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L'épiderme
est le type des épithéliums
pavimenteux stratifiés. C'est une membrane
plus ou moins mince qui recouvre le derme sur lequel elle se moule et qu'on
peut facilement détacher du derme par la macération. Sa surface
superficielle n'est autre chose que la surface libre de la peau.
Elle présente des plis et des sillons nombreux ainsi qu'une infinité
de pertuis, qui ne sont que les orifices des glandes
de la peau. Sa surface profonde se moule sur la surface du derme et se
trouve creusée d'une infinité d'alvéoles qui reçoivent
les aspérités ou papilles dont le derme est recouvert. C'est
donc grâce à l'épiderme que la peau est lisse. De plus,
l'épiderme présente une infinité de prolongements
tubulés qui forment des gaines aux
poils. II se compose de deux couches nettement séparées l'une
de l'autre, une couche profonde, molle, appelée corps muqueux de
Malpighi,
qui remplit les creux situés entre les papilles du derme, et une
couche superficielle, exposée à l'air, solide, la couche
cornée. Ces deux couches sont exclusivement formées de cellules
épithéliales d'aspect différent, suivant l'assise
où on les considère.
Les cellules de la rangée profonde,
celle qui est appliquée sur la membrane vitrée du derme,
sont des cellules prismatiques à noyaux ovalaires, disposées
en une sorte de mur sur un seul rang. C'est la couche des cellules génératrices.
A cette rangée font suite plusieurs couches de cellules, dont les
premières sont ordinairement disposées en calottes, les autres
arrondies et garnies de pointes très fines, cellules crénelées
ou en pomme épineuse, à l'aide desquelles les cellules s'engrènent
les unes avec les autres. Ce sont des sortes de ponts intercellulaires
qui traversent la petite couche de ciment qui unit les éléments
les uns aux autres. Tout à fait à la partie supérieure
du corps muqueux, les cellules commencent à s'aplatir et leur contenu
s'infiltre de granulations d'une substance spéciale appelée
éléidine.
Cette dernière zone de cellules constitue le stratum granulosum
des auteurs; c'est la couche où se prépare la kératinisation.
Au-dessus vient la deuxième couche de l'épiderme, la couche
cornée; celle-ci est composée de lamelles, lamelles cornées
de l'épiderme, constituées par des cellules aplaties, en
forme d'écailles, cimentées les unes avec les autres et disposées
en un grand nombre de couches dont les plus superficielles sont desséchées
et en voie de desquamation. L'hypertrophie de la couche cornée donne
lieu aux durillons, cors, verrues, lorsqu'en même temps les papilles
dermiques sont hypertrophiées. La coloration de la peau tient à
l'existence de granulations pigmentaires (mélanine) situées
dans les cellules les plus profondes de la couche de Malpighi. L'abondance
de ce pigment détermine la couleur foncée de la peau de certaines
régions (mamelon, etc.) et la couleur propre de la peau dans les
différentes populations humaines.
Les couches superficielles de l'épiderme
se desquamant continuellement, il était de toute nécessité,
pour que cette membrane se maintint intacte, que ses éléments
se renouvelassent incessamment. Cette rénovation se fait par l'intermédiaire
du stratum mucosum de Malpighi, dont les cellules se multiplient continuellement
par kariokynèse. La perte subie par la couche cornée est
ainsi compensée par la multiplication des éléments
de la couche muqueuse qui prennent peu à peu la place des éléments
qui disparaissent en subissant en même temps la kératinisation.
Aussi, lorsque cette couche régénératrice est respectée
en un point dans une plaie, voit-on l'épiderme se reproduire à
partir de cet flot et gagner peu à peu le large. C'est en se basant
sur ce fait d'observation que J. Reverdin conçut la méthode
des greffes épidermiques pour hâter la cicatrisation des plaies.
L'épiderme provient de l'ectoderme.
C'est un épithélium de revêtement et de protection
de première importance ; c'est aussi un organe indispensable à
la sensibilité tactile. C'est grâce à lui que la peau
n'absorbe pas les gaz ou les liquides toxiques ou inertes; il forme une
barrière à l'inoculation, et celle-ci ne devient possible
que par effraction de l'épiderme. De cet épithélium
dérivent les poils, les glandes
sudoripares et sébacées, y compris les glandes mammaires,
les ongles, les sabots
des équidés, les cornes de certains
ruminants
et les griffes des carnivores, les
dents, les plumes
des oiseaux, les écailles des poissons.
(Ch.
Debierre). |
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Épiderme
(botanique). - L'épiderme est une couche
de cellules généralement différentes des couches corticales
sous-jacentes. Il n'existe pas ou n'est pas nettement différencié
chez les Cryptogames cellulaires; cependant
on remarque sur la tige des mousses
(Bryophytes) une couche superficielle épidermoïde,
différenciée simplement en ce que ses cellules sont plus
petites et plus serrées; chez les Sphagnum ce sont de grandes cellules
aériennes, poreuses; sur le thalle des Lichens
et des Champignons on remarque également
une couche de tissu différenciée qu'on peut prendre pour
une couche corticale ou un épiderme. Quoi qu'il en soit, chez les
Phanérogames
et les Cryptogames vasculaires, l'épiderme constitue la couche la
plus superficielle de leur revêtement cellulaire, depuis le moment
de la genèse du végétal aux dépens du méristème
primordial jusqu'à sa mort ou du moins jusqu'à sa disparition
et son remplacement par les couches subéreuses (Ecorce).
