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Marie
de Gournay (née Marie Le Jars de Gournay) est une philosophe, écrivaine
et éditrice française le 6 octobre 1565 à Paris et morte le 13 juillet
1645 . Elle est surtout connue pour son travail d'éditrice des oeuvres
de Montaigne et pour ses écrits en faveur
de l'égalité des sexes. À une époque où les femmes étaient largement
exclues du domaine intellectuel, Marie de Gournay s'est imposée comme
une voix importante dans les débats philosophiques et littéraires. Son
style est marqué par une clarté d'expression et une rigueur argumentative,
reflétant son engagement intellectuel. Cependant, ce n'est qu'à partir
du XIXe siècle que son Åoeuvre a été
redécouverte et réévaluée à sa juste valeur.
Marie de Gournay
est née dans une famille noble mais appauvrie. Autodidacte, elle se forme
en lisant les oeuvres des grands auteurs de son temps, notamment les classiques
latins et grecs. Sa rencontre avec les Essais
de Montaigne est déterminante pour sa carrière intellectuelle. En 1588,
Marie de Gournay rencontre Montaigne, qu'elle admire profondément. Lui
la désigne comme sa « fille d'alliance », une reconnaissance symbolique
de son talent intellectuel. Après la mort de Montaigne en 1592, elle se
consacre à l'édition de ses Essais, s'assurant de leur publication
et de leur diffusion. Son travail d'édition des Essais est rigoureux
et respectueux des intentions de l'auteur. Il a largemnt contribué Ã
la postérité de Montaigne.
L'une des contributions
majeures de Marie de Gournay à la littérature féministe
est son essai Le Grief des dames (1626). Dans cet ouvrage, elle
critique la misogynie de son époque et plaide pour l'égalité des sexes.
Elle défend l'idée que les femmes ont les mêmes capacités intellectuelles
que les hommes et méritent les mêmes opportunités éducatives et professionnelles.
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Le
Grief des dames (1626) est une réponse à l'inégalité des sexes
et un plaidoyer pour la reconnaissance des capacités intellectuelles et
morales des femmes. Gournay commence par dénoncer l'injustice et l'inégalité
des sexes. Elle critique la manière dont les femmes sont systématiquement
sous-estimées et opprimées dans la société. Elle insiste sur l'importance
de l'éducation pour les femmes, arguant que si elles avaient les mêmes
opportunités éducatives que les hommes, elles pourraient accomplir des
choses tout aussi remarquables. Gournay met en avant des exemples de femmes
qui ont excellé dans divers domaines pour prouver que les femmes sont
capables de grandes réalisations lorsqu'elles en ont la chance. Elle critique
les préjugés et les stéréotypes qui maintiennent les femmes dans une
position inférieure, affirmant que ces idées sont infondées et nuisibles
à la société dans son ensemble. L'autrice est ainsi l'une des premières
à articuler des idées qui seront au coeur du mouvement féministe des
siècles plus tard. Elle argumente avec passion et logique en faveur de
l'égalité des sexes, utilisant des exemples historiques et philosophiques
pour étayer ses propos. Pour ce faire, elle utilise aussi des techniques
rhétoriques sophistiquées pour persuader ses lecteurs, notamment en recourant
à la logique, à l'éthique (ethos), et à l'émotion (pathos).
Sa maîtrise de la langue et de la persuasion est impressionnante et renforce
l'impact de son argumentation. L'oeuvre doit être replacée dans le contexte
du XVIIe siècle, une époque où les idées
d'égalité des sexes étaient radicales. La France de cette période était
marquée par une stricte hiérarchie sociale et des rôles de genre rigides,
si bien que l'ouvrage a reçu des réactions mitigées à son époque.
Si certains ont applaudi sa bravoure et son érudition, d'autres ont critiqué
ses idées comme étant subversives et contre-nature.
En plus du Grief
des dames, Marie de Gournay a écrit plusieurs autres oeuvres en faveur
des droits des femmes, comme L'Égalité des hommes et des femmes
(1622) et L'Ombre de la Demoiselle de Gournay (1626). Ces écrits
argumentent que les différences perçues entre les sexes sont culturellement
imposées et non naturelles.
