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Les
premières traces d'occupation humaine dans la région hongroise remontent
au Paléolithique, avec des preuves archéologiques
de la présence de populations de hasseurs-cueilleurs (outils en pierre
et ossements d'animaux). Vers 6000 av.C (NĂ©olithique),
la région voit l'arrivée de l'agriculture et de la sédentarisation.
Les cultures de la céramique linéaire et de la céramique à rubans se
développent, marquées par des poteries décorées et l'usage des outils
en pierre polie.
L'âge du bronze
(2000-800 av. JC) voit le développement de cultures plus complexes
comme celles de Nagyrév, Hatvan, et la culture des Tumulus. La métallurgie
se répand, et des objets en bronze, comme des armes et des outils, sont
produits. La culture de Hallstatt, liée à l'âge du fer ancien (vers
800 av. JC) , se développe dans la région. Des fouilles ont révélé
des nécropoles et des objets en fer, bronze et or. Vers la fin de cette
période, la culture de La Tène, associée aux
Celtes
, commence à influencer la région.
Vers le VIIe
siècle av. JC, les Scythes, un peuple de cavaliers nomades, établissent
des colonies temporaires dans la région. Leur influence est surtout visible
dans les objets en métal et les styles artistiques. Les Celtes s'installent
dans la région au IVe siècle av. JC.
Ils établissant des colonies permanentes et influençant profondément
la culture locale. Ils introduisent la métallurgie du fer, des fortifications
(oppida) et un réseau de commerce sophistiqué.
La partie ouest de
la Hongrie actuelle est intégrée à l'Empire romain (Ier
siècle av. JC – IVe siècle ap. JC)
sous le nom de province de Pannonie. Les
Romains construisent des villes, des routes, des aqueducs et des fortifications.
Des villes importantes comme Aquincum (près de l'actuelle Budapest)
deviennent des centres administratifs et culturels. Le limes, la
frontière fortifiée de l'Empire romain, traverse la région, marquant
la limite entre le monde romain et les terres des tribus barbares. Cette
ligne de défense est essentielle pour protéger les territoires romains
des invasions.
Ă€ partir du IIe
siècle, des tribus germaniques comme les Quades
et les Marcomans commencent Ă migrer
et à s'installer dans la région, souvent en conflit avec les Romains.
Les Sarmates, un peuple iranien nomade,
occupent Ă©galement certaines parties de la Hongrie actuelle. Elle fut
ensuite soumise par les Wisigoths et
les Huns d'Attila
qui avait Ă©tabli sa capitale sur les bords de la Tisza, et elle avait
été envahie par les Slaves et Avars,
les Valaques, les Bulgares et les Alamans lorsqu'elle fut conquise par
un peuple venu de la région de la Volga, attiré dans cette partie de
l'Europe
par l'empereur d'Orient LĂ©on
le Philosophe, qui l'opposa aux Bulgares. Ce peuple, dont une composante
semble avoir porté le nom de Magyar
qu'il se donne, fut appelé par les Slaves Ougri, Oungri et Vengri, d'où
les Allemands
ont fait Ungarn, et les Français Hongrois.
Partis des plaines
de la Sibérie occidentale, ces Magyars ou Hongrois envahirent en
895 le bassin moyen du Danube sous la conduite d'Almos (Almus), puis de
son fils Arpad, dont la dynastie régna sur la
Hongrie jusqu'en 1301. Divisés en sept tribus et 408 familles, c'était,
dit-on, une masse d'un million de personnes, dont plus de 200.000 guerriers.
L'empereur Arnoul
ayant réclamé leur secours contre Svatopluk, roi des Moraves, ils s'emparèrent
d'autant plus facilement de la contrée nommée aujourd'hui Hongrie, que
la puissance des Avars avait été détruite
par Charlemagne. Après avoir épouvanté
les pays d'Occident (l' Italie ,
l'Allemagne
et la France )
et l'Empire byzantin
qu'ils ravagèrent à plusieurs reprises, ils se fixèrent dans le pays
qui porte leur nom. Les résistances qu'ils rencontrèrent et leur
conversion au christianisme
mirent un terme Ă leurs courses vers la fin du Xe
siècle. Cette conversion commença par l'exemple de leur duc Geysa, descendant
d'Arpad (972-997), qui se fit baptiser par saint Adalbert,
archevĂŞque de Prague, tout en gardant ses
idoles.
« Je suis
assez riche, disait-il, pour servir deux divinités.»
