| Saïda qui a d'abord porté le nom phénicien de Sidon est une ville du Liban, sur la Méditerranée, à 43 km au Sud de Beyrouth, au pied du mont Liban, entourée de magnifiques jardins où se cultivent principalement orangers et citronniers dont on exporte les fruits; 38 000 habitants. Sidon était l'une des grandes cités de l'antique Phénicie. Elle paraït avoir exercé, du XVIIe au XIIIe siècle av. J.-C. une sorte d'hégémonie, grâce à son double port, à son industrie, à son activité colonisatrice. Les Sidoniens, marins et commerçants célèbres, ne l'étaient pas moins comme astronomes et calculateurs, sachant naviguer de nuit. On vantait leurs verreries, fabriquées avec l'excellent sable des dunes de leur rivage; leurs tissus de lin, etc. Ils avaient colonisé la côte d'Afrique, fondé Hippone, la première Carthage. Sidon est célèbre dans les poèmes homériques par son industrie métallurgique et ses artisans. Même, lorsque la suprématie passe à Tyr sa voisine, elle garde le titre de « métropole de Canaan ». Elle reconnaît à tour de rôle la suzeraineté de l'Egypte ou des empires asiatiques. Elle est détruite en 351 à la suite d'une révolte entre Artaxerxès III Ochus. Elle accueillit avec faveur Alexandre le Grand. Sous les Romains, elle eut ses archontes, son sénat et une assemblée du peuple; elle prit les titres de Nanarchis, de Colonia Augusta, ou de Metropolis. Le christianisme y pénétra de bonne heure, et dès 325 on a la mention d'un évêque de Sidon. En 637-638, la ville se rendit aux musulmans. Elle fut prise ensuite, une première fois par les Croisés en 1110. Saladin s'en empara en 1187. Reprise par les croisés en 1197, puis en 1228, Sidon, renommée Sagette par les Francs, fut de nouveau fortifiée par saint Louis en 1253. Elle retomba définitivement entre les mains des musulmans en 1291, après avoir été détruite par les Mongols en 1260. La plupart de ses ouvrages furent rasés. Connue désormais sous le nom arabe de Saïda, la ville renaquit de ces cendres et connut même une époque brillante au XVIIe siècle, avec Fakhr-eddin, émir des Druzes, qui attira les Européens en protégeant le commerce de la soie. La ville servait de port à Damas et devint le centre du commerce de la soie. L'oppression de Djezzar Pacha mit fin à cette prospérité, ainsi que la concurrence de Beyrouth. Le 26 septembre 1840, les flottes alliées turque, autrichienne et anglaise, commandées par Napier, bombardèrent la forteresse du port; en 1860, les chrétiens y furent persécutés. - Le château de Saïda au milieu du XIXe siècle. Rattachée à l'Etat libanais formé en 1943, Saïda accueillit après la formation de l'Etat d'Israël, en 1948, une forte population de réfugiés palestiniens, qui s'établirent dans deux camps : Aïn el-Héloué, très étendu et qui est aujourd'hui un des faubourgs de la ville, et Miyeh-Miyeh, situé sur une hauteur, à proximité. Les seuls vestiges d'époque ancienne ont été fournis par une nécropole qui a été d'abord fouillée par Renan et Gaillardot. En 1855, on y trouva le fameux sarcophage d'Echmounazar, roi de Sidon, portant une longue inscription phénicienne et actuellement au Louvre. En 1887 apparurent dix-sept sarcophages grecs et phéniciens, dont le prétendu sarcophage d'Alexandre et celui de Tabnith, père d'Echmounazar, qui ornent le musée de Constantinople. La petite île réunie à la côte par un pont de neuf arches ogivales, le Kalaat el-Bahr ou château de la mer, renferme les ruines d'un château franc du XIIIe siècle. Il gardait le port de Saïda. Le Khan el-Franj (= khan des Français), situé lui aussi près du port est un ancien caravansérail construit au XVIIe siècle. Il doit son nom au fait que fait que les consuls français y résidèrent avant d'êtres transférés à Beyrouth. Enfin, signalons dans le voisinage de la ville la nécropole phénicienne ancienne; et sur une hauteur, chapelle Mer Elias, sur l'emplacement d'un temple phénicien (La Religion phénicienne). (R. Do.). | |