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Les Diptères
Organisation anatomique des Diptères
Aperçu
Organisation anatomique
Classification
Au point de vue de leur vie évolutive et de leur organisation, les Diptères doivent, comme d'ailleurs tous les Insectes, être étudiés sous leurs quatre états : oeuf, larve, nymphe et insecte parfait.

Les premières phases du développement

Oeuf.
A l'exception de certaines espèces qui mettent au monde des larves vivantes et qui appartiennent notamment aux groupes des Sarcophagides, Tachinides, Oestrides, etc., tous les Diptères sont ovipares. Leurs oeufs sont en général d'une couleur blanche ou jaunâtre, mais leur configuration est loin d'être uniforme. Ils sont allongés ou conoïdes chez le Cousin commun; ovales ou oblongs dans les Taons, les Asiles, les Bombyles, les Syrphes, etc.; globuleux chez les Psychoda, Ephippium, Sargus, etc.; enfin, hémisphériques et munis d'un bourrelet circulaire dans les Gymnosoma. Un très grand nombre de ces oeufs sont déposés sur les végétaux ou les animaux en voie de décomposition; beaucoup aussi dans la terre; d'autres à la surface des eaux; d'autres encore (Lucilia, Calliphora) sur les viandes ou substances azotées en putréfaction, parfois même sur l'humain. D'un autre côté, les Syrphes, dont les larves sont aphidiphages, pondent au milieu des groupes de Pucerons; les Volucelles dans les nids des Bourdons; les Tachinides dans le corps des Chenilles ou dans les larves d'Hyménoptères. Enfin, les Cécidomyies et les Téphrites fixent les leurs sur les bourgeons et sur d'autres parties des végétaux et occasionnent la formation de galles ou de productions galloïdes, rappelant celles des Cynips.

Larve
Chez les Diptères, les larves, désignées sous le nom de Vers ou d'Asticots, sont apodes, mais ont parfois soit des pseudopodes, soit des épines ou des mamelons hérissés qui leur sont d'une grande utilité pour la progression Ces larves se tiennent dans l'eau, dans la terre, dans les substances animales ou végétales en décomposition, dans certaines plantes vivantes dont elles hâtent la mort. Beaucoup vivent en parasites dans d'autres Insectes (larves ou nymphes) ou bien sur des Vertébrés. Elles se présentent sous deux formes essentiellement différentes, non seulement quant à leurs apparences extérieures, mais encore quant à leur mode d'existence. Les unes, allongées et lisses, très rarement épineuses, sont dites céphalées; elles sont, en effet, pourvues d'une tête écailleuse qui tranche nettement, par sa couleur brune ou noire, sur la couleur blanchâtre ou jaunâtre du corps. Cette tête, dont les pièces buccales (lèvres supérieure et inférieure, mandibules, mâchoires), bien que tronquées, sont toujours reconnaissables, porte des antennes et même des yeux, mais presque jamais des ocelles. Dans les larves de cette catégorie, les stigmates sont le plus ordinairement placés d'une manière symétrique et par paires le long du corps, de chaque côté des flancs, sous forme de petits points noirs, arrondis, plus ou moins apparents. Plusieurs de ces larves (Culicides, Tipulaires) se filent un cocon ou disposent en coque les matériaux à leur disposition.
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Exemples de Diptères.
Diptères; 1. Mouche à viande; 2. sa larve; 3. sa nymphe;
4. Taon; 5. Cousin; 6. Puce; 7. sa larve.

D'autres, au contraire, comme celle du Ver Lion (Vermileo Degeeri Macq.), vivent à la manière du Fourmilion, cachées dans le sable où elles fabriquent des dépressions coniques et attendent leur proie. Les larves de la seconde catégorie, de beaucoup les plus nombreuses et les plus répandues, sont caractérisées par l'absence d'une tête écailleuse et, pour cette raison, dites acéphales. Leur corps, atténué en avant, est élargi plus ou moins en arrière ou vers le milieu; sa partie antérieure, rétractile dans les anneaux suivants, demeure toujours charnue ainsi que le reste du corps, ou bien elle offre deux sortes de crochets unguiformes, de nature cornée, qui se meuvent l'un sous l'autre et servent tantôt à détacher les particules alimentaires, tantôt à fournir un point d'appui pendant la progression. Ces sortes de larves sont munies de cils, de petites épines crochues ou de véritables poils plus ou moins longs, simples ou barbelés. Les stigmates sont au nombre de deux paires, parfois même d'une seule paire (Oestrides); l'une de ces deux paires est placée à la partie postérieure du corps, souvent au fond d'une dépression ou caverne stigmatique; l'autre paire, qui peut manquer, est placée au bord du premier segment du corps et souvent denticulée d'une manière élégante. Les larves acéphales appartiennent surtout au groupe des Conopsides, des Myopides, des Muscides, des Oestrides et des Syrphides, ou elles se présentent parfois avec un prolongement caudal des plus remarquables.

