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jusqu'en 1900 |
L'histoire
de la portion du territoire français qui correspond aujourd'hui
au Calvados, est demeurée assez obscure pendant les
siècles qui ont précédé l'ère chrétienne.
On y troupe cependant quelques monuments en pierres brutes (menhirs,
dolmens), témoignant du séjour
des populations qui ont précédé les Celtes.
L'époque gallo-romaineA l'époque de la conquête de la Gaule par les Romains, trois peuples principaux étaient établis entre la Rille, affluent de la Seine, et la Vire, à l'extrémité occidentale du département actuel du Calvados. La première de ces populations, les Lexoviens, occupait le territoire qui s'étend entre la Rille et la Dives; Lisieux (civitas Lexoviorum ou Noviomagus) était sa capitale. La deuxième, les Viducasses, habitait les plaines de Caen et avait Vieux (Ara Genua) pour capitale. La troisième enfin, les Bajocasses, occupait le Bessin et avait pour capitale Bayeux (civitas Bajocassium). Caen n'avait à cette époque aucune importance, mais il n'en était pas de même de Bayeux, dont les Romains avaient fait une ville considérable.Lors de la division de la Gaule en provinces, cette contrée, dont la soumission avait été définitive dès l'année 52, fut comprise dans la deuxième Lyonnaise. Le christianisme y fut prêché, d'après la tradition, du IIe au IIIe siècle, par saint Mellon et par saint Nicaise. Saint Exupère convertit quelques-uns des pirates saxons qui, dans le cours du IIIe siècle, s'étaient établis à Bayeux. Les derniers représentants de l'ancienne religion druidique se réfugièrent au mont Phaunus, où saint Vigor, évêque de Bayeux, bâtit plus tard une église. Le Moyen âgeAprès la conquête des Gaules par les Francs, la deuxième Lyonnaise fut comprise, à la mort de Clovis, dans le royaume de Neustrie, rival pendant deux siècles du royaume d'Austrasie. Dès que l'empereur Charlemagne eut disparu, cette province fut constamment ravagée par les Normands ou Vikings, qui finirent par s'y établir. Un de leurs chefs, Rollon ou Roll, dont les conquêtes s'étendaient des bords de la Seine, d'Évreux à Bayeux, épousa Gisèle, fille de Charles III, dit le Simple, et parvint à se faire céder (traité de Saint-Clair-sur-Epte, 912) tout le pays compris entre la rivière d'Epte et la Bretagne, pays qui prit dès lors le nom de Normandie, et que les Normands s'efforcèrent de relever de ses ruines.Louis d'Outremer essaya vainement de reprendre la Normandie: il fut battu à Croissanville (945), et, plus tard, le roi d'Allemagne, Othon le Grand, dont il avait invoqué l'appui contre ses grands vassaux révoltés, subit aussi une sanglante défaite. Lorsque Guillaume le Bâtard (Guillaume le Conquérant), né au château de Falaise, succéda, en 1035, à son père Robert le Diable, il dut lutter contre des seigneurs puissants, qui lui disputaient son héritage. Soutenu par Henri Ier, roi de France, il vainquit ses adversaires au Val-ès-Dunes, près de Caen. Plus tard, il déclara la guerre au roi de France, qui lui avait d'abord prété son appui, et le battit à Mortemer (Seine-Maritime) et à Troarn. A peu près à la même époque, l'évêque de Lisieux, Herbert, commençait les travaux de la cathédrale de cette ville, où un concile se tint en 1055. Cinq ans plus tard, un nouveau concile fut assemblé à Caen, dans le but de mettre un terme à l'anarchie occasionnée par les guerres privées. A la mort d'Édouard
le Confesseur, roi d'Angleterre, le duc Guillaume, prétendant
avoir des droits à la succession de ce prince, réunit à
Pont-l'Évêque les États où fut résolue
une expédition contre l'Angleterre
(1066). La ville d'Honfleur, si importante
dès le commencement du XIIIe siècle,
date de cette époque. La transformation de la ville de Caen, la
fondation de ses deux riches abbayes et la construction de sa citadelle,
sont dues aussi à Guillaume.
