| Entité (du latin barbare ens, entis, ce qui est), est un terme de la philosophie- scolastique qui désigne un élément abstrait de la substance composée. Ainsi, par exemple, la force considérée seule, en dehors de l'être qui est le sujet de l'énergie, est une entité. C'est ce que les anciens philosophes appelaient un être de raison, ens rationis. C'est un être, car la force n'est pas rien; elle est quelque chose; mais cet être n'existe séparé que dans la représentation rationnelle, car la force n'existe pas sans quelque chose qui soit fort. Les philosophes du Moyen âge (nominalisme, réalisme) qui professaient une philosophie de la qualité et tâchaient de tout expliquer par des analyses idéales faisaient un grand usage des entités. La matière et la forme étaient les deux premières par lesquelles ils expliquaient tous les êtres matériels. Puis venaient les propriétés de la substance, qui devenaient des facultés dans les animaux supérieurs et dans l'homme. On leur a beaucoup reproché cette façon de procéder. On les a accusés de réaliser des abstractions. Peut être n'a-t-on pas assez réfléchi qu'une philosophie de la qualité ne saurait se servir dans l'explication d'une procédure différente, et que ce n'est pas réaliser une abstraction que de reconnaître la réalité distincte d'un élément qualitatif composant, tout en proclamant que cet élément ne saurait exister seul et séparé. Distinction n'est pas séparation. Ainsi dans un corps la masse est incontestablement distincte de la composition chimique; l'une est aussi réelle que l'autre. Cependant l'école de Duns Scot, plus tard les nominalistes et les scolastiques du XVe siècle, ont évidemment abusé des entités, Dès qu'ils avaient une explication à donner, ils transformaient en cause le phénomène à expliquer en lui accolant le suffixe -ité. C'est ainsi qu'ils méritèrent qu'on leur attribuât, par exemple, la dormitivité de l'opium, de la même façon que l'humanité était l'entité de l'humain, l'animalité celle de l'animal, l'arboréité celle de l'arbre, la socratité, celle de Socrate,etc. (G. Fonsegrive). | |