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L'Antiquité > le Croissant fertile > la Mésopotamie |
L'histoire de l'Assyrie |
L'histoire de l'Assyrie ne remonte pas aussi haut que celle d'Akkad et Sumer. Il est vrai que les rois d'Assyrie confondaient leur antiquité avec celle des peuples du Sud de la Mésopotamie, et, dans leur idée, ils regardaient comme leurs prédécesseurs tous ceux qui avaient régné sur Babylone et sur Ninive. Ainsi Sargon (722-705) parle de ces trois cent cinquante devanciers qui auraient régné sur le pays de Bel. Il est probable que la première période de l'histoire d'Assyrie s'identifie avec celle de la Basse-Mésopotamie, en ce sens que les rois de Babylone régnèrent également sur le Nord. La première période de l'histoire mythique de l'Assyrie semble aussi se confondre avec les données de la Babylonie. A l'époque historique, Babylone et Ninive forment tantôt des empires séparés, tantôt sont réunis sous un seul sceptre. Bérose nous retrace la suite des dynasties assyriennes conservées dans le texte arménien d'Eusèbe nous n'avons que celles qui se rattachent à l'Assyrie, tandis que la liste toute différente des dynasties babyloniennes nous est transmise par un texte babylonien. Voici la liste de Bérose :
Les premiers gouverneurs d'Assyrie étaient-ils aussi babyloniens? nous n'avons aucun texte, mais une mention d'un roi d'Assyrie, Teglathphalasar Ier, de l'an 1200 av. J.-C., parle d'un gouverneur ou patési d'Assyrie, Samas-Bin, fils de Ismi-Dogan, qui aurait régné à Calach (Kalah), 700 ans auparavant. Or, nous avons à Kile-Serghas, des textes de ce prince qui est nommé non pas roi, mais seulement patési d'Assyrie, ce qui milite en faveur de la suzeraineté qu'exerçaient les rois de la Babylonie à cette époque, qui correspond au régime des Elamites. Arbre sacré assyrien avec deux adorants. -Au-dessus de l'arbre plane le disque ailé, emblème d'Assur. Le premier qui semble avoir pris le titre de roi d'Assyrie est un nommé Bel-Kapkapi, qui appartient peut-être à la dynastie nommée arabe. A celle-ci, semblent se rattacher Adasi et son fils Belbanu, dont Sargon dérivait sa généalogie. Ce temps est très obscur, l'Assyrie se débattait contre les Babyloniens, dont elle tendait à s'affranchir de plus en plus, au dire des textes d'origine ninivite. Nous connaissons parmi ces rois : Assur-zakiv-sum , seigneur des pays, puis Assur-bel-nisisu (Assur est le maître de ses hommes), le premier qui, à ce que nous sachions, s'intitula « roi d'Assyrie » , Puzur-Assur , Assur-uballit (Assur fait vivre), Bel-nirar, Pudi-il, qui bâtit le palais royal le plus ancien que nous connaissions, Bin-nirar, Salmanassar Ier, qui bâtit le palais de Nimrud, et son fils Tuklat-Ninip qui conquit toute la Mésopotamie, jusqu'à la basse Chaldée. Il se peut que ce premier Tuklat-Ninip, conquérant assyrien, ait donné naissance à la légende de Ninus, et que sa femme ait été la Sémiramis dont parle la liste de Bérose. Sémiramis semble avoir régné à Babylone pendant six ans, avant le roi chaldéen Saga saltias, car, après ce roi guerrier et victorieux, les Babyloniens s'emparèrent du pouvoir, en tuèrent le successeur Bel-kudurr-usur, et gardèrent le pouvoir jusqu'à ce que Ninip-abal-ekur, vers 1314, rétablit l'indépendance et la puissance de la dysnastie assyrienne. On a nommé cette époque le grand empire assyrien qui selon Bérose dura 526 ans, selon Hérodote 520 ans : donc les chiffres concordent. Nous sortons à partir de cette époque de l'incertitude chronologique. Ninip-abat-ekur, le réorganisateur de l'Assyrie, soumit les Hittites et les nations du Nord et de l'Est, et laissa l'Assyrie puissante à son fils. Assur-edil-il ou Assur-danan, vers 1270 av. J.