|
Les
Buses (Buteo Cuv.), qui, au sein des Rapaces,
constituent le principal groupe de la sous-famille des Butéoninés
(formé aussi des genres Geranoaetus, Leucopternis, Busarellus, Buteogallus,
Harpyhaliaetus, Asturina, Parabuteo.), possèdent au plus haut degré
les caractères distinctifs de ce groupe. Elles habitent une grande
partie du globe et comptent en Europe, en Asie,
en Afrique et en Amérique
des espèces assez nombreuses dont nous ne pouvons indiquer que les
plus connues.
-
Buse
pattue (Buteo lagopus). Photo : Dave Menke.
La Buse commune (Buteo
vulgaris Leach; Falco buteo L.) mesure à l'âge adulte de 0,65
m à 0,70 m de long, le mâle étant, comme chez la plupart
des Rapaces diurnes, notablement plus petit que la femelles. Sa livrée
d'adulte est généralement de teintes foncées, le manteau
étant brun, avec quelques bandes plus claires sur le dos et les
ailes, et les parties intérieures du corps
offrant des raies et des taches de même couleur sur un fond blanc
ou brunâtre; mais on rencontre des individus, parvenus à leur
développement complet, dont la livrée noirâtre est
variée de nombreuses taches blanches, d'autres chez lesquels le
blanc domine décidément, d'autres qui sont presque complètement
blancs ou d'une teinte isabelle, d'autres, au contraire, qui manifestent
une certaine tendance vers le mélanisme. Ces variations de plumage,
dont quelques-unes peuvent être observées également
chez de jeunes individus, justifient le nom de Buse changeante (Buteo mutans),
que Vieillot avait proposé de donner à la Buse commune.
-
Buse
commune ou Laire (Buteo vulgaris).
Cette espèce
habite l'Europe et s'avance parfois jusque dans l'Afrique septentrionale,
tandis que, d'autre part, elle se rencontre dans l'Asie occidentale. Elle
est commune en toutes saisons sur toute l'étendue
du territoire français et niche régulièrement
dans la plupart des départements, particulièrement dans ceux
de la zone septentrionale. Son nid est établi
sur un rocher, dans un bois de haute futaie, ou,
plus souvent, sur un vieux chêne, un hêtre ou un bouleau; il
se compose de branches sèches, disposées par rangs de grosseur
et recouvertes de ramilles, de mousse et de poil
et renferme trois ou quatre oeufs d'un blanc verdâtre,
tachetés de brun ou de roux, que la femelle couve seule.
En dehors de la saison
de la nidification, les Buses hantent de préférence les localités
où de petits bouquets de bois alternent avec des champs et des prairies;
elles fréquentent aussi le bord des étangs et des cours
d'eau et ont chacune leur territoire de chasse, qu'elles exploitent
jusqu'à la nuit tombante. Perchées sur un arbre dénudé
ou sur un quartier de roche, elles guettent le passage d'un petit Rongeur
ou d'un Oiseau, ou, quand la proie tarde à
venir, elles planent à une faible hauteur. A défaut de gibier
à poil ou à plume, elles se contentent de Grenouilles, de
Serpents, de Poissons
morts, de Sauterelles ou même de détritus jetés à
la voirie. Somme toute, en dépit de quelques méfaits, tels
que perdreaux capturés, lapereaux égorgés, les Buses
apparaissent comme des auxiliaires précieux pour l'agriculture,
grâce à l'énorme destruction qu'elles font annuellement
des Mulots, des Rats et des Campagnols. On dit même
qu'elles ne craignent pas de s'attaquer aux Vipères.
-
|
|
Buse
à épaulettes (Buteo lineatus).
Photo
: Lee Karney. |
Buse
à queue blanche (Buteo albicaudatus).
Photo
: Robert Burton. |
Les Buses des pays
froids émigrent régulièrement à l'approche
de la mauvaise saison, en bandes de vingt à trente individus qui
suivent tous la même direction, mais qui ne forment jamais de troupes
compactes. Chaque année, à deux reprises, quelques-unes de
ces troupes traversent le Bosphore. La Buse boréale (Buteo borealis
Gin.), qui est l'équivalent de la Buse européenne commune
dans l'Est des Etats-Unis, à Cuba
et à la Jamaïque, est de taille
un peu plus forte que l'espèce européenne et présente
ordinairement, à l'âge adulte, des teintes moins foncées,
du roux vif dominant sur diverses parties de son plumage
et notamment sur les pennes caudales. Des
couleurs également claires et vives se retrouvent dans la livrée
de deux autres espèces de l'Amérique
du Nord, chez la Buse linéolée
(B. lineolatus Gm.), dont les parties inférieures du corps sont
d'ailleurs rayées de brun foncé, et chez la Buse de Pennsylvanie
(B. pennsylvanicus Wils.), que l'on désigne quelquefois sous le
nom de Buse géante (B. latissimus) quoique sa taille n'ait rien
d'exceptionnel. Cette dernière espèce descend en hiver jusque
dans l'Amérique centrale, la Colombie
et le bassin de l'Amazone.
Dans le nord-est
de l'Afrique, en Ethiopie
et dans les pays voisins, vit une autre Buse à laquelle Rüppel
a donné le nom spécifique de Buteo augur et qui porte à
l'âge adulte une livrée noire, blanche et rousse, bien différente
du costume clair, aux teintes fauves, brunes et grisâtres de la Buse
féroce (Buteo ferox S.-G. Gmel.), dont l'aire d'habitat s'étend
depuis l'Afrique jusqu'au nord de l'Inde et aux
bords de la Volga et se confond en partie avec
les vastes domaines de la Buse des déserts (B. desertorum Daud.)
ou Rougri de Levaillant. Celle-ci habite, comme son nom l'indique, les
plaines arides et les steppes incultes et se nourrit
principalement d'Insectes et de petits Rongeurs.
On rencontre à
Madagascar une autre espèce de Buse,
appelée Buse brachyptère (Buteo brachypterus Pefz.) et facile
à distinguer par sa petite taille, par la brièveté
dé sa queue et de ses ailes, qui établit jusqu'à un
certain point la transition vers le petit genre Buteola, tandis que la
Buse à grande taille (Buteo hermilasius), par ses tarses en partie
garnis de plumes, établit la transition
entre les Buses ordinaires et celles dont on a formé le genre Archibuse.
(E. Oustalet).
-
Buse
à queue rousse (Buteo jamaicensis). Photo
: Mark Bohn.
|
|