| Au commencement du Ve siècle les habitants des villes de la Vénétie se réfugièrent sur les îles de la lagune, et quelques-uns, parmi les plus influents citoyens de Padoue, mirent leurs demeures sur celles de « Rivoalto », et ils y proclamèrent toute immunité pour quiconque était habile dans la fabrication des bateaux ou dans l'exercice naval: parmi d'autres on vit accourir aussi le grec Eutynope, architecte et constructeur de bateaux. Peu de temps après, un incendie s'étant développé dans la maison de l'artiste et menaçant d'atteindre les maisons voisines, il fit d'ardentes prières à Dieu et à Saint Jacques, et il promit dans ses voeux de bâtir une église, si le feu était dompté. En effet, l'incendie éteint, il se hâta d'exaucer son voeu, et l'église de Saint Jacques de Rialto (San Giacomo di Rialto) fut consacrée le 25 mars 421; c'est là l'origine de la plus ancienne parmi les églises que nous voyons à Venise de nos jours. L'église San Giacomo di Rialto. Photo : © Angel Latorre. Cette église a subi avec le temps plusieurs reconstructions et modifications, mais elle resta inaltérée dans sa première conception architecturale, consistant en un portique supporté par des colonnes à chapiteaux gothiques, comme on le voit encore. Dans une de ces colonnes on remarque, sculptée, la mesure que devaient avoir les huîtres et les sardines mises en vente, ce qui fait supposer qu'anciennement cette localité servait aussi de marché aux poissons. Devant l'église on voit, entouré d'un grillage en fer, un tronc de granit égyptien, qui servait, ainsi que la pierre sur la place Saint Marc, pour la proclamation des lois et des Décrets de la République. Aux pieds du tronc, un atlante (statue d'homme agenouillé), connu sous le sobriquet de Bossu du Rialto, supporte un escalier, par lequel montait le lecteur des Décrets pour atteindre le sommet, et de là-haut faire sa proclamation au peuple; le Bossu de Rialto fut exécuté par Pierre de Salo en 1500 et fut complètement restauré en 1836. (A. Scrocchi). - Le Bossu du Rialto. Photo : © Odette Jodra, 2012. | |