Son fils Étienne fut
le vrai fondateur, le patron de la Hongrie. Il obtint d'Othon III la fondation
d'un siège métropolitain à Gran, et du pape
Sylvestre
II le titre de MajestĂ© apostolique (1000), qui demeura attachĂ© Ă
celui de roi de Hongrie. Les Magyars ne massacrèrent pas les populations
slaves, germaniques ou latines qu'ils trouvèrent établies dans la plaine
du Danube. Ils se mêlèrent à elles. Saint Étienne organisa le gouvernement
monarchique et donna aux Magyars l'unité nationale. Le Roi fut assisté
d'un sénat et de comtes (ispans) qui gouvernaient les provinces.
Au-dessous de la haute noblesse des magnats se forma une petite noblesse
turbulente et fière, dangereuse parfois pour l'ordre monarchique, mais
surtout pour les ennemis de la Hongrie.
Les habitudes des
Hongrois, dont un grand nombre étaient encore attachés au paganisme,
troublèrent les règnes des premiers successeurs de saint Etienne. Béla
Ier rétablit l'ordre. La rivalité de
Salomon, son neveu, et de son fils Geysa, vint de nouveau agiter la Hongrie.
Mais saint Ladislas rendit la tranquillité
au royaume, et en recula les frontières par la conquête de la Croatie
et de la Dalmatie .
Coloman, neveu de
Ladislas, accueillit avec défiance les croisés ,
dont les passages successifs sur son territoire mirent la Hongrie en relation
avec l'Europe
occidentale. Il se rendit odieux par ses cruautés, et son fils Étienne
II, surnommé le Foudre, marcha d'abord sur ses traces; mais, après
avoir porté la guerre en Pologne, en Bulgarie et en Grèce ,
il remit le sceptre au sage BĂ©la II, pour prendre l'habit monastique.
Geysa Il maintint, comme son père Béla Il. le bon ordre dans ses États.
Le règne d'Élienne III fut troublé par la concurrence au trône de deux
de ses oncles, Ladislas et Etienne. Les efforts de Béla III, frère d'Etienne
III, pour pacifier la Hongrie furent contrariés par les prétentions de
son frère Emeric Il conserva la ville de Zara, qui s'Ă©tait donnĂ©e Ă
la Hongrie, malgré les tentatives des Vénitiens pour la lui reprendre.
Il Ă©pousa Marguerite, soeur de Philippe
Auguste. Émeric, fils de Béla III, résista aux tentatives que fit
son frère André pour le renverser du trône. Mais il perdit en 1202 la
ville de Zara, que les Vénitiens lui enlevèrent, avec l'aide des croisés,
et mourut en 1203.
André Il marcha
en Palestine, à la tête des croisés ,
en 1217. A son retour, il ratifia, dans un décret appelé
Bulle d'or,
les privilèges de la noblesse; et institua les diètes annuelles. Sous
BĂ©la IV, les Mongols
envahirent la Hongrie, en 1241, et obligèrent ce prince à se retirer
en Dalmatie .
Il perdit aussi une bataille contre Frédéric le Belliqueux, duc d'Autriche,
et fut défait par Ottokar Ier et par Ottokar
II, rois de Bohème. Élienne IV, fils de Béla IV, battit les Bulgares
et leur imposa un tribut. Son fils, Ladislas III, adopta les moeurs paĂŻennes
des Kumans, qui envahirent la Hongrie sous
son règne, et fut assassiné par trois de leurs chefs. André III, successeur
de Ladislas III, eut un concurrent au trĂ´ne dans Charles
Martel, fils de Charles Il, roi de Naples ,
et de la soeur de Ladislas III. Charles-Robert,
ou Charobert, fils de Charles Martel, réclama la couronne de Hongrie avant
la mort d'André III, en qui s'éteignit la dynastie d'Arpad, en 1301,
et eut un compétiteur dans Venceslas, fils de Venceslas IV, roi de Bohème,
qui fut élu en 1301, mais qui se désista en 1304. Avec la maison d'Arpad
finit l'existence de la Hongrie comme nation indépendante.
Les souverains de
la Bohème, de la Pologne et de l'Autriche
s'en disputèrent la possession pendant deux siècles et demi. Othon de
Bavière, petit-fils par sa mère de Béla IV, fut élu en 1305, et se
maintint jusqu'en 1307.
