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L'olfaction
ou
odorat (du latin odor, odeur), est le sens qui nous fait connaître
les odeurs; il nous informe sur la présence de certaines molécules présentes
dans l'air (ou dans l'eau pour les animaux aquatiques). Chez les animaux
aériens, l'organe olfactif est-il placé
sur le trajet des voies respiratoires; tandis que
chez les espèces aquatiques, il réside en un point du corps que vient
baigner l'eau ambiante.
Chez les poissons,
qui vivent dans l'eau et reçoivent par elle les émanations odorantes,
l'appareil olfactif est très simple; c'est une cavité en libre communication
avec le dehors, et dont le fond est tapissé par une muqueuse marquée
de plis nombreux et réguliers. Mais chez les Vertébrés
aériens, l'organe de l'olfaction communique en avant avec l'atmosphère
et en arrière avec le pharynx, et forme, sous le nom de fosses
nasales, une cavité à double issue qui sert pour ainsi dire de vestibule
aux voies aériennes. Cette cavité chez l'humain est à peu près triangulaire
et est partagée en deux moitiés symétriques par une cloison
médiane moitié osseuse, moitié cartilagineuse.
En bas, les fosses nasales ne sont séparées
de la bouche que par la voûte
palatine; en haut, elles sont bornées postérieurement par la base
du crâne, antérieurement par la saillie du nez.
Des os spéciaux continués par des cartilages soutiennent
cette saillie, qui, à son extrémité inférieure, présente ledouble
orifice des narines, celui par lequel chaque fosse nasale reçoit l'air
chargé de molécules odorantes. En arrière, entre le bord postérieur
de la voûte du palais et la base même du crâne, les fosses nasales viennent
s'ouvrir, l'une à côté de l'autre, dans la partie supérieure du pharynx
et conduisent ainsi, vers la glotte béante
au-dessous, l'air qui vient de traverser les cavités
olfactives.
Toute la surface interne des fosses nasales
est tapissée par une muqueuse jadis nommée membrane
pituitaire (neuro-épithélium olfactif);
du côté externe, cette surface intérieure de chaque cavité présente
trois lames saillantes nommées les cornets du nez, qui, par leurs replis,
augmentent considérablement la surface de la membrane (500 mm² chez l'humain).
Des sinus osseux creusés dans l'épaisseur
du frontal, du sphénoïe, du maxillaire
supérieur, communiquent avec les cavités nasales et contribuent à l'accomplissement
de ses fonctions.
La membrane olfactive joue dans l'olfaction
un rôle aussi important que la peau dans le
toucher.
On la trouve couverte de petites saillies charnues qui lut donnent un aspect
velouté; en même temps le microscope la montre pourvue de cils vibratiles
sans cesse en mouvement. Des follicules nombreux
l'humectent d'une mucosité abondante. Enfin, plusieurs
nerfs l'animent de leurs rameaux multipliés. Parmi
ces filaments nerveux, les uns sont simplement propres à la sensibilité
tactile, les autres reçoivent les impressions olfactives en recueillant
les molécules à l'origine des odeurs et nous procurent les sensations
odorantes. Ceux-ci proviennent de la première paire des nerfs cérébraux,
les nerfs olfactifs. Ils pénètrent dans les fosses nasales par les trous
qui leur sont ménagés, dans l'os-ethmoïde,
et se ramifient sous la muqueuse au sommet des cavités nasales, au niveau
de la base du nez.
C'est donc vers la partie supérieure que
la membrane olfactive est surtout organisée pour percevoir les odeurs,
et le nez est toujours conformé de façon à diriger vers cette partie
le courant d'air que l'inspiration
fait pénétrer dans les fosses nasales. Outre cette condition relative
à la bonne direction de l'air inspiré, l'olfaction exige encore que l'épithélium
olfactif soit convenablement humecté; dès que cette membrane se dessèche,
nous cessons de sentir les odeurs. Toute inflammation qui altère l'état
de la membrane, et la nature du mucus nasal, comme le coryza ou rhume de
cerveau,
abolit momentanément le sens de l'olfaction.
Certains animaux qui ont un odorat très
fin, tels mammifères carnivores (chat,
chien), les ruminants, et quelques autres tels le porc.
Chez eux, la surface chimiosensible est très multipliée, et les cornets
forment alors une masse de lamelles contournées plusieurs fois sur, elles-mêmes.
Entre ces replis labyrinthirormés, l'air se divise à l'infini et touche
sur une très grande surface la membrane olfactive. Ajoutons que beaucoup
d'animaux invertébrés ont également un
sens analogue à l'odorat et qui est assez développé. (Ad.
F).
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Chantal
Jaquet, Philosophie
de l'odorat, PUF, 2010. -
Découvrir la noblesse de l'odorat et apprendre à être un philosophe
nez : tel est le but de ce livre, qui fait d'un sens
négligé un objet de réflexion à part entière. L'entreprise de réhabilitation
de la sensibilité olfactive passe par la remise en cause des préjugés
sur l'odorat, sa prétendue faiblesse ou son caractère primitif, incommode
et immoral. Elle se fonde sur la découverte du rôle décisif des odeurs
dans la constitution de la mémoire et de l'affectivité
ainsi que dans la construction de l'identité et de l'altérité. Elle
implique aussi la promotion d'un véritable art olfactif dépassant le
simple usage cosmétique des parfums.
L'élaboration d'une esthétique olfactive
repose à la fois sur la recherche des expressions artistiques de l'odeur
dans la littérature, la
musique
ou les arts plastiques, et sur l'examen des tentatives passées et présentes
de créer un pur art des parfums. Exprimant l'idée dans l'odeur, cette
esthétique olfactive sous-tend également la spéculation
philosophique en offrant des modèles de pensée dont Lucrèce,
Condillac
et Nietzsche, se sont inspirés. Preuve sil
en est que philosopher, c'est avoir du nez. (couv.). |
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