 |
Les religieux des
ordres mendiants vivent ou doivent vivre d'aumônes. Les Carmes,
les Dominicains, les Franciscains et les Augustins étaient spécialement
appelés les quatre mendiants, parce que leur statut primitif les obligeait
à mendier, et leur interdisait la possession de tout revenu assuré. Le
concile de Trente les dispensa de cette loi,
à l'exception des Capucins et des prêtres
mineurs de l'étroite observance, qui formaient des branches de l'ordre
de Saint-François; mais il ordonna aux autres de conserver la quête,
comme monument de leur ancienne discipline.
Dans la notice relative à l'Ordre
de Saint-François, nous avons mentionné les dissensions suscitées
par la question de la pauvreté absolue et de la possession des biens.
Parmi les ordres mendiants, des canonistes complaisants distinguaient ceux
pour qui l'interdiction de posséder résultait de leur règle, et ceux
pour qui elle ne résultait que de constitutions ajoutées à cette règle.
La première catégorie ne comprenait que les Franciscains. Néanmoins,
les lois ecclésiastiques traitaient les religieux de tous les ordres mendiants
sans distinction comme incapables de posséder aucun bénéfice, et elles
maintenaient cette incapacité, même lorsque ces religieux passaient Ã
d'autres ordres. Une dispense du pape pouvait les en relever; mais une
déclaration de Charles VII (1443), constamment
appliquée par les parlements, statuait que cette dispense était nulle
dans le royaume et abusive, si elle n'avait pas été approuvée par lettres
patentes du roi. Lorsque cette approbation était accordée, elle était
ordinairement limitée à un seul bénéfice ou même à une seule pension.
Carmes.
Les Carmes sont
un ordre religieux, originaire du mont
Carmel ,
d'où il tire son nom, fut formé au commencement du XIIe
siècle, reçut, en 1209, une règle d'Albert, patriarche de Jérusalem
et fut confirmé en 1227 par le pape Honorius;
il fut introduit en Europe
par Saint Louis en 1238. Les Carmes vivaient
cloîtrés, observaient le silence et se livraient au jeûne et à la prière.
Ils portaient une robe brune et une chape blanche avec des barres de couleur
brune, d'où le nom de Barrés qu'on leur donnait aussi. On a distingué
parmi les Varmes, les Carmes mitigés et le Carmes déchaussés
:
Carmes mitigés. - Religieux
institués en 1432, suivaient la règle des Carmes, adoucie par Eugène
IV.
Carmes déchaussés. - Congrégation
religieuse établie au XVIe siècle, n'était
qu'une réforme des Carmes. Cette réforme fut d'abord appliquée à des
couvents de femmes par Sainte Thérèse, 1562 ( Carmélites);
puis cette sainte, aidée de Saint Jean de la Croix, l'introduisit dans
les couvents d'hommes. Ces Carmes marchaient pieds nus (d'où leur nom).
Dominicains.
Les Dominicains
ou Frères Prêcheurs sont un ordre religieux de la règle de Saint-Augustin,
fut fondé par Saint Dominique, à Toulouse,
en 1215, et approuvé la même année par le pape Innocent
III. Il reçut pour mission de prêcher et de convertir les hérétiques.
Les fonctions inquisitoriales furent ajoutées
en 1233 à ses attributions. L'ordre les Dominicains se répandit bientôt
dans toute la chrétienté et forma un grand nombre de maisons distribuées
en 8 provinces : Espagne ,
Toulouse ,
France ,
Provence ,
Lombardie, Rome, Allemagne ,
Angleterre .
Il s'introduisit dès 1218 à Paris ,
ou les Dominicains furent connus sous le nom de Jacobins, parce
que leur couvent était rue Saint-Jacques. Cet ordre a fourni un grand
nombre de papes et de personnages célèbres : Albert
le Grand, Saint Thomas d'Aquin, Raymond de
Penafort, Vincent de Beauvais, Caïetan,
Dom. Soto, etc. Il soutint une longue rivalité avec celui des Franciscains.
Supprimés en France en 1790, les Dominicains se conservèrent dans les
autres pays catholiques, notamment à Rome,
où ils ont un couvent célèbre, qui leur sert de chef-lieu. Ils ont été
réintroduits en France par le Père Lacordaire
(1841). Ils portent une robe blanche, avec scapulaire et capuchon de même
étoffe, et ont un rosaire ou un chapelet
suspendu à leur ceinture. Touron a écrit l'Histoire des hommes illustres
de l'ordre de Saint Dominique, Paris 1743..
