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Le
nu est le fond nécessaire des arts du dessin,
de la sculpture, de la peinture,
et l'on ne saurait prétendre à les exercer avec succès si l'on n'a fait
des études suffisantes de nu, c.-à -d. si l'on n'a pratiqué la représentation
des formes vivantes, considérées directement et sans voile. Et l'histoire
de l'art nous enseigne que les peuples qui se sont montrés les plus habiles
dans les arts plastiques sont précisément ceux-là qui ont abordé cette
étude du corps nu : là est le secret de la supériorité des Egyptiens ,
puis des Grecs ,
et aussi la raison de l'insuffisance da sculpteur assyrien quand il taille
dans la pierre des personnages humains; il n'a pas repu ces leçons de
la forme nue, indispensables Ă l'artiste.
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Bethsabée,
par Willem Drost (1654).
Mais, si, pour les
Anciens, et surtout pour les Grecs, le
beau ne pouvait trouver de plus complète traduction que dans des formes
matérielles accomplies et parfaites, aux yeux des chrétiens
qui jetèrent l'anathème à la matière, la beauté principale devait
résider dans l'expression du reflet de l'âme sur les traits du visage;
l'idéal médiéval (et moderne) diffère donc essentiellement, à ce point
de vue de l'idéal antique. Quoi qu'il en soit, l'importance du nu dans
les beaux-arts n'est pas contestable, et il est certain, par exemple, qu'elle
est le principal objet de l'art statuaire, oĂą le vĂŞtement, la draperie
apportent seulement un motif de variété, un supplément d'expression
ou un raffinement de grâce. Au surplus, le nu, en art, est toujours chaste,
parce qu'au lieu d'avoir les accents de la vie individuelle, il porte les
empreintes de la vie générique.
«
Aucune idée, a écrit Charles Blanc, aucun soupçon même d'impudeur ne
saurait s'attacher à Vénus ,
si elle est une statue impersonnelle de l'amour.-»
(G. C.).
Le
Sommeil, par Gustave Courbet (1866).
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Willy
Ronis, Philippe Sollers, Nues, Terre, bleue, 2008. - Des
années 30 aux années 70, cinquante ans de corps féminins vus par Willy
Ronis, accompagné de d'un texte original de Philippe Sollers. Willy Ronis
voulait Sollers. Sollers n'attendait que ça. Il a dit oui pour Ronis.
Immédiatement.
Le
texte de Philippe Sollers aborde et souligne tout ce qui rend précieux
et unique le travail de Willy Ronis sur le nu.
Le photographe a saisi toutes les occasions de s'y livrer, tissant en quanrante
ans une oeuvre secrète dont les plus beaux moments n'avaient jamais été
réunis. On connaît sans doute le Nu provençal, une sorte d'instantané
de vacances que Ronis transforme en éternité.
On connaît moins ou pas du tout ces statues,
ces déesses, ces corps filiformes des années 70, ces formes restaurées
des années 90 devant les quelles Ronis retrouve l'audace formelle des
années 30. Il flirte avec les esthétismes : pleinarisme d'avant-guerre,
femmes au tub de la fin du XIXe siècle, jeunes filles de la presse masculine
des années 70...
Ces
soixante nus sout tous bouleversants. C'est ce que clame Philippe Sollers
: "Les nus de Willy Ronis, dans leur extraordinaire naturel, sont sacrés."
Un
délice pour les collectionneurs, les amateurs de photographie et les amoureux
de l'écriture. 59 photographies. (couv.).
Isabelle
Cahn, Les nus de Renoir, Assouline, 2007.
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