 |
Apôtres,
Apostoli, c.-à-d. envoyés. - Nom qui signifie envoyés
et par lequel on désigne les disciples immédiats de Jésus,
chargés par lui de répandre sa doctrine. Les Évangiles
sont attribués à quatre d'entre eux. D'après l'Evangile
selon saint Marc ,
(III,13-19), Jésus aurait formé auprès de lui, de
bonne heure, un collège de douze disciples, dont voici les noms
: 1. Simon-Pierre, 2. Jacques et 3. Jean (fils
de Zébédée), 4. André, 5. Philippe, 6. Barthélemy,
7. Mathieu, 8. Thomas, 9. Jacques (fils d'Alphée), 10. Thaddée,
11. Simon le Cananéen, et 12. Judas l'Iscariote.
Saint Mathieu
(X, 2-4) nous donné la même liste avec quelques interversions
et la substitution du nom de Lebbée à celui de Thaddée.
Saint Luc
(VI, 13-16) remplace, à son tour, ce même nom par Judas, fils
de Jacques.
-
L'adieu
des Apôtres (cathédrale de Francfort).Photo
: © Angel Latorre.
Pour quelques-uns de ces disciples, on
rapporte les circonstances dans lesquelles ils seraient entrés en
relation avec Jésus, notamment pour Pierre et André, Jacques
et Jean, deux couples de frères appartenant à des familles
de pêcheurs du lac de Capharnaüm (Marc ,,
I,16-20 et passages parallèles). Ces quatre personnages semblent
avoir été les intimes de Jésus.
On nous raconte aussi, selon l'explication traditionnelle, l'appel adressé
à Mathieu, employé aux douanes de Capharnaüm; mais il
est à remarquer que les évangiles selon saint Marc et saint
Luc nomment le personnage auquel est adressé l'appel en question
Lévi et que c'est le premier évangile qui substitue à
ce nom celui de Mathieu (Marc, II, 13 suiv. et Luc, v, 27 à
comparer avec Matthieu ,
IX, 9 suiv.). Marc toutefois appelle ce Lévi fils d'Alphée,
ce qui nous fait penser que l'on a donné un père du même
nom à Jacques, inscrit sous le numéro 9; serait-ce donc un
frère de Jacques, ou l'auteur l'identifierait-il à Jacques
lui-même?
Le nombre de douze apôtres parut,
dès l'établissement de l'Église chrétienne,
tellement consacré que le livre des Actes des Apôtres
fait remplacer solennellement le traltre Judas par un autre disciple. La
condition requise pour être admis dans le collège apostolique
était d'avoir assisté Jésus dès l'époque
où il avait reçu le baptême de Jean-Baptiste jusqu'à
son ascension (Actes, I, 1526).
-
Retable
en pierre des Douze apôtres (retable de Crosby),
dans
la chapelle sainte Osmanne de la basilique de Saint-Denis.
On trouvera au nom de chacun des apôtres
les renseignements le concernant. Quant à l'institution du collège
apostolique lui-même, elle remonte certainement aux premiers temps
de l'Eglise chrétienne; mais il est difficile
d'admettre qu'elle émane de Jésus lui-même. On comprend
volontiers qu'il se soit entouré d'un petit groupe de disciples
intimes; on conçoit moins qu'il en ait limité le nombre à
un chiffre fixé à l'avance. Le nom même d'envoyé
ou d'apôtre ne devient intelligible qu'à partir du moment
où le christianisme se fait missionnaire, c.-à-d. un certain
temps après la mort de Jésus. Il résulte avec évidence
du livre des Actes des Apôtres qu'il se forma de bonne heure à
Jérusalem un groupe de disciples immédiats de Jésus,
qui s'attachèrent à conquérir les Juifs à la
foi nouvelle, tandis que Paul et quelques autres
personnes, qui n'avaient pas connu Jésus, inauguraient parmi les
païens une oeuvre de propagande, que les apôtres de Jérusalem
envisagèrent d'abord avec méfiance. Le nom d'apôtres
fut également donné par extension à saint Paul ("l'apôtre
des Gentils") et à quelques autres.
-
Jésus
entouré de quelques-uns de ses apôtres, sur l'attique
de la basilique St-Pierre, au Vatican.
Source
: The World Factbook.
On désigne souvent sous le nom de
Concile des apôtres une réunion des représentants des
deux groupes, jérusalémite et antiochien, que rapporte le
livre des Actes des Apôtres (chap. xv), et où l'on
décida que l'on n'imposerait pas aux païens l'obligation de
la circoncision pour entrer dans l'Eglise chrétienne. Il est question
de cette même réunion dans l'Epître aux Galates
(chap. II). Plus tard se formèrent des légendes sur l'apostolat
des douze, qui se seraient partagé le monde et auraient convenu
de résumer leur foi dans le Symbole des Apôtres. Cette profession
de foi, autrement dit le Credo, est beaucoup moins ancienne; elle s'est
formée graduellement par le développement de la formule du
baptême, énonçant successivement les personnes du Père,
du Fils et du Saint-Esprit. ( Histoire
du Credo, par A. Coquerel fils, et Symbole des Apôtres, par Michel
Nicolas.) On a publié, sous le nom de Doctrine des Apôtres,
un très intéressant document, qui ne remonte certainement
pas aux apôtres eux-mêmes , mais qui nous donne de précieux
renseignements sur le culte et les usages de l'Eglise chrétienne
primitive ( La Didaché ou
l'Enseignement des douze apôtres, par Paul Sabatier).
(M. Vernes).
Archéologie.
L'histoire de la représentation
des apôtres est un des sujets les plus vastes de l'iconographie chrétienne.
Les apôtres ont été figurés en sculpture, en
peinture, en mosaïque dès les premiers temps du christianisme:
Tantôt ils sont symbolisés par douze agneaux, au milieu desquels
un treizième agneau représente le Christ debout, sur un monticule
d'où sortent les quatre fleuves (bas-relief de Saint-Marc
de Venise, sarcophage du Vatican),
ou bien par des colombes entourant le Chrisma (tranche de l'autel d'Auriol,
Bouches-du-Rhône); tantôt ils sont représentés
en personne (peinture du cimetière de Priscille, mosaïque des
deux baptistères, à Ravenne; sarcophages). Ils n'ont d'autres
attributs, quand ils en ont, que des volumes roulés. Au Moyen âge,
la représentation des apôtres se voit partout. C'est principalement
à partir du XIIIe siècle
qu'on a cherché à les distinguer par des attributs particuliers.
Ainsi, saint Pierre porte toujours les clefs du Paradis; saint Paul, une
épée; saint Jean, un calice d'où sort un dragon; saint
André, une croix en forme d'X qui a pris son nom; saint Jacques
le Majeur, le costume de pèlerin avec le bourdon; saint Philippe,
une croix : saint Barthélemy, un couteau; saint Mathieu, une pique,
quelquefois une équerre ou un livre; saint Jude, un bâton
ou une scie; saint Jacques le Mineur, un bâton; saint Thomas, une
pierre ou une lance; saint Mathias, une hache ou un glaive. Ils ont toujours
les pieds nus. Les apôtres figurent en diverses parties des édifices
religieux, ainsi que dans la décoration d'une foule d'objets mobiliers,
tels que les autels, chasses, calices, ornements sacerdotaux, surtout à
partir du XVe siècle, etc. ( Cène).
(G. Durand).
-
Statues
de quatre des apôtres (soubassement du tombeau de Henri II et
Anne de Bretagne,
à
la basilique de Saint-Denis). © Photos
: Serge Jodra, 2011.
|
|