Charobert, reconnu
roi en 1309, fut le réformateur des abus. Louis le Grand, fils de Charobert,
conquit la Transylvanie ,
la Valachie ,
la Croatie et la Dalmatie ,
acheva la conversion des Kumans au christianisme ,
créa la noblesse du second ordre, protégea le commerce et l'industrie,
et devint roi de Pologne en 1370. Marie, sa fille, lui succéda eu 1382,
sous la régence de sa mère Elisabeth, qui fit assassiner en 1386-Charles
III, roi de Naples, proclamé roi de Hongrie en 1385 par le parti mécontent
du gouvernement de cette princesse. Elisabeth fut mise Ă mort, et Marie
enfermée. Mais son fiancé,
Sigismond de Luxembourg ,
plus tard empereur d'Allemagne ,
la délivra, et se plaça avec elle sur le trône.
-
Statues
de la place des HĂ©ros, Ă Budapest.
Les Turcs
profitèrent des troubles de la Hongrie pour commencer à l'envahir, et
Sigismond
perdit contre eux, en 1396, la grande bataille de Nicopolis. La couronne
de Hongrie lui fut disputée avec un succès passager en 1403 par Ladislas,
roi de Naples, fils de Charles III. Sigismond
régla l'ordre des diètes, et y fit siéger les députés des villes.
Il eut pour successeur Albert II d'Autriche,
empereur d'Allemagne ,
mari de sa fille Élisabeth. A la mort de ce prince, les Hongrois, menacés
d'une nouvelle invasion turque, appelèrent au trône Vladislas VI, roi
de Pologne, qui, après avoir défait les Ottomans avec l'aide de Jean
Hunyade, fut tué dans une bataille qu'il perdit ensuite contre eux
en 1444 à Varna. Jean Hunyade, nommé régent du royaume en 1445, pendant
la minorité de Ladislas VI, fils posthume de l'empereur Albert d'Autriche,
gouverna l'Etat avec habileté jusqu'à l'avènement du jeune roi en 1453,
et le défendit contre les Turcs, sur lesquels il remporta encore une victoire
signalée à Belgrade
en 1456. Son second fils, Mathias Corvin, fut
placé sur le trône après la mort de Ladislas VI, en 1458.
La Hongrie, momentanément
relevée, brilla d'un éclat passager sous le règne de ce grand roi. Sous
ses deux successeurs, Vladislas et Louis, de la maison des Jagellons, rois
de Bohème en même temps que de Hongrie, les Turcs
profitèrent encore une fois des troubles suscités par les discordes des
grands pour fondre sur la Hongrie. Le dernier de ces deux princes, Louis,
fut tué en 1520 à la bataille de Mohacz, qu'il perdit contre Soliman .
Ferdinand Ier d'Autriche réclama la couronne
de Hongrie en vertu d'un traité conclu entre Vladislas Jagellon et l'empereur
Maximilien Ier; mais elle lui fut disputée
par Jean Zapolya, voĂŻvode de Transylvanie ,
qui appela Soliman Ă son secours en 1529. Ces divisions permirent aux
Turcs de s'emparer d'une partie de la Hongrie, qu'ils occupèrent pendant
160 ans. Jean Zapolya mourut en 1540, et ses partisans proclamèrent roi
son fils Jean Sigismond, encore au berceau. Ferdinand, demeuré possesseur
du trône, le céda à son fils Maximilien en 1563.
Avec le protestantisme
une nouvelle vague de troubles s'introduisit en Hongrie. La maison d'Autriche
se maintint en possession de la royauté, malgré les efforts continuels
des Turcs
et les révoltes successives de Botchkay, prince de Transylvanie ,
et soutien des protestants, de BĂ©thlen Gabor, de Georges Rakoczy, et enfin
d'Emeric Toekély. Fort des succès de ses armes contre les Turcs, l'empereur.
Léopold ler fit déclarer par la diète,
Ă Presbourg
(auj. Bratislava, en Slovaquie), en 1687, la couronne de Hongrie, héréditaire
dans sa maison. Cette hérédité fut étendue en 1722à la descendance
féminine de la maison de Habsbourg. Les victoires
du prince Eugène amenèrent la paix de Carlovvitz (1699), et celle de
Passarowitz (1718), qui affranchirent la Hongrie de la domination turque.
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Armes
de la Hongrie.
Une nouvelle révolte,
dont le chef fut François Rakoczy, fut apaisée par le traité de Szathmar,
qui rendit à la Hongrie, en 1711, ses anciens privilèges. Au cri de sa
noblesse : Moriamur pro rege nostro Maria Theresa! la nation se
leva tout entière pour soutenir Marie-Thérèse, en 1741. Elle continua
de se montrer dévouée à la maison d'Autriche
pendant les guerres contre la France
républicaine et contre Napoléon Ier.
