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Charon

Charon est le Le nocher des Enfers chez les Grecs et les Etrusques.  Fils de l’Erèbe et de Nyx, c’est le vieil et sinistre passeur du fleuve des morts, l’Achéron. Homère ne le connaît pas encore; les morts se rendent seuls chez Hadès ou bien, dans la conclusion apocryphe de l'Odyssée, sous la conduite d'Hermès Psychopompe. Il figurait pour la première fois dans un poème épique, aujourd'hui perdu, la Minyas; c'est de ce poème que s'inspira le peintre Polygnote pour la composition des fresques du temple de Delphes, où trouvèrent place beaucoup de scènes infernales. La littérature sérieuse et comique des Grecs, depuis le VIe siècle, a fréquemment employé ce personnage; Virgile s'en empare dans l'épisode bien connu de la descente d'Enée aux Enfers. Charon y est dépeint sous les traits d'un vigoureux vieillard à l'aspect inculte et terrible, aux regards étincelants: une tunique sordide pend sur ses épaules; il tient l'aviron et fait accoster sa barque parmi les ombres, il choisit avec brutalité celles qui ont droit au passage, c.-à-d. celles qui ont reçu la sépulture prescrite par la religion, et chasse les autres. 

La mythologie étrusque connaissait aussi Charon, dont le nom figure sur des sarcophages, le plus souvent avec l'orthographe Charun. Il y participe du caractère sauvage et sanguinaire qui est celui de toute cette religion; non seulement il remplit les fonctions de psychopompe, mais dans les batailles il est l'égorgeur par excellence, et dans les scènes de meurtre il remplit l'office de bourreau infernal. C'est pour cela que le bourreau, qui achevait dans l'arène les gladiateurs blessés, portait quelquefois le masque de Charon. (J.-A. H.).

Archéologie.
Bien différentes sont les représentations du nocher funèbre, suivant qu'elles sont l'oeuvre d'un artiste grec ou d'un étrusque. Dans les arts comme dans la littérature, les Grecs n'osent guère aborder de front l'idée de la mort. Du moins en feront-ils comme l'image d'une vie atténuée. Point de brutalité, mais des traits adoucis et idéalisés, point d'horreur, mais une mélancolie touchante et résignée. Aussi les divinités funèbres apparaîtront-elles en général moins comme des génies malfaisants et ravisseurs que comme de pieux amis des morts. Charon, sur les lécythes funéraires attiques et sur les bas-reliefs, est habituellement figuré comme un vieillard barbu, à la physionomie digne et pensive. Rarement l'expression est dure et annonce la colère. Le costume est celui d'un batelier : bonnet à bords retroussés et tunique courte, serrée à la taille. D'une main il tient une rame. Parfois d'un geste bienveillant il aide le défunt à monter dans sa barque. 

Au Ve siècle, le nocher funèbre prend place dans une oeuvre célèbre de Polygnote: la peinture de la Lesché à Delphes. On y voyait Charon sous les traits d'un vieillard faire passer dans sa barque les ombres de l'éphèbe Tellis et de la vierge Cléoboia; l'eau du fleuve y était reproduite ainsi que les roseaux qui y poussent.
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Charon et Hermès psychopompe.
Charon s'apprête à prendre dans sa barque une âme que lui amène Hermès psychopompe.
D'après O. Benndorf, Griechische u. Sicilische Vasenbilder.

Tout autre est Charon tel que se le figurait la sombre imagination des Etrusques : avec son nez crochu, ses oreilles longues et pointues, sa bouche qui, s'ouvrant dans un horrible rictus, laisse apercevoir une mâchoire de fauve, sa barbe hirsute, avec le lourd maillet enfin dont il assomme ses victimes, il est bien le génie tourmenteur, le démon infernal dont Virgile s'est souvenu dans les vers fameux du livre VI de l'Enéide

Sur une peinture trouvée dans l'hypogée de Vulci, on voit le  Charon étrusque (dont le nom est écrit Charn) présidant, avec Achille, à l'égorgement des prisonniers troyens sur le bûcher de Patrocle. Il est à noter toutefois que, dans les bas-reliefs du temps de l'Empire, les sculpeurs gréco-romains se sont bien plus inspirés de la tradition grecque que de la figure grimaçante du croquemitaine étrusque. (André Baudrillart).
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Charon étrusque.
Le Charon étrusque.
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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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