| Bayeux (Augustodurum, IVe siècle; Civitas Baiocasseum, fin du IVe siècle; Baiocae). Ville de France, dans le département du Calvados, sur l'Aure, divisée en deux parties, la basse ville, composée de la cité et des faubourgs de Saint-Loup, Saint-Patrice et Saint-Laurent, et la haute ville comprenant les quartiers de Saint-Georges et de Saint-Floxel et le faubourg de Saint-Jean. Beaucoup de vieilles maisons lui donnent un aspect pittoresque; elle est traversée dans toute sa longueur par la grande route de Caen à Cherbourg qui forme la principale rue. Histoire. La ville de Bayeux, capitale des Baiocasses, portait au IVe siècle le nom d'Augustodururn, ainsi qu'en témoigne la carte de Peutinger. Devenue le chef-lieu des cités des Baiocasses et des Viducasses réunies, elle retint le nom de Civitas Baiocassium et fut comprise dans la seconde Lyonnaise. On voit encore rue Larcher et près de la Place-au-Bois quelques vestiges de l'enceinte romaine de cette époque. Une colonie saxonne s'y établit au cours du Ve siècle et y demeura indépendante jusqu'à la fin du règne de Clovis. On connaît des monnaies mérovingiennes avec la légende H-BAIOCAS. Des comtes particuliers gouvernèrent la ville jusqu'à l'époque des invasions des Vikings. Pillée en 884, elle fut prise d'assaut en 890 par Rollon. Celui-ci, devenu duc de Normandie, la céda à Bothon, l'un de ses fidèles, auquel on attribue sa reconstruction. Bayeux devint l'une des résidences des ducs de Normandie; l'un d'eux, Richard Ier, y construisit, vers 960, au Nord de la cité, près de la porte Saint-André, un château ne fut détruit qu'au XVIIIe siècle, La chapelle Saint-Ouen qui subsiste encore était comprise dans son enceinte. Un incendie détruisit en partie la ville en 1046; un demi-siècle plus tard, disputée par les fils de Guillaume le Conquérant, elle fut encore saccagée, pillée et incendiée par l'un d'eux, Henri Ier (1106); le trésor de la cathédrale et la Tapisserie de la reine Mathilde furent seuls sauvés, au dire des chroniqueurs. A la fin du XIIe siècle, une commune y avait été établie, probablement par le roi Jean sans Terre, mais elle ne paraît pas avoir survécu à la ruine de la domination anglaise. Comme la plupart des villes de Normandie, Bayeux eut beaucoup à souffrir de la guerre de Cent ans; deux fois en dix ans, elle subit encore la dévastation, la ruine et l'incendie, d'abord de la part des troupes d'Édouard III (1346), ensuite de la part de celles de Philippe, frère du roi de Navarre, Charles le Mauvais (1356). Relevée de ses ruines par les soins du roi de France, elle retomba, en 1414, aux mains des Anglais qui la gardèrent jusqu'à l'époque de la bataille de Formigay. Les guerres religieuses l'ensanglantèrent après les guerres contre les Anglais : en 1562 et en 1569, les Calvinistes la saccagèrent; en 1589, ce fut le tour des Ligueurs; en 1590, le duc de Montpensier s'en empara. Au XVIIe siècle enfin, lors de l'insurrection des Va-nu-pieds, elle fut encore pillée par les troupes royales. Bayeux était, sous l'Ancien régime, la capitale du Bessin. Après avoir été le chef-lieu d'une vicomté comprise dans le grand bailliage de Caen, elle devint elle-même chef-lieu de bailliage. En 1597, Henri IV y établit le siège de l'une des neuf élections de la généralité de Caen. En 1554, Henri Il y avait établi une maîtrise des eaux et forêts. En 1771, après la suppression du parlement et de la chambre des comptes de Normandie, on y établit un conseil supérieur comprenant cinq bailliages dans son ressort; il fut supprimé en 1778. Bayeux faisait partie du gouvernement de Normandie. Ajoutons que la ville de Bayeux sera la première à être libérée, le 7 juin 1944, après le débarquement des Alliés en Normandie. - La nef et le chevet de la cathédrale de Bayeux. Monuments. La cathédrale, construite au XIe siècle, consacrée en présence de Guillaume le Conquérant et de la reine Mathilde en 1077, brûlée en 1106, réédifiée au cours du XIIe siècle et reconstruite encore en grande partie pendant le XIIIesiècle, souvent encore remaniée au cours du Moyen âge, et restaurée au XIXe siècle, est un édifice très original et fort imposant. La façade principale est flanquée de deux tours romanes surmontées de flèches pyramidales hautes de 75 m. Sur le carré du transept s'élève une tour centrale octogonale, construite du XIVe au XVIe siècle. Elle est assise sur une plate-forme carrée dominant de 10 mètres