La Hongrie avait conservé son ancienne constitution, la plus aristocratique
de toute l'Europe ,
qui perpétuait les Magyars dans leur position de conquérants. Tous les
droits politiques et sociaux leur étaient exclusivement réservés, quoiqu'ils
ne formassent pas la moitié de la population du royaume. Les lois, proposées
et sanctionnées par le roi, étaient discutées par la diète, composée
de 2 chambres : la table des magnats, où siégeaient les prélats
et les grands du royaume sous la présidence du palatin, qui était un
archiduc représentant le roi, et la
table des états, où siégeaient
les députés de la noblesse inférieure, des villes et des districts.
La diète se réunissait tous les trois ans à Presbourg.
Un esprit d'opposition
au gouvernement autrichien, qui allait toujours croissant depuis 1830,
se manifesta ouvertement en 1848. Les Hongrois prétendaient s'affranchir
de la domination autrichienne ,
et maintenir en mĂŞme temps leur propre domination sur les Croates et les
Esclavons. La guerre civile Ă©clata; et l'avocat Kossuth,
chef du parti démagogique, s'empara du gouvernement. Il fit décréter,
en 1849, par les chambres représentatives, qui avaient remplacé la diète,
dissoute par l'empereur, l'exclusion de la maison de Habsbourg-Lorraine
du trône de Hongrie. L'insurrection ne put être réprimée .par l'Autriche,
et fournit Ă la Russie
l'occasion d'intervenir dans le conflit, et de prêter, cette même année
1849, l'appui de ses armes au rétablissement de l'autorité autrichienne
en Hongrie. Une agitation révolutionnaire s'y est manifestée en 1860.
L'empereur a décidé que l'ancienne diète serait reconstituée, en même
temps qu'il a rétabli l'ancienne division par comitats. Mais il a été
forcé, par les répugnances des Hongrois à admettre l'union réelle avec
la monarchie autrichienne, de dissoudre la diète en 1861. Les dispositions
à trouver une solution qui concilie l'unité de l'empire avec les droits
historiques de la Hongrie devinrent meilleures en 1862 et 1863.
Plus fortement constituée que l'Autriche ,
moins travaillée par les conflits de nationalités, dirigée par une aristocratie
riche et puissante qui donnait au gouvernement une réelle stabilité,
la Hongrie prima à la politique extérieure de la double monarchie ses
directions particulières, et son influence ne contribua pas peu à orienter
Habsbourg
vers les Balkans .
C'est pour elle surtout que fut avantageux
le régime de 1867. Le pouvoir appartint tout d'abord
à une coalition des partis Deak et Tisza : unis sous la dénomination
de «-parti libéral-», ils s'appliquèrent à organiser le nouvel État
de Transleithanie et à le magyariser. Les résistances des Roumains de
Transylvanie
et celles des Slovaques furent facilement surmontées, mais il fallut
concéder aux Croates une part assez grande d'autonomie.
La Hongrie au
XXe siècle.
L'apparition sur
la scène politique, aux élections de 1905, du «-parti
de l'indépendance-» dirigé par Albert Apponyi, Jules Andrassy. François
Kossuth, fils du dictateur de 1848, fut le point de départ d'un mouvement
en faveur de la transformation du régime dualiste en une simple «-union
personnelle-». Le «-parti de l' indépendance-» demandait la substitution
du magyar Ă l'allemand comme langue de commandement dans la partie de
l'armée commune recrutée en Hongrie. C'eût été constituer une armée
nationale en Transleithanie et créer un précédent dont auraient pu s'autoriser
les autres nationalités : l'empereur s'y refusa. Les «-indépendants-»
critiquaient aussi l'accord spécial fixant la contribution de la Hongrie
aux dépenses communes de la monarchie (diplomatie, finances, armée);
cependant, malgré les efforts de l'opposition, aux Parlements de Budapest
et de Vienne, l'accord fut renouvelé à la fin de décembre 1907, pour
dix ans et pour la dernière fois. La Hongrie, entraînée dans la Première
Guerre mondiale en 1914, proclama son indépendance le 28 octobre 1918,
au moment de l'effondrement de l'empire austro-hongrois.
