| Le désir est la conscience que nous avons de la tendance à rechercher quelque bien ou à éviter quelque mal. Le désir est parfois vague et peu précis ; il représente une tendance indéterminée au changement d'état, il vient alors d'un déplaisir, d'une lassitude, d'un malaise, qui ne va pas jusqu'à éveiller des images motrices déterminées. Le plus souvent, le désir se précise et prend sa forme complète. Le désir est donc comme le ressort psychologique de tout mouvement et suppose : 1°) le sentiment pénible d'une privation présente; 2° l'appréhension d'un bien futur. Si on possédait ce qu'on désire, on ne désirerait pas; si on ne se représentait rien de bon, on serait inquiet, agité, mais il n'y aurait aucune direction stable des mouvements et par conséquent le désir serait commencé, ébauché, mais demeurerait incomplet. Même dans l'inquiétude, l'agitation sans but nettement déterminé n'a pas lieu sans quelque représentation du bien. On suppose toujours que le changement produira un état plus supportable. Ainsi, en fait, le désir a pour cause efficiente une peine, et pour cause finale un bien. Ces deux causes agissent à la fois et si, d'un point de vue métaphysique, c'est la cause finale ou le bien qui explique tout, d'un point de vue psychologique. Locke (Essais sur l'entendement humain, 1. II, ch. XXI; Leibniz, Nouveaux Essais, liv. II, ch. xxi) a pu expliquer le désir par l'inquiétude. D'un point de vue métaphysique, il est vrai de dire que le bien est la raison du désir, que le bien est désiré parce qu'il est bon; c'est bien parce que la nourriture nous est bonne que nous la désirons quand nous avons faim; mais, d'un point de vue psychologique, c'est le désir qui nous montre les choses bonnes; c'est parce que nous les désirons que les choses nous paraissent bonnes. Si nous ne désirions pas manger, nous ne mangerions pas et nous ne saurions pas si la nourriture nous est bonne; elle nous serait indifférente, puisque nous l'ignorerions. Il faut donc que le désir précède psychologiquement le bien, car le bien n'est connu que par l'expérience et l'action; or, l'action n'est possible que par le désir. Si donc on ne désirait qu'après avoir connu le bien qu'on désire, on ne désirerait jamais, puisque le désir est nécessaire à l'action, et, par elle, à la connaissance du bien. On voit par là que le désir, étant indispensable à l'action, doit se trouver dans la volonté; tout ce qui est voulu est désiré. Cependant c'est une question de savoir si la réciproque est vraie, c.-à-d. si tout ce qui est désiré est aussi voulu. Il y a évidemment des désirs auxquels nous n'acquiesçons pas; cependant on peut soutenir que, s'ils sont éliminés et n'arrivent pas à se réaliser, c'est uniquement grâce à la force d'autres désirs rivaux, de sorte que l'acquiescement de la volonté ne serait en somme que le résultat de la force d'un désir; le vouloir serait une sorte de désir. (G. Fonsegrive). | |