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Venise (lat. Venetia, ital. Venezia) est une ville maritime de l'Italie septentrionale (Vénétie), à 400 kilomètres de Rome, au milieu de lagunes de son nom, sur les bords de l'Adriatique, sur trois îles élevées au milieu de lagunes et reliées à la terre ferme par un pont de chemin de fer (3603 m), doublé par une route (pont de la Liberté); 270 800 habitants (2010). De ces trois îles, divisées elles-mêmes par des canaux en 117 îlots, la Giudecca, au Sud, est assez isolée; les deux autres, au centre, constituent la Venise proprement dite. La ville est sillonnée de canaux, qui y remplacent les rues. D'abord, le canal de la Giudecca, large de 400 mètres; puis le Grand Canal, en forme de S, long de 3700 mètres, large de 45 à 72; puis 177 autres canaux, franchis par 430 ponts reliant 118 îles et îlots; le tout parcouru par des canots à moteur, des petits bateaux pour le transport collectif (appelés vaporetti, parce qu'ils étaient autrefois à vapeur) et par les célèbres gondoles, aujourd'hui dévolues aux touristes (Canaux, ponts, rues et places de Venise). L'aspect est attirant au plus haut point et explique qu'un grand nombre de visiteurs passent dans la ville et aussi qu'une quantité assez considérable d'étrangers s'y fixent. Plan de Venise en 1900 (cliquez sur l'image pour l'agrandir). Le climat, du reste, malgré les préjugés contraires, est excellent. Si l'air y est souvent humide, il est, par contre, absolument pur des poussières qui chargent celui des villes continentales. De plus, le voisinage immédiat de la mer adoucit les écarts atmosphériques et tempère les transitions. La moyenne annuelle de température est de +13 °C, celle du mois le plus chaud est de + 23,9 °C, celle du mois le plus froid est de + 1,8 °C ; l'écart annuel n'est donc que de 22,10 °C. Gondoles sur le quai de la Piazzetta. Au fond, l'île de San Giorgio Maggiore, avec sa basilique. Photo : © Thierry Labat, 2010. Le port, après avoir été le plus important du monde, était complètement déchu pendant la période autrichienne; après que Venise ait été rendue à I'Italie, il a repris de l'importance, se hissant au niveau de ceux de Gênes et de Trieste. La construction dans les années 1920 d'un deuxième port a encore accru l'activité portuaire de la ville. Outre le tourisme, première activité économique de la ville, il y existe toujours des industries traditionnelles telles que la verrerie. Le trafic portuaire a par ailleurs favorisé sur le continent (à Mestre et Port Marghera) l'implantation de nombreuses usines (produits chimiques, raffineries de pétrole, électrométalurgie, etc.) |
Les monuments de Venise. Mais Venise attire surtout le voyageur par sa beauté. Après le gigantesque pont de 3603 mètres avec 222 arches sur lequel passe le chemin de fer, le touriste va d'abord au centre de la ville, à l'admirable place Saint Marc, entourée de constructions à arcades, les Procuratie Vecchie et Nuove, la basilique de Saint-Marc. On y admire le Campanile dominant le bijou de sculpture qu'on appelait la Loggetta. Ce campanile, haut de 98 m, qui datait des XIIIe et XIVe siècles, s'est écroulé en 1902 et a été reconstruit ensuite à l'identique. La place, dallée de pierres unies et polies qui n'ont jamais été frappées par le pied des chevaux, est animée par le vol d'innombrables pigeons. En retour d'équerre, la Piazzetta, bornée par le palais ducal. Deux colonnes de granit supportent l'une le lion ailé de saint Marc, l'autre un Saint Théodore terrassant un dragon. Le Grand Canal, bordé de plus de cent cinquante palais du style byzantin du XVe siècle, enjambé par le magnifique pont du Rialto, attire aussi les visiteurs. - Partie supérieure de la façade Nord de la basilique Saint-Marc. Les monuments sont dignes de leur renom. Des quatre-vingt-dix églises de Venise, la basilique byzantine de San Marco (Saint-Marc) est la plus intéressante. Parmi les autres églises, citons San Zanipolo (Santi Giovanni e Paolo), panthéon où sont ensevelis la plupart des grands hommes dont s'enorgueillit Venise; Santa Maria della Salute, somptueuse, du XVIIe siècle; Santa Maria dei Miracoli, écrin de marbre, San Salvatore, véritable musée, etc. Parmi les édifices civils, le palais des Doges (palais ducal), reconstruit au XVe siècle, restauré après deux incendies, en 1483 et 1574, est une merveille un peu étonnante au premier abord. Le musée et la bibliothèque de Saint-Marc, riche de plus de 200 000 volumes et de 10 000 manuscrits précieux, s'y trouvent. Le palais communique avec les célèbres prisons, autrefois appelées les Plombs et les Puits, par le pont des Soupirs. L'opéra de la Fenice, construit au XVIIIe siècle, initialement appelé Teatro San Benedetto, doit son nom actuel à ce que, comme l'oiseau mythologique (le Phénix), il a survécu à plusieurs incendies. Le dernier en janvier 1996 a obligé a le reconstruire entièrement; sa réouverture n'a eu lieu qu'en novembre 2003.
