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Les ordres mendiants Les Franciscains |
| | Dominicains | Franciscains | |
![]() | L'histoire de la fondation de l'Ordre des Franciscains (Frères mineurs ou Minorites) ou Ordre de Saint-François a été résumée dans la notice consacrée à Saint François. Suivant la règle acceptée par le chapitre général de 1223, confirmée en la même année (29 novembre) par Honorius III, chaque couvent avait un gardien (custos), chaque province un ministre provincial, la congrégation entière un ministre général, serviteur de la fraternité, élu à vie, au chapitre de la Pentecôte, par les ministres provinciaux et les gardiens. Tous les frères devaient au successeur de saint François une stricte obéissance; mais si à quelque moment il apparaissait à l'ensemble des ministres provinciaux et des gardiens, que le ministre général était insuffisant au service et à la commune utilité des frères, ceux à qui appartenait le droit d'élection étaient tenus de pourvoir à son remplacement. Peut-être cette prescription a-t-elle stimulé les agitations qui troublèrent la congrégation sous ses premiers généraux. Le chapitre général devait s'assembler tous les trois ans, au lieu indiqué par le ministre général; mais celui-ci avait la faculté d'éloigner ou de rapprocher les convocations (C. VIII). Pour être reçu dans l'ordre, il fallait d'abord être examiné par les ministres sur la foi catholique et les sacrements, puis vendre ses biens et s'appliquer à en distribuer le prix aux pauvres. Tous les frères devaient porter des vêtements vils, mais ils pouvaient les rapiécer avec des sacs ou d'autres pièces (C. II). Il leur était défendu de rien s'approprier, ni maison, ni terre, ni quoi que ce fût ; toute confiance étant mise en l'aumône (C. VI). En entrant dans une maison, ils devaient dire : Paix à cette maison. Là, suivant l'Evangile Cependant la tendance représentée par Elie de Cortone finit par prévaloir. La dernière disposition de la bulle qui avait confirmé la règle de Saint-François portait qu'il était absolument défendu a tout homme de l'enfreindre ou combattre par une audace téméraire. Quiconque essayerait d'y attenter encourrait l'indignation du Dieu tout-puissant et des bienheureux apôtres Pierre et Paul. Afin de ne pas changer la règle, les papes l'interprétèrent. Dès 1231, Grégoire IX avait autorisé les Franciscains à choisir des hommes probes pour faire en leur nom, mais au profit de l'ordre, des acquisitions de meubles et d'immeubles, de façon qu'en les acceptant on ne parût recevoir que des aumônes. A cet effet, une distinction ingénieuse fut posée entre l'usufruit et la propriété : l'usage de certaines choses étant indispensables à l'homme, l'ordre pouvait posséder tout ce qui est nécessaire à la vie, pourvu qu'il ne prétendit pas en être propriétaire. D'après une bulle d'Innocent IV (1245) la propriété devait appartenir au Saint-siège Ces mesures exaspérèrent les Franciscains restés fidèles à l'esprit, aux prescriptions et aux recommandations du fondateur de leur ordre. Ils accusèrent l'Eglise de s'être laissé corrompre elle-même par les richesses; saint François leur parut être un second messie; et son oeuvre une révélation nouvelle accordée à l'humanité. Les plus intransigeants empruntèrent aux idées et aux écrits de Joachim de Flore le nom de spirituels, viri spirituales, c.-à-d. de fidèles attendant et préparant l'ère du Saint-Esprit, troisième âge de l'humanité. En 1247, ils eurent la majorité dans le chapitre de l'ordre; un des leurs, Jean de Parme, fut élu ministre général. Dans un nouveau chapitre, convoqué par ordre d'Alexandre IV, il dut se démettre de sa dignité. On le remplaça par saint Bonaventure qui, malgré son mysticisme, était un des adversaires des spirituels (1256). La rapide corruption de l'ordre est attestée et par les attaques de Guillaume de Saint-Amour contre les moines mendiants (De periculis novissimorum temporum, 1256) et par une lettre que Bonaventure lui-même adressa à tous les ministres provinciaux (23 avril 1257), leur ordonnant de réprimer la cupidité, l'oisiveté et le vagabondage. Dans une autre lettre, il réprimandait les religieux, à cause de leurs empiètements sur le clergé séculier et de leurs obsessions auprès des malades, pour obtenir des legs. Le parti des spirituels subsista. Une nouvelle interprétation de la règle de pauvreté par Nicolas III, destinée à les apaiser (1279) ne servit qu'à les irriter. En 1283, le frère Jean-Pierre d'Olive les réunit à Narbonne Par bulle de 1317, Jean XXII leur enjoignit de se soumettre, leur rappelant que le principal des voeux monastiques est le voeu d'obéissance. L'année suivante, un des leurs, Bernard Délicieux, du couvent de Béziers, partit pour Avignon, avec soixante-quatre religieux. Il exposa devant le pape leur doctrine sur la pauvreté, mais dénoncé pour avoir combattu pendant plusieurs années l'inquisition albigeoise, il fut transporté à Carcassonne Malgré ses discordes intestines, l'ordre avait pris rapidement un énorme développement. Une liste dressée en 1264, cinquante-cinq ans après sa fondation, énumère 8000 maisons dans 33 contrées et évalue le nombre des membres au moins à 200,000. Ils continuèrent à se multiplier, car la peste noire (1348) en enleva 190,000. Il est vraisemblable que les membres du tiers ordre sont comptés dans ces nombres. Parmi ceux qui n'avaient pas suivi le parti des spirituels, il restait deux tendances fort différentes, déterminées par la différence de leur attachement à la règle primitive; mais ceux-là même qui jouissaient avec la plus sereine satisfaction