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Depuis Linné ,
nombre d'essais ont été tentés pour distinguer et
classer les Diptères. Mais la première
classification digne de ce nom est due à Macquart. Elle a paru en
1834 dans les Suites à Buffon. Cette classification, suivie
pendant longtemps par la plupart des entomologistes, a été
remplacée ensuite par la classification proposée par R. Schiner.
Cet auteur partageait l'ordre en deux divisions primordiales, selon que
les insectes parfaits sortent de la nymphe
ou de la pupe par une fente longitudinale ou bien par un trou arrondi.
Les Diptères sortis par une incision droite sont des Orthorapha,
ceux qui sortent par une incision circulaire sont des Cyclorapha.
Les premiers sont scindés en Nematocera (c.-à-d. à
antennes
longues) et en Brachycera (antennes courtes).
La classification que l'on suivra ici dérive
de celle de Schiner. L'ordre des Diptères
y est divisé en trois sous-ordres : Les Nématocères,
qui comprennent notamment la familles des Culicidés (Moustiques);
les Brachycères, dans lesquels on range la famille des Muscinés
(Mouches); les Orthoraphes, dont les familles principales sont celles des
Tabanidés (Taons) et des Oestridés. Le tableau suivant résume
les principales divisions de cette ordre en sous-ordres,
en familles et en genres
:
-
Nématocères |
Moustiques
(Culicidés) |
Culex,
Anopheles, Stegomyia, Aedes, Phlebotomus. |
Autres
familles : Simulidés (Silulium),
Tipulidés (Tipula),
Blépharocéridés, Cécidomyidés (Miastor),
Chironomidés, Ptychoptéridés |
Brachycères |
Mouches
(Muscinés) |
Musca,
Drosophila, Glossina, Calliphora, Auchmeromyia, Lucilia, Sarcophaga, Stomoxys |
Oestridés |
Oestrus,
Hypoderma |
Autres
familles : Hippoboscidés (Hippobosca,
Lipoptena, Melophagus), Nyctéribiides,
Syrphides (Eristales),
Tachinides, Thaumatoxénéiidés, Thermitoxénéiidés. |
Orthoraphes |
Taons
(Tabanidés) |
Tabanus |
Autres
familles : Asilidés (Asilus),
Dolichopodidés, Empididés. |
Nématocères.
Les
Culicidés (Moustiques).
Les Culicidés comprennent les Moustiques
dont les espèces sont nombreuses portent de longues antennes : les
mâles se contentent d'un régime végétarien tandis
les femelles piquent la peau des Humains et des
autres Mammifères pour aspirer le sang
nécessaire à la nutrition de leurs oeufs.
Leur trompe comprend :
1°une gaine formée
par la lèvre inférieure allongée
en forme gouttière et renfermant cinq stylets (deux mandibules,
deux mâchoires et I'hypo-pharynx);
2° une aiguille effilée rigide
et creuse (lèvre supérieure) occupant les bords de la gaine,
communiquant directement à sa base avec I'oesophage
et qui s'enfonce dans la peau en même temps
que les stylets, tandis que la gaine, plus molle, reste en dehors.
A ce groupe appartiennent :
a) Le Moustique commun (Culex
pipiens), qui ne propage pas de maladies, mais est seulement désagrable
par ses piqûres; les mâles se reconnaissent à leurs
antennes plus longues et plumeuses; les femelles ont le corps bossu au
repos.
b) Les Stegomyia, dont il existe une trentaine
d'espèces dans les régions chaudes et tempérées.
L'espèce la plus répandue est le Stegomyia calopus qui est
l'agent de transmission de la fièvre jaune aux Antilles,
au Mexique, etc.; mais il ne pique que si la
température dépasse 23 °C et ne s'infecte qu'à
la condition de piquer le malade pendant les trois premiers jours de la
maladie; et ce n'est qu'une huitaine de jours après s'être
infecté lui-même que ses
piqûres sont contagieuses. Certaines espèces transmettent
également la Filaire de Bancroft.
c) Les Anophélinés, dont
il existe une douzaine de genres réparti; dans les diverses parties
du globe et dont les piqûres transmettent le paludisme; certaines
espèces transmettent également la filariose aux
Antilles,
au Brésil, en Amérique
du Nord et au Japon. Les Anophèles gardent
leur corps rectiligne au repos tandis que celui du Moustique commun est
bossu.
Tous les Moustiques (Culex, Anophèles,
Aëdes, etc.) pondent à la surface de l'eau et les larves
éclosent au bout de deux jours; elles respirent l'air extérieur
par leurs stigmates abdominaux, sont apodes et possèdent une tête
bien distincte portant des yeux, des antennes
et des pièces buccales (carnassières). Au bout de deux à
trois semaines, ces larves deviennent des
nymphes emmaillotées comme les chrysalides
des papillons; elles cessent de prendre de
la nourriture, se tiennent immobiles à la surface de l'eau où
leur tégument se dessèche peu à peu et se fend pour
laisser sortir l'adulte, qui prend aussitôt son vol.