L'indépendance de
la Hongrie lui fut reconnue par les Traités de Versailles
et de Saint-Germain, qui, dans leur
définition des nouvelles frontières en Europe
centrale, ne laissaient, Ă la Hongrie qu'un territoire exigu en
comparaison de ce qu'il avait été auparavant. Devenue une république,
et aspirant, sous la conduite du comte de Carolyi, a devenir une démocratie,
le pays se trouva rapidement confrontée à l'agitation communiste, dirigée
par BĂ©la Kun. Celui-ci s'empara du pouvoir en 1919 et mit en place un
mode de gouvernement analogue Ă celui des Soviets en Russie .
La même année Kun fut renversé à la suite de l'intervention des troupes
roumaines à Budapest qui aidèrent à installer à sa place, un aristocrate
typique représentant de la vieille Hongrie traditionnaliste et catholique,
l'amiral Miklos Horthy. Une forme de monarchie fut rétablie, Horthy
assumant les fonctions de régent. Le parti communiste fut interdit, et
une vague de répression (la terreur blanche) déferla sur le pays. Des
gouvernements marqués très à droite, se succédèrent : Istvan Bethlen
(1921-1931), Gömbös (1932-1936), Daradnyi (1936-1938).
Antisémites et revanchardes,
les classes dirigeante se trouvèrent vite des affinités avec les idées
prônées par les Nazis en Allemagne .
En 1937, un parti nazi, les Croix fléchées, fut même formé. Ce rapprochement
avec l'Allemagne permit en 1938 Ă la Hongrie de retrouver certains des
territoires dont elle avait été amputée après la Grande Guerre (Slovaquie
du Sud, Transylvanie
du Nord, portions de la Ruthénie et de la Voîvodine). En 1939, le pays
s'associa Ă l'Allemagne, au Japon
et Ă l'Italie ,
au sein du Pacte anti-Komintern. Cependant, quand fut déclenchée la Seconde
Guerre mondiale, Horthy, un temps écarté du pouvoir, mais de nouveau
aux affaires tenta de ne pas entraîner son pays dans le conflit. Il finit
par s'y résoudre en 1941. Au moment de l'offensive allemande contre l'URSS ,
la Hongrie envoya ses troupes (des forçats juifs étant sacrifiés en
première ligne) sur le front de l'Est, avant de déclarer la guerre au
Royaume-Uni
et aux États-Unis .
Dans la capitale et les grandes villes, les communistes pour leur part
s'efforcèrent d'organiser une résistance. En octobre 1944, les Croix
fléchées, dirigées par Szalasi renversèrent Horthy qui avait demandé
un armistice à l'Union soviétique et qui freinait la déportation des
Juifs
de Budapest vers les camps d'extermination
( L'Holocauste),
et laissèrent l'armée allemande occuper la Hongrie. Mais quelques mois
plus tard, en avril 1945, à l'issue de combats violents, qui ravagèrent
en particulier Budapest, les troupes soviétiques s'emparèrent de la Hongrie.
Les territoires repris par la Hongrie sept ans plus tĂ´t durent ĂŞtre rendus,
et un nouveau gouvernement, dit de front national, fut mis en place.
Dans un premier temps,
les Soviétiques
laissèrent s'installer en Hongrie un gouvernement provisoire d'apparence
pluraliste, dirigé par le général Béla Miklos, un ancien sous-fifre
du régime de Horthy, mais au sein duquel les communistes étaient supposer
jouer un rĂ´le pivot. Le nouveau gouvernement organisa des Ă©lections et
entreprit une réforme agraire (confiscation de tous les domaines de plus
d'une soixantaine d'hectares, redistribution des terres à 642 000 bénéficiaires)
et se trouva notamment confronté à l'opposition des de l'Église, avec
Ă sa tĂŞte le cardinal
Josef Midszenty, et Ă celle des anciens fascistes. Il eut aussi aussi
à se défendre, à l'intérieur même de ses rangs, des agissements des
communistes, mécontents de la position minoritaire qui avait résulté
des urnes. Dirigés par Mà tyàs Rà kosi, secondé par Ernö Gerö, ceux-ci
avaient noyauté l'armée et la police et finirent par s'emparer du pouvoir.
Ils commencèrent à mettre en place, à partir de 1948, une démocratie
populaire comparable à celles qui existaient déjà dans les autres pays
satellites de l'URSS. Sur fond de terreur policière, une nouvelle constitution
fut adoptée en 1949, l'Industrie fut nationalisée et l'agriculture collectivisée.
