| Lycie. - Ancien pays du Sud-Ouest de l'Asie, occupant une péninsule montagneuse au bord de la Méditerranée. Elle confinait à l'Ouest à la Carie, au Nord à la Phrygie et à la Pisidie, au Nord-Est à la Pamphylie, étant bornée à l'Ouest par le Glaucus et le mont Dédale, au Nord par la crête du Taurus, à l'Est. par le mont Climax. C'est une région montagneuse, très haute, avec des sommets de 3000 m; son caractère volcanique est perpétué par les mythes de la Chimère et de Bellérophon. Les rivières coulent généralement vers le Sud ; les principales sont le Xanthe à l'Ouest; le Limyrus ou Africandus à l'Est; les vallées (surtout celles du Xanthe) sont fertiles en blé, vin, cédrats; les platanes et les sapins de Lycie étaient renommés. La Lycie et les Lyciens sont connus des auteurs de l'Iliade; ils figurent dans la nomenclature des ennemis de l'Egypte combattus par Ramsès II. II n'y a donc pas lieu d'accepter l'assertion d'Hérodote que le nom primitif du pays était Milyas et ses premiers habitants les Solymes et Termiles ou Trémiles, non plus que les légendes qui font des Lyciens des colons crétois amenés par Sarpédon et débaptisés en l'honneur de son ami Lycus, fils de Pandion et neveu d'Egée, roi de l'Attique. Le nom de Milyas s'applique à l'époque historique à l'intérieur du pays où vivaient les Milyens dans leur tétrapole de Cibyra, Oenoanda, Balbura et Bubon. On pourrait admettre que les Solymes et les Termiles, qu'on regarde comme des Sémites, seraient, au contraire, des immigrants étrangers, venus vers le XIIe ou le XIe siècle, et sur lesquels les Lyciens auraient repris ensuite le dessus. Il est question des luttes des héros lyciens tels que Bellérophon contre les Solymes. Les Lyciens paraissent un peuple parent des Grecs, de civilisation parallèle mais moins avancée. II y a de bonnes raisons pour croire que leur pays fut le berceau du culte d'Apollon. Les relations avec la Crète se perpétueront. Au temps d'Hérodote, les Lyciens avaient encore le système de parenté féminine, portant le nom de la mère et non du père. Leurs lois et coutumes semblent à l'historien intermédiaires entre celles de la Crète et de la Carie. A l'époque homérique, les Lyciens avaient des rois; à l'époque historique, ils formaient une fédération de 23 cités libres, gouvernée très sagement par un conseil commun où les six principales villes, Xanthus, Patara, Pinara, Olympus, Myra, Tlos, avaient chacune trois députés, d'autres deux et les plus petites un. Le congrès se réunissait à Xanthus, élisait un chef du pouvoir exécutif, le lyciarque, puis les principaux magistrats. Les juges étaient élus, les taxes réglées d'après le même principe de proportionnalité. La Lycie fut progressivement hellénisée; les inscriptions bilingues, les monuments le prouvent. L'architecture a un caractère original, notamment dans les tombeaux, et imite les constructions en bois. On sait le rôle que l'Iliade prête aux Lyciens, principaux alliés des Troyens, et à leurs rois Glaucuss et Sarpédon. Plus tard, ce peuple pacifique, mais très brave, repoussa les attaques de Crésus, roi de Lydie. Il fut moins heureux contre les Perses; Harpagus, lieutenant de Cyrus, les vainquit; poussés à bout, les défenseurs de Xanthus brûlèrent dans la citadelle leurs trésors, leurs esclaves, leurs femmes, leurs enfants, puis se firent tuer les armes à la main. Les Perses laissèrent aux Lyciens leur constitution, ce qui ne les empêcha pas de s'associer à l'insurrection de l'lonie. Ils furent incorporés à la première satrapie de Darius et fournirent à Xerxès 50 vaisseaux. Plus tard, ils passèrent sans lutte sous la domination d'Alexandre, des Ptolémées (L'Egypte ptolémaïque), des Séleucides, qui respectèrent leur autonomie. Cédés par Rome aux Rhodiens, ils refusèrent de subir ce joug, furent battus, mais bientôt après affranchis par le sénat romain. Ils restèrent neutres dans la guerre de Mithridate et dans celle des Pirates, mais furent assaillis par Brutus qui saccagea Xanthus et leur imposa une écrasante contribution. Antoine les exempta d'impôts, mais la prospérité du pays était ruinée. Claude le réduisit en province, le joignant à la préfecture de Pamphylie. Théodose en fit une province à part, avec Myra pour chef-lieu. Pline dit qu'elle avait eu 70 villes dont 26 subsistaient de son temps. Les commencements de l'archéologie lycienne. Les voyageurs du XIXe siècle ont découvert, dans l'ancienne Lycie, un certain nombre de constructions tumulaires, que les uns ont regardées comme des oeuvres indigènes, les autres comme l'ouvrage de colons étrangers. Ce sont des monuments taillés dans le roc : le style des sculptures et le caractère des sujets représentés sur les parois rappellent l'école des artistes de la Perse, légèrement modifiée peut-être par l'influence de l'art grec. Ces monuments ont surtout excité l'attention à cause des inscriptions qui y sont gravées. Cockerell, fut le premier qui en copia plusieurs, mais d'une manière imparfaite. Plus tard, David Ross, Charles Fellows, Daniell, Forbes et Spratt, en relevèrent d'autres à Antiphellus, à Xanthe, à Limyra, à Myra, etc. Quelques inscriptions sont bilingues, et présentent des caractères phéniciens, grecs ou latins, juxtaposés aux caractères d'une autre langue dont il n'y a de traces nulle part ailleurs : mais la comparaison des textes s'est souvent révélée peu utile, parce qu'ils ne correspondent pas toujours les uns aux autres. Les différents peuples qui occupèrent la Lycie se seront servis, pour la sépulture de leurs morts ou pour d'autres usages, des monuments taillés par ceux auxquels ils avaient succédé, et auront laissé subsister les inscriptions primitives, qui ne leur étaient peut-être pas intelligibles, à côté de celles qu'ils traçaient eux-mêmes. On a pu cependant déterminer que les Lyciens parlaient une langue appartenant (comme le Hititte et le Lydien) à la branche, aujourd'hui éteinte, des langues anatoliennes, qui faisaient partie de la famille indo-européenne. Outre les monuments funéraires, on a trouvé des médailles en Lycie : les unes, qui ont pour emblème ordinaire une lyre, et dont les légendes sont grecques, appartiennent et l'époque des Séleucides; les autres, plus anciennes, reproduisent les caractères lyciens les inscriptions lapidaires, et portent presque toutes un emblème appelé par les archéologues triquetra, et dans lequel on a voulu voir, tantôt un trépied, tantôt un crochet ou grappin, ou encore quelque chose d'analogue aux trois jambes d'hommes figurées sur certaines médailles de Selge en Pisidie.
| En bibliothèque. - Saint-Martin, Observations sur les inscriptions lyciennes découvertes par M. Cockerell (dans le Journal des Savants, avril 1821); Fellows, Excursions en Asie-Mineure, en anglais, Londres 1837; le même, Essais de découvertes en Lycie, 1840, et Voyages et Recherches en Asie-Mineure, 1852; Texier, Description de l'Asie-Mineure, 1838; Grotefend, Sur l'écriture et la langue lyciennes, en allem., dans le Journal des études orientales, Bonn, 1842, in-8°; Spratt et Forbes, Voyages en Lycie, Londres, 1847, 2 vol. in-8°, en anglais. | | |