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La famille
des Éléphants (éléphantidés),
qui appartient à l'ordre des Proboscidiens,
se divise en trois genres : les Éléphants
d'Afrique (Loxodonta) dont il existe deux espèces, les Éléphants
d'Asie (Elephas) et les Mammouths (Mammuthus). Les derniers
ont disparu il y a quelque 4000 ans. Tous ces
animaux
sont caractérisés par leur
trompe
très mobile et leurs défenses,
que l'on regarde comme des incisives métamorphosées. Ils
ont le tronc court et gros, le cou très
court, la tête ronde et soulevée par des sinus
que présentent les os de la voûte du
crâne. Les jambes sont assez hautes, massives,
et terminées par cinq doigts soudés
jusqu'au sabot; chez une espèce, il n'y a que quatre doigts aux
jambes de derrière.
- ![]() Eléphants du Botswana. L'organe, le plus important des éléphants Les oreilles, très grandes, et semblables à deux lambeaux de cuir. Les sabots, petits, arrondis, sont placés sur la même ligne. Les doigts sont soudés de telle façon qu'ils ne peuvent se mouvoir. Chacun est muni d'un sabot fort, large, aplati, qui enveloppe son extrémité. La plante des pieds est plate et cornée. Souvent l'un des sabots manque. Il tombe, atrophié par la croissance rapide des autres. La queue, de longueur moyenne, arrondie, atteint l'articulation de la jambe, et se termine par un faisceau de soies épaisses et grossières. La denture présente des particularités remarquables : la mâchoire supérieure est armée de deux incisives converties en défenses, et porte, comme la mâchoire inférieure, six paires de molaires, ou peut-être cinq seulement, mais n'existant pas toutes en même temps. Ces molaires se composent d'un assez grand nombre de lamelles d'émail, liées les unes aux autres par la substance cémenteuse. Quand une dent s'est usée par la mastication, une nouvelle se forme derrière elle, avance de plus en plus et fonctionne déjà avant la chute du dernier morceau de la première. Ce renouvellement se fait six fois, ce qui porte à vingt-quatre le nombre des molaires de l'éléphant. Les défenses s'accroissent continuellement;
elles peuvent atteindre une longueur considérable et peser de 75
à 90 kilogrammes. Ce sont ces défenses qui fournissent le
plus bel ivoire employé dans les
arts |
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Les
genres d'éléphants
Les Mammouths
(Mammuthus).
Les débris qu'on a trouvés
de cet animal, en Europe, en Amérique |
Les
Éléphants d'Asie (Elephas).
Le mot elephas, désignait initialement l'ivoire et l'animal qui le produit et s'appliquait jusqu'au XXe siècle aussi bien aux Mammouths qu'aux Éléphants d'Afrique et à ceux d'Asie. Aujourd'hui on range seulement les éléphants d'Asie dans ce genre. L'Éléphant d'Asie (Elephas maximus) se distingue de l'Eléphant d'Afrique par son front concave avec deux bosses latérales, ses oreilles plus petites, plus éloignées l'une de l'autre par leur bord supérieur. Il a quatre sabots aux pattes postérieures, et les défenses de la femelle sont petites, droites, sortant à peine de la bouche. Les dents molaires ont une couronne qui présente des rubans transverses, ondoyants et festonnés sur leur contour et qui se composent à l'âge adulte de vingt et quelques lames; leurs bords sont parallèles. Le squelette compte 19 côtes; 5 vertèbres sacrées et 34 caudales. La taille ordinaire est de 2,20 m à 2,50 m pour les femelles et de 2,60 m à 3 mètres, pour les mâles (hauteur mesurée aux épaules). |
Cette espèce
est celle qu'Aristote![]() ![]() ![]() ![]() |
Les
Éléphants d'Afrique (Loxodonta).