le faîte de l'édifice. Cette plate-forme est entourée d'une galerie surmontée de douze clochetons ornés de sculptures chimériques. Dans les niches qui occupent les angles de la plate-forme se trouvent des groupes de personnages de grandeur naturelle. De la plate-forme partent deux escaliers en spirales aboutissant à deux autres plates-formes, à l'Est et à l'Ouest de la tour, entourées de balustrades et ornées du lion de Normandie. La tour avait été couronnée, au commencement du XVIIIe siècle, d'un dôme d'ordre dorique qui a été supprimé. Le choeur et ses chapelles rayonnantes, beau spécimen de l'architecture du XIIIe siècle, sont entourés d'une armature d'arcs-boutants, de clochetons aigus et de contreforts dont plusieurs sont surmontés de statues. La façade principale a été mutilée au XVIIIe siècle. Le transept Nord n'a pas de portail et est percé d'une fenêtre du XIVe siècle; le portail du transept Sud est de la fin du XIVe siècle; les sculptures qui figuraient l'histoire de saint Thomas de Cantorbéry sont malheureusement très mutilées. Entre le portail et la tour s'ouvrent sous un porche deux portes du XIVe siècle, en bois de châtaignier garnies de belles ferrures. La longueur de l'édifice est de 96 mètres dans oeuvre, sa hauteur sous voûte dépasse 23 m; la nef principale de 10 m de large est flanquée de bas-côtés larges de 6 m, bordés eux-mêmes de chapelles profondes de 5 m. La largeur au transept est de 37 m et la hauteur du carré de 25 m. Les ouvertures de la nef, inégales en largeur et en hauteur, appartiennent en partie à l'édifice du XIIe siècle. Les chapelles, au contraire, ont toutes été construites postérieurement. Le triforium offre des arcades disposées par groupes de quatre encadrées par un grand arc brisé. Il ne subsiste plus aux fenêtres que quelques vitraux anciens; ceux de la verrière qui surmonte la tribune de l'orgue notamment; ils sont du XVe siècle. Le choeur a conservé un certain nombre de belles stalles en chêne sculpté du XVIe siècle. Dans plusieurs chapelles, on a retrouvé et restauré de curieuses peintures murales des XVe et XVIe siècles. Dans la chapelle Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, se trouve un curieux retable (Autel) en sculpture' polychrome. Sous le sanctuaire se trouve une crypte remontant, d'après A. de Caumont, au XIe siècle; la voûte est soutenue par des colonnes dont les chapiteaux sont fort intéressants. La salle capitulaire (XIIIe et XIVe siècles) a un ancien pavage émaillé d'un bel effet. On y montre quelques objets anciens et notamment un coffret formé de plaques d'ivoire et d'argent, orné de caractères arabes, contenant des ornements ecclésiastiques attribués par la tradition à saint Regnobert, évêque de Bayeux au VIIe siècle. Dans la sacristie, se trouvent une curieuse armoire peinte du XIIIe siècle et divers objets anciens. Maison de la rue Saint-Malo à Bayeux. Au Nord de la cathédrale s'élève l'ancienne bibliothèque capitulaire dont on a fait un musée contenant les débris d'un arc romain découverts en 1847, et d'autres curiosités. La chapelle du séminaire est un intéressant édifice du XIIIe siècle. De l'ancienne église Saint-Patrice subsiste une élégante tour à sept étages de la Renaissance. La chapelle . Saint-Laurent, au bord de la rivière, occupe, dit-on, l'emplacement des thermes romains. Il reste quelques ruines de l'église gothique de Saint-Sauveur. Au Nord de la cathédrale se trouve l'ancien évêché, assemblage de constructions disparates du XIIe au XVIIIe siècle. On y a installé les prisons et la mairie. Dans la cour de la mairie s'élève la statue en marbre d'Arcisse de Caumont, par Leharivel-Durocher, inaugurée le 15 juillet 1876. Dans l'ancienne chapelle de l'évêque, datant de la Renaissance, a été installé le palais de justice. Il y a à Bayeux de nombreuses maisons anciennes dignes d'intérêt; nous citerons le n° 4 de la rue Saint-Malo, vaste logis en bois des XVe et XVIe siècles, littéralement couvert de sculptures, les maisons voisines en pierres, remontant au XVIe siècle, le n° 1 de la rue Franche (XIVe siècle), la maison de saint Manvieu (n° 13 de la rue Franche), la maison du gouverneur, rue Bourbeneur, le grand manoir nommé la Caillerie (1644), tous les vieux hôtels de la rue Saint-Nicolas, etc. Les armoiries de Bayeux sont : De gueules à un lion passant d'or accompagné en chef d'un B à dextre et d'un X à senestre, le tout d'or. (G. Durand). | |