Brachycères.
Les
Muscinés.
Les Muscinés comprennent les différentes
sortes de Mouches, dont les antennes sont
toujours courtes comparativement à celles des Moustiques. Leurs
larves ou asticots sont apodes et acéphalées, c'est-à-dire
dépourvues de tête et par conséquent de pièces
buccales; elles ont seulement une ou deux paires de crochets chitineux
au tour de la bouche. Au moment de se transformer en nymphes,
leur chitine se durcit et enveloppe tout le corps
qui prend la forme d'un petit tonnelet.
Il existe de nombreuses espèces
de Mouches : la mouche domestique (Musca domestica) qui se tient la tête
en bas sur les murs; la grosse mouche bleue de la viande ou Calliphore;
la mouche des étables ou Stomoxis qui est commune dans les cours
des fermes et se tient la tête en haut sur les murs; ses larves
vivent dans le crottin de cheval; les mouches tsé-tsé ou
Glossines qui vivent habituellement dans les régions humides de
l'Afrique centrale, où elles font l'effroi des animaux
domestiques par leur bourdonnement particulier; elles ont comme caractères
de posséder une trompe horizontale
repliée à sa base et deux ailes qui,
au repos, s'entrecroisent sur le dos comme deux lames de ciseaux. Leurs
oeufs se développent en larves dans une poche
spéciale de la femelle : une fois pondues, elles deviennent des
adultes au bout de six semaines environ, sans avoir pris de nourriture.
Les piqûres de plusieurs espèces
de ces Glossines sont mortelles pour les animaux domestiques et particulièrement
pour le cheval, le boeuf et le chien, auxquels elles inoculent la maladie
du nagana, dont les germes sont des Trypanosomes spéciaux voisins
de ceux qui causent la maladie du sommeil chez les Humains et qu'elles
prennent sur des animaux sauvages tels que les buffles et les antilopes.
Une espèce d'Afrique centrale, la Glossina
palpalis, transmet non seulement les Trypanosomes aux Mammifères,
mais communique aux humains le Trypanosome gambieuse de la maladie du sommeil
( Maladies
infectieuses trypanosomiase).
Les
oestridés.
Les OEstridés sont de grosses mouches
velues, à petits yeux et dont les larves
se développent sous la peau ou dans le tube
digestif des Mammifères. Les deux
principales sont l'Oestre du cheval et l'Oestre du boeuf.
a) L'Oestre du cheval pond ses
oeufs
sur les poils; les larves apodes qui en sortent
sont couvertes de petites épines et sont avalées par l'animal
en se léchant; elles achèvent leur développement dans
l'estomac, puis sont rejetées au dehors
par les excréments; la nymphe puis l'insecte
parfait se forment à l'air, mais celui-ci a une vie très
courte par suite de l'atrophie de son appareil buccal.
-
Oestre
de boeuf.
(Hypoderma
bovis).
b) L'Oestre du boeuf (Hypoderma bovis)
est une mouche noire très velue, répandue en Europe,
en Asie et en Afrique
et qui pond également ses oeufs sur les poils; l'animal en se léchant
prend les larves épineuses qui se fixent d'abord sur l'oesophage,
puis le traversent pour émigrer sous la peau où elles déterminent
des abcès; elles s'en échappent quand elles sont développées
et tombent sur le sol, où elles achèvent leur évolution.
Orthoraphes.
Les Orthoraphes forment un groupe proche
de celui des Brachycères, auquel on les rattache parfois.
Les
Tabanidés.
Les Tabanidés comprennent les Taons
qui piquent les boeufs et les chevaux; les femelles
du Taon des tropiques transmettent des Tryanosomes tout comme les Glossines
et provoquent de graves épizooties en Asie du Sud-Est et aux Philippines,
etc.
Des cousins
des Cousins...
On range parfois avec les Diptères
le groupe des Siphonoptères ou Pullicidés (Puces), qui pouraient
alors se définir comme des Diptères sans ailes...
On peut aussi aussi voir en eux un ordre distinct.
Siphonaptères
(Aphaniptéroïdes).
Les
Pullicidés.
Les Pulicidés comprennent plus
de 400 espèces de Puces vivant toutes sur des Vertébrés
à sang chaud; elles possèdent de grandes pattes
postérieures
au saut et
sont dépourvues d'ailes. Les oeufs,
pondus sur le sol ou dans les fentes des parquets, donnent des larves apodes,
céphalées, qui ne mettent pas plus d'une dizaine de jours
pour se transformer en une nymphe enveloppée dans un cocon qu'elles
ont filé; cette dernière phase dure une douzaine de jours.
Les Puces sont les agents de transmission
d'un certain nombre de maladies infectieuses
et particulièrement la peste; après avoir sucé le
sang de rats pestiférés, dans lequel
abondent les bacilles de Yercin, vecteurs de la maladie, elles les communiquent
à l'Humain ou à d'autres rats par leurs piqûres.
(A. Pizon). |
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