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La
Mésopotamie (du grec méso = au milieu, et potamos
= fleuve) est la plaine asiatique
comprise entre le Tigre et l'Euphrate. L'origine de cette appellation géographique
est assez récente. Les Grecs
paraissent l'avoir empruntée aux Hébreux
à l'époque alexandrine.
Les Hébreux appelaient Aram Naharaïm ( = Syrie des deux
fleuves), l'angle occidental de la plaine mésopotamienne compris
entre l'Euphrate et le Chaboras; ce nom s'étendit ensuite à
la plaine entière jusqu'au Tigre. Par la suite, les Anciens ont
d'habitude limité la Mésopotamie du côté du
Nord aux monts d'Arménie,
ce qui est sa borne naturelle et au Sud à la muraille de Médie
qui la séparait de la Babylonie,
la plaine fertile et largement arrosée comprise dans la région
où les deux fleuves sont le plus rapprochés. Souvent ils
exceptaient le val irrigué le long de chacun des deux fleuves. Villes
principales : Nisibe,
Edesse, Carrhes
(Harran), Amida (Diyarbakir),
Cunaxa,
etc.
D'autres auteurs
ont étendu le nom de Mésopotamie jusqu'au golfe Persique,
c'est-à-dire au-delà du confluent des deux fleuves, qui forment
à partir de là le Chatt el-Arab.
C'est aussi le choix que font généralement les historiens
de nos jours, quand ils se réfèrent aux grands civilisations
antiques qui ont fleuri dans cette région du monde (Sumer, Akkad,
empires babylonien et assyrien). Ils débordent
ainsi largement de l'espace correspondant à la Mésopotamie
propre. Celle-ci, la Mésopoptamie septentrionale, a été
appelée par les Arabes El-Djezireh ( = l'île),
la partie méridionale de la Mésopotamie au sens large, ayant
formé l'Irak Arabi.
La Mésopotamie,
non compris l'Irak Arabi, occupe environ 140.000
km²; c'est une plaine
en pente vers le Sud arrosée par les deux fleuves
et par les affluents
du premier, le Chaboras (Chabour), le Mygdonius (Djagdjagha) et le Belik.
On y rattachait parfois les montagnes
du Nord Monts Masius (Karja Baghlar) riverain du Tigre, et Singaras (Sindjar)
plus au Sud. Les principaux produits locaux étaient les naphte,
le charbon et l'amomum. La faune
comprenait le lion, l'autruche, la gazelle, l'onagre.
Dans la partie septentrionale
qui avoisine les monts arméniens, le sol bien que très sec
est cultivable, grâce aux abondantes pluies d'hiver, qui entretiennent
les pâturages et même des vergers et des champs. Au cours de
l'histoire, dès que la sécurité politique y a été
garantie, cette région s'est toujours repeuplée rapidement.
Au contraire, celle qui s'étend plus au Sud jusqu'à l'isthme
de Bagdad,
est un désert inculte, sablonneux et pierreux; imprégné
de sélénite et de sel, où
l'on trouve le gypse à fleur de sol, et souvent le bitume; seules
les rives des fleuves sont cultivées. La faune actuelle de la Mésopotamie
comprend l'âne, le chameau, le loup, les ours noirs et bruns et quelques
félins.
Située entre
l'Iran,
l'Asie Mineure,
la Syrie et la région de l'Arménie
et du Caucase,
la Mésopotamie a passé par des alternatives politiques fort
diverses. Tantôt elle a dépendu des Etats de la plaine méridionale
de Babylonie
où furent souvent les centres des civilisations et des empires de
l'Asie
occidentale : Babylone, Séleucie
et Ctésiphon, Bagdad; tantôt
elle a été la frontière, la marche disputée
entre les Etats méditerranéens et iraniens.
Après l'époque
assyro-babylonienne, la Mésopotamie appartint à l'empire
perse,
puis aux Séleucides, puis fut disputée
entre les Parthes et les Romains.
La Mésopotamie propre (septentrionale) fut alors divisée
en deux provinces : à l'Ouest l'Osroène, Etat d'Edesse,
qui dura de 136 av. J.-C. à 217 ap. J.-C., jusqu'à ce que
sa dynastie syrienne cédât la place au suzerain romain; à
l'Est, la Mygdonie, capitale Nisibis.
En 115, Trajan conquit toute la Mésopotamie
et la Babylonie,
en formant trois provinces : Arménie, Assyrie, Mésopotamie,
cette dernière allant jusqu'au golfe Persique. Ces conquêtes
éphémères furent aussitôt reperdues; Hadrien
y renonça. Sous Marc-Aurèle
et Lucius Verus, la Mésopotamie fut réoccupée
jusqu'au mur de Médie,
et l'occupation assurée par la fondation des colonies
de Carrhes
sur le Chaboras et de Singara; Septime Sévère
en fonda deux autres, Nisibis et Rhesaena. En 363, Jovien
rétrocéda aux Perses la moitié de la plaine. Il subsista
deux provinces romaines, Osroène bornée au Sud par le Chaboras
et Mésopotamie (chef-lieu : Amida), qui s'étendait jusqu'à
la place forte de Dara.
La Mésopotamie
a depuis lors fait partie du Califat. La vieille division en partie occidentale
du Chabour à l'Euphrate et partie orientale subsiste sous les noms
nouveaux de Diâr Modhar et Diâr Rabiah. Il s'est succédé
un grand nombre de principautés plus ou moins durables. Elle est
passée aux mains des Turcs Ottomans
à partir de 1517. A cette époque la plus grande partie de
la région devint un désert que les ravages des Turcs et des
Kurdes dépeuplèrent. Elle fut ensuite partagéee entre
les vilayets de Diyarbakir,
Mossoul,
Bagdad,
Alep
et le liva de Zor. La majorité des habitants étaient des
Arabes musulmans dont la principale tribu était
celle des Chammâr, succédant à l'antique prépondérance
de la tribu des Taï. On retrouvait à côté des
Turcs, des Syriens, des Arméniens, des débris d'une foule
d'autres populations et d'autres religions, notamment auprès du
Sindjar, des Yézidis. Après la Première
Guerre mondiale et le démantèlement de l'Empire
ottoman, la Mésopotamie a été placée
par la SDN sous administration britannique. Elle est ensuite devenue le
coeur du nouvel Etat irakien
fondé en 1932. Si l'on excepte une petite portion de la Mésopotamie
historique, au Nord (le plateau d'Urfa, en Turquie),
cette région appartient toujours aujourd'hui à l'Irak.
(A.-M. B.). |
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