des mitigations introduites professaient, comme les autres, que Jésus et ses apôtres n'ont eu aucune propriété, ni individuelle, ni commune, et que la pauvreté est nécessaire à l'imitation de la vie apostolique. En 1322, un de leurs chapitres généraux, tenu à Pérouse, proclama cette doctrine, pour répondre à une assertion contraire émise par un dominicain, précisément dans une procédure dirigée contre un fraticelle, par l'Inquisition de Narbonne Pendant le cours du XIVe siècle, les dissidents formèrent de petites associations pour la stricte observance de la règle, dissoutes par les papes et renaissant toujours. Elles furent reconnues en 1415, par le concile de Constance Dès lors, les Conventuels déclinèrent rapidement. En 1517, Léon X les exclut de l'élection du général de l'ordre entier, il ordonna qu'à l'avenir leur propre ministre général serait soumis à la confirmation du général élu par les observants. Le cardinal Ximenès leur enleva presque toutes les maisons qu'ils possédaient en Espagne Parmi les Observants se formèrent des réformes qui firent donner aux religieux qui les adoptèrent le nom de Mineurs de l'étroite observance. Leurs principales congrégations étaient celles des Franciscains déchaussés, instituée, par Pierre d'Alcantara, particulièrement florissante en Espagne (en Italie, on les appelait Franciscains réformés) et celle des Récollets. Deux autres branches de l'ordre, plus distinctes et plus considérables, sont représentées par les Capucins et par les Minimes. Les Mineurs de l'observance et de la stricte observance étaient classés en Cismontains (Italie En France Par la suite l'ordre de Saint-François a été ainsi divisé : Mineurs observants, parmi lesquels se choisit le ministre général de tout l'ordre. Ce ministre est assisté d'un procureur général. Mineurs observants réformés, dirigés par un procureur général résidant à Rome. Mineurs récollets et d'Alcantara, procureur général à Rome. Mineurs Conventuels, procureur général à Rome. Mineurs capucins; ils ont un ministre général, assisté d'un procureur général résidant à Rome. Tiers ordre régulier, dirigé par un vicaire général assisté d'un procureur général résidant à Rome. En 1861, il y avait en France 273 pères franciscains possédant 21 maisons et 40 frères de Saint-François d'Assise en 2 maisons. La prédication de saint François avait ému un vif désir de pénitence chez un grand nombre de personnes qu'il était impossible ou dangereux de retirer du monde. Il institua pour elles une discipline qui leur permettait de donner satisfaction à leur désir, tout en respectant les liens et en remplissant les devoirs qui les tenaient attachées à leur famille on à leur condition sociale. Telle fut l'origine du Tiers ordre (fondé en 1221 au bourg de Carnério, dans la vallée de Spolette) qui plaça tant de laïques sous la direction des Franciscains ou des autres religieux qui leur empruntèrent cette combinaison. Saint François n'y admettait que ceux qui justifiaient de ressources suffisantes pour ne pas devenir à charge aux autres pénitents; s'ils étaient mariés, il exigeait le consentement de leur conjoint. Ils n'étaient reçus tertiaires qu'après une enquête et une année de noviciat; mais, dès lors, ils ne pouvaient sortir du Tiers ordre que pour entrer dans un monastère. Dans les trois mois qui suivaient leur profession, ils devaient faire leur testament; ce qui fournissait aux religieux des moyens de captation dont on leur a souvent reproché d'avoir usé. Ce Tiers ordre fit en peu de temps beaucoup de progrès, parce qu'il participait à tous les privilèges, grâces et indults accordés aux Frères mineurs. De hauts personnages y entrèrent, notamment en France De tous les ordres monastiques, l'ordre de Saint-François est celui qui a fourni le plus de saints canonisés et qui a reçu la plus grande quantité des indulgences et des grâces dont l'Église dispose. On a dit, avec quelque raison, que les papes l'ont entouré d'un rempart de privilèges et de prérogatives; sans doute en récompense de ses services, mais peut-être un peu parce qu'il savait, à l'occasion, faire sentir un mécontentement que son crédit auprès du peuple pouvait rendre dangereux. Par la bulle Mare magnum (1474), Sixte IV lui accorda tout ce qui pouvait être octroyé aux ordres mendiants. Les Franciscains ont donné au Saint-siège cinq papes : Nicolas IV, Alexandre V, Sixte IV, Sixte V, Clément XIV, et quarante-cinq cardinaux. Ils comptent aussi parmi eux des poètes, tels que Pacifico, que l'empereur Frédéric avait couronné roi des troubadours et qui fut un des premiers disciples de saint François; Thomas de Celano, l'auteur du Dies irae; Jacopone di Todi, l'auteur du Stabat mater dolorosa et du Stabat mater speciosa. Saint François était lui-même un poète, dont la valeur est attestée par l'Hymne des créatures. Des prédicateurs puissants sur le peuple, tels que Antoine de Padoue et Berthold de Prague. Des peintres qui ont représenté avec conviction et talent la légende du fondateur, les miracles et les souffrances de Jésus, les grâces et la gloire de la sainte Vierge. Des docteurs célèbres an l'école : Alexandre de Hales, saint Bonaventure, Roger Bacon, Duns Scot, dont l'ordre s'appropria la doctrine comme les Dominicains s'étaient approprié celle de saint Thomas d'Aquin, Guillaume Ockham, etc. Cet ordre fut le préparateur infatigable du dogme de l'Immaculée Conception et le fervent instigateur de la dévotion à Marie. D'autre part, il tient une place éminente dans l'histoire des missions catholiques. (E.-H. Vollet). |
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