Nymphe
A chaque division des larves céphalées et acéphales des Diptères correspond une forme spéciale de transformation en nymphe, Les larves munies d'une tête sont, en effet, susceptibles d'absorber une alimentation moins liquide. Elles muent plusieurs fois et, en dépouillant Ieur dernière peau qui se chiffonne, se ratatine et se place à l'extrémité postérieure du corps, elles deviennent des nymphes véritables offrant les reliefs et présentant, emmaillotées, les diverses parties de l'insecte parfait. Celui-ci, au moment de l'éclosion, sort par une ouverture linéaire de la région dorsale du prothorax. Chez les larves acéphales, au contraire, la transformation en nymphe a lieu dans la propre peau de la larve. Cette peau se condense, se durcit et forme une véritable coque ou pupe sur laquelle les emplacements qu'occupaient les stigmates de la larve se trouvent marqués par des saillies, tandis qu'il se forme de nouveaux organes stigmatifères. Dans cette pupe, et protégée par elle, la larve devient une nymphe tendre et délicate qui, au bout d'un temps plus ou moins long, se transforme elle-même en insecte parfait. Celui-ci, au moment de l'éclosion, sort de la pupe, non par une simple fente dorsale, mais par une ouverture circulaire provenant d'un décollement latéral qui permet le soulèvement d'un panneau, d'un couvercle ou d'une calotte hémisphérique.

Organisation de l'Insecte parfait

Chez les Diptères à l'état parfait ou d'imago, la tête, reliée au thorax par un pédicule cervical court, et grêle, peut se tourner à droite et à gauche. Elle est surtout remarquable par ses grands yeux à facettes qui occupent la plus grande partie de sa face postérieure. Ces yeux peuvent, chez les mâles, se rejoindre complètement sur le vertex; mais ils restent toujours séparés chez les femelles, ne fût ce que par une bande frontale étroite. Quelquefois (chez les Diopsis), ils sont supportés par les parties latérales de la tête, allongées en pédoncule. Outre ces deux yeux à facettes, il existe généralement trois ocelles placés sur le vertex.

Les organes buccaux forment une sorte de trompe (proboscis ou haustellum) destinée à la succion des matières fluides, mais qui ne pompe le sang que dans la minorité des cas. La structure de cet appareil est extrêmement compliquée par le fait de la variation du nombre des pièces qui le composent; aussi la reconnaissance des homologies de ces pièces a-t-elle été longtemps très controversée. La trompe est surtout constituée par la lèvre inférieure qui, en se repliant longitudinalement, va former en dessus l'ouverture buccale de manière à former un canal et qui souvent, en s'allongeant par devant, devient charnue et se coude afin de pouvoir rentrer plus aisément dans une cavité ménagée à la partie inférieure de la tête. Le labre paraît manquer. Toutefois, les auteurs ont désigné sous ce nom ou sous celui d'épipharynx une pièce placée dans les mêmes rapports que le labre vrai, mais qui est essentiellement liée au pharynx dont elle est le prolongement de la face dorsale et à laquelle répond une autre pièce impaire, prolongement de la face inférieure du pharynx, et qu'on nomme l'hypopharynx. Quant aux mandibules et aux mâchoires, qui affectant souvent la forme de lancettes destinées à perforer la peau des humains et des autres mammifères, elles n'existent pas toujours. Les mandibules manquent chez les Syrphides, les mâchoires chez les Muscides, Dans ces deux groupes, la lèvre inférieure demeure, dès lors, seule chargée de la succion, Son extrémité, formée par les paraglosses, est sillonnée de canaux digitiformes qui permettent le passage des liquides; sa face externe est revêtue de poils tactiles en rapport avec des cellules nerveuses; enfin, sa face interne est couverte de poils transformés, couvrant de délicates terminaisons nerveuses gustatives qui se retrouvent généralement, d'ailleurs, dans le pharynx et l'épipharynx.
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Moustiques.
Moustiques.
I. Culex commun à corps bossu; II. Anophèle à corps rectiligne.