Franciscains
Les Franciscains,
Frères mineurs, ou Minorites, comme ils s'appelaient eux-mêmes par humilité
sont un ordre religieux, fondé en 1208 par Saint
François d'Assise, à la Portioncule d'Assise,
faisait voeu de pauvreté et renoncent à tous les biens de ce monde c'est
un des ordres mendiants. Ils portaient un froc gris, de laine grossière,
avec une ceinture de corde et un capuchon court et arrondi. Ils avaient
le droit de se livrer dans leurs églises
à la confession et à la prédication. Ces religieux, protégés par les
papes, se répandirent par toute l'Europe ,
et comptèrent bientôt des milliers de monastères,
enrichis par la piété des fidèles. De leur sein sortirent des hommes
célèbres, tels que Saint Bonaventure, Boger
Bacon, Duns Scot, Alexandre
de Hales, Saint Antoine de Padoue.
Les papes Nicolas IV, Alexandre V, Sixte
IV, Sixte-Quint et Clément XIV appartenaient
aussi à l'ordre des Franciscains.
Les Franciscains étaient en rivalité
avec les Dominicains surtout depuis leur
introduction dans les chaires de l'Université de Paris .
Les deux ordres eurent pour principaux champions, chez les Franciscains
Duns Scot, chez les Dominicains Saint
Thomas, qui pendant longtemps divisèrent l'école en Scotistes
et Thomistes.
Cet ordre a donné naissance à une foule
de communautés particulières, soit d'hommes, soit de femmes. Les plus
connues sont, pour les hommes, les Pères de l'Observance, moines déchaussés,
fondés en Italie
en 1363, par Paul de Foligno ;
les Récollets ou recueillis (recollecti), et les Cordeliers,
noms que prirent les Franciscains établis en France; les Capucins,
qui se distinguaient par une longue barbe et un capuchon pointu; les Minimes,
les Célestins, etc.; pour les femmes, les
Urbanistes, établies en 1260 à Longchamps, près de Paris,
par Sainte Isabelle, et confirmées par Urbain II; les Capucines;
les Clarisses ou Déchaussées.
En 1221, Saint Francois
avait fondé en outre un Tiers-Ordre pour les séculiers qui voulaient
prendre le cordon des Frères Mineurs; c'est de cet ordre que sortirent
les Béguins ou Fraticelli, et les Picpuces,
ainsi appelés du monastère de Picpus
(Paris), où ils s'établirent. La totalité des religieux des deux sexes
de Saint-Francois était au XVIIIe siècle
de 115000 moines et de 28000 nonnes, répartis dans 8000 couvents. Ils
disparurent de France ,
avec les autres ordres religieux, en 1790, mais ils subsistent encore ailleurs
surtout en Italie et dans l'Amérique espagnole; quelques-uns même ont
reparu en France à partir de 1850. Les Franciscains sont les gardiens
du Saint-Sépulcre à Jérusalem.
Augustins.
Les Augustins
sont un ordre de religieux, qui fait remonter leur origine à une société
d'ermites ou de clercs réguliers fondée par Saint
Augustin, mais qui, dans la réalité, parurent pour la première fois
au XIIe s. Ils furent réunis en un seul
corps en 1256, par le pape Alexandre IV, qui leur donna Lanfranc
pour général. C'est de cet ordre que sortit Martin
Luther. Les Augustins se vouaient surtout
à la prédication, rivalisant avec les Dominicains.
Ils portaient dans l'origine un vêtement gris comme les Franciscains;
ils prirent dans la suite un vêtement noir ou blanc, à larges manches,
attaché autour du corps par une ceinture de cuir. En 1574, la réforme
de Thomas de Jésus, Portugais ,
donna naissance aux Augustins déchaussés, qui marchaient pieds nus, et
qui se répandirent bientôt en France
et en Italie .
Avant 1789, il y avait à Paris
trois célèbres couvents d'Augustins les Grands-Augustins, établis dès
1259, et qui ne relevaient que de Rome
(leur couvent situé sur l'emplacement de la rue Dauphine actuelle et du
marché de la Vallée, servit souvent aux assemblées du clergé et du
parlement); les Petits-Augustins, dont le couvent, bâti en 1606 par Marguerite
de Valois, est devenu l'hôpital de la Charité; les Augustins déchaussés,
appelés aussi Petits-Pères, à cause de la petite taille des PP. Fr.
Hamet et Matthieu de Saint-François, qui bâtirent ce couvent, en 1629,
près de la place des Victoires (rue des Vieux-Augustins). ( Augustines).
Autres
ordres mendiants.
Pour compléter la liste des ordres mendiants,
il convient d'ajouterà ceux qui ont été précédemment indiqués les
ordres ou congrégations plus modernes des religieux de la Merci, des trinitaires,
des servites, des hiéronymites, des hospitaliers de Saint-Jean de Dieu
et le tiers ordre de la Pénitence ou des déchaussés. (E.-H.
Vollet). |
|