Le Grand canal, à la tombée de la nuit. Plans de Venise.
L'Histoire de Venise. Venise en 1493 (gravure de Hartmann Schedel). Dans le partage des dépouilles, Venise obtint plus du quart de l'Empire grec et, notamment la Crète et la Morée (Péloponnèse). Ayant ainsi développé leur puissance, les Vénitiens commencèrent au siècle suivant à s'étendre sur le territoire italien. En 1336, leur alliance avec Florence contre les della Scala leur valut Trévise et Castelfranco. Deux guerres contre Gênes (1350-1354 et 1378-1381 ou guerre de Chioggia); le procès de Marino Faliero (1355); d'autres luttes contre les Carrare, auxquels elle enleva Vérone et Padoue (1405-1406), les Visconti (1426), les Sforza (14361450); le procès de Carmagnola (1432) marquèrent l'histoire agitée de la république au début du XVe siècle. En 1453, Venise, qui vient, la première des Etats chrétiens, de traiter avec les Turcs, est à l'apogée de sa grandeur. Son territoire, peuplé d'environ 3 600 000 habitants, se composait alors de trois parties distinctes : 1° le Duché (Dogado), qui embrassait la ville de Venise et ses dépendances immédiates dans les lagunes (Chioggia, Malamocco, Burano, Murano, Grado, etc.);Le développement du luxe et des arts répond à cette prospérité. Les Bellini commencent l'école vénitienne et Alde Manuce établit ses presses à Venise en 1480 (L'invention de l'imprimerie). La découverte de l'Amérique, Ies difficultés intérieures (procès des Foscari, 1456-1457, la lutte contre l'expansion ottomane (guerre de Morée, 1454-1456), la guerre du Frioul (1499-1503) marquent le commencement de la décadence. Venise, entrée dans la ligue contre Charles VIII (1495), voit ses troupes battues par Louis XII à Agnadel (1509) et par Gaston de Foix à Brescia (1511). Après la paix de 1513, Venise, absorbée par la lutte contre les Turcs, amis de la maison d'Autriche, se détourne des affaires italiennes. Elle perd une partie de ses possessions d'Orient en 1540 et profite du répit que lui procure Lépante (1571) pour avoir avec Paul V la fameuse querelle où se signala Fra Paolo Sarpi (1606-1607). En 1626, elle s'unit avec la France pour la guerre de la Valteline et ne s'occupe plus, dès lors, que de sauver les débris de son empire maritime. Venise perd la Crète en 1669, et, si les victoires de Morosini lui reconquièrent la Morée à la paix de Carlowitz (1699), elle la perd définitivement à Passarowitz (1718). Elle n'est plus, dès lors, qu'une cité de luxe et de plaisir. Sa conduite hésitante sous la Révolution amena sa chute et sa cession à l'Autriche au traité de Campo-Formio. Chef-lieu d'un département du royaume d'Italie en 1805, Venise redevint autrichienne en 1815. Elle s'insurgea le 20 mars 1848 et fit capituler le gouverneur autrichien Zichy le 22, et, après Novare, décida de continuer la lutte, bien que réduite à ses seules forces. Après une défense héroïque, dirigée par Manin, elle succomba le 22 août 1849. La guerre de 1866 la rendit à l'Italie. Cédée à Napoléon III par l'empereur d'Autriche le 5 juillet 1866, elle fut rétrocédée par le premier à l'Italie dès le 29. Le 4 novembre, Victor-Emmanuel promulguait le décret portant réunion de la Vénétie et de Mantoue au royaume d'Italie. (NLI).
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| Amable de Fournoux, La Venise des Doges : Mille ans d'Histoire, Pygmalion, 2009. - Riccardo Calimani (préf. Elie Wiesel), Histoire du ghetto de Venise, Tallandier, réed. 2008. |
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