies par une partie demi-circulaire. Ce système évite les paliers de repos, qui font perdre de l'espace. Le cas le plus fréquent est celui où l'escalier ne comprend que deux rampes droites (figure 4). Les marches, de largeur irrégulière, qui occupent la partie courbe; sont dites marches tournantes. On ne trace pas leurs arêtes perpendiculaires à la ligne de foulée, pour éviter le changement brusque d'inclinaison que l'on éprouverait en passant de la partie droite à la partie circulaire, dès qu'on se rapprocherait du mur ou de la rampe, au lieu de se tenir au milieu de la longueur des marches. On obvie à cet inconvénient en répartissant la diminution progressive des marches, non seulement sur la partie demi-circulaire, mais encore sur une portion voisine des rampes droites; cette répartition se nomme balancement.
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4. Plan d'un escalier avec balancement des marches.
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Dans les escaliers en bois, chaque marche est formée d'une pièce de bois, scellée, à une extrémité, dans le mur formant la cage de l'escalier et soutenue, de l'autre, par un limon. La disposition générale, les proportions des marches sont les mêmes que pour les escaliers en pierre. Dans les anciens escaliers, le limon était supporté, à chaque changement de direction, par un noyau montant de fond. Si l'emplacement le permettait, les rampes étaient droites et séparées par des paliers; dans le cas contraire, on avait recours à des marches tournantes assemblées dans les noyaux et, par suite, fort étroites au collet. Le limon portait, en outre, une balustrade en bois, surmontée d'une lisse. Dans les escaliers modernes, les noyaux montant de fond sont supprimés; le limon se prolonge dans les changements de direction, et les marches sont balancées. Elles sont formées chacune d'une seule pièce de bois, se recouvrant les unes les autres de quelques centimètres, sont profilées sur le devant et plafonnées en dessous. Le limon fait saillie au-dessus des marches et au-dessous du plafond. La première marche est ordinairement exécutée en pierre dure; elle supporte le limon, assemblé dans une pièce horizontale appelée patin. La partie inférieure du limon se termine par une volute qui reçoit le premier balustre de la rampe. Là dernière marche d'une révolution, au niveau du plancher de l'étage auquel elle aboutit, est la marche palière, ainsi nommée parce qu'elle retient les solives du palier. C'est une pièce de bois scellée dans le mur par ses deux extrémités et contre laquelle s'appuie le limon; celui-ci est, en outre, maintenu de distance en distance, par des boulons, dits d'écartement, scellés par un bout, dans les parois de la cage. 

On a cherché à supprimer le limon dans les escaliers en bois; chaque marche a été reliée à la marche inférieure au moyen d'un boulon les traversant toutes deux et, suivant la longueur des marches, on a multiplié ces moyens de consolidation, en ayant recours à deux et même à trois cours de boulons. Ce système, qui a reçu le nom d'escalier à l'anglaise, est assez dispendieux, mais il a conduit à une autre disposition qui est couramment employée aujourd'hui pour les habitations particulières et qui est celle des escaliers avec limons à crémaillère, dits demi-anglais. Dans ce système, le limon existe, mais il est dissimulé; il est entaillé au droit de chacune des marches, de manière à présenter une suite de gradins. Le dessus de ces marches est formé par un madrier, et la contremarche par une planche assemblée à rainure et languette ou à embrèvement dans les deux marches auxquelles elle se rattache; on plafonne sur lattes. Dans les constructions ordinaires, les rampes des escaliers en bois s'exécutent encore assez souvent en fer.

D'autres systèmes d'escaliers en bois ont été appliqués : nous citerons les escaliers circulaires sur poteaux plus ou moins multipliés; les escaliers doubles dans des cages circulaires; les escaliers suspendus dont la largeur diminue du bas en haut, pour faciliter l'accès d'un éclairage unique venant par le haut; les escaliers isolés, tels que les escaliers à limaçon ou à vis, fréquemment employés dans les magasins et qui sont à noyau plein ou évidé; enfin les escaliers à répétition, dont la largeur est divisée en deux rampes, l'arête de chaque marche d'une rampe correspondant au milieu de la hauteur de chaque marche de l'autre rampe, de telle sorte qu'il y a une rampe pour chaque pied. On substitue fréquemment au limon en bois un limon en crémaillère exécuté en fer forgé, ce qui permet de donner plus de légèreté apparente et en même temps plus de solidité à la construction. On en fait même dans lesquels les marches seules sont en bois, les contremarches et le limon étant métalliques (figure 5). 
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5. Marches en bois; limon et contremarches en tôle.

Dans ce système, les contremarches ne jouent plus seulement, comme dans les escaliers en bois, le rôle de remplissages; scellées dans le mur, elles fonctionnent comme des bras de levier ayant en longueur la largeur de l'escalier. A chaque palier le limon reporte une partie de la charge sur un filet en fer qui double la marche palière. Dans ces escaliers, les marches, au lieu d'être en bois, peuvent être en pierre ou en marbre. Ce dernier système devrait être imposé dans un grand nombre de constructions, notamment dans les théâtres, où le danger d'incendie se joint à celui de l'encombrement.

Dans les escaliers en fer et fonte, la fonte et le fer laminé sont seuls employés; les uns sont suspendus et disposés comme les escaliers en pierre sans limons. Les marches scellées à l'une de leurs extrémités et se soutenant réciproquement sont creuses; la face supérieure en est striée; elles sont reliées entre elles par des vis et des boulons. Les autres sont formés de marches et de contremarches en tôle; ou bien ils peuvent être formés de marches et de contremarches fondues d'une seule pièce et comprises entre deux limons en fer laminé. La marche repose à chacune de ses extrémités sur une cornière fixée au limon par des vis, et elle y est boulonnée. La contremarche supérieure s'appuie sur elle et est également maintenue par des boulons. Les escaliers ainsi établis se prêtent à toutes les formes et peuvent être isolés ou adossés à ce mur. Dans ce dernier cas, les boulons de scellement assujettissent le limon extérieur, à la maçonnerie. Une disposition très nouvelle et appliquée aux espaces restreints est la suivante : l'escalier est circulaire avec noyau montant de fond ; chaque marche est fondue avec sa contremarche et la partie du noyau qui répond à sa hauteur. Ce dernier est creux et ses tronçons s'emboîtant successivement les uns dans les autres. Enfin, certains escaliers en fonte sont disposés en forme d'échelle de meunier. Leurs marches sont comprises entre deux limons et chacune porte avec elle les parties de ces limons qui s'élèvent jusqu'à la marche immédiatement supérieure. Les balustrades, pour économiser la place, se posent sur la face antérieure et non sur le côté des limons, comme dans les escaliers précédents. (L. Knab).

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Dictionnaire Architecture, arts plastiques et arts divers
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