L'épiderme se forme aux dépens
d'une couche distincte du méristème primordial, appelé
dermatogène, dont les cellules se cloisonnent en général
perpendiculairement à la surface du végétal;
l'épiderme est donc composé d'une assise unique de cellules,
sauf de rares exceptions dans lesquelles on observe un cloisonnement des
cellules du dermatogène parallèle à la surface; la
formation de nouvelles couches est, en pareil cas, centrifuge, tandis qu'elle
est centripète pour l'hypoderme, qui existe dans certaines feuilles.
Les cellules de l'épiderme, partout juxtaposées, ne laissent
pas entre elles de méats intercellulaires; il n'y a de solution
de continuité qu'au niveau des stomates.
Les Fougères (Ptéridophytes)
sont le seul groupe de plantes aériennes dont les cellules épidermiques
renferment de la chlorophylle; d'après de Bary, Stöhr, etc.,
ces mêmes cellules en contiennent à la face inférieure
des feuilles d'un grand nombre de plantes terrestres; Stöhr pensait
que le rôle physiologique de cette chlorophylle est nul.
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Cellules
tabulaires de l'épiderme des frondes
du Nephrodium Filix mas Stremp. |
Les cellules qui constituent l'épiderme
sont en général aplaties dans le sens de leur épaisseur,
c. -à-d. tabulaires; plus rarement elles forment des prismes disposés
perpendiculairement à la surface. Vues superficiellement, les cellules
épidermiques offrent au contraire une grande variété;
dans les organes où l'accroissement longitudinal est prépondérant,
comme sur les racines, les feuilles allongées
des monocotylédonées, etc.,
le diamètre longitudinal l'emporte sur le diamètre transversal.
Sur les feuilles larges et étalées, elles affectent une forme
polygonale plus ou moins régulière, souvent même très
irrégulière ou diversement sinueuse.
La lamelle la plus superficielle de la
membrane
celluleuse de l'assise épidermique est toujours cuticularisée,
et la cuticule ainsi formée s'étend sans discontinuité;
découverte par Brongniart
sur les feuilles, ce naturaliste ne tarda pas
à la retrouver sur l'épiderme des autres organes; extrêmement
mince sur les racines et les plantes immergées, la cuticule
est plus épaisse sur les parties aériennes; souvent même
elle se prolonge plus ou moins entre les cellules de l'épiderme
auxquelles elle forme une sorte de coque qui va en s'amincissant profondément.
Cette coque est composée de couches cuticularisées, c.-à-d.
dans lesquelles la cellulose s'est transformée en tubérine,
de sorte que la cuticule proprement-dite et les couches cuticularisées
sont insolubles dans l'acide sulfurique et peuvent être isolées
par son moyen. Jadis on considérait la formation de la cuticule
comme le résultat d'une exsudation; on n'y a vu ensuite qu'une simple
transformation de la cellulose de l'assise externe des cellules épidermiques
en subérine; il peut n'exister qu'une cuticule simple reposant sur
une assise de cellulose non altérée (Liliacées, Orchidées
indigènes, Ombellifères);
ailleurs, surtout si la cuticularisation a commencé de bonne heure,
il peut se trouver entre la cuticule et la couche de cellulose pure (couche
la plus profonde et la plus interne des cellules épidermiques),
des couches cuticulaires, comme nous l'avons vu plus haut. La cuticule
n'est pas toujours unie, mais présente de légères
bosselures ou des saillies qui ne sont nullement en rapport avec les contours
des cellules.
Coupe
pratiquée sur l'épiderme du Ruscus aculealus L. - c
et y, cuticule très épaisse envoyant des prolongements p
entre les cellules épidermiques; i, couche interne de cellulose
pure.
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Dans certains cas, la membrane des cellules
épidermiques est épaissie par la formation de couches muqueuses
qui parfois en envahissent toute la cavité; ce mucus gonfle sous
l'influence de l'humidité, fait éclater la cuticule et s'écoule
au dehors comme il arrive pour les semences de Linum, de Plantago, de Cydonia
vulgaris, le fruit du Salvia, etc. D'autres fois
la membrane cellulaire s'épaissit au point de former des cystolithes,
comme dans les Urticacées, mais cette transformation est toujours
limitée à des cellules isolées.
La protection que l'épiderme assure
aux tissus sous-jacents est rendue plus efficace par la formation de la
cuticule et des couches cuticulaires; dans un grand nombre de cas elle
est complétée par un exsudat de cire plus ou moins abondant
qui se dépose sur la cuticule. Lorsque la quantité de cire
est faible, on la voit s'écouler en gouttelettes des couches cuticulaires
à la température de l'ébullition. Parfois cette matière
est produite en assez grande quantité pour former à l'épiderme
un véritable enduit cireux (feuilles de
chou et d'autres plantes d'un vert glauque, pruine ou s des prunes, des
raisins, tiges, etc.) Cette cire protège
les parties végétales contre l'humidité qui s'écoule
comme sur une surface grasse. Dans certains cas, la couche de cire est
suffisante pour être exploitée (fruits du Myrica cerifera
de l'Amérique du Nord, feuilles
du Palmier Carnauba du Brésil ou Corypha cerifera L., tige du Palmier
à cire des Andes ou Ceroxylon andicola Humb. sur laquelle la couche
peut atteindre 4 à 5 millimètres d'épaisseur).
Schleiden
et autres ont voulu établir une distinction entre l'épiderme
des organes aériens adultes pourvu de stomates,
l'épiderme des organes jeunes ou tapissant une cavité désigné
alors sous le nom d'épithélium,
enfin l'épiderme des organes souterrains ou submergés ou
épibléma.
Cette distinction n'a pas de raison d'être.
(Dr L.
Hahn). |