Geoffroy Plantagenet, comte d'Anjou, devint bientôt maître de la Normandie, par son mariage avec l'impératrice Mathilde, fille du roi d'Angleterre Henri ler. Son fils Henri Il épousa, en 1152, dans la ville de Lisieux, Aliénor d'Aquitaine, répudiée par Louis VII. Le roi d'Angleterre devint ainsi le maître de la France occidentale. Pendant l'absence de Richard Coeur-de-Lion, parti pour la troisième croisade en 1190, Philippe Auguste essaya de reprendre la Normandie. De concert avec Jean Sans-Terre, frère de Richard, il envahit cette province en 1195, mais le retour du roi d'Angleterre l'empêcha d'en achever la conquête. Le successeur de Richard, Jean Sans-Terre, s'étant aliéné ses sujets et s'étant déshonoré par le meurtre de son neveu Arthur de Bretagne, Philippe Auguste, en sa qualité de seigneur suzerain, cita jean à comparaître devant sa cour pour être jugé par ses pairs. Jean se garda bien d'obéir. Philippe le déclara félon et, comme tel, privé de ses domaines. Cette fois la conquête de la Normandie fut rapide : Vire ouvrit ses portes au roi de France, qui lui octroya une charte d'affranchissement; Caen suivit cet exemple, bientôt imité par les autres villes de la province. L'ancienne cour souveraine des ducs de Normandie, l'Échiquier, reçut alors une nouvelle constitution et tomba sous la dépendance du parlement de Paris. Plus tard, les Normands obtinrent de Louis X le Hutin la célèbre Charte aux Normands, qui confirma et étendit les franchises de leur province. A la veille de la guerre de Cent-Ans, le roi de France, Philippe de Valois, pour détacher entièrement la Normandie des Anglais, érigea cette province en un duché dont Jean, son fils aîné, fut le premier possesseur. Le droit de réunir ses États fut ensuite octroyé à la Normandie en 1337, et elle obtint le privilège de ne payer que les impôts volés par eux. En 1346, Edouard III s'empara par trahison de Caen, entra dans Honfleur, saccagea le Lieuvin, brûla Evrecy et battit les Français à Crécy. A la guerre étrangère vint s'ajouter la guerre civile, provoquée par l'arrestation et l'exécution de plusieurs seigneurs normands par ordre de Jean le Bon. Charles V, devenu roi en 1364, s'efforça de réparer les désastres éprouvés par son ancien duché, et le combla de privilèges. Sous son règne, les Anglais furent battus près des murs de Caen par Du Guesclin (1370), et quelques années plus tard non loin d'Honfleur. Mais ces succès furent bientôt suivis de nouveaux revers. Henri V, roi d'Angleterre, entra de nouveau en France, battit les Français à Azincourt (1415), s'empara de Bayeux, saccagea Lisieux, et, après avoir nommé le fameux Talbot gouverneur de Falaise, il prit Vire d'assaut, et Honfleur après 367 jours de siège (1418). Sous le règne de Charles VII, toutes ces villes et nombre d'autres encore furent enlevées aux Anglais qui, battus à Formigny (1450) par le connétable de Richemont, s'enfermèrent dans Bayeux, où Dunois les força à capituler. Dès ce moment la conquête de la Normandie fut définitive. En 1465, l'évêque de Lisieux, Basin, entraîna une partie du pays dans la ligue du Bien-Public, mais Louis XI entra bientôt dans cette ville et punit sévèrement son évêque. Renaissance et Temps modernesSous le règne de François Ier , les cruautés, les violences qu'exerçaient certains seigneurs contre les paysans, furent réprimées par les assises connues sous le nom de Grands-Jours qui furent tenues à Bayeux. Mais cette malheureuse province ne