• L'Égalité
des hommes et des femmes (1622) est une défense passionnée et érudite
de l'égalité entre les sexes. Gournay commence par expliquer son intention
de démontrer l'égalité naturelle entre les hommes et les femmes. Elle
affirme que les différences observées sont principalement dues à l'éducation
et aux opportunités sociales, plutôt qu'à une inégalité innée. Elle
s'attaque aux arguments couramment utilisés pour justifier la supériorité
masculine, notamment ceux qui prétendent que les femmes sont par nature
inférieures en raison de leur constitution physique ou intellectuelle.
Gournay réfute ces arguments en soulignant des exemples historiques de
femmes accomplies et en faisant appel à la logique et à la raison. Gournay
insiste sur l'importance de l'éducation pour les femmes, arguant que les
femmes peuvent atteindre des niveaux de compétence égaux à ceux des
hommes si elles reçoivent une éducation équivalente. Elle critique la
société pour avoir privé les femmes des mêmes opportunités éducatives
que les hommes. Dans sa conclusion, Gournay appelle à la justice et Ã
la raison, demandant que les femmes soient traitées de manière équitable
et que leurs capacités soient reconnues et valorisées. Dans cet ouvrage,
comme dans le Grief des Dames, paru un peu plus tard, l'autrice utilise
des arguments rationnels et des exemples concrets pour défendre l'égalité
des sexes, anticipant de nombreux thèmes du féminisme moderne.
Marie de Gournay a également
produit d'autres oeuvres couvrant divers genres littéraires. On en trouve
un échantillon dans L 'Ombre de la Demoiselle de Gournay, où elle
donne aussi un aperçu de son itinéraire intellectuel :
• L'Ombre
de la Demoiselle de Gournay (1626) est un recueil d'essais et de poèmes
dans lequel Marie de Gournay exprime ses idées sur divers sujets, notamment
la condition des femmes, la critique littéraire et la philosophie. Elle
y défend également sa propre réputation et son oeuvre contre ses détracteurs.
Elle commence par une préface dans laquelle elle justifie la publication
de son ouvrage et répond aux critiques qu'elle a reçues. Elle explique
les raisons de son engagement littéraire et intellectuel, tout en soulignant
les difficultés qu'elle a rencontrées en tant que femme autrice. Suivent
les essais dans lesquels, pour commencer, elle réaffirme ses convictions
sur l'égalité entre les hommes et les femmes, critiquant les préjugés
et les stéréotypes qui limitent les opportunités des femmes. Gournay
analyse aussi les oeuvres de différents auteurs, y compris Montaigne,
dont elle fut l'éditrice et la protégée. Elle discute de la qualité
de l'écriture et des thèmes abordés dans ces oeuvres. Elle traite
en outre de questions morales et politiques, défendant des valeurs comme
la justice, la vertu et la vérité. Le recueil inclut également des poèmes,
où Gournay exprime ses émotions personnelles et ses réflexions sur la
condition humaine. Ces poèmes montrent sa sensibilité et sa maîtrise
du langage poétique. Gournay termine en partageant ses réflexions sur
sa propre vie, ses expériences en tant que femme intellectuelle dans une
société patriarcale, et les obstacles qu'elle a dû surmonter pour être
prise au sérieux dans le milieu littéraire. Ici encore, Marie de Gournay
continue de défendre la cause des femmes, dénonçant les inégalités
et les injustices qu'elles subissent. Une partie importante de l'ouvrage
est consacrée à répondre à ses détracteurs. Gournay défend son oeuvre
et sa réputation avec vigueur, montrant sa détermination à être reconnue
pour ses talents et son intellect. L'ouvrage, au final, démontre l'engagement
profond de Gournay envers la littérature et la philosophie. L'Ombre
de la Demoiselle de Gournay a ainsi contribué à la reconnaissance
de Marie de Gournay en tant que figure importante de la littérature et
de la pensée féministe. Son oeuvre a influencé les discussions sur les
droits des femmes et l'égalité des sexes.
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