La mort de Staline
en 1953 mit fin Ă la dictature de RĂ kosi. La Hongrie, dont l'Ă©conomie
partait à la dérive, fut invitée par son grand frère soviétique
à procéder à une ample déstalinisation. Imre Nagy, un communiste non
stalinien, qui, comme ministre de l'agriculture, avait été le promoteur
de la réforme agraire, se vit confier les rênes du pouvoir. Ses tentatives
de réformes furent entravées par la résistance que leur opposait l'aile
dure du parti communiste, et ses avancées, bien que favorablement perçues
par la population, furent modestes. A peine deux ans plus tard, il fut
désavoué par Moscou, et remplacé quelque
temps par AndrĂ s HegedĂĽs, un lieutenant de MĂ tyĂ s RĂ kosi (celui-ci
restant en réalité l'homme fort de la Hongrie). Celui-ci fut limogé
définitivement en mars 1956, et les directions du pays et du Parti communiste
furent confiée à un autre stalinien, Ernö Gerö.
Le 23 octobre 1956,
les Ă©tudiants de Budapest s'enhardirent
à manifester pour demander le retrait des troupes soviétiques du sol
hongrois et un retour des libertés fondamentales et aussi celui de Nagy.
Le lendemain, le Parti communiste appela l'URSS
à l'aide et crut pouvoir apaiser l'effervescence en replaçant Imre Nagy
à la tête du Conseil. Nagy espérait pouvoir obtenir le retrait des militaires
soviétiques et un statut de neutralité pour son pays, comparable à celui
obtenu par l'Autriche
l'année précédente. Après une visite éclair à Budapest de deux dirigeants
soviétiques, Mikhaïl Souslov et Anastase Mikoyan, Youri Andropov, alors
ambassadeur de l'URSS à Budapest (et futur numéro un de l'Union soviétique
finissante), laissa penser Ă Imre Nagy que Moscou
laisserait faire. Mais Nagy ne fut pas mĂŞme en mesure de constituer un
gouvernement capable de durer plus de quelques jours. Et de toute façon,
dès le 30 octobre, tous ses plans volèrent en éclat, quand les Soviétiques
décidèrent d'envahir la Hongrie. Leurs troupes prirent position à partir
du 4 novembre. Il y eut quelque 3000 morts (les trois-quarts Ă Budapest),
dont des centaines d'exécutions, et vingt mille arrestations. Beaucoup
de Hongrois fuirent le pays, Nagy crut pouvoir trouver refuge Ă
l'ambassade de Yougoslavie. Croyant aux promesses d'impunité qu'on lui
avait faites, il en sortit et fut aussitôt kidnappé par des agents soviétiques,
avant d'être jugé et condamné à mort pour haute trahison. Jà nos Kà dà r,
un ancien dirigeant communiste écarté par Rà kosi, redevenu quelques
jours plus tôt numéro un du parti communiste (rebaptisé Parti socialiste
ouvrier hongrois), fut placé au pouvoir.
-
Statue
de Imre Nagy, Ă Budapest.
Photos
: The World factbook.
JĂ nos KĂ dĂ r fut
le maître d'oeuvre d'une brutale politique de répression, qui se signala
notamment par la pendaison de Nagy en juin 1958, et se prolongea jusque
vers 1963-1964. Des lois d'amnistie furent alors votées, et le pays, se
lança dans une relative libéralisation. Kà dà r réussit à instaurer
une pacification intérieure qui rendit le régime plus supportable. En
1968, un nouveau mécanisme économique put même être instauré, introduisant
un peu d'économie de marché dans l'économie socialiste. Le pays n'en
demeurait pas moins, sur le plan international, rigoureusement aligné
sur Moscou. Soldat modèle du Pacte de Varsovie,
la Hongrie participa ainsi cette année-là en Tchécoslovaquie, à l'écrasement
du Printemps de Prague. Jusqu'aux au début des années 1980, la Hongrie
connut une croissance Ă©conomique, qui contrastait avec la stagnation des
autres pays satellites de l'URSS .
Puis le régime commença à donner des signes d'ankylose. Jà nos Kà dà r,
vieillissant, fut démit de ses fonctions en 1988 et remplacé par Karoly
Grosz, puis par Gyula Horn. L'opposition commença à s'exprimer plus ouvertement;
en mai, on ouvrit le passage aux Allemands de l'Est qui souhaitaient
quitter leur pays pour se réfugier à l'Ouest, via l'Autriche, tandis
que le régime se résolvait à s'ouvrir au multipartisme. En 1989, le
jour même de la mort de Kà dà r, la Cour suprême réhabilita Imre Nagy.
