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Éros(= Amour; en latin Amor ou Cupido). - Dieu de l'amour dans la mythologie hellénique. Homère ne le connaît pas encore; chez Hésiode, il succède, sans que le poète établisse un lien entre les générations, au Chaos, à la Terre et au Tartare. Le poète ne lui attribue pas davantage une descendance; il se borne à dire qu'Eros dompte les dieux et les humains, alors que ni les uns ni les autres n'ont encore pris place dans la série des êtres. Il a pour frère Himéros, c.-à-d. le Désir, qui continue à lui être associé pendant les âges suivants. Cette façon de comprendre Eros se rattache aux doctrines philosophico-théologiques que l'on désigne communément sous le nom d'orphisme; et l'on en trouve un écho chez quelques-uns des premiers philosophes de la Grèce, notamment chez Empédocle, pour qui l'univers entier est issu des luttes de la Discorde et de l'Amour, ordonnant les éléments primordiaux. Pour les orphiques, Eros sort de l'oeuf cosmique, qui procède lui-même des Ténèbres (le Tartare ou la Nuit) et du Vide infini (le Chaos). On ne saurait affirmer que Eros, sous cette forme, ait jamais été, chez les Grecs, l'objet d'un culte. Cependant les habitants de Thespies, en Béotie, vénéraient, de toute antiquité, sous forme d'un aérolithe, Eros, dieu de la génération universelle; Praxitèle et Lysippe lui élevèrent plus tard des statues qui rendirent ce culte célèbre. Eros figure de même dans les mystères de Samothrace; nous y trouvons sa personnalité associée au culte d'Hermès ithyphallique et des Cabires. Les habitants de Thespies célébraient, en son honneur, tous les cinq ans, sur l'Hélicon, une fête qui donnait lieu à des jeux et à des concours de toutes sortes. On retrouve un culte analogue à Parium sur l'Hellespont, chez des peuples d'origine préhelléniques, et à Leuctres, sur la côte Ouest de la Laconie. La seule religion véritablement populaire d'Eros est celle qui personnifiait en lui l'affection virile des citoyens les uns pour les autres, et, par suite, le principe d'une émulation généreuse, en paix et en guerre. A Eros on opposait Antéros, c.-à-d. l'amitié réciproque; ces divinités avaient un caractère guerrier; on les honorait surtout à l'occasion des guerres qui mettaient en ouvre les grands dévouements, et l'on plaçait leurs images, dans les gymnases publics, à côté d'Hermès, d'Héraclès et même d'Athéna. Athènes, Sparte, l'île de Crète connaissaient et pratiquaient cette religion, que favorisaient les pouvoirs publics; à Samos, elle était l'occasion de fêtes qui s'appelaient Eleuthéries ou fêtes de la Liberté. Eros de Praxitèle. Musée du Capitole, Rome. Cependant Eros, sous sa forme la plus connue, ne ressemble que de loin à la divinité dont nous venons de parler. Celui que les poètes ont chanté, que les arts plastiques ont représenté, est un fils d'Aphrodite et le compagnon inséparable de cette déesse de la beauté. Les traditions varient quant au nom de son père; la plus curieuse est celle qui le fait descendre d'Arès. Les lyriques ioniens d'abord, puis plus tard les tragiques, Euripide en particulier, ont célébré sa puissance. Ils l'ont représenté sous les traits d'un bel adolescent, avec des ailes, un carquois, des flèches et un flambeau. Le souvenir de sa conception première subsiste en ce qu'il demeure le dieu qui, par l'amour physique, conserve le monde et multiplie les êtres; il s'élance, au printemps, des lieux où on le vénère à côté de sa mère, pour féconder et propager, sous la double impulsion des penchants sensuels et de la sympathie morale. On le voit apparaître sur les monuments grecs au Ve siècle avant notre ère; il a pour attributs la jeunesse et les ailes dans les mains, une fleur et la lyre. Il est, d'ordinaire, en compagnie d'Aphrodite, quelquefois sur un char traîné par des griffons. Peu à peu, les artistes multiplient autour de la déesse les figures de l'Amour et lui composent un cortège avec ses représentations variées. Bientôt Eros est représenté isolé, surtout par Praxitèle, dont l'art gracieux et délicat excellait à rendre ce type. On cite de lui l'Eros de Thespies en marbre pentélique, et celui qui, décrit par Callistrate, se retrouve dans un marbre célèbre du musée de Dresde, bel adolescent, dans la fleur de la vie, bandant l'arc ou décochant les flèches qui pénètrent les coeurs. Des statues nombreuses, dans les divers musées de l'Europe, nous ont conservé ses traits. La céramique peinte et les terres cuites ont mis à exploiter ce type une variété et une liberté inépuisables. Eros et Psyché. Détail d'un groupe antique. Musée du Capitole, Rome. Un des sujets favoris de l'art depuis le IIIe siècle est l'épisode d'Eros et de Psyché, symbolisant les joies et aussi les tortures de l'âme en proie à l'amour. Les fresques de Pompéi sont, à bien des égards, le poème vivant et complet des aventures d'Eros, aux prises avec les dieux et les humains; le pur esprit de l'antique lyrisme d'Ionie y revit, avec des raffinements d'élégance et aussi de sensualité tout modernes. (J.-A. Hild).
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