L'Éléphant d'Afrique (Loxodonta) se distribue en deux espèces, distinguées seulement récemment : l'éléphant des savanes (Loxodonta africana) et l'éléphant des forêts (Loxodonta cyclotis). C'est un animal généralement plus grand que l'Éléphant d'Asie (Elephas), dont il diffère aussi par son front uniformément bombé, ses oreilles très grandes, se touchant par leur bord supérieur, au-dessus du cou, lorsqu'elles sont rabattues en arrière. Ses dents molaires composées de lamelles moins nombreuses, et présentant sur leur couronne, au lieu de rubans transverses, des figures en forme de losanges. Les défenses de la femelle sont recourbées et saillantes comme celles du mâle, bien que généralement plus petites : celles du mâle atteignent jusqu'à 2 et 3 m de long (y compris la partie cachée dans l'alvéole). Elles sont ainsi généralement beaucoup plus grandes dans les deux sexes qu'on ne le voit chez l'espèce indienne; aussi l'éléphant d'Afrique a-t-il spécialement été chassé pour le commerce de l'ivoire. Souvent on ne lui trouve que trois sabots aux pieds de derrière. Son squelette possède 21 côtes, 4 vertèbres sacrées et 26 caudales. Sa peau est d'un ton foncé noirâtre. Sa taille paraît varier selon les contrées. |
Molaire
de l'Éléphant d'Afrique.
Jusqu'à
une époque récente, il habitait toute l'Afrique au Sud du
Sahara![]() ![]() Caractères généraux Nous sommes tellement habitués aujourd'hui à voir des éléphants, que nous ne nous étonnons plus de leur aspect singulier. Leur tronc court et ramassé, soulevé vers le dos en une voûte peu charnue, repose sur des jambes droites comme des piliers, dont les articulations se distinguent à peine et qui, amincies vers le milieu, s'appliquent sur le sol par une large plante arrondie comme un moignon. Cette masse, plus élevée sur le train de devant que sur celui de derrière, supporte une tête énorme à saillies très marquées et voilée de chaque côté par deux larges peaux échancrées, qui sont les oreilles. Cependant, on aperçoit dans cette masse deux petits yeux noirs, brillants et assez expressifs. L'ouïe des éléphants est assez fine, mais c'est surtout leur odorat qui est développé, et le même organe qui reçoit les émanations odorantes est aussi celui du toucher le plus délicat. La trompe est plus qu'un simple tube d'aspiration pour les effluves odorants; comme ce tube a aussi d'autres fonctions à remplir, une disposition spéciale, fort bien indiquée par Boitard, le rend au besoin indépendant des véritables cavités olfactives : Les tuyaux de la trompe, dans l'endroit où ils touchent aux parois osseuses qui les terminent et qui renferment l'organe de l'odorat, sont munis chacun d'une valvule cartilagineuse et élastique (sorte de soupape organisée), que l'animal ouvre et ferme à sa volonté. S'agit-il de remplir sa trompe d'eau; pour porter cette eau à sa bouche, après avoir respiré l'eau, il ferme ses valvules. S'agit-il de flairer la piste d'un chasseur ou d'employer de toute autre manière le sens de l'odorat; les valvules restent ouvertes.Cette trompe est un organe assez long pour toucher le sol de son extrémité, l'animal étant debout, ce qui, dans certains individus, suppose 2 mètres à 2,50 m de longueur. Ce tube musculeux est creusé intérieurement de deux canaux correspondant chacun à une narine; à l'extrémité de la trompe se voit nettement leur cloison de séparation; cette extrémité est formée par une sorte de bourrelet délicat, légèrement renflé, très sensible, et qui, à la partie moyenne et supérieure, est pourvu d'un prolongement triangulaire, mobile et jouant le rôle d'une espèce de doigt. Cet instrument curieux permet à ce colossal animal d'exécuter beaucoup des mouvements dont la main seule de l'humain est capable et lui donne une adresse qui ne se retrouve guère que chez certains singes. Ainsi on a pu voir des éléphants tourner des têtes d'écrou, ouvrir une porte avec une clef, retirer le bouchon d'une bouteille, dénouer une corde, etc. |