La
Hongrie depuis 1990.
En 1990, des Ă©lections
libres eurent lieu. Elles donnèrent la victoire à une coalition de centre-droit
(dans laquelle existait aussi un courant d'extrême-droite, antisémite),
dont le gouvernement fut dirigé par Jòzsef Antall. En juin, la Hongrie
se retira du Pacte de Varsovie. L'ère communiste était terminée, mais
tout n'était pas fini pour les ex-communistes (ou néo-communistes, comme
on voudra). Le retour des restes de Horthy (mort au Portugal) et inhumé
en septembre 1993, qui avait donné lieu à une réhabilitation contestée
de son régime, et surtout les incertitudes du passage à l'économie de
marché, qui ravivèrent rapidement la nostalgie du kadarisme, ou du moins
de celui des années de croissance et de stabilité sociale, firent perdre
la droite aux Ă©lections suivantes. En 1994, un gouvernement de coalition
réunissant communistes et libéraux fut formé. La libéralisation ne
s'en poursuivit pas moins. En 1997, les Hongrois se prononcèrent par référendum
pour l'adhésion de leur pays à l'Otan (qui aura lieu deux ans plus tard),
et des négociations commencèrent avec l'Union européenne en vue de l'admission
de la Hongrie. En 1998, une nouvelle coalition de centre-droit revint au
pouvoir. Viktor Orbán fut nommé premier ministre. Sous son gouvernement,
en juin 2001, une loi fut votée donnant un statut protecteur aux ressortissants
de langue hongroise (magyarophones) vivant dans les pays voisins (Croatie
et Roumanie, Serbie ,
Slovaquie, Slovénie et Ukraine). Ce qui souleva une vague de contestation
dans les pays concernés, qui y voyaient non seulement une ingérence,
mais aussi, s'ajoutant la réhabilitation de Horthy huit ans plus tôt,
une résurgence des anciennes prétentions impériales de la Hongrie.
Cela n'empĂŞcha pas
la Hongrie de poursuivre paisiblement mais résolument sa vie démocratique.
En mai 2002, une coalition de gauche, dirigée par Peter Medgyessy, gagna
les Ă©lections le parlement amenda quelques mois plus tard la loi sur les
droits des magyarophones de l'étranger. En avril 2003, après l'accord
donné par l'Union Européenne à l'entrée de la Hongrie, un référendum
entérina le projet, et le pays fit officiellement son entrée dans le
club européen le 1er mai 2004. En septembre
Ferenc Gyurcsány remplaça Peter Medgyessy, démissionnaire. En décembre,
le pays se prononça par référendum contre le projet de donner la nationalité
hongroise aux magyarophones de l'Ă©tranger, tandis que le parlement ratifiait
le traité de constitution européenne. Les élections de 2005 ont ensuite
reconduit au pouvoir la coalition dirigée par Gyurcsany.
Le Parti socialiste
hongrois (MSZP) remporte les élections législatives de 2006 et Ferenc
Gyurcsány reste Premier ministre. Cependant, des tensions éclatent rapidement
lorsque des enregistrements divulgués révèlent que Gyurcsány a admis
avoir menti sur l'Ă©tat de l'Ă©conomie pour gagner les Ă©lections. Cela
déclenche des protestations massives et une crise politique. La crise
financière mondiale de 2008 affecte gravement la Hongrie, entraînant
une récession économique et la nécessité de recevoir une aide financière
du FMI et de l'Union européenne.
Le XXIe
siècle.
L'ère
Orbán et ses attentes aux droits humain et à l'Etat de droit.
En 2010, le parti
Fidesz, dirigé par Viktor Orbán, remporte une victoire écrasante aux
élections législatives, obtenant une majorité des deux tiers au Parlement.
Il sera reconduit plusieurs fois ensuite. Les actions du gouvernement n'ont
cessé depuis de susciter des préoccupations quant à l'érosion des principes
démocratiques et des libertés fondamentales, ce qui a entraîné des
tensions persistantes avec l'Union européenne et la communauté internationale.
Une nouvelle Constitution
est adoptée en 2011, qui sucite des critiques de la part de l'UE et des
ONG pour des préoccupations concernant l'affaiblissement de la séparation
des pouvoirs et des droits humains. L'indépendance
de la justice a été affaiblie. Par exemple, le Conseil national de la
magistrature, chargé de superviser les juges, a vu son pouvoir réduit,
tandis que le Président du Tribunal suprême a été remplacé par un
proche allié du gouvernement. En 2012, une loi a abaissé l'âge de la
retraite des juges de 70 à 62 ans, entraînant le départ forcé de nombreux
juges expérimentés. La Cour européenne de justice a jugé cette loi
discriminatoire et contraire au droit de l'UE.
