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Visconti

Les Visconti  sont une vieille famille souveraine italienne, qui tire son origine d'un Eriprando, qui vécut vers 1037. Ses principaux membres, qui en résument toute l'histoire, sont Ottone qui se distingua à la première croisade et à qui remonte, dit-on, l'armoirie d'une vipère tortueuse qui dévore un enfant. 
Ottone (mort le 18 août 1295, à quatre-vingt- huit ans), chanoine de Desio et comme tel envoyé en France, où le connut et apprécia le cardinal Ubaldini, qui le protégea et le fit, malgré les Torriani, seigneurs de Milan, élire archevêque de ce siège en 1262. Il ne put en prendre possession que quinze ans après, le 24 janvier 1277, après maintes défaites et la victoire de Desio, qui le fit nommer seigneur de Milan. Dès lors, pendant dix-huit ans, tous ses efforts furent dirigés à laisser le pouvoir à son neveu Matteo. 

Matteo, né à Invorio le 15 août 1255, mort à Crescenzago le 24 juin 1322, ne trouva pas d'hostilité jusqu'en 1302; mais alors il dut s'enfuir à Nogarola (Vérone) où il vécut longtemps. Henri VIII l'en tira pour le réconcilier avec les Torriani. Par un soulèvement bien organisé, il sut chasser à jamais ses rivaux, se fit reconnaître vicaire impérial et chef des gibelins en Lombardie, étendit par ses conquêtes son pouvoir sur Plaisance, Tortone, Pavie et Bergame, Verceil, Crémone et Alexandrie. Excommunié par le légat Bertrand du Puy, il abdiqua en faveur de son fils Galeazzo. 

Marco (mort en 1329), un de ses autres fils, fut le célèbre capitaine de la compagnie des Allemands qui se rendit maîtresse de Lucques et de Pise

Galeazzo (1277-1328), incapable et dépravé, se réfugia en France en 1302, passa ensuite à Ferrare et rentra à Milan avec son père. En 1313, il devint seigneur de Plaisance; en 1321, il vainquit les Cavalcabo de Crémone à Bardi. Successeur de son père, il fut chassé de Milan et presque aussitôt rappelé. Le soulèvement des guelfes lui fit perdre tout l'État; en 1323, assiégé dans Milan, il appela Ludovic de Bavière qui le sauva. L'année suivante; la victoire de Vaprio lui rendit la tranquillité, mais accusé auprès de l'empereur pour s'être pacifié avec l'Église, il fut arrêté et emprisonné à Monza et délivré seulement par l'intercession de Castruccio Castracani. 

Azzo; son fils (13021339), fut un des meilleurs princes de la famille. Il reconstitua et agrandit l'État; vainquit à Parabiago en 1339 son cousin Lodrisio qui, à la tête d'une armée, tâchait de l'abattre. 

Il laissa le pouvoir à ses deux oncles, Luchino et l'archevêque Giovanni.

Luchino, condottiere célèbre (mort en 1349), compléta l'oeuvre de son neveu, occupa Pontremoli, Bellinzona, Parme; Albe, Cherasco, écrasa la conspiration des Pusterla, conclut en 1341 la paix avec l'Église.
Giovanni, son frère; prit le gouvernement de l'État à la mort de Luchino et le tint jusqu'au 5 oct. 1354. Il étendit son pouvoir sur Bologne, sur Gênes (1353), combattit les Vénitiens, fut le protecteur de Pétrarque et un des plus brillants et puissants seigneurs de son temps.
A sa mort, l'État se divisa entre ses trois neveux : Matteo Il; Galeazzo II et Barnabo II, qui firent retentir l'Italie du bruit de leurs vices, de leur tyrannie et de leur cruauté. 

Galeazzo fonda l'Université de Pavie.

Barnabo (mort en 1385) fut célèbre par sa cruauté, sa guerre contre Innocent VI et Urbain V, qui proclamèrent contre lui la croisade; sa lutte contré Charles IV qui le priva de son fief. Il sut pourtant résister à tant d'ennemis, mais tomba dans le piège que lui tendit son neveu Giangaleazzo et périt en prison. 

Giangaleazzo (mort le 3 septembre 1402), le plus grand, sans contredit, des Visconti, après avoir supprimé son oncle, étendit son État jusqu'à Padoue, Feltre et Bellune, Gênes, Pise, Sienne, Pérouse, Assise, Spolote, Nocera; il se fit créer duc de Milan par l'empereur Venceslas (1385); il tâchait d'abattre Florence pour se faire proclamer roi, lorsque la mort le surprit. Il avait détruit à Alexandrie l'armée du comté d'Armagnac; il avait jeté les  fondements de la Chartreuse de Pavie, du dôme de Milan.

Ses fils furent Giammaria (mort en 1412) et Filippo-Maria (mort en 1447), qui lui succédèrent sous la protection du célèbre condottiere Facino Cane de Casale; ce qui ne leur empêcha pas de perdre les conquêtes de leur père. 

Gianmaria se fit remarquer par la plus féroce cruauté et fut tué par des gibelins;

Filippo-Maria, dissimulateur, cruel, grand politique, par son mariage avec la malheureuse veuve de Facino Cane, Béatrix de Tende, qu'il fit bientôt décapiter, recouvra une partie du duché de son père, qu'avec des guerres incessantes, des trahisons, des négociations, il sut reconstituer, avec l'aide puissante des plus fameux condottieri de son temps, Carmagnola, Piccinino, Sforza.

Valentine, leur soeur (1366-1408) se maria en 1387 avec Louis d'Orléans (tué à Paris en 1407), et eut en dot le comté d'Asti et 400 000 florins d'or. C'est d'elle que tira ses prétentions sur le duché son petit-fils Louis XII.

Gabriele (mort en 1407), frère illégitime des derniers, reçut en partage Pise, Sarzane et Crème, eut la malencontreuse idée de se mettre sous la protection de Boucicaut, gouverneur de Gênes pour Charles VI, qui, peu à peu le dépouilla de son État, et sous un prétexte quelconque le fit même décapiter.

D'autres branches de Visconti portèrent les titres de comtes de Saliceto, de Zagnano; seigneurs de Brignano; marquis de San Giorgio di Borgoratto, seigneurs de Besnate, de Crenna, de Fontaneto, de Cassano Magnago ; marquis de San Vito, Della Motta, de Cislago, d'lnvorio; comtes de Gallarate, de Sesto Calende; barons d'Ornavasso. D'autres branches encore s'établirent à Bari et à Tarente. Lodrisio (mort en 1364), fameux guerrier et turbulent personnage de son temps, dont nous avons déjà parlé, vaincu à Parabiago en 1339, appartenait à une de ces branches cadettes. Parmi les seigneurs de Fontaneto, on cité Gaspare (mort en 1593), lecteur à l'Université de Pavie et archevêque de Milan. (E. Casanova).
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Dictionnaire biographique
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