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Le
mot immatérialisme (de Immaterialis,
immatériel, de in, négatif;
materialis, de materia
= matière) pourrait être considéré comme synonyme d'idéalisme,
si l'on entend, comme on le fait quelquefois, par idéalisme la doctrine
philosophique qui nie la réalité objective
du monde extérieur. Toutefois, immatérialisme est proprement la négation
de la matière, et c'est souvent le nom que l'on
donne au système de Berkeley. En effet, Berkeley
prétend conserver au monde extérieur toute sa réalité : les objets
que nous percevons par nos sens existent aussi réellement
que nous-mêmes, et ils sont bien tels que nous les percevons, car ils
ne font qu'un avec nos perceptions. Ce qu'il
nie formellement, c'est l'existence d'une
entité
qui serait, pour ainsi dire, cachée derrière ces objets et que nos perceptions
nous désigneraient sans la contenir, substance
étendue, inerte et cependant active, puisqu'on suppose qu'elle agit sur
notre esprit et détermine en nous des
sensations.
Rien n'existe que ce qui perçoit ou ce
qui est perçu, esse est percipere aut percipi. Or, ce qui est perçu,
ce n'est pas la prétendue matière, car personne n'a jamais vu ni touché
les atomes de Démocrite et d'Epicure,
non plus que l'étendue pleine et indivise de Descartes,
ce sont les corps, les objets extérieurs, avec
toutes leurs propriétés de couleur, d'odeur,
de saveur, etc., lesquelles ne sont que nos propres idées ou sensations;
et ce qui perçoit, c'est l'esprit; de sorte que les deux moitiés de l'Être
sont inséparables, et qu'en définitive l'esprit, avec tout ce qu'il enferme
en lui-même, est la seule réalité.
On a quelquefois aussi appelé immatérialisme
la doctrine de Stuart Mill. Dans son Examen de
la philosophie de Hamilton, Stuart Mill
déclare que le monde extérieur se réduit à l'ensemble de nos sensations
actuelles
et possibles, et il le définit « une Possibilité
permanente de Sensations », ce qui revient à dire que la matière,
si on entend par là une substance indépendante de nos perceptions, n'existe
pas. (E. Boirac). |
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