En 2013, le Fidesz
adopte plusieurs lois controversées, renforçant le contrôle sur les
médias publics et privés. La création de l'Autorité nationale des médias
et des communications, dirigée par des membres nommés par Fidesz, a permis
au gouvernement de superviser étroitement le contenu médiatique.
La crise des réfugiés
en Europe atteint son apogée en 2015. Orbán adopte une position ferme
contre l'immigration. Il construit une clôture à la frontière avec la
Serbie et la Croatie et fait adopter des lois strictes pour empĂŞcher les
migrants d'entrer en Hongrie. Cette politique suscite des critiques internationales
mais renforce la popularité de Fidesz à l'intérieur du pays. Les
conditions dans les centres de détention pour migrants elles aussi ont
été critiquées pour leur dureté et leur manque de respect des droits
humains. Des rapports ont documenté des cas de violence et de traitement
inhumain des migrants.
Dans le mĂŞme temps,
des médias critiques ont continué d'être fermés ou rachetés par des
proches du gouvernement. En 2016, le journal
Népszabadság, un
des plus grands journaux indépendants, a été fermé soudainement, ce
qui a été largement perçu comme une attaque contre la liberté de la
presse. Le gouvernement a aussi pris des mesures pour contrĂ´ler les institutions
culturelles, telles que les théâtres et les musées, en nommant des directeurs
fidèles au gouvernement et en réduisant le financement des institutions
critiques. Des réformes controversées ont transféré le contrôle des
universités publiques à des conseils de fondations privés, souvent composés
de proches du gouvernement, limitant ainsi leur autonomie académique.
L'Université d'Europe centrale (CEU), fondée par George Soros, a été
contrainte de déplacer la majeure partie de ses opérations à Vienne
en raison de modifications législatives ciblant spécifiquement son modèle
Ă©ducatif.
Le gouvernement de
Fidesz a aussi introduit des mesures pour contrĂ´ler les ONG, en particulier
celles financées par l'étranger. En 2017, une loi oblige les ONG recevant
plus de 24 000 euros de financement étranger à s'enregistrer comme «
organisations soutenues par l'étranger », stigmatisaient ces organisations
et compliquaient leur fonctionnement. Les organisations de défense des
droits humains ont dénoncé ces mesures comme étant répressives.
Le Fidesz remporte
de nouveau les élections législatives en 2018,avec une majorité des
deux tiers. Orbán continue de renforcer son pouvoir, ce qui conduit Ă
des accusations de dérive autoritaire. En réponse à la pandémie de
covid-19,
qui survient en 2020, le gouvernement hongrois obtient des pouvoirs d'urgence
Ă©tendus. Des critiques sont alors Ă©mises quant Ă l'utilisation de ces
pouvoirs pour limiter davantage les libertés civiles et renforcer le contrôle
gouvernemental.
Les relations entre
la Hongrie et l'Union européenne se tendent. Bruxelles critique régulièrement
Budapest pour ses atteintes à l'État de droit,
à la liberté de la presse et aux droits des minorités. La communauté
romani continue de faire face à une discrimination systémique dans l'emploi,
l'éducation et le logement. Des mesures insuffisantes ont été prises
pour améliorer leurs conditions de vie et leur intégration. En 2020,
le gouvernement a adopté une loi interdisant la reconnaissance légale
du changement de sexe, une décision largement condamnée par les défenseurs
des droits humains.
L'UE a activé l'article
7 contre la Hongrie, une procédure rare qui peut mener à des sanctions
en raison de violations graves des valeurs de l'UE. Le Parlement européen
et la Commission européenne ont critiqué Budapest pour ses atteintes
à l'État de droit et à la démocratie. Des organisations comme Amnesty
International et Human Rights Watch ont régulièrement publié des rapports
dénonçant les actions du gouvernement Orbán. La Cour de Justice de l'Union
Européenne (CJUE) a rendu plusieurs décisions contre la Hongrie pour
des violations du droit européen, notamment concernant la législation
sur les ONG et le traitement des migrants. La Hongrie se trouve en conflit
avec les institutions européennes également sur des questions de politique
extérieure, notamment à propos de l'alignement de Viktor Orbán sur les
positions de la Russie. |
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