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La peau
des éléphants a un aspect tout à fait remarquable;
elle est dépourvue de poils et, ne porte que des soies clairsemées
dans les rides, assez nombreuses aux cils des paupières,
derrière la tête, dans les trous des
oreilles,
au dedans des cuisses et des jambes. La queue,
courte et menue, est garnie à l'extrémité d'une houppe
de très grosses soies, semblables à des filets de corne noirs,
luisants et très résistants. Sur tout le corps à peu
près, l'épiderme est dur, calleux,
comme gercé et ressemble assez bien, comme le disait Buffon![]() "Il résulte pour l'éléphant, disait BuffonLes éléphants ont encore pour caractère distinctif la singulière disposition des dents molaires; chacune de ces dents se compose d'un certain nombre de lames verticales juxtaposées et reliées entre elles par une substance corticale ou cément de nature osseuse; chacune de ces lames se compose d'ivoire recouvert d'une couche d'émail et renfermant à son centre une pulpe dentaire. Cette composition des molaires des plus grands de nos quadrupèdes vivants est entièrement semblable à celle des molaires des cochons d'Inde, des rats et de plusieurs autres rongeurs. Mais ce qui est particulier aux éléphants, c'est le mode d'apparition de ces dents; comme chacune d'elles peut avoir 0,25 m et 0,30 m de longueur, il semble qu'elles ne puissent tenir toutes ensemble dans les mâchoires, et elles s'y succèdent peu à peu en poussant d'arrière en avant, de façon que l'animal n'en a que 2 ou 3 en même temps de chaque côté d'une de ses mâchoires. - ![]() Un troupeau d'éléphants au Kenya (parc national d'Amboseli). John Corse (Trans. philos., 1799, texte anglais) a noté que cette succession se répète jusqu'à huit fois dans l'Eléphant d'Asie, qu'il y a par conséquent 32 dents molaires qui occupent successivement les différentes parties des deux mâchoires. Les premières paraissent huit ou dix jours après la naissance, sont bien formées à six semaines et complètement sorties à trois mois; les secondes sont bien sorties à deux ans; les troisièmes paraissent à cette époque et font tomber les secondes à six ans; elles sont à leur tour poussées en avant et en dehors par les quatrièmes à neuf ans. Pendant que s'opèrent ces changements de molaires, les défenses de lait tombent et sont remplacées définitivement par celles que l'animal conserve toute sa vie. Les éléphants sont exclusivement herbivores; ils se nourrissent d'herbes, de jeunes pousses d'arbres et d'arbustes, des grains et des fruits. Ils en doivent consommer une quantité énorme, si l'on en juge déjà par ce qu'ils mangent en captivité; la ration quotidienne d'un éléphant d'Afrique, qui vécut à la Ménagerie de VersaillesTous ces aliments sont, comme les boissons, pris avec la trompe et portés par elle dans la bouche ouverte jusqu'à l'entrée du gosier. L'estomac est simple, droit, mais vaste, et l'intestin présente un caecum d'une dimension considérable. Il n'y a pas de vésicule biliaire. |
Le cerveau,
bien que plus volumineux que celui d'aucun autre animal terrestre, n'occupe
qu'une place relativement petite dans l'énorme crâne
de l'Éléphant, mais il est pourvu de circonvolutions
nombreuses. Les testicules du mâle restent
enfermés dans l'abdomen. La femelle porte
un utérus bicorne et deux mamelles
pectorales. Le placenta est zonaire comme celui
des Damans et des Carnivores.
La squelette présente des particularités
remarquables : le parallélisme presque absolu des os
longs des membres, au bras et à la jambe,
dont les articulations sont à angle
très ouvert, la position verticale du bassin
qui rappelle la disposition du membre postérieur chez l'humain,
expliquent pourquoi le saut est presque impossible à l'Éléphant.
Malgré le passage de Buffon |
Les
premières études du cycle de reproduction des éléphants
datent de la fin du XVIIIe siècle.