-C., eut un règne long et prospère, pendant lequel il châtia les Babyloniens sous leur roi Zamama-nadir-sun. Mutakkil-Nusku, fils du précédent, refit le temple de Ninive. Assur-ris-isi (Assur, élève la tête), fit la guerre à Nabuchodonosor Ier (1240-1234), et étendit la puissance assyrienne depuis le Zab inférieur jusqu'aux montagnes arméniennes. Teglathphalasar Ier, son fils nous a laissé la plus ancienne inscription historique; il guerroya dans le Pont, la Cappadoce, le Caucase, mais il fut vaincu par le Babylonien Marduk-nadin-akhé (Merodach donne des frères), lequel régna depuis 1230-1208. Le roi résida à Ellasar sur le Tigre (Kalah Chergât d'aujourd'hui) et les grandes inscriptions des temples de cette ville rendent compte de ses exploits. Assur-bel-kala, fils du précédent, eut à combattre les Babyloniens Marduk-sapik-kullat (1207-1194), et Nabusaduni (1194-1185). Nous connaissons peu le règne de Bin-nirar III, et nous n'avons pas de textes de Tuldat-Ninip (936-930), un vaillant monarque qui semble avoir fait beaucoup pendant son règne si court. En revanche, nous connaissons mieux celui de son fils. Assur-nasir-abal (Assur protège le fils) nous a laissé plus de documents qu'aucun autre roi avant Sargon et Assur-ban-abal. Il fit bâtir quantité de palais, surtout celui du Nord-Ouest de Nimrud (Kalah), et un grand monolithe, retrouvé dans les ruines, retrace les premières campagnes de ce roi avec une précision dont aucune inscription de l'antiquité classique ne nous montre un pendant. Il porta ses armes vers l'Arménie, le Caucase et plusieurs régions de l'Asie Mineure, il soumit surtout la partie Nord de la Syrie, depuis l'Oronte jusqu'à Tyr. Ce fut le premier des grands monarques de l'Assyrie, dont la puissance commençait à devenir prépondérante en Asie. Il établit son siège principal à Kalah (Nimrud), dont les textes mentionnent également la résidence du roi à Ninive. Fort heureusement, nous devons à cette circonstance la conservation des dates historiques : car Ninive doit avoir été saccagée peu de temps avant Teglathphalasar II, de sorte qu'aucun document n'est conservé de Ninive antérieur à Sennachérib. Salmanassar III (905-870) nous a laissé sur un obélisque de Nimrud, ainsi que sur d'autres monuments, les récits de ses exploits guerriers. Il cite dans ces textes Achab et Jehu d'Israël, Benhadadet Hazaël de Damas. Comme ses prédécesseurs, ses guerres ravageaient les pays autour du territoire assyrien, à l'Ouest et au Nord; il est l'un des premiers qui se soient tournés vers l'Orient. Après sa mort, son fils Assur-dannin-abal, qui s'était révolté contre son père, lui succéda pendant quelque temps; mais bientôt il fut vaincu par Shamas-Bin (870-857), qui dirigea ses forces surtout vers la Médie; il nous a laissé un récit détaillé de ses campagnes, sur une stèle du palais Sud-Est de Nimrud. Bin-nirar III, son fils, époux de Sammuramat, dans laquelle on a vu l'homonyme de Sémiramis. Il régna de 857 à 828, et nous avons l'abrégé des faits de ses vingt-neuf ans de règne. Il porta les armes contre la Syrie et la Palestine, qu'il désigne (Palastu), la Phénicie, l'Arménie, le pays des fleuves, toujours les mêmes régions. Salmanassar IV (828-818) lui succéda et continua les mêmes expéditions, relatées dans les listes d'éponymes. Assur-edil-el III (848-800), lui aussi, fit la guerre à l'étranger, jusqu'à ce que les troubles intérieurs le forcèrent à s'occuper de sa situation menacée. Une de ces rébellions, celle d'Ellasar, coïncida avec l'éclipse du Sivan de la neuvième année, phénomène dont nous avons déjà parlé. Dans la Mésopotamie, à Gozan, dans l'Arrapkha, au coeur même de l'Assyrie, des révoltes éclatèrent; elles furent suivies par une accalmie après laquelle le roi semble avoir quitté sa résidence d'Ellasar, probablement pour se fixer à Ninive. Assur-nirar (800-792) n'entreprit presque pas de guerres : il resta dans le pays. C'est contre lui que paraissent s'être révoltés les Mèdes unis aux Babyloniens, qui saccagèrent Ninive. Le fait constant de l'absence totale de tout document, de tout palais ninivite avant Sennachérib, qui se vante d'avoir rebâti la demeure royale de cette antique ville, serait absolument inexplicable si l'on n'admettait pas une destruction de Ninive, coïncidant avec cette époque d'Assur-nirar, qui était le Sardanapale dont parle Clésias, et, après lui, Diodore de Sicile. C'est ce monarque inactif qui a donné naissance à la fable du roi efféminé, dont les prédécesseurs ont participé, dans la légende, de la réputation plus ou moins méritée de leur dernier successeur. Certains des assyriologues qui font suivre immédiatement après Assur-nirar le fameux Teglathphalasar et, parce qu'ils ne trouvent alors pas de place pour le règne de Phul, identifient hardiment ces deux personnages différents. Nous rétablissons au contraire la personnalité distincte Phul ler, qui fit la guerre à Menachem d'Israël, mais dont on n'a pas d'écrits. Il est nommé Chaldéen, et son origine babylonienne pourrait expliquer la disparition momentanée des éponymes, rétablis avec le regain de la puissance assyrienne par le fameux Teglathphalasar Il, cité par la Bible comme auxiliaire d'Achaz de Juda qu'il mentionne dans ses textes. Il se mêla des querelles entre Juda et Israël, soutenu par le Rezin de Damas que Teglathphalasar fit tuer. Attaquant Phacée (Pekah) d'Israël, il amena en Assyrie les habitants de Naphthali et de Gilead. Il exécuta beaucoup d'oeuvres d'art, bâtit des palais, que les Sargonides détruisirent systématiquement. Il tâcha aussi de dompter la puissance naissante de Babylone, mais il fut obligé d'y laisser continuellement des rois indépendants, tels que Nabonassar, Chinzir et Porus (Phul II), avec lequel on a voulu identifier à tort Teglathphalasar II. Il régna de 744 à 727. Salmanassar V (727-722), son successeur, est connu par la Bible comme le roi d'Assyrie qui mit fin au royaume de Samarie et envoya en captivité les dix tribus d'Israël. Mais aucun document émanant de lui-même n'a été épargné par ses successeurs; il mourut pendant sa propre éponyme, pour laisser l'empire à des usurpateurs, parmi lesquels saisit la couronne Sargon II (722-704), l'un des rois les plus illustres de l'Assyrie, fondateur de la dernière dynastie assyrienne. « Il activa la prise de Samarie (721) et était, malgré son âge, constamment en guerre. Ses exploits sont relatés dans de nombreux textes monumentaux, qui décorent les frises de son grand palais de Dur-Sarkin, le Khorsabad d'aujourd'hui, et où Botta fit la découverte de Ninive. Il soumit une grande partie de l'Asie-Mineure, à l'Ouest, et attaqua la Médie à l'Est. Il battit les Egyptiens à Raphia (Raffah), près de la frontière égyptienne, mais épargna le royaume de Juda. L'Arménie fut soumise; il retourna en 712, vers l'Ouest, prit Asdod, et cette conquête est mentionnée dans la Bible la seule fois où le nom de Sargon soit cité (Isaïe XX, I). Après avoir étendu par des expéditions la puissance assyrienne, et après avoir, seul de tous ses prédécesseurs, été roi de Babylone », il mourut assassiné, en laissant l'Assyrie à son fils, digne de lui. Sennachérib, Sin-akhê-rib (704-680) (Sin-Luus augmente les frères), fameux par son expédition malheureuse contre Jérusalem et l'Egypte, soumit Babylone, en chassa le patriote chaldéen, Mérodachbaladan. Après avoir conquis l'Arménie, il marcha contre la Phénicie et la Judée. Il fut battu à Péluse (700), et jamais il ne reparut dans l'Ouest. Les Babyloniens et les Elanites, réunis, menaçaient sa puissance en Assyrie: il fut porté jusqu'au sacrilège en saccageant Babylone (688), mais jamais il ne porta le titre de roi de Babylone. C'est lui qui rétablit le palais de Ninive et contruisit beaucoup, comme son père. Il périt assassiné par ses fils Adrammélech et Sareser, et légua ses plans de conquêtes de l'Occident à son troisième fils. Assarhaddon (en assyrien Assur-akh-iddin) (Assur a donné un frère), après avoir pacifié la Babylonie, réparé l'échec des armes assyriennes en Syrie, attaqua et conquit véritablement, au moins pour un moment, l'Egypte et l'Ethiopie. Malheureusement, le récit de ces conquêtes est perdu; mais celui de ses expéditions en Arabie a été conservé. Après un règne glorieux de treize ans, roi de Babylone, il abdiqua volontairement en 667 av. J.-C., partageant son empire en laissant la couronne de Ninive à son fils aîné. Assur-ban-abal, 667-626. Il conquit, dès son début, l'Égypte et l'Ethiopie, mais ne maintint pas ses conquêtes. Il se lia le premier avec les Lydiens, dont le roi Gygès (Gugu) lui envoya des cadeaux. Sur le reste de son règne fort glorieux et sur ses efforts pour la littérature assyrienne. Il ne fut jamais roi de Babylone, ce que son père avait été : pendant son règne à Ninive, Babylone fut gouverné par son frère Saosduchin (Samas-sum-yukin) et Kandalan. Le roi mourut probablement vers 626. Après Assur-ban-abal, l'histoire devient obscure : des monuments historiques ne nous éclairent pas : nous connaissons comme rois : Assur-edil-ile, fils d'Assur-ban-abal, Assur-haddon-Il, et Bel-zikir-iskun, le Konos Konkolerne défiguré d'Eusèbe, auquel la légende de Sardanapale est attribuée. Ninive périt en 606, par les efforts réunis de Cyaxarès le Mède, et de Nabopalassar, roi de Babylone. Ninive fut effacée de la surface de la terre, comme dit Strabon, et Babylone prit sa place. A partir de cette époque, l'Assyrie elle-même a cessé de vivre, et ce n'est qu'à tort que le nom a été étendu par les Grecs à l'histoire de Babylone. Telle est l'histoire de l'Assyrie proprement dite, telle qu'elle apparaît aujourd'hui dans sa vérité et sa réalité. Car les récits des Grecs, calqués sur les narrations fantaisistes des Perses, ont, pendant des siècles, réussi à forger une prétendue histoire de ce peuple, que l'arcéhologie a fait revivre de nouveau. Le vrai historien, Hérodote, ne semble pas avoir partagé les erreurs que Ctésias, le médecin du roi de Perse Artaxerxès II, a propagées dans le monde. Selon cette légende, l'Assyrie, la première des grandes dynasties de l'Asie, aurait été fondée par Ninus et sa femme Sémiramis, vers 2000 av. J.-C. Ninus, le puissant héros, aurait été assassiné par sa femme Sémiramis, conquérante, encore plus conquérante que son mari, puisqu'elle aurait porté les armes de Ninive jusque dans l'Inde. Grande par sa force, mais fameuse par sa débauche, elle aurait eu des rapports incestueux avec son fils Ninyas, roi efféminé comme la plupart de ses successeurs, qui de père en fils, en trente générations, auraient occupé le trône de l'Assyrie. Pendant 1300 ans, les rois faibles auraient ainsi régné sur l'Asie, jusqu'à ce que Sardanapale, le plus indigne de tous, eût, par sa mollesse et son inertie indigne d'un homme, poussé à la révolte le Mède Arbace et le Babylonien Bélesys. Ces rebelles auraient assiégé Ninive pendant trois ans, et l'auraient pris par une inondation. Sardanapale, désespéré, aurait fini son existence velléitaire par un acte des plus courageux, en se brûlant dans son palais avec tous ses trésors et toutes ses femmes. Dans toute cette légende, il y a un mélange de vrai et de faux, mais arrangé en forme de conte, comme plus tard on a brodé, au Moyen âge, en Orient et en Occident, des légendes mythiques autour de la vie d'Alexandre le Grand et de Charlemagne.-(GE). |
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