Chez les Diptères, les antennes, insérées à la limite commune de l'épistome et du front, présentent deux types bien tranchés. Chez les uns (Diptères Macrotères ou mieux Nématocères), elles sont filiformes ou sétacées, hérissées ou en chapelet et formées d'articles nombreux articulés entre eux. Dans les autres, au contraire (Diptères Brachocères ou mieux Brachycères), elles sont formées seulement de trois articles, dont deux basilaires, très courts et annulaires, et un terminal très grand, de conformation très différente; ce dernier est pourvu, dans bien des cas, sur sa face dorsale, d'une soie antennaire ou soie dorsale, tantôt nue, tantôt plumeuse  et même pectinée, que l'on considère morphologiquement comme constituant l'extrémité de l'antenne, sa position étant seulement modifiée par le développement considérable du troisième article.

Comme les Hyménoptères et les Lépidoptères, les Diptères ont le thorax et l'abdomen recouverts de téguments en général minces et peu résistants, le plus ordinairement recouverts de poils hérissés, tantôt épars et entremêlés de soies raides, tantôt plus ou moins serrés et formant une épaisse fourrure laineuse. Le thorax est formé de trois segments : un prothorax très court, donnant attache à la première paire de pattes ; un mésothorax très grand, convexe, donnant insertion en dessus aux deux ailes antérieures et en dessous à la seconde paire de pattes ou pattes intermédiaires; enfin, un métathorax étroit, donnant attache en dessous à la troisième paire de pattes. L'écusson, bien développé, est parfois muni de prolongements en forme d'épines (Caenomyia, Beris, Acanthomyia, Siratiomys, Temnocera, etc.). L'abdomen, de configuration très variable, est formé de quatre à huit segments. Il est le plus ordinairement sessile ou adhérent, plus rarement pédiculé. 

Chez les mâles, les organes sexuels, très compliqués, font souvent saillie sous forme de lanières, de tenailles, de pinces, de crochets. Chez les femelles, l'armature génitale est disposée en un oviducte tubulaire, extensible et rétractile, plus ou moins développé. Les pattes s'articulent avec le corps par l'intermédiaire de cuisses coniques, pourvues chacune d'un trochanter. Leurs tarses, formés de cinq articles, dont le premier est généralement allongé, se terminent par deux griffes. Entre ces deux griffes existe souvent une griffe accessoire, plus souvent encore deux coussinets en forme de semelles (pelotes ou pulvilles), à la face inférieure desquels sont implantés d'innombrables poils terminés chacun par une petite cupule faisant office de ventouse. C'est à l'aide de ces ventouses microscopiques que les Mouches peuvent progresser sur les surfaces les plus lisses avec autant de sûreté que sur les surfaces rugueuses.

Chez les Diptères, les deux ailes antérieures sont membraneuses et nervulées, le plus généralement transparentes, souvent marquées de taches élégantes et bariolées. Les nervures longitudinales étant généralement plus nombreuses que les transversales, il en résulte que leur champ est divisé en cellules allongées qui ont reçu divers noms. 
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Le Taon.
Le Taon.

Ces deux ailes sont assez généralement accompagnées chacune à leur base de deux petites pièces membraneuses, arrondies, plus ou moins concaves et ciliées sur leurs bords. Ces pièces membraneuses, considérées comme des dépendances des ailes, sont appelées cuillerons ou ailerons. Elles s'appliquent l'une contre l'autre par leur face concave quand l'insecte est au repos et s'ouvrent quand il vole; leur grandeur est toujours en sens inverse de celle des balanciers. Ces derniers (Halteres ou Libramenta) sont deux appendices membraneux et mobiles, insérés de chaque côté du métathorax, à l'endroit où seraient placées les ailes inférieures si elles existaient. Chacun d'eux est formé d'un style ou filet membraneux (stylus) de longueur variable, portant à son extrémité un petit bouton (capitulus) ovale, arrondi, triangulaire ou tronqué, susceptible de contraction et de dilatation. Ces organes sont spéciaux aux Diptères et tellement caractéristiques que Scopoli avait proposé de donner à ces insectes le nom d'Halterata. Leur rôle, aussi bien que leur signification morphologique, a donné lieu aux interprétations les plus diverses. Les uns, avec Latreille, les ont considérés comme des appendices trachéens; les autres, avec Derham, Cuvier, Schelver, Goureau, Paul Bert, etc., comme des organes essentiels ayant pour fonction de soutenir l'insecte en équilibre quand il vole. Aujourd'hui, tous les entomologistes sont d'accord pour les considérer comme les ailes de la seconde paire transformée. (Ed. Lefèvre).

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