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Sous
le nom de Circaétiens ou d'Aigles-Busards, Gurney, dans ses Etudes
critiques sur le Catalogue des Accipitres de Sharpe (1878), a établi
une tribu particulière pour les Rapaces
conformés sur le type de l'Aigle Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus
L.). Les représentants de ce groupe se distinguent des Harpies
par leurs allures, par leur port, par leurs proportions et par divers caractères
extérieurs, notamment par leurs tarses réticulés
et non scutellés dans la portion dénudée. Ils se répartissent
en deux groupes : les Serpentaires (genres Eutriorchis, Dryotriorchis et
Spilornis),
les Circaètes proprement dits (Circaetus), les seuls dont
on parlera ici.
Les Circaètes
ont la tête grosse, enfoncée dans les
épaules et revêtue de plumes
touffues qui, en arrière, affectent une forme lancéolée;
le
bec fort, avec la mandibule supérieure
terminée par un long crochet et non festonnée sur les bords;
les ailes longues, mais obtuses; la queue,
de dimensions moyennes, coupée carrément eu arrière;
les tarses assez dégagés et couverts d'écailles sur
leur face antérieure. Ils sont représentés en France
par le Circaetus gallicus L. (Falco gallicus Gin.), vulgairement appelé
Jean-le-Blanc, sans doute à cause des teintes dominantes de son
plumage. Chez les mâles de cette espèce, les parties supérieures
du corps sont en effet d'un brun clair fortement lavé de cendré
et les parties inférieures d'un blanc tacheté de roussâtre;
mais les ailes affectent une coloration brune assez foncée, ainsi
que la queue dont les pennes, barrées de noirâtre, se terminent
par un liseré clair. Le bec est grisâtre, l'oeil
d'un jaune vif, tandis que la cire et les pattes
sont d'un jaune pâle. Chez la femelle, toujours plus grosse que les
mâles, les taches de la poitrine et de l'abdomen
sont plus nombreuses et la livrée
est un peu moins claire. Enfin les jeunes de l'année sont d'un brun
roussâtre en dessus, d'un blanc fortement taché de brun en
dessous et ils ont les pattes livides ou grisâtres.
Le Circaète
Jean-le-Blanc habite tout le pourtour du bassin méditerranéen
et certaines parties de l'Europe centrale; il
se trouve aussi en Inde, à Timor
et à Flores (Indonésie).
En France il se
montre au printemps et en automne
dans les Vosges, la Franche-Comté
et les Hautes-Alpes et il séjourne
pendant toute l'année dans les départements de la Haute-Garonne,
de l'Ariège, de l'Hérault,
des Hautes-Pyrénées
et des Pyrénées-Orientales.
Dans cette région de la France il se tient,
durant la belle saison, dans les grandes forêts
de sapins et de hêtres qui couvrent le flanc des montagnes,
et il ne descend qu'en automne dans les plaines boisées. Son nid
est placé tantôt sur des arbres de haute futaie, tantôt
dans les taillis ou les broussailles, mais jamais sur le sol; il renferme
de un à trois oeufs, de forme ovale et d'un
blanc sale ou lavé de bleu, généralement sans taches.
Dans ses allures,
le Jean-le-Blanc rappelle beaucoup la Buse commune;
comme elle il est indolent, plane en décrivant de grands cercles
et se laisse assaillir par des oiseaux beaucoup plus faibles que lui. Il
chasse pendant la plus grande partie de la journée et quand il aperçoit
quelque proie à sa convenance, reptile,
oiseau
ou petit rongeur, il descend lentement, rase
le sol en tenant les serres étendues
et s'efforce de saisir l'animal qu'il convoite et que parfois quelqu'un
de ses semblables essaie de lui ravir. On a prétendu que le Jean-le-Blanc
faisait une chasse active aux Lièvres,
aux Perdrix, aux Coqs de bruyère et qu'il attaquait les volailles
de basse-cour. Mais à supposer même que le Circaète
commette de temps en temps quelque méfait en capturant une pièce
de gibier, il compense largement le mal qu'il peut faire de ce chef en
prenant journellement une foule d'animaux nuisibles et même des reptiles
venimeux. D'autres espèces de Circaètes, Circaetus cinereus
V., C. Beaudouini Verr. et Des M., C. fasciolatus Gr. et C. cinerascens
Mull., habitent le sud et l'ouest du continent africain.
(E.
Oustalet). |
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