jouit pas longtemps du repos que lui avaient procuré ces actes de justice. Les guerres religieuses n'y furent pas moins ardentes que dans le reste de la France. Dès 1547, plusieurs protestants furent brûlés vifs à Lisieux. Caen adopta la Réforme, et un synode protestant se tint dans ses murs où, en 1560, après la bataille de Dreux, se réfugia Coligny.Les religionnaires s'emparèrent de Falaise, d'Honfleur, de Lisieux, dont ils pillèrent la cathédrale, et de Bayeux, qui subit le même sort. La Saint-Barthélemy (1572 ) ne fit pas dans le département de nouvelles victimes, mais le pays ne recouvra sa tranquillité qu'après l'avènemernt d'Henri IV. En effet, ce prince, roi de fait après la mort d'Henri III, fut obligé de la conquérir. Vire fut pillée par son armée; Falaise, commandée par le comte de Brissac, subit le même sort, et ses fortifications furent rasées. Honfleur, dévastée par les guerres de religion, fut une des dernières villes qui se rendirent au roi. Sous Louis XIII, des taxes excessives sur les cuirs excitèrent à Bayeux un soulèvement des ouvriers cordonniers connu sous le nom de rébellion des Nu-Pieds. La ville de Bayeux fut pillée par les troupes royales sous les ordres des Gassion, et les révoltés furent pendus, roués ou condamnés aux galères. Le XVIIIe
siècle.
Une émeute provoquée par la disette éclata à Caen dès le début de la Révolution, qui fut acceptée avec enthousiasme dans la plupart des villes du Calvados. Des excès sanglants furent commis à Bayeux, où dix églises furent détruites. L'université de Caen ayant protesté contre les journées des 31 mai - 2 juin, les Girondins restés libres, Barbaroux, Buzot, Guadet, Louvet, Pétion, etc., se réfugièrent dans cette ville, qui devint le centre du fédéralisme insurgé contre la Convention. Les députés girondins levèrent des troupes et firent arrêter homme et Prieur, commissaires de la Convention. Cette armée, commandée par un émigré, le marquis de Puisaye, fut surprise près de Vernon, et le commissaire Robert Lindet rentra à Caen sans éprouver de résistance. Le département du Calvados, comme la plupart des autres départements français fut formé à cette époque (1790). Il faisait alors partie de la basse Normandie et comprenait plusieurs petits pays : 1° le Lieuvin (partie orientale de l'arrondissement de Lisieux) ; 2° le Pays d'Auge (arr. de Pont-l'Evêque, partie de l'arr. de Lisieux); 3° l'Hiémois (partie des arr. de Falaise et de Lisieux); 4° la Campagne de Caen (arr. de Caen et de Falaise), dans laquelle se trouvait le Cinglais, à l'Est de l'Orne, entre Caen et Falaise; 5° le Bessin (arr. de Bayeux) ; 6° le Bocage (arr. de Vire, partie Sud des arr. de Caen et de Bayeux). C'est à Caen, en 1792, que résidait Charlotte Corday lorsqu'elle partit pour aller frapper Marat, qu'elle regardait comme le bourreau de son pays. En 1795, des bandes de Chouans commirent plusieurs assassinats dans les environs de Lisieux. Le XIXe
siècle.
Pendant la guerre
de 1870-1871, les Allemands occupèrent une partie de l'arrondissement
de Lisieux, où ils imposèrent partout de lourdes contributions.
Une colonne de l'armée du prince de Mecklembourg, forte de 1500
à 1800 hommes, entra dans Orbec le 21 janvier et contraignit cette
ville à payer une somme de 84,000
francs. Les préliminaires de paix ayant été ratifiés
le 18 du même mois, le département fut immédiatement
délivré de l'occupation étrangère. (A.
Joanne).
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