John Corse qui, de 1792 à 1797, dirigea, pour la Compagnie anglaise
des Indes, la chasse aux éléphants au Bengale![]() ![]() Les éléphants, disait pour sa part AristoteMoins précis dans un autre passage, Aristote parlait d'une longévité prétendue de 200 à 300 ans; d'autres auteurs ont été moins réservés; Philostrate, entre autres, prétend que l'éléphant Ajax, qui avait combattu dans l'armée de Porus ( ![]() ![]() - ![]() Un éléphant d'Afrique. Photos : The World Factbook. Les moeurs des Éléphants Les moeurs des genres africain et asiatique sont à peu de choses près les mêmes, bien qu'on les ait surtout étudiées chez le genre asiatique. Les Éléphants vivent dans les lieux humides et d'une végétation active. Leurs bandes sont conduites par quelque vieux mâle qui a sur ses compagnons un grand ascendant. Les femelles sont mêlées à la bande avec leurs petits. La nourriture abondante que nécessite un tel nombre de grands animaux les force à mener une vie errante. Le troupeau se déplace en permanence. L'Éléphant sauvage se nourrit surtout de feuilles d'arbres, qu'il cueille en brisant les jeunes branches dont il broie l'écorce sous ses puissantes molaires, et il avale le tout, car on trouve dans ses déjections des morceaux de bois d'une dimension relativement considérable. Il déracine, en fouillant le sol avec ses défenses, les jeunes arbres pour avoir à la fois leur feuillage et leurs racines, et, lorsqu'il mange de l'herbe, c'est en l'arrachant par grosses touffes et secouant la terre qui adhère aux racines pour avaler le tout. Il faut chaque jour à l'Éléphant adulte 100 kilogrammes de matières végétales, et l'on comprend, d'après cela, qu'une troupe un peu nombreuse ne peut traverser une forêt sans laisser des traces de son passage. C'est pour la même raison que l'on redoute beaucoup le voisinage des Éléphants dans les pays de cultures car ils commettent des dégâts considérables dans les champs de riz et surtout de cannes à sucre, dont ils sont très friands, mais dont le moindre semblant de clôture suffit pour les écarter. En domesticité, on les nourrit de foin, de racines, de pain, de fruits, de riz, de sucre; on leur donne même du vin et de l'eau-de-vie comme stimulants pour obtenir d'eux un travail long et soutenu. Pendant longtemps, dans beaucoup de forêts, les seules routes praticables ont été percées par les Éléphants qui viennent toujours boire au même endroit, ordinairement le soir; ces routes se reconnaissent aux branches brisées, aux jeunes arbres déracinés dont elles sont jonchées. Les Éléphants recherchent l'eau non seulement pour boire, mais pour se baigner et s'arroser d'eau et même de sable qu'ils rejettent sur leur dos avec leur trompe pour se débarrasser des parasites qui s'attachent à leur peau. Ils emmagasinent de l'eau dans leur estomac ou plutôt dans une poche pharyngienne dont l'ouverture est à la base de la langue (Watson, Miall et Greenwood). C'est en plongeant la trompe au fond de la bouche qu'ils régurgitent cette eau dont on les voit quelquefois se servir, dans les jardins zoologiques, pour inonder les visiteurs qui abusent de leur patience en leur faisant trop longtemps attendre quelque friandise offerte et retirée tour à tour. Les Éléphants sauvages sont ordinairement très timides et très méfiants, surtout dans les pays où ils ont déjà fait connaissance avec l'humain, qui est leur principal et même leur seul ennemi, après les mouches, dont ils sont très incommodés. Ils ont continuellement l'oreille au guet, et le moindre bruit insolite suffit pour les mettre en fuite. Ils se précipitent alors droit devant eux, renversant et brisant tout sur leur passage. Leur voix est décrite par certains
comme un roulement grave, profond et très sonore; d'autres en font
un cri rauque et strident. Les anciens auteurs affirmaient qu'ils pouvaient
pousser par la trompe un son rauque et filé comme celui d'une trompette;
mais les éléphants font rarement entendre ce cri en captivité.
Delegorgue en parlait aussi et le comparait à un étonnant
bruit d'orgues; c'est en chassant dans l'Afrique australe des troupes d'éléphants
sauvages qu'il a eu l'occasion de l'entendre; plus d'une fois il a vu un
de ces animaux avertir toute la troupe de la présence du chasseur
par ce qu'il appelait de bruyants " sons de trompe" : on peut ainsi dire
que l'Éléphant trompette, bien que le dictionnaire
de l'Académie n'applique le verbe trompeter qu'à la voix
de l'Aigle (?), alors que le mot appliqué au son émis par
l'éléphant est le barrissement : l'éléphant
barrit.
(E. Trouessart / DGS / Brehm).
![]() Eléphant, au sortir de son bain dans le Niger. Source : U.S. Department of Energy's Atmospheric Radiation Measurement Program. |
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